Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

Trêve de Noël à Dompierre, J.M.O. des 28e D.I., 56e B.I. et 30e R.I., déc. 1914-janvier 1915

Written By: BT

Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 1ère partie : 1914 et 1915, pages 40-41.

Cette page BONUS complète notre article « Trêve de Noël pour des soldats de Passy » publié dans Vatusium n ° 18, page 40-41.Introduction : voir notre page « Fraternisations et trêve de Noël, décembre 1914-janvier 1915 »

Extrait : « Certains Passerands ont vécu en décembre 1914 et janvier 1915 une « trêve de Noël » dans la Somme, entre Amiens et Péronne. La 28e division d’infanterie, à laquelle appartenaient ces soldats de la 55e Brigade (22e et 99e Régiments d’Infanterie) et de la 56e Brigade (30e RI), a en effet connu des scènes de fraternisation entre Français et Allemands. Et, fait exceptionnel, les Journaux des Marches et Opérations (J.M.O.) de ces unités en ont rendu compte. »

 Introduction : voir nos pages « Fraternisations et trêve de Noël, décembre 1914-janvier 1915 » et Trêve de Noël à Faÿ, J.M.O. des 28e D.I., 55e B.I. et 99e R.I., décembre 1914-janvier 1915

Carte du front fin 1914

Carte du front fin 1914

Certains Passerands appartenaient à ces unités de la 28e division et ont pu vivre les fraternisations de la trêve de Noël 1914 et du Nouvel an 1915. Voir la liste dans Vatusium n° 18, p. 40 : Quelques exemples de Passerands au 30e R.I(56e Brigade), au 99e R.I. (55e Brigade), au 22e R.I. (55e Brigade).

Carte actuelle de la Somme et de la région de Dompierre (au centre), Foucaucourt, Faÿ [entre Foucaucourt et Dompierre], Cappy (en haut à gauche sur la Somme)

Carte actuelle de la Somme et de la région de Dompierre (au centre), Foucaucourt, Faÿ [entre Foucaucourt et Dompierre], Cappy (en haut à gauche sur la Somme)

La 28e division d’infanterie était  positionnée dans la Somme, dans le secteur Faÿ*-Dompierre-Foucaucourt** ; elle faisait partie du 14e corps d’Armée et comprenait les 55e Brigade (22e et 99e RI) et 56e Brigade (30e RI et groupe alpin du 11e Chasseurs).
* Prononcer « Fa-i »

** Foucaucourt-en-Santerre est situé à l’est d’Amiens et au sud-ouest de Péronne.
Voici ce que les Journaux de Marches et Opérations de ces unités relatent :

SECTEUR DE DOMPIERRE-EN-SANTERRE
JMO de la 28e Division d’Infanterie, pages 34 à 37 ; JMO de la 56e Brigade d’Infanterie, pages 47 à 50 ; JMO du 30e R.I., pages 60-63 ; rien dans le JMO du 22e RI.


I°  PARTIE : Du 10 au 23 décembre 1914, la guerre des mines et contre-mines

Que se passe-t-il dans les tranchées de la Somme et à Dompierre pour les soldats de Passy juste avant Noël ?
L’ennemi
montre « une certaine activité » dans le SECTEUR DE DOMPIERRE-EN-SANTERRE 

Transcription des JMO de la 28e D.I., de la 56e B.I. et du 30e RI du 10 au 23 décembre 1914 (CHePP) :

13 décembre 1914 : « Sur le front de la 56e Brigade, l’ennemi a montré une certaine activité d’artillerie : une vingtaine de coups de 100 sont tombés à Cappy ; les pièces qui les ont tirés auraient été démolies par notre artillerie. A la suite de ce tir plusieurs coups de gros calibre sont tombés sur Eclusier [sur la Somme, au nord-est de Cappy] et la cote 93. » (28e DI)
15 décembre : « Pendant la nuit du 14 au 15 décembre, sur la droite du front occupé par la 56e Brigade (secteur de la Sucrerie), un projecteur allemand a gêné beaucoup les travailleurs du Génie sur lesquels l’ennemi dirigeait une assez vive fusillade par salves.

