Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

Les 300 jours de VERDUN et les Passerands en 1916

Written By: BT

… Verdun et les côtes de MEUSE et de la WOËVRE

Lire notre revue Vatusium n° 19, 2016 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 2e partie : 1916 à 1919, pages 9 à 13.

Cette page BONUS complète notre article « Il allait avoir 20 ans à Douaumont. Joseph Buttoudin » publié dans Vatusium n ° 19, pages 9 à 13.

Au moins 116 Passerands ont traversé l’enfer de Verdun : 70 fantassins répartis dans 31 unités, 23 artilleurs dans 18 régiments, 10 sapeurs dans 6 régiments, 10 soldats du Train dans 5 escadrons, 2 infirmiers, 1 Hussard. Voir la liste sur notre page « Liste alphabétique des Passerands à VERDUN en 1916 ».

Cette page recense mois par mois les régiments de Passerands présents à Verdun (état actuel de notre recherche) et précise les secteurs de leurs combats.

Situation de Verdun sur le front ouest en janvier 1916  

Situation de Verdun sur le front ouest en janvier 1916 (site carlpepin.com)

Situation de Verdun sur le front ouest en janvier 1916 (site carlpepin.com)

Carte de la bataille de Verdun, 21 février-16 décembre 1916 

Carte de la bataille de Verdun, 21 février-16 décembre 1916 (Wikipedia, art. Bataille de Verdun)

Carte de la bataille de Verdun, 21 février-16 décembre 1916 (Wikipedia, art. Bataille de Verdun)

Verdun ! Tout le monde connaît ce lieu, symbole de la Grande Guerre. Si la bataille de Verdun est la plus longue de la Grande Guerre, elle n’est pas la plus meurtrière. « 2,4 millions de Français ont combattu à Verdun entre le 21 février et le 31 décembre 1916, à maintes reprises pour beaucoup d’entre eux, et 378 000 d’entre eux furent tués, blessés ou capturés. » (Paul Jankowski, 21 février 1916. Verdun, coll. « Les journées qui ont fait la France », NRF, Gallimard, 2013, p. 167, livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy)
Pourtant elle est devenue un symbole, car c’est une victoire que les Français ont remporté seuls, sans l’aide de leurs Alliés. Mais quand on plonge dans l’histoire de ces 300 jours de tragédie, et dans celle des mois qui l’ont précédée, on en ressort ému et bouleversé par le sort des hommes, mais aussi stupéfait, éberlué et consterné…
Les soldats de Passy n’échapperont pas à cette terrible épreuve et, outre le feu, seront « exposés aux éléments pendant des semaines dans l’une des régions les plus humides et les plus froides du pays. » (Paul Jankowski, p. 222)

CONTEXTE STRATEGIQUE

Verdun, une surprise ?

La bataille de Verdun se déroule autour d’un axe nord-sud, celui de la rivière Meuse, sur la rive droite et sur la rive gauche ; avant son déclenchement, le front suit un axe Est-ouest, au nord de Cumières et de la hauteur du Mort-Homme sur la rive gauche, et au nord du Bois des Caures sur la rive droite. Deux saillants se succèdent comme un S inversé : celui de Verdun vers l’est, le saillant de St-Mihiel vers l’ouest.

Situation du bois des Caures au nord de Verdun 

Situation du bois des Caures au nord de Verdun (site vincent.juillet.free.fr)

Situation du bois des Caures au nord de Verdun (site vincent.juillet.free.fr)

Le rapport des forces en présence

Pourquoi donc s’encombrer d’une artillerie lourde ?

Pour les Français, « l’artillerie lourde de longue portée n’était plus de mise ; imprécise et encombrante, elle avait été conçue pour une guerre de siège passée de mode. (…) En août 1914, les Français partirent hardiment à la guerre avec un arsenal de campagne très convenable et une artillerie lourde quasiment inexistante.
Les Allemands (…) s’étaient notamment intéressés à l’artillerie lourde : après tout, il leur faudrait conquérir de puissantes forteresses au moment de traverser la Belgique et le nord de la France. Au début de la guerre, les Allemands pouvaient aligner deux mille pièces d’artillerie lourde contre trois cent huit pour les Français (…). Hors de portée de l’artillerie ennemie, ils pouvaient impunément tirer sur les canons de 75, les rassemblements de troupes, les réseaux de communication et le ouvrages défensifs. » (Paul Jankowski, p. 154-155)

