Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 1ère partie : 1914 et 1915.
Cette page BONUS complète nos articles « Les Diables bleus sur la ligne bleue des Vosges. Les Passerands dans le combats de Saint-Dié et du col de la Chipotte, 24 août-12 septembre 1914 » « Les Passerands en Lorraine et Alsace durant l’année 1915 » publiés dans Vatusium n ° 18, pages 16 à 21 et 42-43.
Plaque « A la gloire des vainqueurs de la bataille de Lorraine, 24 août-13 septembre 1914 »
Position des armées le 14 août 1914 ; Charmes (en bas)
DE NOMBREUX PASSERANDS ONT PARTICIPE A LA BATAILLE DE ROZELIEURES le 25 août 1914, ainsi qu’aux combats de Lorraine, à Gerbéviller et Lunéville :
Au moins une quinzaine de Passerands du 230e RI, ceux des classes 1904 à 1907. Voir la liste à la fin de cette page.
L’un d’entre eux a été tué le 25 août : OVERNEY Aristide, classe 1907.
Deux ont été blessés : ALLARD Léon Edouard, classe 1906, blessé le 25 août 1914 à la ferme du « Mouton Noir » à l’ouest de Lunéville ; BOTTOLLIER-DARBELIN Jacques Louis, classe 1905, blessé le 25 août 1914 à Rozelieures.
BOUILLET Maurice Joseph, classe 1904 ; BUTTOUDIN Aristide Armand, classe 1906 ;
CHAPPAZ Henri Auguste, classe 1905 ; CHATELLARD Ernest Dosithée, classe 1904 ; FERRAND Joseph François, classe 1906 ; GIGUET Joseph, classe 1903 (peut-être) ;
JACCOUX Etienne Henri, classe 1904 ; LEGON Emile Marie, classe 1907 ; OVERNEY Aristide, classe 1907, tué le 25 août 1914 à Rozelieures en Meurthe-et-Moselle ; PETIT-JEAN GENAT Louis, classe 1906 ; RAMUS François Emile, classe 1907 ; TANLET Alphonse Marie, classe 1905.
Un Passerand du 299e RI et de la même Brigade que le 230e, POLLET Auguste Claudius, classe 1910. Il sera tué à Verdun en 1916.
Un Passerand du 122e RI, MOISSET Jean-François, classe 1908.
Un Passerand du 36e RIC, BASTARD Jean François, classe 1906, gravement blessé le 28 août 1914 à Gerbéviller et meurt le 26 sept. 1914.
Pour ces 3 Passerands morts pour la France, voir les détails sur notre page « Passy : liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »
Le cavalier passerand du 2e Dragons René FIVEL a, lui aussi, participé à cette bataille. Voir nos pages
« JMO du 2e Dragons, 16 août-12 septembre 1914 »
“René Fivel et le 2e Dragons en Lorraine, Champagne et Flandres, août-octobre 1914“
A noter également l’intervention des nombreux Passerands du 97e Régt d’Infanterie Alpine dans la bataille de la Mortagne, à la Trouée de Charmes et un peu plus à l’Est (24-26 août) : Voir à la fin de cette page.
INTRODUCTION : Rozelieures, une victoire injustement oubliée…
Il n’y aurait pas eu de victoire de la Marne (5-12 septembre 1914) s’il n’y avait pas eu aussi, et d’abord, la victoire de Rozelieures, remportée le 25 août 1914 par le général de Castelnau qui a mis un coup d’arrêt à l’invasion allemande.
Rozelieures, Castelnau, deux noms trop méconnus, trop peu « médiatisés » comme on dit aujourd’hui…
Maurice Barrès louera Castelnau avec ces mots : « Paris a été sauvé à la Marne, c’est parce que Castelnau avait vaincu à Rozelieures ». (Wikipedia, art. Bataille de la Trouée de Charmes)
« L’adversaire français vers lequel sont allées instinctivement nos sympathies, à cause de son grand talent militaire et de sa chevalerie, c’est le général de Castelnau. Et j’aimerais qu’il le sût », dira de lui son adversaire, le général allemand Von Kluck. (cité sur le site opex360.com, Page « Verdun 1916-2016 – L’injustice faite au général Édouard de Castelnau »
Castelnau, 1851-1944
Voici le récit de ces journées décisives d’août-septembre 1914 obtenu en croisant 3 sources : l’Historique du 230e RI (p. 3 à 10), le JMO du 230e RI (p. 5 à 27) et « La Grande Guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants », Quillet, 1922.
ENTRE MEURTHE ET MOSELLE, du REPLI à la CONTRE-ATTAQUE
La Meurthe, la Moselle, La Trouée de Charmes, en bas, et le Grand Couronné, en haut
Le 230e Régiment d’Infanterie, Rgt de Réserve du 30e RI
En 1914, son casernement ou lieu de regroupement est Annecy. Il fait partie de la 148e Brigade d’infanterie (constituée des 333e, 230e et 299e RI, voir JMO p. 15), de la 74e Division d’Infanterie, 2e Groupe des Divisions de Réserve (2e G.D.R.) rattachée au 16e Corps d’Armée et à la 2e Armée du Général de Castelnau.
Historique du 230e R.I.
pages 3 à 10 ; transcription Bernard Théry, décembre 2016.
Le Départ
« Le 230e régiment d’infanterie, constitué à Annecy le troisième jour de la mobilisation, fut, à l’origine, presque uniquement composé de réservistes de la Haute-Savoie. Dès 1912, une période d’instruction au camp de la Valbonne avait déjà mis en contact la majeure partie, troupes et cadres, de ses éléments constitutifs. Ces gens qui accouraient pour jouer la grande partie se connaissaient déjà ; le commandement savait qu’il aurait dans la main une troupe robuste, endurante, facile à plier à une discipline intelligente, capable, sous des chefs qui sauraient garder intactes ses qualités ethniques, des plus grands dévouements et d’un esprit de sacrifice absolu.
A voir, le 7 août 1914, le premier rassemblement du régiment à la sortie d’Annecy, à contempler les visages de ces terriens pensifs, réfléchis, leur regard loyal et droit, on avait l’impression d’une puissance toute de bonne volonté, de libre abandon à la décision du chef, d’énergie opiniâtre pour le rude labeur dont les troupes de couverture commençaient à tracer les premiers et sanglants sillons. Faut-il le dire toutefois ? Une préoccupation dominait, qui se lisait facilement sur quelques fronts soucieux. Ces hommes, arrachés hier à la faulx, à la charrue, ces pères de famille laissant leur foyer désolé, quittant leurs villages au son du tocsin d’angoisse, allaient-ils tout de suite redevenir des soldats ? Ces chefs, malgré l’expérience des vieux et l’enthousiasme des jeunes, auraient-ils le temps d’amalgamer et d’assouplir tous ces éléments, d’en faire une unité capable de tenir sa place dans la gigantesque bataille qui s’ouvrait ?
Quelques jours d’instruction dans la région d’Aix-les-Bains suffirent à dissiper ces inquiétudes. Certes tout n’était pas parfait, mais la physionomie du régiment se dégageait, la puissance du travail calme et réfléchi, la bonne volonté agissante de la troupe montraient que tout était indéfiniment perfectible et que, avec de telles promesses, on pouvait envisager sans crainte les mystères du lendemain. C’est l’honneur de ceux qui firent partie de ce régiment du début, d’avoir su dégager, comprendre et développer cette attitude morale, c’est l’orgueil attendri de ceux qui suivirent le 230e toute la guerre d’avoir vu rester intactes ces qualités foncières malgré les vicissitudes et les hasards divers de cinq ans de campagne. »
Encadrement du régiment sur le pied de guerre : Etat-major ; 5e Bataillon (17e à 20e compagnies) et 6e bataillon (21e à 24e compagnies)
JMO du 230e RI, transcription Bernard Théry, décembre 2016, pages 5-6 :
7 août 1914 Le 230e Régiment d’Infanterie formé des réservistes des classes 1904, 1905, 1906, 1907 [hommes de 27 à 30 ans] et d’un cadre actif provenant du 30e Régiment d’infanterie quitte Annecy le 7 août 1914 à l’effectif de 36 officiers, 2161 hommes de troupe, 155 chevaux et mulets pour se concentrer au Viviers (Savoie) [Viviers-du-Lac, au sud du lac du Bourget] où il arrive le 8 août 1914 après avoir fait étape le 7 août à Albens (E.M. et 6e bataillon) et à St-Félix (5e bataillon) [les deux au N.E. du lac du Bourget].
Le 230e fait partie de la 74e Division et de la 148e Brigade de réserve (Armée des Alpes)
8 août 1914 A partir du 8 août, il occupe les cantonnements de concentration ci-après : Etat-major, C.H.R., Sections de mitrailleuses, 22e Compagnie : Le Viviers. Etat-major du 6e bataillon, 21e, 23e et 24e compagnies : Drumettaz [au sud du lac du Bourget] ; 5e bataillon : Tresserve [idem]. Les deux autres régiments de la Brigade cantonnent à Aix-les-Bains (223e) et à Chambéry (333e)
Du 8 au 20 août Le régiment garde ses cantonnements et profite de ce délai pour terminer son organisation et perfectionner l’instruction militaire. Le sous-lieutenant de réserve Gebs rejoint le régiment.
CONTEXTE STRATEGIQUE DES BATAILLES DE LORRAINE
Les batailles de Lorraine qui précèdent dans le temps la bataille de la Marne, qui en sont presque entièrement indépendantes dans l’espace, se rattachent, cependant, étroitement à elle.
Il s’agit des batailles du centre (la « Trouée de Charmes », « Rozelieures ») et des ailes (« St-Dié » et le « Grand Couronné »).
Le texte tiré de La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants (disponible sur le site chtimiste.com ; référence indiquée ci-après par la mention « GG vécue » ; transcription Bernard Théry, décembre 2016) donne une vue d’ensemble de ces semaines de combats dans l’Est de la France :
« Notre offensive contre Morhange, Dieuze, Sarrebourg a échoué (20 août). L’ennemi va exploiter son succès. Il espère bousculer facilement, en se précipitant à leur suite, nos armées éprouvées. Son objectif, c’est la Trouée de Charmes, et par-là, c’est une menace d’enveloppement dirigée contre la droite des Armées françaises.
