Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

J.M.O. du 140e Régiment d’Infanterie, Somme, du 19 au 31 décembre 1914

Written By: BT

Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 1ère partie : 1914 et 1915.

Cette page BONUS complète notre article « Jean PERROUD évoque son père Pierre, blessé à Lihons en décembre 1914 » publié dans Vatusium n ° 18, pages 32-33.

Front fin 1914 (Internet)

Front fin 1914 (Internet)

Course à la mer

Carte allemande de la Somme en septembre 1914 : Chaulnes et Lihons au sud-est de Péronne (internet)

Carte allemande de la Somme en septembre 1914 : Chaulnes et Lihons au sud-est de Péronne (internet)

De nombreux soldats de Passy ont combattu dans la Somme de septembre à décembre 1914, essentiellement à Chaulnes, Lihons, Herleville et Frise ; voir Vatusium n° 18, pages 25 à 31 les détails et le nom des victimes :

Septembre 1914, FRARET Eugène François, classe 1902, décédé le 29 septembre 1914.
Blessés et/ou prisonniers : MABBOUX Eugène Ulysse, classe 1900, blessé le 25 septembre 1914  à Lihons ; DUFFOUG Alfred François Philippe, classe 1898,  le 25 septembre 1914 à Chaulnes ; FERRAND Elie Pierre Henri, classe 1898, le 25 septembre 1914 ; COSSARD Edouard François, classe 1906, le 26 septembre 1914 à Lihons ; ROSSILLON Pierre, classe 1901, le 26 septembre 1914 à Herleville ; BUTTOUDIN Léon, classe 1910, le 26 septembre 1914, à Herleville ; LEGON Juste, classe 1908, le 26 septembre 1914, à Herleville ; BIOLLAY Alexandre Marie, classe 1896, prisonnier le 26 septembre 1914 à Chaulnes ; JACQUET Emile Alexandre, classe 1899, le 27 septembre 1914 à Chaulnes ; PETIT-JEAN GENAT Louis, classe 1906, prisonnier le 27 septembre 1914 à Herleville.
Octobre 1914, BURNIER-FRAMBORET Ernest Marie, classe 1908, décédé le 23 octobre 1914 à St-Valéry-sur-Somme ; CARTIER François Michel, classe 1902, disparu le 27 octobre 1914 à La Grenouillère, Frise (juste à l’ouest de Péronne) ; FIVEL Paul Léon, classe 1897 (voir Vatusium p. 27).
Blessés et/ou prisonniers : FIVEL-DEMORET Arsène, classe 1902, le 3 octobre 1914 à Frise ; COUTTERAND Frédéric, classe 1898, prisonnier à Lihons le 31 octobre 1914 ; ORSET Joseph Alphonse, classe 1907, prisonnier le 31 octobre 1914 à Lihons,
Novembre 1914 : FIVEL Félix Arsène, classe 1896, blessé le 13 novembre 1914.
Décembre 1914 : SIGAUD Henri-Pierre-Auguste, classe 1913, blessé le 14 décembre 1914 à Moncourt ; MICHOLLIN Albert Joseph, classe 1902, blessé le 17 décembre 1914  secteur de Frise : PERROUD Pierre, classe 1914 (voir Vatusium p. 31-32)

Carte actuelle de la Somme: la flèche situe Herleville ; Chaulnes et Lihons, juste au sud d’Herleville

Carte actuelle de la Somme: la flèche situe Herleville ; Chaulnes et Lihons, juste au sud d’Herleville

Pas de trêve de Noël pour le 140ème RI

L’ennemi réussit à reprendre le 24 décembre 1914 la cote 101 qui domine Lihons, mais le lendemain, une contre-attaque conduite à 6h 30 par la 3e compagnie du 140ème RI nous la rend à nouveau. Le chiffre des pertes subies par le 140e dans les combats livrés pour la cote 101 dépasse 500 dont 293 pour les journées du 24 et 25. (site verdun-1916.chez-alice)

Les Journaux des Marches et Opérations des corps de troupe (J.M.O.) permettent de connaître les détails des combats (voir site Memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr)

Voici le texte du J.M.O. du 140e R.I., pour les journées du 19 au 31 décembre 1914, transcrit dans son intégralité pour CHePP :