Les forts… démilitarisés
Les événements de 1914 ont montré que les forts construits à partir de 1874 le long des frontières par Séré de Rivières, et que les Allemands ont appelé la « barrière de fer », sont devenus inefficaces : ils ne peuvent résister à l’artillerie lourde allemande, « les monstrueux 420, les fameuses Dicke Bertha qui ont fait merveille lors du siège de Liège » et « tous les modèles de 105, 130, 150, 210, 280 mm » (J.Y. Le Naour, 1916. L’enfer, éd. Perrin, 2014, p. 80, livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy)

Mortier allemand de 420

Mortier allemand de 420 (site cartespostales14-18)

Mortier allemand de 420 (site cartespostales14-18)

« Le 3 août 1915, un décret supprime d’un trait de plume les places fortes. (…) S’enfermer dans une place forte, c’est être condamné à la reddition. La véritable forteresse, ce sont désormais les tranchées, une fortification en creux que l’artillerie peut difficilement réduire. (…) La décision de Joffre lui permet de récupérer quelques centaines de canons, parmi lesquels de grosses pièces, qui seront plus utiles à participer aux offensives qu’à rouiller à l’abri des citadelles. (…) L’armée met la main sur un stock providentiel de 3 millions d’obus dont 611 000 rien que dans les 28 ouvrages défensifs de Verdun. » Le 30 janvier 1916, soit 12 jours avant la date prévue pour l’attaque allemande, « douze mortiers de 220 quittent ainsi la région fortifiée de Verdun ! » (J.Y. Le Naour, p. 66, 72).

Mais ce fut une erreur…
« On utilisa les forts de Verdun d’une manière que n’avaient imaginée ni leurs constructeurs, ni leurs détracteurs. (…)
Joffre et son état-major avaient décrété que (…) les forts, ces reliques du passé, seraient incapables de résister aux canons modernes. La bataille de Verdun leur donna tort : les canons géants de l’armée allemande purent endommager les fortifications, jamais les détruire. On vit s’abattre sur Douaumont des obus de tous calibres, mais rien ne put venir à bout des remparts, des casemates et des tourelles de ce fort cédé en février et repris en octobre. Les forts de Verdun tombaient quand leurs défenseurs étaient isolés, absents ou incapables ; dans tous les autres cas, ils offraient un soutien à la puissance de feu et une protection contre l’ennemi, abritaient des canons et servaient de refuge aux soldats dans un environnement épouvantable. » (Paul Jankowski, p. 162-163)

L’artillerie lourde sur voie ferrée : canon allemand de 420 mm

L’artillerie lourde sur voie ferrée : canon allemand de 420 mm (site cheminots.net)

L’artillerie lourde sur voie ferrée : canon allemand de 420 mm (site cheminots.net)

Pourquoi les Allemands iraient-ils attaquer Verdun ?
« Verdun ne présentait aucun intérêt stratégique notable. (…) Ses défenses naturelles et ses solides fortifications décourageaient depuis longtemps toute incursion hostile. » (Paul Jankowski, p. 51)
Le paysage de Verdun est fait des bois, des collines, des crêtes et des « ravins » qui l’entourent ainsi que de ses nombreuses forteresses.

Panorama de Verdun, à gauche, et de la Woëvre, en relief ; en haut, le fort de Douaumont 

Verdun, à gauche, et la Woëvre, en relief ; en haut, le fort de Douaumont (Source Internet)

Verdun, à gauche, et la Woëvre, en relief ; en haut, le fort de Douaumont (Source Internet)

Certes, les sommets de la Meuse devaient sembler dérisoires aux Savoyards de Passy, mais « l’importance du terrain tenait aux avantages que procuraient à la puissance de feu les crêtes, les contre-pentes et autres promontoires. » A cet égard, Douaumont, situé au sommet d’une butte de 388 m, « faisait un poste d’observation sans équivalent, le Mort-Homme (du nom d’un cadavre découvert au XIXe siècle) et la cote 304 offraient à l’artillerie une position latérale dominant toutes les positions en contrebas, la côte de Froideterre et le fort de Belleville étaient des places fortes contre lesquelles Verdun même ne pouvait rien. » (Paul Jankowski, p. 162)