Retraite de Lorraine en août 1914 et position des Corps d’Armée français
Le repli français du côté de Nancy et Lunéville, 20 au 23 août 1914 ;
en bas Rozelieures, la « Trouée de Charmes » et Rambervillers
« Dans une première série d’attaques (la « trouée de Charmes »), il s’efforcera de rompre le centre de notre dispositif au point de liaison entre la 1ère et la 2e Armée (25 août-1er septembre) » (GG vécue)
La Trouée de Charmes en 1914 et l’objectif de l’armée allemande
« Battu et refoulé au cours de cette première tentative, (l’ennemi) essayera de déborder l’aile gauche de la 2e Armée (9e, 15e, 16e, 18e, 20e Corps d’Armée) et l’aile droite de la 1e Armée (7e, 8e, 13e, 14e, 14e, 21e Corps d’Armée) du 1er septembre au 10 septembre : il éprouvera un second échec. (« St Dié » et le « Grand Couronné »).
La situation dangereuse des Armées allemandes à la suite de la Marne amènera l’abandon des attaques sur Lorraine et la stabilisation de cette partie du front (13 septembre).
Ces deux victoires sont l’œuvre du général de Castelnau, commandant de la 2e Armée, et du général Dubail, commandant de la 1e Armée. (Voir photo du général Dubail sur le site sambre-marne-yser.be, page « Bataille de la Trouée de Charmes, 22-26 août 1914 »)
Elles ont sauvé la France de l’est de l’invasion et assuré la solidité de l’aile droite des Armées françaises. […] » (GG vécue)
« Le général de Castelnau dut, pendant la nuit du 20 au 21 août, dans l’ignorance où il était encore de l’allure adoptée par l’ennemi, envisager l’éventualité d’un repli en arrière de Nancy et de Lunéville, qui lui laisserait le temps de défendre, en s’appuyant sur la forêt de Haye, le cours de la Moselle, de Pont-Saint-Vincent à Charmes. Le salut de l’Armée devait être payé, si cela était nécessaire, d’un pareil sacrifice.
Le général en chef, Joffre, met à la disposition du général de Castelnau des forces nouvelles […]. Il place sous les ordres du commandant de la 2e Armée le camp retranché de Toul et ses forces mobiles ; d’autre part, la 64e et la 74e divisions de réserve (à laquelle est rattaché le 230e RI), affectées, dès le 18 août, à la 2e Armée, commencent à débarquer.
Avec ce renfort, la 2e Armée doit pouvoir défendre la Moselle, en s’appuyant sur la place de Toul. Mais il faut tâcher de tenir Nancy « au moins vingt-quatre heures. » […].
Le général en chef ajoutait : « Tant que l’Armée à votre droite tiendra par sa gauche la région de Rambervillers, à même de contre-attaquer les forces ennemies de poursuite, il semble que vous pourrez tenir… » […] (GG vécue)
Quelle était la configuration du terrain, celle de la « Trouée de Charmes » ?
« Nancy est protégée, face à l’est, par une série de hauteurs d’une altitude moyenne de 400 mètres qui forment une demi-circonférence qu’on a appelé le Grand-Couronné. […]
Au sud de Nancy, deux barrières parallèles, la Meurthe et la Moselle, sont orientées du nord-ouest au sud-est. […] Ainsi deux régions d’une défense facile : au nord, le Grand-Couronné, appuyé sur la forêt de Haye et la place de Toul, au sud la région montagneuse et boisée de Saint-Dié qui s’appuie à la place d‘Épinal. Entre les deux, un pays ondulé, barré de lignes d’eaux successives, ouvrant, entre les places d’Épinal et de Toul et leurs avancées, le seuil qu’on a appelé la « Trouée de Charmes ». […]
En somme, c’était comme une porte dont les deux chambranles, Vosges et Grand-Couronné, devaient rester fixes, mais dont les battants, s’ils ne pouvaient être tenus clos, s’entre bailleraient, sans s’ouvrir tout à fait. […] » (GG vécue)
La bataille en Alsace Lorraine. Situation des 1ère et 2e Armées le 19 août 1914 en fin de journée
JMO 20 août Départ du régiment par chemin de fer pour Besançon.
Effectif au départ : Officiers : 37 ; Troupe : 2166 ; Chevaux et mulets : 166 ; Voitures : 26.
Le régiment s’embarque à Chambéry en deux trains. 1er train : E.M. du régiment, 6e bataillon, 2e Section de mitrailleuses, moitié des voitures, départ le 20 août à 21h 10.
JMO 21 août 2e train : 5e bataillon, 1ère Section de mitrailleuses, moitié des voitures ; départ le 21 août à 2h 10. A Bourg, les deux trains sont détournés sur la gare régulatrice de Gray et ensuite sur la gare de Charmes où le 1er train arrive vers 20 heures et le 2e train vers 23h 45. Après déchargement, le régiment cantonne à Charmes (E .M. et 6e bataillon à Charmes, 5e bataillon au faubourg du Bout du Pont).
Les premières Batailles
« Le 21 août 1914, le régiment avec la 74e division d’infanterie, dont il fait partie, s’embarque à Chambéry pour une destination inconnue ; on chuchote un peu partout que « l’on va dans l’Est » mais personne ne sait exactement où, et lorsque le 22 on débarque à Charmes, tout le monde est dans l’incertitude absolue sur la situation générale et sur les destinées immédiates du régiment.
Le 22, tandis que le cinquième bataillon reste dans la plaine, le sixième, prend position au Haut du Mont, hauteur voisine de Charmes ; le 23, le régiment reçoit l’ordre de prévoir un système de défense au cas d’irruption ennemie sur les hauts de la Moselle ; on sourit et on creuse sans convictions quelques embryons de tranchées, tout en épiant dans le
lointain quelques détonations confuses. On commence à dire que les corps qui sont devant nous ont subi un léger échec en territoire annexé, mais l’alarme n’est pas grande et tout le monde s’endort le soir dans un sentiment de sécurité absolue.
Or, la situation, en réalité, est grave : l’échec dont on parle à mots couverts, c’est la retraite de Morhange et de Sarrebourg et l’ennemi s’avance en forces sur la trouée de Charmes à La poursuite de nos corps épuisés par vingt jours de bataille. Lunéville est pris et Nancy sérieusement menacé. »
« Le 2e Groupe de divisions de réserve (auquel appartient le 230e RI), qui avait couvert le flanc gauche de l’offensive, s’était replié au pied des pentes, le 21 août. Pour le front sud de l’Armée, tout dépendait du temps que l’ennemi laisserait aux 15e Corps et 16e Corps (auquel se rattache le 230e RI) pour se réorganiser.
Le 21 août, il avait mollement suivi nos arrière-gardes et ce répit avait donné au général de Castelnau un temps précieux pour la défense de Nancy. » (GG vécue)
« Mais, dans la nuit du 21 au 22, ses colonnes franchissaient la frontière et s’avançaient en direction de Nancy. […]
Le général de Castelnau, jugeant dès lors impossible de tenir avec une partie seulement de ses forces la tête de pont de Lunéville, décidait de ramener en arrière de la Meurthe le 15e Corps et le 16e Corps.
Les ponts de la Meurthe sautaient. Le soir, les patrouilles allemandes entraient dans Lunéville abandonnée. » (GG vécue)
Carte de la Lorraine. De Charmes à Sarrebourg en passant par Gerbéviller et Blamont
JMO 22 août La 148e Brigade ayant reçu l’ordre d’occuper et de défendre sur la rive gauche de la Moselle les ponts de Bainville-au-Miroir et de Charmes, le 230e est chargé d’organiser la défense du pont de Charmes , avec une batterie du 54e d’Artillerie et ½ peloton du 2e Dragons. Voir notre page « JMO du 2e Dragons, 16 août-12 septembre 1914 »
Le 5e bataillon occupe le pont et les abords et détache une compagnie en grand-garde à la Tuilerie voisine de la station.
Le 6e bataillon et la batterie tiennent et organisent la hauteur du Haut du Mont (Sud-Ouest de Charmes). Docteur Merlin évacué le 21 août.
Relief de la région Est, de Nancy, Lunéville, Blainville (au sud de Nancy) à Strasbourg
« Pendant la nuit, le général de Castelnau établissait le front sur lequel il pensait recevoir, le 23, le choc de l’Armée allemande. Le Grand-Couronné restait organisé comme précédemment. […]. Le 16e Corps d’Armée, encadré par les deux brigades de la 74e division de réserve, étendait son front de la route de Bayon-Lunéville, par le plateau de Belchamps, jusqu’à Clayeures. La cavalerie continuerait à protéger, en liaison avec le 8e Corps, le flanc droit de l’Armée. […] » (GG vécue)
JMO 23 août Le régiment garde ses positions. Docteur Patte évacué le 23 août.
« Le 24 août, les colonnes allemandes allaient heurter le front de la 2e Armée. » (GG vécue)
Attaque allemande du 24 août 1914
Le massacre du 24 août à Gerbéviller
« Le 24 août, 60 Chasseurs du 2e Bataillon de Chasseurs à Pied, dirigés par l’adjudant Chèvre, s’installèrent à Gerbéviller et y édifièrent des barricades de fortune. La mission des soldats français était de ralentir le plus possible l’ennemi pour permettre au général de Castelnau d’organiser la résistance en arrière du front.
À Gerbéviller, les premiers tirs furent échangés vers 9 h. Ne pouvant distinguer avec précision les Français, croyant peut-être avoir à faire à des partisans (Philippe Nivet, La France occupée 1914-1918, Paris, Armand Colin, 2011, p. 188-190), les troupes allemandes se livrèrent au pillage et à la destruction des habitations de la rive droite de la Mortagne. Après une accalmie, le combat reprit au début de l’après-midi. Une pluie d’obus qui s’abattit sur la ville jusqu’au repli des troupes françaises vers 17 h.
La ville fut alors livrée au pillage et la population soumise à la violence de la soldatesque : 64 habitants massacrés (dont 15 affreusement mutilés, fusillés ou brûlés vifs), viols, prise d’otages… selon les témoignages. 475 maisons furent incendiées.
Un seul quartier échappa à la destruction, celui de l’hospice dirigé alors par Sœur Julie qui convainquit les Allemands que seuls des blessés dont quelques Allemands étaient hébergés dans l’hospice.