Avion français en 1914 (site aeroclubdumorvan)

Avion français en 1914 (site aeroclubdumorvan)

17 décembre 1914 : « L’ennemi demeure inerte et ne manifeste son activité que par des bombes lancées sur nos tranchées de 1ère ligne et quelques obus. (…) » (30e RI)
18 décembre : « Du côté allemand, tiraillerie un peu plus fréquente que d’habitude ; peu de coups de canon, seulement quelques obus de 150 dispersés sur tout le plateau. Des bombes ont été lancées sur tout le front vis-à-vis de Dompierre et au bois Triangulaire sans résultat. » (28e DI) ; « L’attaque de la 53e Division de réserve s’est ralentie. Dans le secteur de la 56e Brigade, pas d’incident. En vue de coopérer à une action de la 27e Division, 1 Bataillon du R.E.I.P. [Légion étrangère], au repos à Cappy [à l’est d’Amiens, sur la Somme, au nord-ouest de Dompierre], est porté à Chuignes.
15 h A signaler quelques obus de 150 vers la Sucrerie. Un obus tombe sur une tranchée couverte et ne fait que blesser 1 homme. Aucun incident notable à signaler sauf l’activité de nos avions (12 survolent les lignes ennemies). Pertes : 1 tué, 4 blessés, 5 évacués par maladie. » (30e RI)
19 décembre : « Nuit calme dans tout le secteur ; la canonnade se poursuit très vive devant le front de la 27e Division (vers Lihu, Lihons). Journée calme. L’ennemi envoie quelques bombes sans efficacité sur la tranchée de 1ère ligne de droite et du centre. Pertes : 3 blessés, 6 évacués pour maladie. » (30e RI)
20 décembre 1914 : « L’ennemi a montré une certaine activité devant Dompierre. Un projecteur puissant est resté en action une grande partie de la nuit, éclairant tout le plateau et gênant considérablement les travaux. Aucun incident à signaler, en dehors d’une tiraillerie assez vive du côté ennemi dans le secteur de droite et du centre. » (28e DI) ; « Journée très calme ; temps doux et ensoleillé favorable aux reconnaissances aériennes. Des avions français et allemands survolent le secteur, ce qui donne lieu à de fréquents tirs d’artillerie. Aucune activité de la part de l’infanterie ennemie. Les Allemands envoient encore quelques bombes sur le centre. La canonnade vers le 27e Division continue. Rien à signaler. Pertes : 2 blessés, 2 évacués pour maladie. » (30e RI)

Note CHePP : le canon allemand de 150 mm avait une portée de 12 km, le 75 français, une portée de 6 km… (site varredes)

Un canon lourd Allemand de 150 mm, de type 15cm ring Kanone 92 au Musee de la Citadelle de Spandau, près de Berlin (site canonspgmww1guns)

Un canon lourd Allemand de 150 mm, de type 15cm ring Kanone 92 au Musee de la Citadelle de Spandau, près de Berlin (site canonspgmww1guns)

21 décembre : « Dans le secteur de la 56e Brigade, un coup de main a été exécuté de nuit par une patrouille de Légionnaires qui se sont avancés malgré la fusillade à moins de 30 mètres des tranchées allemandes à l’est de Frise et ont incendié une meule de paille qui servait d’observatoire à l’ennemi et dont la présence était très gênante pour nos lignes.
En outre, l’ennemi a montré une certaine activité devant Dompierre où un projecteur a fonctionné surtout dans la première partie de la nuit. » (28e DI)
« La nuit a été moins calme qu’à l’ordinaire ; par précaution, les compagnies au repos à Cappy ont été alertées, un peloton de la 10e Compagnie est envoyé à la redoute 4. La nuit s’achève sans incident ; le peloton de la 10e Compagnie rentre à Cappy au point du jour.
10h 30 on entend une violente fusillade et canonnade vers Albert, qui dure jusqu’à 12 heures ; c’est la 53e Division qui reprend l’opération du 17 décembre.
Dans la journée, vers 15 heures, quelques bombes sur nos tranchées vis-à-vis de la lisière ouest de Dompierre. Peu d’activité de la part de l’ennemi sur notre front. Pertes : 1 tué, 7 blessés, 3 évacués pour maladie. » (30e RI)

23 décembre : « Dans le secteur de la 56e Brigade à 40 mètres de la ferme de la Grenouillère, une meule de paille qui servait fréquemment d’emplacement à un petit poste ennemi a été incendiée de nuit par un groupe franc du 30e Régt d’Infanterie, malgré la fusillade. Rien à signaler sur le reste du front. » (28e DI)

« Situation sans changement. La journée est calme. Un groupe de 6 pelotons à pied et la section de mitrailleuses du 9ème Hussards sont affectés au secteur du centre et y remplacent une compagnie du 30ème qui passe en réserve de division.