Qui gouverne en France pendant la guerre ? Qui décide pour Verdun ?
La ligne de démarcation entre le gouvernement et le GQG « supposait que, dans la conduite de la guerre, il revînt au gouvernement de déterminer les objectifs politiques et au haut commandement de fixer les objectifs stratégiques. » (Paul Jankowski, p. 84)
Poincaré est Président de la république, Briand est Président du Conseil, le Parlement se réunit régulièrement… Mais dans la réalité, aucun n’a le pas sur Joffre ! Ce dernier est « un Etat dans l’Etat » (Apocalypse Verdun)
Le généralissime s’est comporté en autocrate, jaloux de ses stratégies secrètes et… de ses généraux. Jusqu’au jour où, en décembre 1916, Parlement et gouvernement seront tellement excédés qu’il sera poussé vers la sortie. En guise de consolation, il sera nommé « maréchal » ; il recevra son « bâton » en catimini, sans aucune cérémonie, dans le bureau de Poincaré…
Au Grand Quartier Général français de Chantilly (GQG), le généralissime Joffre est surtout préoccupé par son plan d’attaque franco-britannique sur la Somme, prévue pour le printemps (Voir Vatusium n° 19, p. 17 à 20) ; il ne peut ni ne veut croire que l’ennemi essaie de briser le front à Verdun, « dans un lieu où la percée est impossible », et veuille « se ruer tête baissée au point le plus fort du dispositif français ». « Et puis les Allemands ne savent pas que l’on a désarmé Verdun » (J.Y. Le Naour, p. 65 ,68 et 86) ; il s’agit d’une manœuvre de diversion. Néanmoins, suite à de nombreux avertissements donnés fin de 1915 et en janvier 1916, il consent à envoyer quelques renforts ; il était temps…
D’autant plus que les signes inquiétants apparaissent : « Du 6 au 12 janvier, les clochers des villages à proximité du front sont démolis par les Allemands pour qu’ils ne servent pas de points de repère à l’artillerie française » ; le survol de la zone est interdit par les avions ennemis ; de grandes concentrations de troupes et de centaines de canons sont signalées devant Verdun ; dans les tranchées, les poilus entendent des bruits inhabituels ; les déserteurs allemands parlent… (J.Y. Le Naour, p. 70-71)
Au général Herr, qui commande depuis peu la région fortifiée de Verdun et qui redoute avec le colonel Driant une attaque massive des Allemands sur Verdun, le GQG de l’armée française répond : « Vous ne serez pas attaqués. Verdun n’est pas un point d’attaque. » (J.Y. Le Naour, p. 68 ; Paroles de Verdun, p. 407)
On consent finalement à envoyer au général Herr, les renforts demandés les 16 et 24 janvier : la 51e division ; et on lui annonce le 7e corps le 11 février ; le 20e corps d’armée est enfin dirigé sur Bar-le-Duc, à 50 km au sud de Verdun.
Le général de Castelnau, le vainqueur du 25 août 1914 à Rozelieures (voir récit sur notre site) a quitté son poste de chef de groupe des armées de l’Est pour celui d’adjoint du généralissime depuis seulement deux mois. Le 20 janvier, il est envoyé en inspection : les tranchées des 2e et 3e lignes sont insuffisantes voire inexistantes ! Aucun boyau d’accès aux tranchées : les poilus devront monter en ligne en terrain découvert…
« Le 12 février, les services radiogoniométriques ont fait une découverte terrifiante : la densité des postes TSF s’accroît dans des proportions tellement anormales que l’on croit à une erreur. Vérification faite, il faut convenir que des dizaines de milliers d’hommes sont prêts à surgir de leurs tranchées. »  (J.Y. Le Naour, p. 73)
Joffre ne peut se permettre de prendre un risque : « Verdun et ses 28 forts constituent la principale place forte du pays et ont, pour l’opinion française, une valeur symbolique […] » (lire la suite dans Vatusium 19, p. 9)
« Les Français allaient-ils devenir les esclaves des Teutons ? » demandera Castelnau à quelques journalistes britanniques et américains, dans un entretien accordé les 15 et 16 octobre 1916. (Paul Jankowski, p. 307)