En mémoire de ces heures sombres, Gerbéviller fut surnommée « Gerbéviller-la-Martyre ». (Site Wikipedia, art. Gerbéviller) :
La mise en exergue du martyre d’une ville fut relayée par la presse en plus de l’ordre de l’armée du Journal officiel : ORDRE GÉNÉRAL N°71
« Le général commandant de la 2e Armée cite à l’ordre cite à l’ordre du jour de l’Armée : Mmes Rigard, Collet, Rémy, Maillard, Rickler et Gartener, religieuses de l’ordre de Saint-Charles de Nancy, qui ont, depuis le 24 août, sous un feu incessant et meurtrier, donné dans leur établissement de Gerbéviller, asile à environ mille blessés, en leur assurant la subsistance et les soins les plus dévoués, alors que la population civile avait complètement abandonné le village. Ce personnel a en outre accueilli chaque jour de très nombreux soldats de passage, auquel il a servi les aliments nécessaires.
Le général commandant le 2e Armée, De Castelnau. Par ordre : Le général chef d’état-major, Anthoine. »
Plus d’infos sur le site blamont.info, page Le Panorama de la guerre de 1914, 28 janvier 1915
En Lorraine. L’œuvre allemande. Gerbéviller, rue Gambetta après l’incendie du 24 août 1914
« Or, le 24 août, vers 8 heures du matin, une reconnaissance d’aviation du 20e Corps d’Armée signale une colonne ennemie de toutes armes marchant vers le sud, par Vitrimont et la Faisanderie. […] »
Castelnau et l’aviation : Le général Yves Gras, auteur d’une biographie du général de Castelnau, dresse le portrait d’un commandant plein de discernement, profondément novateur et soucieux du bien-être de ses troupes, plutôt qu’un théoricien ou un exalté à la pensée désincarnée. Selon lui Castelnau aurait compris, bien avant ses contemporains, l’importance de la coopération interarmes, et de l’aviation militaire. De plus, toujours selon Yves Gras, le rôle de Castelnau dans la victoire de Verdun, par les rapides et drastiques décisions prises dans la débandade du 21 au 26 février 1916, a été totalement ignoré par l’histoire. Voir notre page « Les 300 jours de Verdun et les Passerands en 1916 »
Le général Armengaud, à l’époque pilote observateur à la 2de armée, dira : « Le général de Castelnau a été une remarquable exception. À plus de 60 ans, il comprit l’aviation militaire comme s’il l’avait connue dès sa jeunesse. » (Wikipedia, art. Edouard de Castelnau)
« Le 16e Corps d’Armée est averti, par ses reconnaissances, de mouvements importants dans la région Fraimbois-Gerbéviller.
En résumé, des forces importantes (on les évalue à deux Corps d’Armée) infléchissent leur marche dans la direction du sud, se couvrant sur leur droite par des flanc-gardes.
Le général de Castelnau tire instantanément, de ces renseignements fragmentaires, des conclusions : les Allemands, dédaignant la menace que constituent Nancy et les troupes de la 2e Armée, marchent droit vers le sud, en direction de la Trouée de Charmes. Ils vont donc défiler presque parallèlement au front de la 2e Armée, pour venir heurter la gauche de la 1e Armée, ou, au plus, la droite de la 2e entre la forêt de Charmes et la Mortagne.
La situation, telle qu’elle était envisagée la veille, est donc renversée : la 1e Armée va être attaquée de front : l’attaque de flanc doit venir de la 2e Armée.
A 11h30, Castelnau donne pour le lendemain un ordre général d’attaque une division d’infanterie du 20e Corps et toutes les forces disponibles du 2e groupe de divisions de réserve prendront l’offensive en direction de Serres et du bois d’ Einville. […]
Quant au Corps de cavalerie, il couvrira entre Meurthe et Mortagne, à la hauteur de Fraisoirs, la droite du dispositif et masquera la soudure encore mal assurée entre les deux Armées.
Vers 10 heures, le Corps de cavalerie est attaqué sur tout son front à Mont, à Gerbéviller, à Moyen. Il s’accroche au terrain ; à 14 heures, il tient encore les hauteurs de Morivillers-Séranville.
Vers 15 heures, il se replie sur Borville, laissant le 2e bataillon de chasseurs à pieds qui, à lui seul, va retarder, jusqu’au soir, l’avance des têtes de colonnes allemandes : c’est à ce moment que se place l’épisode légendaire et pourtant historique de la défense de Gerbéviller par une trentaine de chasseurs.
La journée a donc révélé l’axe d’attaque de l’aile droite ennemie. Il est franchement nord-sud, suivant une ligne qui passerait par Lunéville-Gerbéviller, en direction de l’isthme qui sépare la forêt de Charmes de la forêt de Rambervillers.
Cette journée du 24, qui, sur tout le front, s’achève chez les troupes en une ardente veillée d’armes, est la journée de la « Décision » qui contient en germe la Victoire. Le matin, tout était doute et angoisse. […]
A 11 heures, le général commandant la 2e Armée a compris l’occasion inespérée que lui offre l’orgueil ennemi. En trois heures, il passe de la défensive anxieuse à l’offensive, du doute à la certitude. Il fixe la manœuvre qu’il n’eût osé souhaiter.
A qui le général de Castelnau demande-t-il cet effort ?
Non seulement au 20e Corps d’Armée, grandi par sa mauvaise fortune, mais aux 15e Corps et 16e Corps d’Armée que l’ennemi croit encore ébranlés, à la 64e et à la 74e divisions de réserve (celle du 230e RI) qui, dans cette journée décisive, vont recevoir leur baptême du feu. Le général Dubail lance au-devant du choc ennemi le 8e Corps dont certaines unités ont perdu 50 % de leur effectif. » (GG vécue)
JMO 24 août A dix heures, le régiment reçoit l’ordre de diriger un bataillon sur St-Germain [au N.E. de Charmes]. Le 5e bataillon est maintenu à Charmes.
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Départ de l’Etat-major du régiment et 6e bataillon à midi 15. A 16 heures, ce bataillon est chargé d’occuper les crêtes avoisinant Borville [au N.E. de St-Germain, entre St-Germain et Rozelieures] ; 22e et 24e compagnies aux avant-postes, 21e et 23e compagnies en arrière ; 23e compagnie soutien d’artillerie. Le 6e bataillon bivouaque sur ses positions.
Situation géographique de Charmes, St-Germain, Bainville-aux-Miroirs, Borville, Remenoville et Gerbéviller
« C’est dans ces conditions que le VIe bataillon reçoit l’ordre, le 24 août à 12 heures de se porter en avant par Saint-Germain, Borville et Rozelieures.
Laissant le Ve bataillon à la garde des ponts de Charmes, le régiment se met en marche immédiatement, traverse la forêt de Charmes au milieu de la triste théorie des paysans qui émigrent et des blessés qu’on évacue, atteint Saint-Germain, prend contact avec quelques chasseurs cyclistes de la 2e Division de cavalerie qui lui signalent la proximité des troupes adverses, dépasse Borville et se heurte, à la nuit tombante, aux avant-postes ennemis entre Borville et Rozelieures. Quelques coups de fusil, quelques rafales de 75 éclatant vers Rozelieures, quelques obus ennemis parsemant les alentours suffisent à éclairer
tout le monde ; on s’installe en avant-postes de combat, chacun se disant « ce sera pour demain ».
Elle fut pour le lendemain [25 août] en effet, la première bataille du régiment ; elle se déroula au milieu de péripéties sans nombre dont chacun conserve une mémoire locale, mais dont il est difficile d’écrire l’exacte chronologie.
Dès le matin, l’ennemi qui a passé la nuit à Rozelieures et qui nous sait proche, s’organise pour déboucher du village. Nous le devançons et nos premiers éléments sortent du bois de Laleau avant toute tentative de sa part. La journée se passe en attaques réitérées contre le village, tandis qu’à notre droite d’autres éléments tentent d’aborder les bois. Ces attaques sont singulièrement coûteuses : l’ennemi tient Rozelieures et ses abords avec de grosses forces et nous avons particulièrement à souffrir de ses mitrailleuses et de son tir fusant qui interdisent le glacis séparant le village de nos positions. Toute la journée, la bataille reste indécise ; lentement, par bonds très courts mais meurtriers, nos lignes s’avancent menaçant l’ennemi de deux côtés.
Un peu lente à l’action au matin, l’artillerie se met sérieusement de la partie et les batteries installées sur le plateau de Borville accablant le village et les bois qui le bordent à l’est.
Vers le soir, on sent la résistance faiblir, des mouvements se produisent qui présagent la retraite et soudain un cri éclate dans les rangs de nos fantassins : « les cavaliers ». C’est en effet la cavalerie française, une masse grouillante d’escadrons piaffant qui se groupent sur nos arrières et dont nous voyons tout à coup les premiers éléments déboucher pour la charge. L’ordre qu’ils ont reçu résume le succès de la journée : « Charger jusqu’à épuisement complet des hommes et des chevaux, le résultat en vaut la peine ».
Voir notre page « JMO du 2e Dragons, 16 août-12 septembre 1914 »
Bataille de la Trouée de Charmes. Situation le 25 août 1914 au matin
« Le 25 au matin, de Raon-l’Etape à la forêt de Charmes, les colonnes ennemies abordent le front de la 1e Armée. […] La lutte est particulièrement dure entre Baccarat et Raon-l’Étape, où les Allemands réussissent à passer la Meurthe. […]
Mais l’ennemi, qui n’est plus qu’à 10 kilomètres de la Moselle, vient d’être attaqué brusquement en flanc et en queue. » (GG vécue)
Les offensives d’août 1914 entre Meurthe et Moselle
« Le 16e Corps d’Armée et la 74e division de réserve prennent pied dans Einvaux [au nord de Rozelieures] et dans les bois de Charlieux, dont le 36e régiment d’infanterie coloniale [Rgt du Passerand BASTARD Jean François] et le 223e régiment d’infanterie enlèvent d’assaut la lisière.
Sous ces coups inattendus, l’ennemi hésite : il défend énergiquement son flanc menacé, mais sa marche en avant se ralentit.
C’est à ce moment que le général de Castelnau sûr de la victoire, presse l’attaque, c’est la suprême sagesse : « Le 8e Corps, télégraphie-t-il à 15 heures de Pont-Saint-Vincent, tient encore les lisières nord du bois Lalau, renforcé par les chasseurs du Corps de cavalerie. De ce côté, la progression de l’ennemi est arrêtée. Notre cavalerie aperçoit un mouvement de retraite de l’infanterie ennemie de Rozelieures vers le bois de Rethimont.