La répartition des troupes  est modifiée de la manière suivante :

Secteur de droite [commandant Lagarde] :
3 compagnies du 30ème ; 1 section de mitrailleuses du 30ème ; 1 section de mitrailleuses du 101e Territorial ;
Secteur du centre [commandant Lanusse] :
6 pelotons du 9e Régt des Hussards ; 1 section de mitrailleuses du 9e Régt des Hussards ;

1 section de mitrailleuses du 30ème ; 2 compagnies du 30ème

Secteur de gauche [commandant Borne] :
3 compagnies du 30ème ; 1 bataillon du R.E.I.P. [3ème Régiment Etranger d’Infanterie à Pied] ; 2 sections de mitrailleuses du R.E.I.P. ; 1 section de mitrailleuses du 30ème.
Réserve :

Bataillon du 101e Territorial
4 compagnies du 30ème.

C’est dans ces conditions que s’effectue le stationnement le 23 au soir. » (56e BI)

II°  PARTIE : du 24 au 29 décembre 1914, Noël et jours suivants, relations et pourparlers dans le SECTEUR DE DOMPIERRE-EN-SANTERRE 

Transcription des JMO de la 28e D.I., de la 56e B.I. et du 30e RI du 24 au 29 décembre 1914 (CHePP) :

24 décembre 1914 : « Situation stationnaire. La journée est calme, mais on constate à 14 heures que les bruits que nos sapeurs du Génie entendaient dans la galerie de droite ont cessé. Un sous-officier alsacien du 3ème d’Infanterie bavarois, déserteur, déclare qu’il a appris que devant Dompierre un fourneau de mine allemand doit exploser dans la nuit de Noël ou dans la nuit suivante.

En conséquence, on évacue les galeries de mine et la parallèle menacée est abandonnée momentanément par l’infanterie qui la teint sous le feu de ses fusils et des mitrailleuses en cas d’attaque. Cette éventualité est peu probable car les soldats des deux pays ne semblaient pas disposés à exécuter une semblable opération la nuit de Noël. » (56e BI)

 

Remarque CHePP : L’écrivain Blaise Cendrars, Suisse engagé volontaire dans l’armée française, se trouvait dans ce secteur, à Frise, en cette fin décembre 1914. Il a raconté dans « La Main coupée » comment, avec 3 camarades de la Légion étrangère, il a monté une opération dans la nuit du 24 au 25 décembre contre la tranchée allemande, avec un gramophone et quelques … bombes. (Livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy : La Main coupée et autres récits de guerre, chapitre « Plein-de-Soupe. Les gradés », éd. Denoël, 2013, p. 124 à 132). Cendrars sera grièvement blessé le 28 septembre 1915 et sera amputé de son bras droit.

25 décembre 1914 : « La journée est calme, une trêve très spontanée s’établit sur tout le front du secteur, notamment aux deux extrémités où soldats français et allemands sortent par endroits des tranchées pour échanger des journaux et cigarettes.

Cependant le Général Commandant la Division décide de parer à l’attaque souterraine annoncée par une contre-mine ; le Génie procède à la charge d’un fourneau de 800 kilos de poudre sous le boyau avancé des Allemands.

A 23 heures, tout est prêt pour l’explosion, l’ordre de mise à feu est donné, mais un raté s’étant produit, l’opération est recommencée et l’explosion a lieu à 23h 45.

Aussitôt un détachement s’élance pour prendre possession de l’entonnoir et exploiter l’incident, mais l’ennemi, mis en éveil, l’accueille par des fusées éclairantes, des grenades à main et surtout par la fusillade. Il exécute enfin une contre attaque et notre détachement se dégage avec peine à la baïonnette. » (56e BI)

« Situation inchangée. Dans la nuit du 25 au 26, devant le secteur du centre, le Génie fait sauter à la mine l’extrémité d’un tunnel ; le groupe franc du 3e bataillon a reçu l’ordre de s’y organiser, mais il ne peut s’y maintenir, la fusillade ennemie étant trop vive ; rien à signaler jusqu’au lever du jour. Pertes : 2 tués, 5 évacués pour maladie. » (30e RI)