« Renforcer les défenses autour de Verdun est une évidence pour le général Castelnau. Il fait alors évacuer les civils, ordonne des aménagements défensifs et surtout appelle des renforts de troupes importants. Quand le premier obus allemand tombe, le 21 février, à 7h15, il réussir à convaincre l’état-major de la nécessité de tenir, coûte que coûte, la rive droite de la Meuse, afin d’éviter que ses crêtes ne servent de bases pour l’artillerie allemande. (Site opex360.com, Page « Verdun 1916-2016 – L’injustice faite au général Édouard de Castelnau »)

L’amour-propre transparaît aussi dans les propos des soldats français rapportés par Paul Jankowski : « Prendre Verdun ou Fouilly-aux-Oies, ce serait tout comme. Le dernier des soldats comprend cela. Mais de notre côté, c’est une question d’amour-propre : ils n’auront pas Verdun. » (Paul Jankowski, p. 338)

Verdun et ses forts

Verdun et ses forts (site 87dit.canalblog.com)

Verdun et ses forts (site 87dit.canalblog.com)

C’est bien ce qu’escompte le général von Falkenhayn avec son opération « Gericht », c’est-à-dire « Jugement ». « Les Français allaient sacrifier tant d’hommes en défendant Verdun, ou perdre tant de prestige en l’abandonnant, qu’ils n’auraient bientôt plus les moyens ni la volonté de poursuivre la guerre » (Paul Jankowski, p. 43). Exsangue, l’armée française serait incapable de mener à bien l’offensive prévue sur la SOMME.
Après avoir envisagé de percer le front en Haute Alsace et échoué en 1915 dans les sanglantes batailles des cols des Hautes Vosges (voir sur notre site les pages sur les combats des Passerands), Falkenhayn choisit Verdun, après avoir envisagé Belfort.
Son objectif n’est, à ce jour, pas clairement établi : voulait-il prendre la citadelle de Verdun ? Ou cette attaque était-elle le prélude à une plus grande offensive en Artois ? Ou voulait-il « saigner » l’armée française comme il l’a prétendu après la guerre ? Mais ceci est vraisemblablement un cache-misère : Falkenhayn a échoué devant Verdun ! On ne connaîtra jamais la vérité : les archives militaires allemandes ont disparu dans le bombardement de Postdam en 1945… (J.Y. Le Naour, p. 95-96)
En tout cas, pour les Français, Verdun, l’antique « Virodunum », « avant-poste dressé sur le site d’un oppidum celtique, où Romains et Teutons s’affrontaient depuis des siècles (…), citadelle construite par Vauban, devait résister à cette nouvelle agression teutonne. » (Paul Jankowski, p. 28)
Les Allemands seront surpris de rencontrer de la résistance après l’inouï bombardement initial. Les deux camps s’obstineront. La bataille de Verdun durera 300 jours et 300 nuits ! Et fera 700 000 victimes.

Canon allemand au fort de Froideterre, au nord de Verdun

Canon allemand au fort de Froideterre, au nord de Verdun (Source Internet)

Canon allemand au fort de Froideterre, au nord de Verdun (Source Internet)

Attaque allemande du 12 février retardée au 21 février 1916 : la pluie sauve la France !
En raison des mauvaises conditions atmosphériques, Falkenhayn et le Haut état-major allemand ou Oberste Heeres Leitung (OHL) doivent reculer le lancement de leur grande offensive : les avions ne peuvent décoller pour guider les tirs de l’artillerie.
Ce délai permet aux premiers renforts français d’arriver. En effet, le 15 février, Joffre a fini par admettre que « les Allemands avaient peut-être l’intention de prendre Verdun » (Paul Jankowski, p. 26). « Les trois divisions de renfort confiées à Herr le sont entre le 12 et le 20 février. Or, l’attaque devait avoir lieu le 12 février. (…) Verdun a été sauvé par la pluie, rien que par la pluie. » (J.Y. Le Naour, p. 76)


FEVRIER 1916 à Verdun

Pendant ce temps, le 9 février 1916, le Service militaire obligatoire est décrété en Angleterre. Le 14 février 1916 est entériné l’accord franco-britannique prévoyant une attaque sur la Somme, dirigée par Foch.