Ordre du général commandant la 2e Armée : “En avant, partout, à fond ». « Il faut à tout prix, téléphone-t-il à la même heure au 16e Corps d’Armée, continuer à pousser, sans tenir compte de la fatigue des hommes. Il faut les galvaniser en leur disant, ce qui est vrai, que nous sommes sur les derrières de l’ennemi et qu’un gros succès résultera d’un suprême effort. »
Vers 18 heures, le 15e, le 143e, le 230e, le 333e, le 134e régiments d’infanterie donnent l’assaut aux positions de Rozelieures. Le village est pris, l’ennemi recule en désordre sur Remenoville. Le 8e Corps reprend Essey-la-Côte et Saint- Pierremont. Au soir de ce premier jour de bataille, l’ennemi est non seulement arrêté, mais refoulé. » (GG vécue)
L’attaque française de Rozelieures (en bas) le 25 août 1914
JMO 25 août 1914 à 9 heures Le 6e bataillon reçoit l’ordre d’occuper les tranchées sur la droite pour parer à un mouvement tournant que l’on craint par le bois de Laleau, puis à 9h 20 le bataillon reçoit l’ordre de se porter directement à l’attaque de Rozelieures, 21e compagnie (Capitaine Girardin) et la section de mitrailleuses (lieutenant Baudet) en tête.
Le bataillon s’engage sur un vaste glacis de 3 à 400 mètres très bien repéré par l’artillerie allemande : il subit de ce fait des pertes considérables et est obligé d’appuyer à droite dans le bois de Laleau. Le Sous-lieutenant Mossion est tué dès le début.
A cette corne du bois, nouvelles pertes plus sensibles. Le capitaine Humbert est blessé d’une balle dans le mollet ; le capitaine Imbert blessé à l’oreille et à la tête reste à la tête de sa compagnie ; temps d’arrêt dans l’attaque.
Le bataillon est reformé en réserve sur ses emplacements du matin, sauf un groupement de la valeur d’une compagnie, lequel sous les ordres du capitaine Imbert, des sous-lieutenants Perinel, Carillat, Lamy participe à l’attaque de Rozelieures avec le 15e Rgt d’Infanterie (16e Corps). Il rejoint le bataillon à la nuit à Borville où cantonne la Brigade.
Pendant l’action, le village de Borville est mis en état de défense par une section de la 22e compagnie commandée par le Lieutenant Serbonnel ; à signaler l’acte du soldat mitrailleur Pignal qui retourne prendre à moins de 50 mètres de l’ennemi l’affût-trépied et le support pivotant de sa pièce, que le manque de servants n’avait pas permis d’emporter au moment du repli du bataillon.
Les 17e et 20e compagnies sous le commandement du Chef de bataillon Varaigne rejoignent le Rgt à Borville à 18 heures.
Pertes subies dans le combat de Rozelieures le 25 août 1914 (pages 7 à 13) : 8 tués, 231 blessés (dont le Passerand Aristide Overnay, p. 11, 8e ligne) et 31 disparus.
JMO du 230e RI, 25 août 1914, p. 11, 8e ligne OVERNAY Aristide blessé
Passerand OVERNEY Aristide, classe 1907 (Vatusium n° 18, p. 16). Voir notre page « Passy : liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »
Fiche décès du Passerand Aristide Overnay
« La première bataille du 230e est terminée, cette première bataille est une victoire ; elle s’achève presque dans une atmosphère d’épopée, comme les belles batailles d’autrefois par la retraite de l’ennemi poursuivi par la lance ardente de nos cavaliers. L’histoire dira quelque jour comment fut arrêtée cette charge et comment l’ennemi qui fuyait dans un réel désordre put se ressaisir sur les bords de la Mortagne où quelques jours plus tard le régiment devait le retrouver. Cette journée de Rozelieures devait être féconde en conséquences heureuses : quand la 74e division d’infanterie fut mise en action, l’ennemi ne pouvait plus
être arrêté par les débris du 9e corps, très éprouvé les jours précédents et par quelques détachements de cavalerie également à bout de forces ; il était temps qu’une troupe fraîche intervint pour lui interdire la trouée de Charmes.
Le 25 au soir, les 17e et 20e compagnies rejoignent le VIe bataillon. Dans la nuit, le régiment se regroupe à Borville ; pendant l’action, les unités se sont confondues et mélangées, il importe de remettre de l’ordre pour la poursuite qui doit commencer le lendemain matin. »
« Le 25 au soir, le Corps de cavalerie, ses chevaux fourbus, n’a pu poursuivre. Mais les Allemands ont été plus éprouvés encore. Leurs pertes sont effrayantes : 4600 cadavres autour de Mont, 2600 autour de Rozelieures.
Désormais, l’ennemi va être réduit à une stricte défensive. Défense savante et tenace contre laquelle nos efforts vont s’user.
Attaque du Haut-du-Mont le 26 août 1914
Le 26, à l’aube, les deux Armées reprennent l’offensive. La 70e division de réserve atteint Réméréville et Courbesseaux. Le 20e Corps d’Armée s’empare de Maixe, Deuxville, Frescati, dominant par le nord Lunéville. Le 15e Corps d’Armée prend Damelevières et Mont.
A sa droite, le 6e bataillon de chasseurs alpins s’empare de Lamath. Le 16e Corps d’Armée occupe Remenoville, Moriviller et progresse dans les bois qui le séparent de la Mortagne. Sur tout le front de la 2e Armée c’est la victoire. L’ennemi laisse entre nos mains des prisonniers et des canons. » (GG vécue)
JMO (page 13) 26 août 1914 Le 6e bataillon, les 17e et 20e compagnies se dirigent sur Rozelieures par le bois de Laleau, traversent le village et se rassemblent sur le plateau nord. Ordre est donné ensuite de se porter à travers bois sur Remenoville [au N.E. de Rozelieures], la 22e compagnie en tête (Capitaine Imbert). Cette compagnie, à la sortie du bois, passe sous les ordres du Colonel du 299e et participe à l’attaque du Haut-du-Mont. Toute la journée elle reste avec le bataillon Colombani du 299e et prend part à la nuit tombante à l’assaut de la cote 287 au sud de Gerbéviller [au N.E. de Rozelieures et Remenoville].
Le reste du régiment, après avoir appuyé avec la 21e compagnie (Capitaine Girardin) l’attaque du Haut-du-Mont, reçoit l’ordre de marcher sur Remenoville, puis sur Gerbéviller. Le régiment en entier, la 22e compagnie ayant rejoint à 22 heures, bivouaque sur la route de Remenoville à Gerbéviller à un km nord de Remenoville.
Etat nominatif des officiers, sous-officiers et soldats, tués, blessés, faits prisonniers ou disparus à l’attaque du Haut-du-Mont le 26 août 1914 : 1 tué, 23 blessés, 6 disparus.
« Dès l’aube, le régiment se met en marche, traverse île champ de bataille de la veille, s’engage dans les bois et débouche en avant de Remenoville où toute la brigade se rassemble le soir, à cheval sur la route de Remenoville à Gerbéviller. Les patrouilles ennemies qui tenaient encore quelques boqueteaux se sont repliées et, le régiment reçoit l’ordre, le 27 août, de marcher sur Gerbéviller. »
Suite du JMO du 230e RI page 14 :
27 août A 4h, ordre est donné de se porter sur Gerbéviller. Le régiment subit de 8 à 10 heures un feu nourri d’artillerie ; et la forte organisation des positions ennemies ne lui permet pas d’exécuter son mouvement. Les 17e et 20e compagnies sont, le soir, aux avant-postes ; le reste du régiment bivouaque sur les emplacements de la veille.
Etat nominatif des pertes du 27 août 1914 : 2 blessés, 2 disparus.
« Nous savons par nos détachements d’exploration que Gerbéviller est tenu fortement par l’ennemi ; dès le 27 au soir nos éléments sont portés en contact immédiat et la bataille s’engage. Elle fut sanglante particulièrement pendant la journée du 28, l’ennemi s’accrochant au village attaqué par la brigade tout entière.
Le 230e, en colonne double, à cheval sur la route Remenoville-Gerbéviller, progresse sous le feu violent des obusiers qui augmente d’intensité au moment de l’entrée dans Gerbéviller : les 17e et 209 compagnies franchissent le pont pour soutenir l’attaque du 333e régiment d’infanterie, la, 17e compagnie enlève d’assaut une première tranchée et se heurte à une deuxième position très fortement organisée qui l’oblige à se replier à la lisière de Gerbéviller. Au-delà du pont, la situation devient très critique ; nos éléments se joignant au mouvement du 333e régiment d’infanterie se retirent lentement en arrière du village. Le VIe bataillon est engagé à cet instant et tout le régiment occupe alors à 800 mètres de Gerbéviller des positions de repli tandis qu’une section est détachée à la garde du pont. »
Bilan de la bataille de Rozelieures du 25 août 1914
« Le Général en chef, commentant, le 27 août, l’œuvre de la 1e et de la 2e Armée, écrivait dans un ordre du jour qui constitue leur plus sûre récompense. « La 1ère et 2ème Armée donnent en ce moment un exemple de ténacité et de courage » que le Général en chef est heureux de porter à la connaissance des troupes sous ses ordres. » (GG vécue)
« Le piège que Joffre et Castelnau avaient tendu à Rupprecht de Bavière a parfaitement fonctionné. Sûr d’avoir presque anéanti l’armée française lors des batailles de Sarrebourg – Morhange, Rupprecht fonce vers la trouée de Charmes, négligeant l’armée de Castelnau et se fait attaquer de flanc, pris entre les Ie et IIe armées françaises. »
27 août Un radiogramme significatif émane de l’O.H.L. « A aucun prix, ne révélez à nos armées de l’ouest les échecs de nos armées de l’est ».
Cet échec met aussi fin au plan de Moltke visant à encercler les armées françaises. » (Site sambre-marne-yser.be)
Bataille de la Mortagne et attaque de Gerbéviller
« Le 28 août, les 3e, 111e, 112e, 141e régiments de ligne (16e Corps d’Armée) attaquent en vue d’atteindre la Mortagne, le 15e Corps d’Armée en vue de se rapprocher de Lunéville, de part et d’autre de la Meurthe.