Explosion d’une charge de 250 kg de mélinite (site pages14-18)

Explosion d’une charge de 250 kg de mélinite (site pages14-18)

26 décembre 1914 : « La nuit s’achève dans le calme. L’artillerie tire dans le but d’empêcher l’ennemi de réparer les dégâts causés par l’explosion. Au jour, une reconnaissance constate que la tranchée allemande a été coupée par le milieu et complètement bouleversée. Plusieurs tentatives sont faites par nos patrouilles pour occuper cette position mais sans succès ; toutefois le tir de l’artillerie gêne le travail de réorganisation de l’ouvragé. La compagnie 14/6 du Génie continue activement  ses galeries de mine pendant que la demi-compagnie divisionnaire travaille par 3 sapes pied à pied à la parallèle d’investissement. » (56e BI)
« Au jour, une reconnaissance lancée au secteur du centre constate que l’explosion de notre mine a fait des dégâts dans les tranchées allemandes. Plusieurs tentatives sont faites par nos groupes francs pour occuper l’entonnoir, mais sans succès. Journée calme. A Harbonnières, le Commandant Lanusse est décoré Officier de la Légion d’Honneur.

16h 30 Le Lieutenant Jarzuel est tué au moment où il dirige à la jumelle un tir de notre artillerie sur les tranchées adverses. Pertes : 1 blessé, 3 évacués pour maladie.
1 Officier tué : sous-lieutenant Jarzuel. » (30e RI)
27 décembre 1914 : « Situation stationnaire. « La trêve tacite de Noël se continue et le calme est complet sur tout le front ; sur les deux ligues opposées, les soldats n’hésitent pas à sortir des tranchées. Des isolés viennent à la rencontre les uns des autres : il y a des échanges de journaux et de cigarettes. Aucune tiraillerie pendant la journée. Notre artillerie tire sur l’entonnoir et l’élément de tranchée qui a été coupé par l’explosion du 25 en vue d’empêcher les occupants de réparer les dégâts. La soirée se passe sans incident. Stationnement dans les conditions habituelles. »  (56e BI)
« Situation stationnaire. La trêve de Noël continue et le calme est complet sur le front. Sur les 2 lignes opposées, les hommes n’hésitent pas à sortir des tranchées. Les Allemands viennent à la rencontre des nôtres, il y a échange de journaux, tabac, cigarettes. Aucune autre manifestation dans la journée. Notre artillerie envoie quelques obus sur l’entonnoir qu’a fait l’explosion de notre mine pour empêcher l’ennemi de réparer ses tranchées. Pertes : 3 évacués pour maladie. » (30e RI)
28 décembre : « La situation ne s’est pas modifiée et l’activité s’est considérablement ralentie de part et d’autre. On en profite de notre côté pour améliorer les défenses accessoires et les boyaux de communication.

A 8 heures, quelques coups de 77 sont tirés sur nos travailleurs ; cette canonnade très peu violente dure jusqu’à 10 heures sans résultat. Sauf par de rares coups de fusils et quelques grenades, l’ennemi ne se manifeste aucunement de toute la journée. » (56e BI)
« Aucun changement. Des travaux d’amélioration sont poursuivis : boyaux de communication, etc.
8h L’ennemi tire quelques obus de 77 sur nos travailleurs sans résultat. A part quelques coups de fusils et quelques grenades lancées, les Allemands ne manifestent aucune activité.
Pertes : 2 disparus (10e Cie), 5 évacués pour maladie. » (30e RI)
29 décembre 1914 : « La nuit est tranquille jusqu’à 5 heures. A ce moment une patrouille du 30ème envoyée dans la direction de l’entonnoir du fourneau de mine qui a saute le 25, constatant que l’ennemi y était installé et qu’une relève s’y effectuait, lança une bombe qui éclata au milieu des Allemands. Rien d’autre à signaler jusqu’au jour.

Vers 13h 30 une batterie de105 procède à un arrosage, peu dense, du plateau à l’ouest de Dompierre pour gêner nos travailleurs qui renforcent et réparent les ouvrages de 2ème ligne et les boyaux en communication. Notre artillerie entre en action et fait taire les pièces ennemies.