Les 24 et 25 décembre 1914, Contre-attaque allemande sur la cote 101

« 19 décembre 1914  Les Allemands montrent une grande activité dans leur tranchée située vis-à-vis de la face est de la briqueterie de la cote 101. Pendant toute la matinée, violents feux d’infanterie et d’artillerie dirigés par l’ennemi sur nos positions de 101. Vers 14 heures, nouveau tir d’artillerie sur nos tranchées, principalement sur celles comprises entre les routes de Vermandovillers* et Pressoir* N. (Nord) et sur le village de Lihons. A la nuit tombante, les feux d’artillerie s’apaisent de part et d’autre. Pendant la nuit, à partir de 21 heures, vive fusillade.
Pertes : 6 tués, 15 blessés, 1 disparu.
* Note CHePP : Vermandovillers est au nord de Lihons et Pressoir au nord-est (aujourd’hui Ablaincourt-Pressoir : les deux communes étaient autrefois séparées administrativement. Pendant la Grande Guerre, elles firent partie intégrante du champ de Bataille de la Somme. Les deux communes furent totalement ravagées.)

Carte de Lihons, Pressoir et Chaulnes

Carte de Lihons, Pressoir et Chaulnes

 

20 décembre L’artillerie allemande tire seulement deux salves sur nos tranchées dans la matinée et les feux d’infanterie sont peu nourris.
Le 1er bataillon s’emploie à fortifier les positions conquises à la briqueterie et à la cote 101.
A 18 heures, violente contre-attaque ennemie sur tout le front ; la fusillade et le feu de l’artillerie, très intenses, se prolongent près de 50 minutes.
5 blessés.
21 décembre Les tranchées en arrière de la briqueterie et les boyaux de communication entre ces tranchées et Lihons ont été fortement bombardés de 13 heures à 15h 30. Quelques salves ont encore été tirées vers 16 heures.Les travaux d’aménagement des boyaux et des tranchées se sont trouvés ralentis par ce bombardement. Ils ont continué néanmoins. La tranchée de la cote 101 est continuée vers le N.O. et attaquée à la fois par la route de Vermandovillers et la cote 101.
1 tué, 3 blessés.
22 décembre La situation ne s’est pas modifiée. Les travaux d’aménagement de la cote 101 continuent.
23 décembre La position de la cote 101 (briqueterie) a été violemment bombardée depuis midi ; quelques obus de 105 sont également tombés vers la voie ferrée. L’ennemi a lancé des mines avec le Minenwerfer sur la Briqueterie et entre cette dernière et le chemin de Pressoir. On ne constate aucun changement dans la situation de l’ennemi.
7 tués, 6 blessés.

carte extraite de l'historique du IR60 ; Vermandovillers en haut)

carte extraite de l’historique du IR60 ; Vermandovillers en haut (site pages14-18)

Une carte d’état-major datant de 1916 montre,figurée en rouge, la briqueterie au niveau de la première ligne française (au centre de la carte). On peut constater que depuis décembre 1914, le front n’a pratiquement pas changé de place. Les cotes comme la « cote 101 », sont marquées en marron (site pages14-18)   )

Carte d'état-major de 1916 : la briqueterie est au niveau de la première ligne française, au centre de la carte (site pages14-18)

Carte d’état-major de 1916 : la briqueterie est au niveau de la première ligne française, au centre de la carte (site pages14-18)

24-25 décembre Contre-attaque allemande sur la cote 101.
Le 24 décembre au matin, l’organisation de la position Briqueterie-Cote 101 était en voie d’achèvement.

Les 2 boyaux reliant les sapes A et B à la position étaient terminés, les sapeurs du génie et les soldats du 140e travaillaient à la tranchée destinée à relier la route de Vermandovillers à la cote 101 et aux communications en arrière de l’ancienne 1ère ligne, lorsque commença vers 11 heures le bombardement de la position par l’artillerie allemande. La violence du bombardement alla en croissant jusqu’à 16 heures, il atteignit son maximum d’intensité entre 14 et 16 heures.
En prévision d’une attaque dont la canonnade n’eut été que la préparation, les éléments de réserve du régiment disponibles sont poussés vers la partie la plus menacée du secteur de la Briqueterie, de manière à soutenir la 1ère ligne vers la route de Vermandovillers (Pré aux Vaches) d’une part, vers la route de Pressoir d’autre part (moitié de la 6e compagnie : Lieutenants Guillaume et Duges).