Le 15e Corps d’Armée dépasse Xermaménil et progresse dans les bois à l’est. Le 16e Corps borde la Mortagne, de Lamath à Gerbéviller. Le 333e régiment d’infanterie prend pied dans Gerbéviller, mais il est rejeté, après un sanglant combat sur la rive gauche. » (GG vécue)
Voir sur le site chtimiste le passage de l’historique du 333e RI
JMO page 15 : 28 août A 4 heures, la Brigade, provisoirement constituée des 333e, 230e et 299e d’Infanterie se porte à l’attaque de Gerbéviller. Le 230e en colonne double à cheval sur la route : colonne de droite (24e et 22e compagnies) ; colonne de gauche (21e et 23e compagnies) ; les 2 compagnies du Commandant Varaigne en arrière : 17e à droite, 20e à gauche.
A partir de 11h 30, le régiment progresse sous le violent des obusiers, qui augmente d’intensité au moment de l’entrée dans Gerbéviller.
A 12h 25, au passage à niveau, un seul obus blesse grièvement le Lieutenant-colonel Lansé, atteint le Commandant Orsat et tue le capitaine Amiguet.
Le Commandant Varaigne prend le commandement du régiment.
Le 6e Bataillon se rassemble dans la tranchée du chemin de fer et se reforme au sud du mur du Château. Les 17e et 20e compagnies franchissent le pont de Gerbéviller pour soutenir l’attaque du 333e RI, sur les hauteurs au nord du village.
La 17e compagnie (Capitaine Vernadet) enlève d’assaut une première tranchée, et se heurte à une deuxième position très fortement organisée, qui l’oblige à se replier à la lisière de Gerbéviller sous un feu très violent d’artillerie d’infanterie et de mitrailleuses. Le Capitaine Vernadet tombe et le sous-lieutenant Perroud est grièvement blessé : tous deux restent sur le terrain.
La 20e compagnie (Capitaine Rocheron) vient soutenir à gauche la 17e compagnie, et est arrêtée par la violence inouïe du feu. Le Chef de bataillon Varaigne, le capitaine Rocheron et le sous-lieutenant Magnin tombent et restent sur le terrain. Le sous-lieutenant Martin est tué, cherchant une position pour sa section de mitrailleuses, à droite de la 17e compagnie.
A 13h 30, le 6e bataillon reçoit l’ordre de franchir le pont et d’appuyer l’attaque du 5e bataillon. La 21e compagnie (Capitaine Girardin) suivie de la 23e (sous-lieutenant Périnel) franchissent le pont sous un feu violent d’artillerie et d’infanterie.
Au moment où la 22e compagnie (Capitaine Imbert) va franchir le pont, ordre est donné par le Lieutenant-Colonel commandant le 333e de se replier. Tout le régiment entraîné par le mouvement du 333e se retire lentement et en ordre, sous les ordres du Capitaine Imbert, en arrière de Gerbéviller : le 6e bataillon par la gauche, les 17e et 20e compagnies par la droite. Le régiment occupe alors, à 800 mètres au sud de Gerbéviller, des positions de repli sur lesquelles il reste jusqu’à la nuit tombante.
A 17 heures, le Commandant Orsat, quoique blessé, prend le commandement du régiment.
Vers 17h, la section du sergent-major Favre (24e compagnie) est renvoyée à la garde du pont de Gerbéviller. A la nuit, le régiment bivouaque sur les emplacements de la veille.
A 14h, le Médecin aide-major de 1e classe Long-Pretz, qui soignait le Lieutenant-colonel Lansé blessé, dans une maison, à 800 mètres au sud de Gerbéviller, est blessé très grièvement par un éclat d’obus.
A signaler l’attitude du maréchal des logis Donzier, adjoint au Commandant Orsat, portant un ordre à moins de 50 mètres de l’ennemi, sous un feu très violent, et contribuant par son énergie, à assurer le repli en bon ordre.
JMO pages 16 à 19 Etat nominatif des pertes au combat de Gerbéviller le 28 août 1914 : 4 tués, 62 blessés, 146 disparus.
A signaler la conduite du caporal brancardier Desbiolles et du soldat brancardier Duret François pour leur courage et leur empressement à secourir les blessés sur le champ de bataille.
« Le régiment est très éprouvé : Le lieutenant-colonel Dansé est grièvement blessé, le médecin-major qui le soigne est mortellement atteint, le commandant Varaigne à qui passe le commandement est également blessé et fait prisonnier.
C’est dans ces circonstances que le commandant Orsat prend de commandement du 230e malgré une blessure reçue au cours de la journée. De nouvelles tentatives sont faites par la droite auxquelles prend une part active le VIe bataillon. »
Attaque française du 29 août 1914
« Le 29 août, le 16e Corps et la 74e division de réserve (222e, 223e, 230e et 299e régiments de ligne) passent la Mortagne, s’emparent de Gerbéviller et se relient au 15e Corps d’Armée, dans les bois, à l’ouest de Fraimbois. » (GG vécue)
JMO 29 août A dater de ce jour, les deux sections de mitrailleuses réduites à 3 pièces sont réunies en une seule, sous les ordres du sous-lieutenant Baudet.
Le 6e bataillon quitte le bivouac de Remenoville à 5h pour la cote 287 au sud de Gerbéviller qu’il organise défensivement. Il occupe cette position la journée entière.
Le 5e bataillon avec la 21e compagnie (Capitaine Girardin) creuse et occupe des tranchées en avant de Remenoville. Le régiment bivouaque sur les emplacements des nuits précédentes.
Le lieutenant-colonel Lansé étant blessé et évacué, et le Chef de bataillon Varaigne resté sur le terrain, le commandement du régiment est pris par le Chef de bataillon Orsat, à la date du 29 août (Ordre n° 4 du régiment). Pertes : 3 blessés.
« Le 30, une attaque contre la clairière de Fraimbois, par l’ouest (16e Corps) et par le sud (74e D.R.), échoue avec de lourdes pertes.
Toute progression est d’ailleurs gênée par le fait que la 1e Armée ne peut nulle part déboucher. Combats sanglants et non sans gloire, mais dans lesquels le seul résultat « accrocher l’ennemi » se paye cher. C’est la lutte d’usure par anticipation. » (GG vécue)
Einvaux, en haut à gauche ; Seranville, au sud de Gerbéviller ;
extrait de la carte des fronts successifs de la Mortagne et de la Meurthe du 23 août au 11 septembre 1914 :
ligne verte le front le 23 août ; en pointillés rouges le front au 28 août
JMO 30 août A 5h 30, le régiment reçoit l’ordre de se porter par la cote 287 sur le plateau de la Hongrie, où il est placé en réserve en échelons, vers la gauche, entre la Hongrie et Gerbéviller (21e Cie en avant de la route de Gerbéviller à Séranville, 24e Cie à droite soutien d’artillerie).
A 10h 30, les 22e et 23e compagnies, sous les ordres du Capitaine Imbert, reçoivent l’ordre de se porter par le ravin de la Hongrie sur le gué et la passerelle de la Mortagne, pour soutenir le 333e et arrêter le mouvement de retraite du 299e, se retirant sous un feu violent d’artillerie, d’infanterie et de mitrailleuses venant de la lisière sud du bois des Rappes. Le mouvement s’exécute, 23e Cie en tête (Lieutenant Périnel), sous un feu violent : quelques hommes sont blessés.
Les deux compagnies arrivent à 11h au remblai du chemin de fer, derrière lequel sont abritées deux ou trois compagnies du 333e qui s’étaient repliées et n’osaient sortir de cet abri pour franchir la passerelle située en avant.
A la sonnerie de « En avant » exécutée par ordre du capitaine Imbert, qui se porte lui-même au-delà du remblai et à la passerelle, les deux compagnies du 230e vigoureusement enlevées par leurs chefs, franchissent le talus et la passerelle (la section du sous-lieutenant Carillat en tête) entraînant dans leur mouvement les compagnies hésitantes du 333e.
La Passerelle sur la Mortagne dite « Le Pont de la Mort »
Gerbéviller. Le Pont sur la Mortagne défendu héroïquement par les Français
JMO pages 20-21 30 août (suite)
Les tranchées à 350 ou 400 mètres de la lisière du bois des Rappes (fortement organisé et tenu par l’infanterie allemande) sont réoccupées à 12h 15.
La passerelle, le viaduc du chemin de fer et le ravin de la Hongrie sont soumis de 14 à 16 heures à un feu très violent d’obusiers qui est d’ailleurs inefficace sur les deux compagnies susnommées, trop rapprochées de l’ennemi.
Ces deux compagnies gardent le contact sous le feu intermittent de l’infanterie allemande jusqu’à la nuit. Elles sont alors relevées par le 2e Bataillon de Chasseurs à pied, et rejoignent le bivouac à Remenoville à 22h 30.
Pendant que le 5e bataillon reste en position sur le plateau de la Hongrie, les 21e, 24e compagnies et la section de mitrailleuses s’établissent à l’Est de la route Gerbéviller à Seranville [au sud de Gerbéviller et à l’Est de Remenoville] vers le bois du Haut-de-Gondat ; rejointes par des troupes du 8e Corps, elles se portent en avant, dans la direction du gué au nord du bois du Haut-de-Gondat sous le feu de l’artillerie allemande.
En rentrant à la nuit au cantonnement de Remenoville, elles sont accueillies par le feu des mitrailleuses françaises, à courte distance (à signaler la conduite du sergent brancardier Chevrier et du soldat infirmier Excoffier pour leur courage et leur empressement à secourir les blessés sur le champ de bataille).
Pertes : 13 blessés, 1 disparu.
31 août Le Régiment, suivant l’ordre n° 30 organise la défense du plateau de la Hongrie, en établissant des tranchées face à l’Est, en suivant la direction générale du chemin de Seranville à Gerbéviller.
Arrivée vers 9h sur le plateau de la Hongrie de la 18e compagnie (Capitaine Jost) partie de Charmes le 30 août. A 18 heures, le régiment prend les avant-postes : 4 compagnies sur la rive droite de la Mortagne (17e et 18e en grand-gardes ; 21e et 22e en réserve ainsi que l’E.M.) ; 2 compagnies 23e et 24e et section de mitrailleuses sur la rive gauche de la Mortagne, vers le ferme de la Hongrie. Nuit sans incident.
Le sous-lieutenant Périnel, blessé le 25 août et le sous-lieutenant Ruby, malade, sont évacués. Pertes : 1 tué, 4 blessés.