La journée s’achève sans autre incident et le stationnement est semblable à celui des jours précédents. » (56e BI)

« Nuit très tranquille jusqu’à 5 heures. Le groupe franc du 3ème bataillon est envoyé vers l’entonnoir qu’a fait l’explosion de notre mine le 25, il y jette une bombe qui éclate au milieu des Allemands au moment où ils effectuent la relève du petit poste qui y est placé. Rien à signaler de toute la journée à part quelques obus sur nos travailleurs qui réparent les tranchées et boyaux. Pertes : 1 tué, 4 blessés, 4 évacués. » (30e RI)

Voir photo de soldats britanniques et allemands au milieu du no man’s land pendant la trêve (Crédits : Imperial war museum) dans Vatusium n° 18, p. 41.

III°  PARTIE : du 30 décembre 1914 au 4 janvier 1915, le Nouvel An dans le SECTEUR DE DOMPIERRE-EN-SANTERRE 

Transcription des JMO de la 28e D.I., de la 56e B.I. et du 30e RI du 30 décembre 1914 au 4  janvier 1915 (CHePP) :

30 décembre 1914 : « Pas de changement dans la situation. Les conversations entre Bavarois et Français continuent dans le secteur de droite, mais n’amènent pas le résultat espéré de provoquer quelques désertions dans les rangs allemands. Quelques coups de 77 sont tirés depuis la région de Faÿ-Estrées dans la direction du plateau à l’est de Dompierre et une batterie de 77 (entre Feuillères et Herbécourt) démolit la toiture du clocher de Frise. La nuit est calme, mais nos travaux devant Dompierre, surtout la pose de réseaux de fils de fer, sont très gênés par les bombes lancées par les Allemands. » (56e BI) : « Rien de changé. La conversation s’engage à nouveau entre Français et Bavarois dans le secteur de Commandant Lagarde, mais n’atteint pas le but poursuivi de provoquer des déserteurs dans les rangs allemands. Tout est calme. Pertes : 1 blessé, 3 évacués pour maladie. » (30e RI)

eglise_ Somme,_Frise,_1916

L’église de Frise en 1916, après la bataille de la Somme (site Wikipedia, art. Frise (Somme)

31 décembre 1914 : « La journée n’est marquée que par quelques coups de feu échangés du côté des tranchées et par de rares coups de 77.

La soirée est d’abord assez calme, mais vers 23 heures des feux de salves sont tirés de part et d’autre et des fusillades peu nourries éclatent devant Dompierre et devant Frise.
Le stationnement est définitivement modifié par l’attribution du cantonnement de Froissy à la 53e D.R. Les T.C. des corps de la 56e Brigade seront désormais maintenus à Cappy. » (56e BI)
« La journée n’est marquée que par quelques coups de feu échangés de tranchée à tranchée. La soirée est d’abord assez calme, mais vers 23 heures des feux de salves sont tirés de part et d’autre. Une fusillade assez nourrie éclate devant Dompierre et Frise, sans que personne ne sorte de la tranchée. Le stationnement est le même sauf que le T.C. vient à Cappy. Pertes : 1 blessé, 2 évacué pour maladie. » (30e RI)

1er janvier 1915 : « Journée calme sur tout le front ; quelques dialogues s’échangent même de tranchée à tranchée. Seule l’artillerie allemande procède à un bombardement des cantonnements : Eclusier est canonné de 11 heures à 11h 20 puis de nouveau à 20 heures.

Peu de tiraillerie pendant la nuit. » (56e BI)

« Journée calme sur tout le front, sauf quelques dialogues échangés de tranchée à tranchée. Eclusier est bombardé sans résultat de 11h à 11h 30 et de nouveau à 20 h. Quelques coups de fusils pendant la nuit. Pertes : 1 tué, 3 blessés, 4 évacués pour maladie.» (30e RI)
2 janvier 1915 : « Situation non modifiée. Les travaux défensifs sont poursuivis très activement et un remaniement de l’organisation défensive en vue de créer une seconde ligne à une distance de 400 à 600 mètres de la nouvelle ligne avancée. Les ouvrages actuels de 2ème ligne ne seront plus occupés et serviront le cas échéant de 3ème ligne.
Journée assez calme, quelques coups de feu et des bombes du côté allemand. De notre côté, quelques coups de canon sur une batterie adverse signalée vers Herbécourt et sur les tranchées ennemies entre la carrière d’Herbécourt et la garenne Carpesat. » (56e BI)
« Situation non modifiée. Les travaux défensifs sont poursuivis très activement dans les secteurs. La journée est calme. Vers 23h, commence une fusillade qui dure une partie de la nuit, elle doit être due à un changement dans les troupes ennemies qui sont en face de nous. Pertes : officier : Sous-lieutenant Dufour évacué pour maladie. Troupes : 3 blessés, 4 évacués. » (30e RI)
3 janvier 1915 : « Situation toujours stationnaire. La journée est assez calme, cependant une batterie de 105 entre en action dans la matinée et procède à un léger arrosage du plateau.