Les effets du bombardement sur les tranchées de la cote 101-Briqueterie et sur les tranchées et communications en arrière furent considérables, la plus grande partie des retranchements fut bouleversée, les communications en partie comblées ; la 8e compagnie du 140e dont 3  sections occupaient la position Briqueterie-cote 101 subit de grosses pertes. Elle avait déjà ; perdu dans la nuit du 23 au 24, 1 officier et 2 soldats tués, 4 soldats blessés par l’effet d’un coup malheureux de notre artillerie tombé sur la tranchée, et 4 tués par le feu de l’ennemi. A 16 heures, elle avait plus de la moitié de son effectif hors de combat. Son commandant, le Lieutenant Cartoux est blessé.

Vers 15h 30, les éléments de la 6e compagnie envoyés en renfort sont également éprouvés.
Les deux officiers (lieutenant Guillaume, Sous-lieutenant Duges) sont blessés, 7 hommes sont tués, 4 sont blessés.
La 7e compagnie a de son côté 7 tués et 14 blessés.

Malgré les pertes subies, la 8e compagnie et les fractions de la 6e et de la 5e qui, occupent les tranchées entre les routes de Vermandovillers et de Pressoir Nord font preuve d’une ténacité remarquable et se maintiennent sur leurs positions jusqu’à 16 heures 30. A ce moment, la 3e section dont plusieurs hommes sont ensevelis par l’explosion d’un obus et où le commandement ne peut plus s’exercer, doit se replier.
Les Allemands, qui avaient évacué leurs tranchées pendant le bombardement les réoccupent vers 15h 30. Ils tentent une 1ère attaque qui est repoussée, mais vers 16h 30, ils réussissent à occuper la position dont une partie des défenseurs accablés par les obus et décimés par la fusillade ne sont plus en état de tenir dans des retranchements bouleversés et se replient dans les tranchées.
Le Lieutenant Cartoux est blessé ; les débris de la 8e compagnie qui n’a plus d’officier se replient, évacuent la tranchée 101 et les Allemands en profitent pour pousser en avant vers les tranchées les plus rapprochées de la briqueterie. Mais la 6e compagnie les arrête et reprend la plus grande partie des sapes A et B qui sont conservées.

La 12e compagnie (sous-lieutenant Lacroix, réserve de brigade) a été mise à 17 heures à la disposition du Lieutenant-colonel commandant le secteur de Lihons.

Le Lieutenant-colonel, qui est revenu en hâte de Rosières où il présidait le Conseil de guerre, décide de prononcer avec cette compagnie une contre-attaque sur la position perdue. Il dirige vers 17h 30 la 12e compagnie sur la route de Vermandovillers et y prescrit au commandant Desteret de la lancer à la contre-attaque en plusieurs colonnes, avec une section de renfort sur la position 101-Briqueterie. En même temps, la 5e compagnie qui tient les routes de Pressoir N. et S. fait appuyer à gauche sa section de réserve pour soutenir les fractions qui tiennent le front d’où va partir la contre-attaque ; une section de réserve du 3e Bataillon est portée entre les 5e et 9e compagnies pour renforcer cette partie de la ligne au N. de la route de Chaulnes.

La 1ère batterie du 2e Régiment d’Artillerie (capitaine Piet) reçoit l’ordre de tirer à raison de 3 coups par minute sur la position à enlever, jusqu’au moment où l’attaque sera lancée pour empêcher l’ennemi d’organiser la position qu’il a occupée. Pendant ce temps, le commandant Desteret dispose la 12e compagnie pour la contre-attaque. Dès que celle-ci sera prête, l’artillerie a l’ordre de tirer 20 obus à vitesse accélérée, puis de cesser le feu.

A 19h 35, la contre-attaque débouche des tranchées entre les sapes A et B et de la sape b en 3 colonnes déployées aussitôt après le franchissement des tranchées.

Une section est en renfort derrière le centre. Accueillie par un feu violent qui part des tranchées allemandes situées au nord de 101 ainsi que de la position 101-Briqueterie, la contre-attaque ne peut franchir qu’une vingtaine de mètres. Elle subit de grosses pertes et doit s’arrêter malgré l’appui que lui prête notre artillerie dont le tir est maintenant dirigé sur les tranchées allemandes à l’est de 101.

La 12e compagnie perd près de la moitié de son effectif. Il n’est pas possible de reporter à l’attaque les unités qui tiennent le sous-secteur de la Briqueterie et qui sont toutes sauf la 7e compagnie très éprouvées. Mais 2 compagnies de la réserve de Division ont été mises à la disposition du Lieutenant-colonel commandant le 140e. Elles arrivent à Lihons, la 3e Compagnie du 140e le 24 à 21 heures, la 2e le 25 décembre à 5 heures.

