… L’Histoire en Savoie, n° 9 – nouvelle série – 2005. Société savoisienne d’histoire et d’archéologie. (disponible à la Bibliothèque de Passy).
a. Tome 1 : Dictionnaire géographique de Savoie, lettres A à M, 2005, 266 pages.
b. Tome 2 : Dictionnaire géographique de Savoie, lettres N à Z ; autres documents, 2005, 264 pages.
« L’original de cet ouvrage est un vénérable manuscrit de 525 pages reliées sous une couverture de cuir d’un vert altéré par le temps et l’usage.
Réalisé par un notable inconnu disposant de temps et vraisemblablement de réseaux, alliant de plus une bonne plume à une grande érudition, il nous offre une remarquable image de la situation des communes de Savoie et de leurs habitants entre deux périodes capitales de leur destin. » (4e de couverture).
Introduction (extraits)
Le terme savant désignant les dictionnaires géographiques est Chorographie (choro : contrée, et graphein : description). En Savoie, la plus ancienne est celle de Delexi Jacques, imprimée à Chambéry par François Pomar en 1571 (environ 30 pages en latin).
Ensuite, depuis l’établissement du cadastre de 1730, les Savoyards ont eu besoin de repères dans le Duché. Les premières descriptions géographiques et administratives leur ont été fournies par les almanachs en Savoie depuis 1775 environ. (…)
À Rumilly, le notaire Croisollet rédige un Dictionnaire géographique des villes, communes, montagnes et rivières du Duché de Savoie qu’il date du 2 juillet 1843. Ce manuscrit comporte près de 800 descriptions classées par ordre alphabétique. Et l’auteur l’a complété jusqu’à sa mort en 1892. (…)
Un autre érudit, mais resté anonyme, avait entrepris la même description des communes du Duché en 1840. Son ouvrage faisait partie du fonds Claudius Bouvier aux Archives de la Savoie (8 F n° 67). C’est l’objet de la présente publication. Il correspond à ce courant de recherches d’histoire locale qui a provoqué la création de nombreuses sociétés savantes et académies provinciales en Savoie pendant la deuxième moitié du XIXe siècle.
Œuvre de compilation, ce petit dictionnaire remplace à lui seul une bibliothèque. Et il a le charme de l’ouvrage composé par un auteur pour son usage personnel sans ambition de publication. Son autre intérêt réside dans l’iconographie puisqu’il est illustré de gravures en noir et blanc et même d’armoiries en couleurs. (…) Pierre BUTTIN
EDITION de l’OUVRAGE
Le manuscrit de ce dictionnaire comporte 525 pages dont 382 consacrées aux communes, hameaux, montagnes, rivières… des sept provinces composant alors le duché de Savoie.
Toutes les descriptions sont présentées suivant un même schéma, minutieux et relativement exhaustif quant aux caractéristiques géographiques et économiques de chaque commune, auxquelles notre auteur inconnu ajoute maintes fois des précisions historiques remontant bien souvent jusqu’à l’époque romaine. L’ensemble témoigne d’une incontestable érudition. (…)
. Le Dizionario geografico, storico, commerciale degli stati di SM il re di Sardegna, de Casalis, paru en 1834, a probablement inspiré notre érudit : se rendant compte que les rubriques concernant les communes savoyardes étaient noyées parmi celles de l’ensemble du royaume, il dut penser qu’il fallait tenter de réaliser un dictionnaire propre au duché, ce qui d’ailleurs correspondait parfaitement à la volonté des habitants de se démarquer, par leur langue et leur histoire, du Piémont. (…)
Cela n’enlève rien au mérite de l’auteur, qui reste pour nous anonyme – redisons-le – comme ceux qui l’ont aidé. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché minutieusement à travers toutes les pages quelque indice pour percer, sinon son identité qu’il n’a point voulu révéler sur la couverture ou les pages de garde, mais au moins son lieu de résidence. Il faut donc se contenter d’une image un peu floue qui se dessine au fur et à mesure de la lecture : un personnage intéressé par l’archéologie, au courant des recherches de son époque sur la période gallo-romaine en même temps qu’un adepte des progrès agricoles dans sa façon de présenter des initiatives culturales ; un chroniqueur capable de croquer avec humour une scène amusante (la mésaventure d’Hudson Lowe à la grotte de Balme) mais aussi un homme parfois tranchant qui peut émettre des jugements péremptoires et excessifs sur l’aspect des villes ou les habitants de tel ou tel village. Politiquement, il apparaît très prudent (…).
Notre objectif premier a été de ne pas attenter à l’authenticité de cette œuvre, dans son aspect comme dans son contenu, afin d’en faire apprécier à nos lecteurs toute la saveur et pour qu’ils mesurent ce que pouvaient être, concernant son pays, les connaissances d’un homme cultivé d’il y a un peu plus de 150 ans. (…)
Quant aux informations elles-mêmes que délivre le dictionnaire, qu’elles soient historiques, géographiques, économiques, voire héraldiques, le lecteur jugera : il n’était pas question d’alourdir le texte de notes ou de rectificatifs. Pour certaines erreurs manifestes, par exemple sur l’emplacement d’un village par rapport au cours d’une rivière: rive droite ou rive gauche, la correction s’imposait, mais comment savoir la vérité quand le ruisseau n’a pas de nom ou n’est pas porté sur la carte ? Dans le doute et par fidélité, le texte reste en l’état (…).
Le format correspond à celui de l’original à quelques millimètres près, la présentation des pages, le choix des caractères s’efforcent d’être dans «d’esprit» de l’ouvrage, comme chacun peut le constater avec une feuille du manuscrit reproduite à la page 12. (…)
La plupart des gravures de Courtois et Aubert incluses dans le dictionnaire ont été gardées mais, comme certaines provinces se trouvaient dépourvues de représentation, il nous a semblé nécessaire de remédier à cette lacune et nous en avons ajouté, de la même époque, pour que tout le Duché et Genève soient illustrés. Enfin, dès le début, une carte d’époque a trouvé place, afin que chacun découvre les limites administratives du moment (…). Maurice MESSIEZ