Carte des combats de Gerbéviller : Rozelieures et Remenoville, en bas ; Vitrimont et Rehainviller, en haut
« Après ces divers engagements, appauvri de près d’un millier d’hommes, de plus de la moitié de ses cadres et notamment de presque tous ses commandants de compagnie, le régiment se regroupe dans le bois de Guignebois ; on forme six compagnies alignant une moyenne de 100 hommes chacune.
Sur la Mortagne, l’ennemi est fixé et ses progrès sont arrêtés : il importe maintenant de dégager Lunéville dépassé de plus de 10 kilomètres par l’ennemi. »
JMO 1er septembre Le régiment reste aux avant-postes et subit un violent feu d’artillerie. Le capitaine Jost est blessé. Le 230e rentre cantonner à 23h à Remenoville.
Pertes : 4 tués, 2 blessés, 2 disparus.
« La division reçoit l’ordre de quitter les rives de la Mortagne et de marcher sur Lunéville par Blainville-sur-l’Eau, Mont-sur-Meurthe et Rehainviller : La marche d’approche s’effectue pendant les nuits du 2 au 3 et du 3 au 4 septembre. Le 3 au matin, le régiment reçoit son premier renfort dans le bois de Landécourt. Il était temps : les unités commençaient à devenir squelettiques malgré le renfort de la 18e compagnie arrivée de Charmes le 31 août. »
« Ces Armées combattent depuis quatorze jours, sans un instant de répit, avec une inébranlable confiance dans la victoire qui appartient toujours au plus tenace. Le Général en chef sait que « les autres Armées auront à cœur de suivre l’exemple fourni par la 1ère et 2ème Armée ».
Leur rôle, en effet, sinon leur espérance, est rempli. L’offensive allemande brisée, la Lorraine sauvée et, surtout, le flanc droit des Armées françaises protégé contre une seconde menace d’enveloppement que le Commandement allemand avait rêvée sans doute après sa victoire de Morhange.
Désormais, le Général en chef, délivré à l’est de toute inquiétude, allait pouvoir puiser largement dans les Armées de Lorraine pour alimenter la bataille qui se développait devant son centre et sa gauche.
« La situation, très améliorée devant la 1e et la 2e Armée, écrivait-il le 1er septembre, permet de récupérer sur chacune d’elles un Corps d’Armée avec, en outre, les éléments restants du 7e et du 9e Corps ». » (GG vécue)
JMO pages 22-23 : 2 septembre Le Régiment quitte le cantonnement de Remenoville à 5h pour se porter dans le bois de Guiguebois où, par ordre, il est reformé de la manière suivante :
1er Bataillon Chef de bataillon : Capitaine Imbert. 1e, 2e et 3e Compagnies (…)2e bataillon Chef de bataillon : Capitaine Girardin. 5e, 6e et 7e compagnies (…)
Le régiment reste dans le bois toute la journée et, à 18h 30 reçoit l’ordre de se porter à Remenoville par Seranville.
Le 230e RI est reformé en 2 bataillons :
Il reçoit l’ordre suivant : Avant-garde : 333e aux ordres du général Commandant la 148e Brigade.
Compagnie de génie ; Gros E.M. divisionnaire ; Un escadron divisionnaire ; Deux régiments de la 148e Brigade ; Artillerie divisionnaire. Une compagnie du 230e Rgt entre le 1er et le 2e Groupe et une entre le 2e et le 3e Groupe.
147e Brigade : Arrière-garde : une compagnie ; Un escadron.
Itinéraire : Morivillier [lire Moriviller, au N.O. de Remenoville], Einvaux, Landécourt [au N.E. de Einvaux]. Point initial : embranchement route Morivillier [lire Moriviller] sur route Rozelieures. Passage A.S. : 21h ; tête du gros : 21h 30.
3 septembre A 2h, arrivée à Landécourt où le régiment bivouaque. Pendant la journée, le régiment se dissimule dans le bois à proximité de ce village (bois de Clairlieu).
Vers 8h arrive un détachement de 312 hommes venus du dépôt d’Annecy sous les ordres du lieutenant Derippe et du sous-lieutenant Blondeau. Ces deux officiers restent avec le régiment jusqu’à nouvel ordre. Le régiment quitte le bois à 22h pour se rendre à Blainville-sur-L’Eau [sur la Meurthe, au nord de Landécourt].
Rozelieures (en bas), Moriviller [au N.O. de Remenoville], Einvaux, Landécourt [au N.E. de Einvaux]
JMO 4 septembre Arrivée à Blainville à 2h. A 4h, organisation de la défense au S.E. de Blainville (bois au S.E. de la cote 283).
Pendant toute la journée, le régiment creuse des tranchées sous le feu de l’artillerie allemande. Le soir, il rentre cantonner à Blainville.
« C’est surtout dans la marche sur Lunéville que le 230e apprit à connaître la puissance du feu de l’artillerie adverse : les premiers engagements avaient été surtout des engagements d’infanterie, mais pour Lunéville l’ennemi a mis en œuvre une grande quantité de pièces lourdes, qui, s’acharnant sur les avancées de la position, bombardent particulièrement les villages de Blainville à Lunéville et la grande route qui les relie. Cette grande route est l’axe de marche de la division ; à notre arrivée, l’ennemi vient d’évacuer Blainville, mais tient encore les autres villages qu’il faut lui disputer. »
JMO 5 septembre A la suite d’une attaque dans la nuit des avant-postes, le régiment reçoit l’ordre à 2h de se porter dans les tranchées au-delà et à l’Est de Blainville. Deux compagnies sont envoyées à Mont [Mont-sur-Meurthe, à l’Est de Blainville] à 9h, en réserve du 223e (2e et 3e Cies).
Au cours des opérations de la journée, il est notifié au Chef de bataillon Orsat sa nomination au grade de Lieutenant-Colonel, et aux capitaines Imbert et Girardin leur nomination au garde de Chef de Bataillon (Promotions du 3 septembre 1914).
Le soir, le 1er bataillon est désigné pour occuper les avant-postes. Deux compagnies (2e et 3e) à la cote 271, rive droite de la Mortagne, et deux compagnies en réserve dans les tranchées de la voie ferrée à Mont (dont une compagnie du 2e bataillon. Le reste du régiment cantonne à Blainville.
Pertes : 2 tués.
Bataille d’Einvaux. Une tombe du 36e Colonial, près de la gare
6 septembre Le régiment occupe les positions suivantes : 2 compagnies à la lisière Est du bois, au Nord de la cote 283 ; 4 compagnies dans les tranchées à l’Ouest du bois. Toutes les compagnies sont chargées de compléter des tranchées encore imparfaites.
Le soir, le 2e bataillon du 230e et un bataillon du 333e sont aux avant-postes, sous les ordres du Lieutenant-colonel Orsat. L’autre bataillon cantonne à Blainville. Est disparu Encrenaz soldat de 1ère classe.
Forêt de Vitrimont, Mont, Rehainviller, en haut à gauche ; Xermaménil
JMO page 24 : 7 septembre A 9h 45, le bataillon resté aux avant-postes reçoit l’ordre d’occuper Rehainviller [au nord de Gerbéviller et juste au sud de Lunéville].
En conséquence de cet ordre, le 2e bataillon éclairé par une compagnie chargée de fouiller le village, se porte immédiatement sur Rehainviller et prend position dans les tranchées situées à l’entrée Sud en arrière du cimetière. Ce bataillon se trouve toute la journée sous un violent feu d’artillerie. Le soir, tout le régiment cantonne à Blainville.
Pertes : 2 tués, 5 blessés.
8 septembre Le 1er bataillon renforcé de la 7e compagnie occupe toute la journée le bois au Nord de la cote 283 au S.O. de Mont, où il est arrosé par le feu de l’artillerie allemande, qui recherche l’artillerie lourde française. Les 5e et 6e compagnies restent au repos à Blainville. Cantonnement pour tout le régiment le soir à Blainville.
Pertes : 1 tué, 5 blessés.
« Le 9 septembre au soir un combat d’une extrême violence se déroule à Rehainviller au moment de la relève des avant-postes du 333e. L’attaque ennemie est sérieuse, escortée d’un feu nourri des pièces lourdes et rendue plus dure encore par un gros orage qui se déchaîne pendant toute la nuit. Au matin, nous sommes maîtres de la position. »
JMO 9 septembre Le régiment occupe toute la journée Mont et les tranchées entre Mont et Blainville. Il subit par intermittence le feu des obusiers allemands. Vers 17h, un obus éclatant près de la garde du drapeau, deux hommes ont blessés, le drapeau est atteint par plusieurs éclats. Le soir, le régiment reçoit l’ordre de relever à 22h le 333e établi aux avant-postes à l’Est de Rehainviller.
Cette opération s’exécute dans des circonstances particulièrement difficiles. Le 333e ayant évacué prématurément les tranchées et les positions sur lesquelles il devait être relevé, le 1er bataillon doit, sous le feu d’une attaque de nuit qui se produit à ce moment, réoccuper la lisière Est de Rehainviller et le cimetière. L’attaque de l’infanterie allemande, appuyée d’artillerie, peut cependant être déjouée, grâce à l’énergie de la 2e compagnie commandée par le sous-lieutenant Carillat et d’une section de la 3e compagnie commandée par le sergent Morand.
Le cimetière et les tranchées en avant du cimetière sont occupés sous un feu violent. Le 2e bataillon et la section de mitrailleuses, qui auraient dû rester en réserve à l’Ouest de Rehainviller, viennent, par suite d’une erreur de direction dans la nuit, s’établir en première ligne dans les tranchées près de la route de Rehainviller à Xernaménil [lire Xermaménil], à la droite du 1er bataillon.
Au moment de la relève des avant-postes, un orage très violent : pluie, grêle, éclairs, vient augmenter les difficultés de cette opération.
Pertes : 4 tués, 12 blessés.
Le front sur l’Est au 9 septembre 1914
Combat de Chaufontaine du 10 septembre 1914
10 septembre Le régiment reçoit l’ordre de rester sur ses positions pendant que le 223e prononce une attaque sur Chaufontaine [Chauffontaine, aux abords S.-0. de Lunéville], attaque qui ne réussit pas à dépasser la ligne d’avant-postes à cause de l’intensité du feu des obusiers allemands qui causent les pertes suivantes :
Combat de Chaufontaine du 10 septembre 1914 : 2 tués, 3 blessés.
Les adjudants-chefs Joris et Panisset sont promus au grade de sous-lieutenants. A la nuit, les avant-postes sont relevés par le 223e et le régiment rentre cantonner à Mont. Départ du lieutenant Derippe et du sous-lieutenant Blondeau qui rentrent au dépôt.