Le Lieutenant-colonel commandant le 140e décide de lancer l’une de ces unités à la contre-attaque.

En exécution des ordres du Général commandant la 27e Division, la contre-attaque devra être exécutée le 25 au point du jour. La 3e compagnie désignée pour cette opération est préalablement disposée en 6 colonnes de demi-section, avec une section en renfort vers la droite. Ces colonnes sont à 6h15 devant les points de franchissement préparés conformément à l’ordre d’attaque ci-joint.

La 2e compagnie arrivée à Lihons à 5 heures a poussé 2 sections en réserve près du Pré aux Vaches, laissant les deux autres à la disposition du Lieutenant-colonel. Pendant la nuit, une section du génie a travaillé à réparer les tranchées et les boyaux de communication.
Le dispositif des troupes dans le sous-secteur de la Briqueterie à 6h 15 est le suivant :

Garnison des tranchées : 5e, 6e, 7e, 8e compagnies, les 3 dernières très diminuées.

Réserve : 12e compagnie à 2 sections, la moitié de la 2e compagnie.
Troupe de contre-attaque : 3e compagnie (capitaine Bérenger).

Le commandant Poussel qui a disposé en face de leurs objectifs les troupes de contre-attaque, donne à 6h 30 le signal de l’assaut.

La Briqueterie est occupée. Une ½ section de la 3e compagnie à laquelle se sont joints quelques hommes de la 6e compagnie qui occupaient la sape A, se jette dans la grande tranchée allemande, située à l’Est de la Briqueterie et qui paraît alors inoccupée. Au moment où ces éléments allaient être renforcés en vue de l’occupation de cette partie de la ligne allemande, un « hourrah » [note CHePP : ce mot peut avoir le sens de cri de guerre des cosaques] se produit et la plupart des hommes sont faits prisonniers. 4 ou 5 hommes seulement de la section du sergent Maraschin – 6e compagnie – peuvent s’échapper. L’occupation de la Briqueterie est maintenue, mais elle présente des difficultés très sérieuses. Tous les retranchements ont été bouleversés et sont à peu près inutilisables. Il semble que les Allemands aient complété pendant leur occupation l’œuvre de destruction des obus.

Le travail d’aménagement s’y effectue sous le feu de l’ennemi qui granite fortement les tranchées vers le point X et sous un bombardement intermittent.

Les travaux suivants sont en cours d’exécution :
– aménagement de la position Briqueterie-101.
– fouille des caves et établissement de postes d’écoute.
– prolongement de la tranchée partant de la route de Vermandovillers vers 101.

– rétablissement des anciennes tranchées de 1ère ligne et des boyaux de communication.
– un emplacement pour mitrailleuses va être aménagé à l’Est de la route de Vermandovillers.
Il convient de remarquer que ceux de ces travaux qui s’effectuent sur la cote 101-Briqueterie sont sous le feu d’artillerie et d’infanterie de l’ennemi. Leur exécution est forcément lente. En outre, il ne reste presque rien des travaux précédents, ni des matériaux transportés en vue de leur achèvement.

La position 101-Briqueterie forme vers les tranchées allemandes un saillant étroit et prononcé, battu de 3 directions et qui ne se relie pas encore au reste de la ligne française.

La situation sur cette position sera donc, malgré la valeur de la garnison et la force des ouvrages de défense, ce qu’elle a été pour les Allemands qui ont été chassés 2 fois, c’est-à-dire précaire, tant que le redressement de la ligne française entre 101 et Lihu n’aura pas été réalisé.

Le Lieutenant-colonel tient à rendre hommage à la valeur des unités qui ont été employées dans la journée du 24 et le 25 au matin, soit qu’elles aient résisté sur la position pendant de longues heures, sous un bombardement violent et meurtrier, soient (sic) qu’elles aient marché bravement à l’attaque, et à la vaillance des cadres qui les ont conduites.

Des propositions de récompenses seront adressées au commandement le plus tôt possible.

Les pertes sont évaluées à 360 tués (dont 1 officier), blessés (3 officiers) ou disparus. 137 blessés sont passés par le poste de secours.

