Lire notre revue Vatusium n° 17, p. 37.
Voir Albert Mermoud, Mémoire Mt-Blanc d’antan :
« Selon E. L. Borrel, les grands dieux connus des Ceutrons étaient les mêmes que ceux de Rome, ils portaient les mêmes noms : Mercure, Mars, Apollon, Jupiter… On a trouvé un autel dédié aux Déesses Mères à Moutiers et à la Côte d’Aime. A Aime, on a découvert un autel dédié à Mercure. Les feux de la Saint-Jean, anniversaire du solstice d’été dans les siècles passés, encore en usage aujourd’hui dans certaines communes alpestres, étaient un culte en l’honneur du soleil. Hercule était honoré chez les Ceutrons, comme en parle Pline, concernant le monument du Petit-Saint-Bernard élevé à son honneur. Des ex-voto ont été trouvés à Bourg-Saint-Maurice et à Aoste, qui lui sont dédiés. Le culte du serpent chez les Ceutrons s’est perpétué dans les traditions sur la Vouivre : serpent fantastique qui, dans les contes, découvre ou garde les trésors cachés au fond des vieux châteaux. Le serpent était presque toujours figuré sur les monuments mithriaques, consacrés aux Déesses Mères, desquelles dérivèrent les Fées du Moyen Age, appelées aussi Dames Blanches, dont les paysans parlaient encore aux enfants, il n’y a pas si longtemps, le soir à la veillée.
Mont Jovet (Mons Jovis) – columna Jovis – comme la colonne Joux du col du Petit-Saint-Bernard, rappelle le culte de Jupiter, honoré comme maître des dieux et dispensateur de la foudre sur ces hauteurs auxquelles il a laissé ses noms : sur Joux, sur le Jheu, Plan Jovet, Mons Juriae, Mont Joly, en Jhérou, Mont Jhérou, selon A. Penz.
Les Ceutrons honoraient aussi le dieu Pan, qui veillait sur les troupeaux et les pâturages. Sa statue fut substituée à celle de Jupiter. Ce sont les monuments qui existaient sur le Grand et le Petit-Saint-Bernard au moment de la conquête des Alpes par Auguste qui nous ont appris que ce dieu Pan était l’idole des Ceutrons et des Salasses. Les Ceutrons, voués au druidisme comme les Allobroges gaulois, s’étaient donc détournés de leurs prêtres, et étaient venus au culte des dieux romains. » (p. 77)
Albert Mermoud nuance son propos page 106 :
« Quant à son étymologie, on verra qu’il n’est pas facile de se faire une idée juste, tellement les interprétations diffèrent. Certains historiens ont pensé que notre Montjoie, pourrait venir du latin Jovis (Jupiter), d’autres, du germanique Mund-Gavi ou Mund-Gawi (protection + hauteur frontière avec poste militaire), d’autres encore du latin Mons Gaudii (Mont de la Joie), et enfin de Joux, dérivant du gaulois juris, (hauteur boisée).
La discussion reste ouverte… » (p. 106). A noter : le “Mont Jovet” dans le val d’Aoste.
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