Combat de Mont-Mortagne du 11 septembre 1914
« Le 11 septembre, le régiment formant la deuxième ligne de la brigade occupe des tranchées entre Rehainviller et le pont de la Mortagne pendant que les autres corps de la brigade poussent des reconnaissances sur Chaufontaine et Héréménil. »
JMO pages 25-26 : 11 septembre Le régiment formant la 2e ligne de la Brigade, occupe les tranchées entre Rehainviller et le pont de la Mortagne, 2e bataillon en avant. Toute la journée, il est soumis à un violent feu d’artillerie pendant que le 223e et le 333e poussent des reconnaissances sur Chaufontaine [Chauffontaine, aux abords S.-0. de Lunéville] et Hériménil [à l’Est de Rehainviller et juste au sud de Lunéville].
A 17 heures, les Allemands essaient de faire sauter le pont de Mont en le bombardant avec leurs obusiers. Les projectiles tombent nombreux entre le pont et les tranchées ; l’un d’eux pénètre dans une cave où s’abritent quelques hommes (agents de liaison du 230e artilleurs, etc). Il y produit de grands ravages.
A 19h 15, la 5e compagnie est envoyée Soutien d’artillerie d’une batterie du 54e à la ferme Saint-Antoine. La 1ère compagnie continue à occuper les tranchées, rive droite de la Mortagne. Le reste du régiment cantonne à Mont.
Combat de Mont-Mortagne du 11 septembre 1914 : 4 tués, 6 blessés.
Le Corps reçoit dans la journée notification de la citation à l’ordre général n° 5 de l’Armée (2e Armée, 16e Corps d’Armée) du maréchal des logis du 7e Rgt de Cuirassiers Donzier, adjoint au Chef du du 2e bataillon, cité pour le motif suivant : « A fait en diverses circonstances preuve du plus grand courage, notamment en se portant sous un feu violent jusqu’à 50 mètres de l’ennemi. »
Il est rappelé qu’à la date du 1er septembre les militaires dont les noms suivent ont été nommés pour leur belle attitude au feu : un adjudant et 3 caporaux (…).
LIBERATION DE LUNEVILLE LE 12 SEPTEMBRE 1914
« L’ennemi qui sent le cercle se resserrer autour de Lunéville se décide à la retraite et, le 12 au soir nos premiers éléments arrivent aux faubourgs de la ville. »
Fronts successifs de la Mortagne et de la Meurthe du 23 août au 11 septembre 1914
JMO page 27 : 12 septembre 1914 Au réveil, le régiment attend des ordres à Mont. A 7h, le bataillon Imbert renforcé de la 6e compagnie (sous-lieutenant Joris) reçoit l’ordre de se porter sur Rehainviller, puis sur Chaufontaine, et d’appuyer le 223e qui se porte sur Lunéville. Des reconnaissances poussées au réveil par ce régiment n’avaient trouvé personne devant elles, et affirmaient que les Allemands avaient évacué Lunéville dans la nuit.
A 10h, les 2e et 3e compagnies, sous les ordres du Chef de bataillon Imbert, sont allées seules à Chaufontaine avec le 223e ; le reste du régiment, sous les ordres du Lieutenant-Colonel Orsat, est porté dans la forêt de Vitrimont, sur la lisière Est du bois, vers le château d’Adoménil, pour y remplacer les bataillons de Chasseurs qui progressent sur Lunéville.
A 15h, les 2e et 3e compagnies passent la Meurthe sur une passerelle en aval du pont détruit, et rentrent avec un bataillon du 223e dans Lunéville ; elles vont occuper la lisière Est du faubourg d’Alsace. A 18 h, ces deux compagnies reçoivent l’ordre de se replier et de venir cantonner avec le 223e à Chaufontaine.
A 23h, le reste du régiment, qui s’était installé dans la forêt de Vitrimont, reçoit l’ordre de venir cantonner à Blainville [au S.E. de Lunéville], mouvement qui s’exécute sous une pluie battante, dans des chemins détrempés.
« Le 13 septembre 1914, le régiment entre dans la place (accueilli par la joie délirante de toute la population qui depuis 21 jours subit les outrages de l’envahisseur. C’est de ce jour que date une sympathie non dissimulée entre les Lorrains et les Savoyards du 230e, sympathie qui ne s’est jamais démentie pendant Les longs séjours que fit le régiment dans cette belle province. Affinité de race, étroite communion d’êtres profondément enracinés au sol qu’ils aiment, estime mutuelle de travailleurs obstinés qui se comprennent beaucoup en se parlant très peu, tout était fait pour cimenter cette union née des premières circonstances de la guerre. »
Carte de la Lorraine
« Le 230e ne fait que traverser la ville sans s’y arrêter ; on ignore où s’est retiré l’ennemi, il importe de ne pas perdre le contact. Il fait déjà nuit quand on débouche de Lunéville, la marche s’effectue, pénible et tâtonnante à travers des chemins de terre peu sûrs, en direction de Bonviller et de Raville.
Au milieu de la nuit le régiment arrive dans ce hameau que l’ennemi a quitté quelques heures auparavant. On réveille le maire qui croit à une nouvelle irruption des Allemands et demeure stupéfait à la vue des uniformes français. En un clin d’œil toute la population est debout et fait large accueil à nos soldats tandis qu’une compagnie établit des avant-postes d’alerte en avant de la position. »
Environs de Lunéville. Les cloches dans les ruines de l’église de Serres, au nord de Maixe et de Lunéville
Environs de Lunéville. Maixe en ruines, au nord de Lunéville
Lunéville. Les Allemands font sauter le pont sur la Vezouse avant de quitter Lunéville
JMO 13 septembre Le régiment reste jusqu’à 13 h sur les emplacements où il a cantonné. A ce moment, il reçoit l’ordre d’aller cantonner à Hériménil [juste au sud de Lunéville, sur la Meurthe, et à l’Est de Rehainviller] : ordre exécuté à 16h.
A 16h 15, ordre de se porter sur Lunéville et d’aller cantonner à Raville-sur-Sânon, le reste de la Brigade occupant Bonviller, Sionviller, Crion et Bienville-la-Petite [au nord de Lunéville]. Arrivée au cantonnement à 21h. Deux compagnies du 1er bataillon (2e et 3e) s’établissent en avant-postes de combat, une sur le chemin à un trait, l’autre sur le chemin de Crion.
Raville-sur-Sânon, Bonviller, Sionviller, Crion et Bienville-la-Petite [au nord de Lunéville] ; Bauzemont (en haut)
JMO 14 septembre Le régiment organise solidement les positions de son secteur, en utilisant les travaux existants, et en les renforçant progressivement.
Front : Raville, cote 263.
Une compagnie (la 5e) est établie en avant-postes, face au Nord dans la direction de Bauzemont, la ligne du canal étant occupée par nos troupes.
Pertes : 1 blessé, 1 disparu.
Bauzemont et Einville-au-Jard, en haut à gauche ; Vitrimont, Lunéville, forêt de Parroy… ;
Raville-sur-Sânon, Bonviller, Sionviller, Crion et Bienville-la-Petite [au nord de Lunéville]
Mais on est encore dans l’incertitude au sujet de la Forêt de Parroy dont les masses profondes s’étendent sur notre droite.
Toute la brigade se rassemble à nouveau aux abords de Bienville-la-Petite et le 230e reçoit l’ordre de pénétrer dans la Forêt, d’occuper le Puits et les Cinq Tranchées, et de pousser jusqu’à la lisière nord de la Forêt, en direction de Coincourt et Monacourt. L’opération s’accomplit sans difficulté : le soir cette lisière est atteinte. »
JMO 15 septembre A 17h, le régiment quitte Raville-sur-Sânon pour aller cantonner à Bienville-la-Petite. Il laisse la compagnie aux avant-postes.
16 septembre L’E.M. et le 2e bataillon restent dans leur cantonnement à Bienville-la-petite, pendant que le 1er bataillon sous les ordres du commandant Imbert, relève le bataillon du 223e qui occupe la forêt de Parroy, au lieu-dit Le Puits.
A 10 h, le lieutenant-colonel Orsat reçoit notification : (…) promotions (…)
« Ainsi commence à se dessiner le contour apparent de ces avant-postes de Lorraine, qui partageant en deux la Forêt de Parroy se poursuivent par Coincourt. Monacourt. Parroy, Arracourt, et délimitent le nouveau champ d’action de la division, dont la tâche est désormais de s’installer sur ces positions, de dissiper toute incertitude sur celles de l’ennemi et d’interdire toute nouvelle tentative de sa part.
Au reste, tout le monde est à bout de souffle : les visages portent sur eux les marques d’une fatigue profonde ; depuis le départ de Chambéry on n’a pas vu la moindre botte de paille, on a vécu, vaille que vaille de boîtes de « singe » et des généreux mirabelliers de Lorraine ; le moral, renforcé par le dénouement victorieux de la Marne est au plus haut point, mais les corps sont fourbus ; une période de demi-activité s’impose pour délasser ces troupes qui ont donné le maximum pendant 25 jours d’action.
Le régiment s’installe à Einville-au-Jard, confiant sa sécurité à quelques fractions peu nombreuses disposées aux abords de Bauzemont. Pour refaire le soldat, il n’y eut qu’à lui laisser un peu la bride sur le cou et quand nous vîmes nos hommes, après s’être battus comme les plus braves, après avoir fourni des efforts qui étonnent encore aujourd’hui, se préoccuper avant tout de faire de la bonne soupe chaude, guetter au hasard du cantonnement les possibilités d’une omelette au lard avec un peu de salade, quand nous vîmes sortir des sacs de vieux jeux de cartes et les figures soucieuses se défier du manillon sec autant que d’une mitrailleuse au coin d’un bois, nous comprîmes que l’immortel troupier français était ressuscité et que, avec de tels hommes, on irait au bout du monde. »
CARTE PANORAMIQUE DE LA LORRAINE
La forêt de Parroy pendant la suite de la guerre :
Ce secteur de la forêt de Parroy n’a pas été fortement bouleversé car il était considéré comme “calme”. Néanmoins bon nombre de régiments vont s’y succéder tout au long de la guerre et les soldats feront de nombreux clichés. (site pages14-18.mesdiscussions, page forêt de Parroy)
Mitrailleurs du 230e RI à l’exercice dans le village de Crion (à l’ouest de la forêt) au printemps 1915
Lunéville, rue Carnot, Maison Leclerc incendiée par les Allemands le 26 août 1914
Lunéville. Un coin de la rue Castara incendié
« Il faut noter également, pour bien comprendre la mentalité de la troupe à cet instant que le 230e, en l’absence de toute nouvelle, ne connut pas la menace sur Paris et ne l’apprit qu’en même temps que la victoire de la Marne.
