Lire notre revue Vatusium n° 14, p. 6 (sculpture représentant Béatrice de Faucigny) ;
Voir aussi Paul Soudan, Historique de l’usine de Chedde, p. 20 ; Paul Soudan, Histoire de Passy, p. 33-34 ; Albert Mermoud, Mémoire du Mt-Blanc d’antan, p. 90.
Paul Soudan retrace le règne de Béatrice de Faucigny :
« Pierre II et Agnès meurent en 1268 et 1269 ; leur fille Béatrice (Béatrix ) est leur héritière pour le Faucigny et Charousse [à Passy] ; mais la situation se complique par le mariage antérieur de Béatrice avec le dauphin Viennois », célébré en 1241 : elle fait passer ce territoire, situé au cœur des terres savoyardes, entre les mains des ennemis héréditaires des comtes de Savoie. » (Histoire de Passy, p. 33)
Son mari, devenu Guigues VII Comte du Dauphiné, meurt en 1269. « Par son mariage, Béatrice se trouve donc, à 34 ans, également responsable du Dauphiné. Ce qui l’amène après un long règne qui ne se terminera qu’en 1310 à devenir dans l’histoire « la Grande Dauphine, Dame de Faucigny ».
Née au château de Châtillon-sur-Cluses qui était devenu la demeure principale des Faucigny elle y a passé sa jeunesse. Ce château du XIIe siècle est situé sur un rocher calcaire en éperon à 862 mètres d’altitude. Il contrôlait le col de Châtillon, à l’intersection des routes allant d’une part de Cluses à Taninges et de Samoëns à Bonneville et occupait une position centrale au cœur de la province du Faucigny entre les vallées du Giffre et de l’Arve. Actuellement, les restes de ce château se résument à un haut pan de mur et une tour en ruine.
Pour en savoir plus sur le château et Béatrix de Faucigny :
– site Chatillonsurcluses
et site cabaret.over-blog page 57 et page 38.
« Elle s’était appliquée au début de son règne de 1270 à 1280 à renforcer la position de sa Maison sur les zones de montagne : le mandement de Flumet, qui comprenait alors Megève, le Beaufortain et tout particulièrement la vallée de Montjoie où elle fit construire un château aux Contamines. A cette époque, ce lieu faisait partie de la paroisse de Saint-Nicolas-de-Véroce, le fond de la vallée constituait la petite paroisse de Notre-Dame-de-la-Gorge de 40 feux environ. Entre 1260 et 1282 la famille de Faucigny disposait ainsi, dans les abords immédiats de la Combe d’Arve, de trois châteaux : ceux de Charousse, de Sallanches-Cordon et des Contamines. Béatrice y séjournait parfois ; les trois châteaux communiquaient par signaux lumineux, par l’intermédiaire d’une tour située à St-Gervais pour celui des Contamines. A cette époque de son apogée, Charousse « fournissait à la cour de Savoie hermine et faucons ».
Peu après son avènement Béatrice eut à faire face à la situation créée par la lutte ouverte venant de se déclarer entre le Comte de Savoie d’une part et le Comte de Genève allié au Comte du Dauphiné d’autre part.
Du fait de son premier mariage*, elle est amenée à prendre parti contre les successeurs de son père ce qui (…) la rapproche des comtes de Genève. Elle leur restitue Charousse « en réparation des torts de son père Pierre II » : le traité passé à Sallanches en 1282 est très important car il en assure ainsi la possession aux Genevois pendant 140 ans encore. »
* Béatrice avait épousé en secondes noces Gaston de Béarn, qui lui laissa d’ailleurs entière liberté pour ses responsabilités savoyardes et dauphinoises.
« Par la suite les hostilités entre les deux camps rivaux se poursuivent et vont se prolonger durant 70 ans avec des alternatives de batailles, trêves, traités, etc.. C’est surtout une guerre de conquêtes et destruction de châteaux dans le Viennois, le Genevois, le Bugey. Le Haut Faucigny n’y participe pas ; tout au plus peut-on citer des incidents « frontaliers » dans les alpages dominant l’Arly et l’attaque d’Ugine qui se solda par l’incendie de la ville. Ainsi de connaissance historique, Charousse n’a jamais connu de vraie bataille, ce qui manque évidemment à la gloire d’un château-fort. » (Histoire de Passy, p. 33-34)
Albert Mermoud fait le bilan du règne de Béatrix :
« Malgré les circonstances particulièrement difficiles, le règne de Béatrix fut remarquable. Elle réussira à agrandir ses Etats en recourant aux transactions, de préférence aux guerres.
Elle fut aussi une excellente administratrice, et bonne tacticienne sur le plan politique. Elle paraît avoir eu vis-à-vis de ses voisins, comtes de Genève et comtes de Savoie une attitude prudente, en cherchant, sans toujours y parvenir, à éviter les conflits armés. C’est à elle qu’est due l’organisation administrative des hautes vallées, à la suite de son père Pierre II. Elle accorda de nombreuses franchises à ses sujets, et des albergements* également très nombreux concernant des alpages du Faucigny, et en particulier dans la vallée de Montjoie, poursuivant en cela la politique économique et sociale judicieuse de ses parents et de son grand-père Aimon II. (…)
La Grande Dauphine Béatrix fut sans conteste une souveraine assez exceptionnelle, comme le soulignait Ch. Vallot : « Béatrix a été considérée comme une des plus illustres princesses du Moyen Age. Elle avait hérité d’Agnès, sa mère, l’énergie ; de son père, Pierre de Savoie, le génie politique ; des princes de Faucigny, l’esprit chrétien ». (Albert Mermoud, Mémoire du Mt-Blanc d’antan, p. 90-91)
* Contrat par lequel un seigneur s’engage envers ses sujets en leur donnant la jouissance d’une terre ou d’un alpage, contre une somme versée au départ, additionnée d’une rente annuelle, cet avantage pouvant se transmettre de génération en génération.
Pour en savoir plus, consulter
– l’article Béatrice de Faucigny sur Wikipedia
– le Site cabaret.over-blog sur la Savoie médiévale
Voir nos pages sur
– Le château St-Michel-du-Lac
– Le château de Charousse à Passy
Autres pages sur Passy dans le comté de Genève (XIe-XIIIe siècle).
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