La batterie de 120 L intervient et contrebat l’artillerie adverse. Toutefois les percutants de 105 encadrent cette batterie, qui ne subit aucune perte ni aucun dégât.  Peu de tiraillerie après la tombée de la nuit ; cependant la surveillance de l’ennemi est très active et les travaux d’amélioration des défenses accessoires sont considérablement gênés. » (56e BI)

« Rien de changé. La journée est relativement calme. L’ennemi arrose d’obus de 105 le plateau vers le Verger. La batterie de 120 en position entre la carrière et le poste de Commandement du colonel rentre en action pour contrebattre l’artillerie adverse. L’artillerie allemande riposte et encadre (mot illisible) batterie ; les obus tombent à proximité du poste de Commandement. Nuit à peu près calme, l’ennemi lance des bombes qui gênent nos travailleurs. Pertes : 1 tué, 1 blessé, 2 évacués. » (30e RI)
4 janvier 1915 : « Situation toujours stationnaire. La journée est calme, mais la nuit étant très noire, l’ennemi lance de nombreuses fusées éclairantes, envoie une grande quantité de bombes et tire de fréquents feux de salve pour gêner nos travaux. L’artillerie réduit momentanément au silence les mortiers à bombes, et un tube de lance-grenades installé dans nos tranchées de 1ère ligne vers la carrière d’Herbécourt riposte avec succès aux mortiers allemands. Tiraillerie plus vive que de coutume sur tout le front. (56e BI)

« Stationnement dans les conditions indiquées précédemment. Le capitaine Auzias est blessé dans la tranchée de la Carrière d’Herbécourt [au sud-est de Frise] ; il est évacué. Le Sous-lieutenant Grange atteint en même temps est blessé, mais peu gravement. Pertes : 1 tué, 7 évacués pour maladie. Un officier évacué (capitaine Auzias). » (30e RI)
IV°  PARTIE : du 5 au 8 janvier 1915, fin de la trêve dans le SECTEUR DE DOMPIERRE-EN-SANTERRE 

Transcription des JMO de la 28e D.I., de la 56e B.I. et du 30e RI du 5 au 8  janvier 1915 (CHePP) :

JMO de la 56e Brigade d’Infanterie, pages 47 à 50 (30e RI)

5 janvier 1915 : « L’ennemi ne montre presque aucune activité, sauf en quelques points vis-à-vis des tranchées de première ligne sur lesquelles il lance des bombes.

La répartition des troupes pour la défense est remaniée en vue d’assurer quatre jours de repos consécutifs sans dépasser quatre jours de Tranchées aux unités du 30ème, du 101ème Territorial et du 9e Hussards. A cet effet, la délimitation des secteurs est modifiée ainsi qu’il suit :

Le Secteur de droite sera compris entre la route Cappy-Fay et la route Cappy-Dompierre, ces 2 routes incluses.
Le Secteur du Centre sera compris entre la route Cappy-Dompierre et la route Cappy-Herbécourt, ces 2 routes exclues.
Le Secteur de gauche sera compris entre la route Cappy-Herbécourt incluse et la Somme.

Répartition des forces

Secteur de droite, commandant Lagarde :
2 compagnies du 30ème (1er Bataillon) ; 1 section de mitrailleuses du 30ème ;
1 compagnie du 101e Territorial ; 2 sections de mitrailleuses du 101e Territorial ;
3 pelotons du 9e Régt des Hussards ; 1 canon de 80 de montagne.
Secteur du centre, commandant Lanusse :
2 compagnies du 30ème (3ème Bataillon) ; 1 section de mitrailleuses du 30ème ;
1 compagnie du 101e Territorial ; 1 section de mitrailleuses du 9e Régt des Hussards  ;
3 pelotons du 9e Régt des Hussards ; 1 tube lance-grenades