Les morts dont plusieurs demeurent ensevelis sous les éboulements des tranchées et des abris n’ont pu être tous identifiés. On a identifié 45 tués et compté 111 disparus.
Rapport complémentaire sur les journées des 24 et 25 décembre.
Le chiffre des pertes subies par le 140e dans les combats livrés sur la position cote 101-Briqueterie les 18 et 25 décembre doit être rectifié. Il dépasse 500 dont 290 pour les journées du 24 et du 25 décembre.

Les pertes se décomposent comme il suit :
Tués : 77 dont 3 de la compagnie du génie 14/3
Blessés : 282 dont 8 de la compagnie du génie 14/3
Disparus : 100
dont 4 de la compagnie du génie 14/3.
Ces chiffres sont encore sujets à modifications. En effet, le plus grand nombre des disparus ont été tués entre nos lignes  et les tranchées allemandes et n’ont pu encore être identifiés ni recueillis. Les autres ont disparu dans la grande tranchée allemande où ils ont dû être tués ou pris.

L’importance des pertes atteste la violence des combats livrés, la difficulté que les troupes ont eu à se maintenir sur leurs positions bombardées par la grosse artillerie ennemie et la vaillance dont elles ont fait preuve dans la résistance comme dans l’attaque.

Officier tué : Sous-lieutenant Bergougnoux (le 24)
Blessés : Sous-lieutenants Cartoux et Duges, lieutenant Guillaume (le 24).

26 décembre Au cours de l’après-midi, léger bombardement de la cote 101 et des tranchées en arrière.
27 décembre Dans l’après-midi, léger bombardement de la cote 101. Le régiment reçoit un renfort de 179 hommes (2 officiers : Lieutenant Ollé (abbé ?) Laprune, sous-lieutenant Guillaud ; 8 sous-officiers, 169 caporaux et soldats).
28 décembre Aucun changement à noter. 3 blessés.
29 décembre Journée calme. 1 tué, 3 blessés.
30 décembre Bombardement intermittent des boyaux de communication entre Lihons et la position cote 101-Briqueterie (77 et quelques coups de 105). Ce bombardement a été assez violent entre 10 et 13 heures. 2 tués, 7 blessés.
31 décembre Le front a été bombardé de 9h à 15 h  et vers 10h 30. Le secteur Briqueterie-cote 101 a été particulièrement touché. 1 tué, 12 blessés.

Ordre du Régiment n° 76

Félicitations
« 
La position de la Briqueterie, enlevée le 18 décembre à l’ennemi et réoccupée par lui le 24 au soir, a été de nouveau reprise le 25 décembre au matin par la 3e compagnie. Ni les pertes subies ni la résistance de l’ennemi n’ont ébranlé le courage ou brisé l’élan des soldats du 140e Régiment d’Infanterie et de leurs cadres. Dans cette lutte où le courage se mesure et où la supériorité s’affirme, ils se sont montrés dignes de la victoire à la quelle ils marcheront bientôt.

Le Lieutenant-colonel commandant le régiment adresse ses plus vives félicitations aux unités du 2e Bataillon dont la résistance sous le bombardement de l’artillerie ennemie a permis de réoccuper les retranchements dont l’ennemi s’était emparé, à la 12e compagnie qui s’est bravement lancée à la contre-attaque le 24 décembre et a subi de fortes pertes, à la 3e compagnie qui a repris la position le 25 au point du jour. »
Lihons, le 27 décembre 1914
Le Lieutenant-colonel commandant le 140e Régiment d’Infanterie. Signé Goubeau

Ordre général n° 277

Citations à l’ordre de l’Armée
Le Général commandant la IIe Armée cite à l’ordre de l’Armée :

le Chef de Bataillon Poussel, du 140e Régiment d’Infanterie :
« A montré depuis le commencement de la campagne la plus grande valeur à la tête de son bataillon, ou même de son régiment qu’il a commandé pendant deux mois. Blessé dans les Vosges, est revenu sur le front à peine guéri. Cité à l’ordre de l’Armée le 18 novembre pour la part brillante qu’il a prise à l’attaque du Quesnoy-en-Santerre *, à la tête de son régiment. S’est signalé à nouveau le 18 décembre par son activité et son zèle en organisant l’attaque de la tranchée allemande de la cote 101 près de Lihu [ferme de Lihu, à Lihons]. A dirigé personnellement, le 19, sous un bombardement violent, les travaux sur le terrain conquis dont il a assuré la conservation malgré plusieurs contre-attaques. »