Il connut les peines physiques et la fatigue mais ignora les angoisses de la retraite. Ce privilège non seulement permit à son moral très particulier de s’établir sans lutte profonde mais créa chez lui cette inlassable bonne humeur devant les heures dures qui ne le quitta jamais depuis.
Pendant que la troupe commençait à se reposer, une activité régnait parmi les cadres. Officiers et sous-officiers avaient payé un large tribut à la tâche accomplie ; tout était à reconstruire. La période vécue avait été l’épreuve de l’homme, la révélation des personnalités qui avaient donné leur plein au contact de réalités insoupçonnées. Un jugement sûr présidait aux destinées du corps ; sur le champ de bataille, il avait pu juger son monde et savait qu’il pouvait puiser dans une matière singulièrement riche. Sains hâte et sans faiblesse, il mit chaque homme à sa place, définissant à chacun les grandes lignes de sa tâche, constituant au régiment une armature solide dont l’autorité ne s’est jamais démentie.
Le 27 septembre, la 17e compagnie qui était restée à la garde des ponts de Charmes et de Bainville-aux-Miroirs rejoint le corps à l’effectif de 4 officiers et 235 hommes.
Page 10 Les avant-postes en Lorraine
Le 28 septembre 1914, le régiment relevant Je 226e régiment d’infanterie sur le front Bois de Saussy, Valhey et Einville, s’installe un bataillon à Valhey et un bataillon à Einville. »
Les Passerands du 97e RIA dans la bataille de la Mortagne et à la Trouée de Charmes
A noter : le 97e Régt d’Infanterie Alpine (et de nombreux Passerands) est intervenu un peu plus à l’Est : opérations d’ALSACE (août) : Zillisheim, Flaxlanden, puis bataille de la Mortagne, Trouée de Charmes (24-26 août) :
Voir notre page « Les Passerands du 97e RIA en 14-18 »
Historique du 97e RIA : « Il faut arrêter à tout prix l’avance allemande vers Nancy et la trouée de Charmes, avance si dangereuse pour toute l’immense ligne de nos armées qui converse à l’heure actuelle en retraite, avec Verdun comme pivot, en attendant le moment favorable où elles pourront faire demi-tour et repartir à l’attaque.
Le 25 août 1914, le 97 débarqué la veille près de Bruyères, suit la vallée de la Mortagne, traverse Rambervillers [à l’Est de Charmes et Rehaincourt], il s’engage sur la route Raon-l’Etape. De longs convois des migrants chassés par l’incendie, par les hordes barbares, défilent en sens inverse. Vengez nous, tuez-les tous ! Ils ont tout pris, tout pillé, tout brûlé. Les cœurs se serrent, les poings se crispent, une froide résolution se lit sur tous les visages.
La colonne a quitté la route Raon-l’Etape, elle s’élève au nord, gravit les pentes de la longue arrête aux sommets boisés ; des blessés passent, les artilleurs se replient, la rage et la douleur au cœur, leurs batteries mises en pièces par les 105. La colonne avance toujours.
Elle s’engage dans les bois, s’étale, franchit la crête et les premiers éléments arrivent à la lisière sur le versant opposé. Devant s’étend une pente douce et longue, entièrement découverte : en bas, dans le lointain, le village de Menil, premier objectif assigné. [Menil-sur-Belvitte, au sud de Baccarat et au N.E. de Rambervillers]. »
Au moins 15 Passerands du 230e RI ont été présents à ROZELIEURES le 25 août 1914 : Classes 1904 à 1907 (Source JMO). Voir en haut de cette page.
Autres Passerands présents : 122e RI et 36e RIC
122e Régt d’Infanterie en août 1914 (62e brigade d’infanterie, 31e division d’infanterie, 16e Corps d’armée). Trouée de Charmes (mi-sept.) : bois de la Reine, Gerbéviller, bois de la Rappe, Fraimbois, Marainviller, Croismare. WOËVRE (sept.-oct.) : MOISSET Jean-François, classe 1908.
36e Rgt d’Infanterie coloniale (147e brigade, 74e Division d’infanterie, 16e Corps d’Armée, 2e Armée) : Campagne de 1914 : Savoie, garde des frontières devant l’Italie, St-Pierre d’Albigny ; puis Lorraine : Montmélian (21-08), Brémoncourt, Einvaux (25-08), Gerbéviller (28-08) : BASTARD Jean François, classe 1906, 36e RIC, gravement blessé le 28 août 1914 à Gerbéviller Décédé le 26 sept. 1914 à Gerbéviller.
Sources et sites à consulter pour en savoir plus :
JMO du 230e R.I. (Mémoire des hommes Journaux des unités 1914-1918) : 26 N 722/9 J.M.O. 7 août 1914-31 octobre 1915
Historique du 230e R.I. Site gallica.bnf.fr
Historique du 333e RI site chtimiste
La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants (disponible sur le site chtimiste.com)
Site chtimiste.com, page Les Batailles de Lorraine : 2 victoires françaises
Site espaceloisirs.ign.fr, page « La bataille du Grand Couronné et les autres batailles de Lorraine en août-septembre 1914 ») : http://espaceloisirs.ign.fr/fr/pointsinteret/48757-la-bataille-du-grand-couronne-et-les-autres-batailles-de-lorraine-en-aout-et-septembre-1914
site terres-de-guerre.fr, photo 54af http://www.terres-de-guerre.fr/photo/54af7e56e49519f755000010/full
site terre-de-guerre.fr, photo 56c http://www.terres-de-guerre.fr/photo/56c8a64cb88ebac23b000000/full
site fortificationetmemoire.fr http://fortificationetmemoire.fr/les-fortifications-du-chemin-dames-part-36/
site sambre-marne-yser.be :
page « Bataille de la Trouée de Charmes, 22-26 août 1914 » http://www.sambre-marne-yser.be/article.php3?id_article=58
page « Bataille du Grand Couronné de Nancy, 4-13 septembre 1914 » http://www.sambre-marne-yser.be/article.php3?id_article=62
site commons.wikimedia.org, page « La bataille en Alsace Lorraine. Situation des 1ère et 2e Armées le 19 août 1914 en fin de journée » https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bataille_en_Alsace-Lorraine,_19_ao%C3%BBt_1914.png
site Blamont.info :
page textes 936 http://www.blamont.info/textes936.html
page textes 883 Le Panorama de la guerre de 1914, 28 janvier 1915 http://www.blamont.info/textes883.html
site vivelerct.wordpress.com, page La bataille de la Trouée de Charmes https://vivelerct.wordpress.com/2014/11/11/la-bataille-de-la-trouee-de-charmes/
site memorial19141918.wordpress.com, page 125e RI https://memorial19141918.wordpress.com/2011/04/21/125eme-ri/
Site CRDP de Strasbourg http://www.crdp-strasbourg.fr/data/histoire/1GM_combats/guerre_en_14_1.php?parent=61
site geneanet.org, page Einvaux http://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&rubrique=cartes&id=5991756&desc=einvaux_meurthe_et_moselle_france
Wikipedia, art. Bataille de la Haute-Meurthe https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Haute_Meurthe
Wikipedia, art. Bataille de la Trouée de Charmes https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_trou%C3%A9e_de_Charmes
site stleger.info http://www.stleger.info/eugene/71d.poilus/1016augoyat.htm
site premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com, page Alsace Lorraine http://www.premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com/alsace-lorraine.html
site pages14-18.mesdiscussions, page forêt de Parroy http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/photos-14-18/lieux/foret-parroy-sujet_690_1.htm
site diables-bleus-du-30e.actiforum.com http://diables-bleus-du-30e.actifforum.com/t2248-luneville-1914
Sur le général Edouard de Curières de Castelnau :
Site marianne.net, page Rémy Porte : “Castelnau a été l’un des plus brillants officiers de sa génération” http://www.marianne.net/blogsecretdefense/Remy-Porte-Castelnau-a-ete-l-un-des-plus-brillants-officiers-de-sa-generation_a639.html
Site opex360.com, Page « Verdun 1916-2016 – L’injustice faite au général Édouard de Castelnau » http://www.opex360.com/2016/02/28/verdun-1916-2016-linjustice-faite-au-general-edouard-de-castelnau/
Wikipedia, art. Edouard de Castelnau https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_de_Castelnau
Voir aussi notre page « Les 300 jours de Verdun et les Passerands en 1916 » http://www.histoire-passy-montblanc.fr/histoire-de-passy/de-la-prehistoire-au-xxie-s/la-guerre-de-1914-1918/les-soldats-de-passy-en-1916/les-300-jours-de-verdun-et-les-passerands-en-1916/
Bibliographie
Site centenaire1418.meurthe-et-Moselle.fr http://www.centenaire1418.meurthe-et-moselle.fr/fr/actualite/article/luneville-occupee-22.html Lunéville occupée ! 22 août – 12 septembre 1914.
Voir nos autres pages sur
– Passy pendant la grande Guerre
en particulier notre page consacrée au monument aux morts de Passy.
Découvrez aussi, sur notre site, la richesse et la variété du patrimoine de Passy :
– Les ex-voto du temple romain de Passy
– Le château médiéval de Charousse à Passy
– Le retable de la Chapelle de Joux, à Passy
– L’étonnant « Cahier » d’Eugène Delale, école de Passy, 1882
– La méthode Freinet à l’école de Passy, 1932-1952
– La conduite forcée de 1947-1952 et la production hydroélectrique à Passy
– L’Arve des Gures aux Egratz, à Passy
– Vues panoramiques sur le Mont-Blanc depuis Passy
– L’inalpage dans les « montagnes » de Passy, « l’emmontagnée », et la « remuée » pendant l’été
– La gare de Chedde à Passy et la ligne Le Fayet-Chamonix
– La sculpture d’Albert FERAUD (1921-2008), La Porte du soleil (1973), sur la « Route de la Sculpture Contemporaine » à Passy
– La stèle de la Torchette à Passy et les commémorations du maquis de Montfort