Secteur de gauche, commandant Borne :
2 compagnies du 30ème (2ème Bataillon) ; 1 section de mitrailleuses du 30ème ;
1 bataillon du 3ème Etranger ; 2 sections de mitrailleuses du 3ème R.E.
Ces dispositions entrent en vigueur le jour même et c’est sur ces bases qu’est pris le stationnement. » (56e BI)

5 janvier : « L’ennemi est peu actif, sauf sur certains points de nos tranchées de 1ère ligne (devant Dompierre et au centre) où il lance des bombes. La répartition des troupes de la Brigade pour la défense du secteur est remaniée, en vue d’assurer 4 jours de repos consécutifs aux hommes, sans dépasser 4 jours de tranchée. A cet effet, la délimitation des secteurs est modifiée comme suit :

Secteur droite : entre les routes Cappy-Faÿ et Cappy-Dompierre, ces 2 routes incluses.
Secteur Centre : entre les routes Cappy-Dompierre et Cappy-Herbécourt, ces 2 routes excluses (sic).
Secteur gauche : entre la route Cappy-Herbécourt incluse et la Somme. (…)

Pertes : 1 tué, 2 blessés, 5 évacués pour maladie. » (30e RI)
JMO de la 56e Brigade d’Infanterie, pages 47 à 50 (30e RI)

6 janvier 1915 : « Jusqu’au lever du jour, les Allemands lancent des fusées éclairantes et des bombes pour gêner nos travaux d’investissement de Dompierre

Dans la matinée, quelques salves de 77, très espacées, sont tirées sur le boyau central, sans résultat ; quelques salves sont ensuite dirigées pendant l’après-midi sur le boyau de la sucrerie. Pendant la journée, l’ennemi envoie aussi quelques bombes et dès la tombée de la nuit, il en lance un très Grand nombre sur Frise, sur les ouvrages en face de la carrière d’Herbécourt et sur les tranchées devant Dompierre. » (56e BI)

7 janvier 1915 : « La situation est toujours stationnaire. L’ennemi manifeste peu d’activité et continue à lancer ses bombes sur les tranchées les plus rapprochées de ses lignes. Dans l’après-midi, l’artillerie allemande envoie quelque 105 fusants sur la sucrerie, puis arrose avec ses 105 percutants la zone présumée de nos batteries montées et des pièces de 120 L.

Les coups les plus heureux atteignent les abords du Château, mais ce bombardement est inefficace. La nuit, en raison de l’obscurité absolue et de la tempête, les projecteurs ennemis entrent en action et des fusées éclairantes partent de tous les points de la ligne allemande. » (56e BI)

8 janvier 1915 : « Situation stationnaires. L’ennemi ne se montre pas plus actif que les jours précédents. Il se contente de lancer des bombes en différents points de nos tranchées de première ligne, et d’arroser le secteur avec quelques obus. » (56e BI)

REMARQUE CHePP : TOTAL des PERTES du 30e RI du 18 décembre 1914 au 5 janvier 1915 :

 12 tués, 32 blessés et… 65 évacués pour maladie !

Blaise Cendrars, légionnaire au même endroit et au même moment, précise que l’effectif des escouades était « réduit et allait chaque jour s’amenuisant à la suite des évacuations de plus en plus nombreuses vu les pieds gelés, les bronchites, les pneumonies, les rhumatismes, les conjonctivites, les maux de dents, et autres séquelles dues aux misères de ce premier hiver de guerre. » (La Main coupée, chapitre « Faire un prisonnier », éd. Denoël, 2013, p. 160)

Sources :

Journal du 30e RI : Mémoire des hommes Journaux des unités 1914-1918  

JMO  de la 28e  Division, dans Inventaire des journaux des marches et opérations des grandes unités.

JMO de la 55e Brigade d’infanterie (22e et 99e RI) Site Mémoire des hommes du Ministère de la Défense

JMO de la 56e Brigade d’infanterie (30e RI) Site Mémoire des hommes du Ministère de la Défense 

site Wikipedia, art. Frise (Somme)

site aeroclubdumorvan

site canonspgmww1guns

site pages14-18

Pour en savoir plus

Site centenaire : guide de la Somme (pdf)

Site Wikipedia , art. Dompierre-Becquincourt

Site santerre20142018

Site photohistoire.eu sur les ossuaires de Dompierre-Becquincourt

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– Passy de 1920 à nos jours.

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– Le retable de la Chapelle de Joux, à Passy
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