* à l’Ouest de Parvillers-Le Quesnoy
La 1ère compagnie du 140e Régiment d’Infanterie :
« Le 18 décembre, sous les ordres du Lieutenant Salanié, s’est emparé à la baïonnette d’une tranchée allemande faisant 55 prisonniers. Malgré un feu violent d’artillerie et de nombreuses contre-attaques de l’ennemi, a conservé le terrain conquis, faisant preuve malgré les  pertes éprouvées d’une énergie et d’un courage remarquable. »

Le Sous-lieutenant Large du 140e Régiment d’Infanterie :
« A entraîné brillamment une colonne à l’attaque de retranchements ennemis. S’est emparé personnellement d’un fantassin ennemi qui jetait des bombes par-dessus le parapet. Blessé, a refusé de se laisser emporter pour ne pas exposer des hommes au feu de l’ennemi. »
Le Sous-lieutenant Haïdt, commandant le groupe franc du 140e Régiment d’Infanterie :
«  A entraîné avec la plus grande énergie son groupe à l’assaut de retranchements ennemis qui ont été enlevés. »
L’adjudant Millet Emile, du 140e Régiment d’Infanterie :
« A été tué à la tête d’une colonne qu’il entraînait bravement à l’attaque de retranchements ennemis qui ont été enlevés. »
Le sergent Joussard du 140e Régiment d’Infanterie :
« A été tué à la tête d’une colonne qu’il entraînait bravement à l’attaque de retranchements ennemis qui ont été enlevés. »

Au G.G., le 31 décembre 1914, le Général commandant la 2ème Armée. Signé : de Castelnau

Ordre général n° 292

Citations à l’ordre de l’Armée
Le Général commandant la IIe Armée cite à l’ordre de l’Armée :
La 3e compagnie du 140e Régiment d’Infanterie :
« S’est bravement élancée à l’assaut de la position de la Briqueterie près de Lihons le 24 décembre au point du jour et l’a enlevée à l’ennemi. »
Le capitaine Bérenger du 140e Régiment d’Infanterie :
« Le 24 décembre, au point du jour, a bravement entraîné sa compagnie à l’assaut de la position de la Briqueterie, près de Lihons, qu’il a enlevée. »
Le lieutenant de réserve  Guillaume du 140e Régiment d’Infanterie ::
« A été blessé  à la tête de sa compagnie en chassant l’ennemi du terrain qu’il venait de conquérir. »
Le Sous-lieutenant Duges du 140e Régiment d’Infanterie :
« A été blessé  à la tête de sa section en chassant l’ennemi du terrain qu’il venait de conquérir. »
L’adjudant de réserve Fiat du 140e Régiment d’Infanterie :
«  Tombé glorieusement à la tête de sa section qu’il entraînait à l’attaque d’une tranchée allemande. »
Le sergent Maraschin du 140e Régiment d’Infanterie :
« S’est signalé à maintes reprises  pendant la campagne par son entrain et sa bravoure. Avait déjà fait preuve dans les Vosges d’une belle conduite. Le 24 décembre, après que les deux officiers de sa compagnie eurent été blessé, a montré la plus belle énergie en entraînant vigoureusement sa section à l’assaut, reprenant à l’ennemi la plus partie du terrain qu’il avait conquis »

Le sergent Drevon du 140e Régiment d’Infanterie :
« Cerné par l’ennemi dans une tranchée, s’est barricadé et a résisté jusqu’à la mort. »
Le sergent réserviste Blanchard du 140e Régiment d’Infanterie :
« Depuis le début de la campagne, montre les plus belles qualités d’énergie et de bravoure. S’est distingué à nouveau par son courage et son sang  froid dans les combats livrés le 24 et le 25 décembre à la Briqueterie, près de Lihons. »
Le soldat Meunier Gérard du 140e Régiment d’Infanterie :
« A été tué en entraînant son escouade à l’assaut de retranchements ennemis »
(hors JMO du 25 décembre) : « Le soldat Ducruet s’est signalé par sa bravoure dans l’attaque de retranchements ennemis qui ont été enlevés, a été blessé ».

Pour en savoir plus

Site  UN VILLAGE DANS LA TOURMENTE DE LA GRANDE GUERRE Lihons, septembre 1914-mai 1915

Site pages14-18  : la cote 101 est celle qui se trouvait dans le voisinage nord de la Briqueterie, à l’est du cimetière de Lihons. Et on trouve une tranchée des Pommiers à proximité de la sortie sud-ouest de Lihons.

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