Le 21 février 1916, débute l’offensive allemande sur VERDUN. Premier coup de canon…

Mortier allemand de 305 mm

Mortier allemand de 305 mm (site sabreteam)

Mortier allemand de 305 mm (site sabreteam)

La méthode employée par les Allemands à Verdun est économe en vies humaines : elle « consiste à écraser les lignes par l’artillerie puis à envoyer une patrouille pour vérifier si le terrain est libre. S’il ne l’est pas complètement, alors le bombardement reprend. Ce n’est qu’ensuite que l’infanterie est envoyée. Côté français, on continue à opposer les poitrines aux obus. » (J.Y. Le Naour, p. 165)

Voir carte des attaques allemandes du 21 février 1916 ; rive droite et rive gauche de la Meuse dans Vatusium 19, p. 9.

Rôle de l’aviation allemande

« La flotte aérienne de Verdun, mise sur pied dans les semaines précédant l’attaque, permit également aux observateurs de l’artillerie allemande d’identifier les cibles françaises par temps clair. Avec 168 avions, 14 dirigeables et 4 zeppelins, la Ve armée était parvenue à évacuer tout appareil français du ciel de Verdun dans les jours précédant l’attaque. » (Paul Jankowski, p. 98)

Réplique du Fokker E. III en 1915

Réplique du Fokker E. III en 1915 (Wikipedia, art. Fokker E. III)

Réplique du Fokker E. III en 1915 (Wikipedia, art. Fokker E. III)

Et l’aviation française ? Pourquoi diable une aviation ?
« Avant la guerre, Foch avait déclaré devant un journaliste que l’aviation militaire n’avait aucun avenir : « Tout ça, voyez-vous, c’est du sport, mais pour l’armée c’est zéro. »
En 1914, elle avait permis d’effectuer d’utiles missions de reconnaissance durant la bataille de la Marne, mais guère davantage. »
Mais à présent, en février 1916, « les généraux comptaient à présent sur leur flotte aérienne pour accroître encore la puissance de feu et en augmenter la portée. » A Verdun, Pétain va vite comprendre « qu’il ne pouvait espérer la victoire sans jouir d’une supériorité aérienne : « Rose, balayez-moi le ciel ! Je suis aveugle ! » dit-il au commandant Tricornot de Rose deux jours après son arrivée à Souilly » en février 1916. » (Paul Jankowski, p. 158)
Il obtiendra pour défendre Verdun des Nieuport 17 qui battront en brèche les Fokker allemands à partir de mars 1916.

Nieuport 17 du Lt-colonel Bishop 

Nieuport 17 du Lt-colonel Bishop (site aviationsmilitaires.net)

Nieuport 17 du Lt-colonel Bishop (site aviationsmilitaires.net)

Début de l’enfer

Vers 7 heures du matin, 1225 canons (ou 1291, selon Apocalypse Verdun) commencent à pilonner les positions françaises à Verdun sur un front de 20 km. En ce premier jour, pendant neuf heures, un million d’obus sont tirés sur le bois des Caures, le bois d’Haumont. C’est l’enfer.

Artillerie lourde allemande 

Artillerie lourde allemande (site histoire-fr.com)

Artillerie lourde allemande (site histoire-fr.com)

« Les Français n’étaient pas prêts. Ils travaillaient d’arrache-pied depuis une dizaine de jours, mais il y avait encore trop de postes sous-affectés, trop de tranchées inachevées et mal reliées entre elles, trop peu de gros canons en place. Quatre divisions étaient arrivées en février et deux de plus débarquaient ce jour-là dans les parages, mais, dans toute la Région fortifiée de Verdun, entre l’Argonne au nord et Saint-Mihiel au sud, les Français ne pouvaient toujours opposer que 130 000 hommes aux 250 000 que comptait la Ve armée allemande. » (Paul Jankowski, p. 99-100)
« Avec 163 pièces de campagne, les Français se battent à un contre dix. (…) Pire, (…) le stock d’obus ne dépasse pas les 15 000 unités, quand les Allemands, eux, ont amassé 3 millions de projectiles. » (J.Y. Le Naour, p. 81)
Vers 17 heures, les troupes allemandes, commandés par le Kronprinz (le prince héritier) montent à l’assaut, mais la résistance française va les déconcerter… (Paul Jankowski, p. 18 à 25 ; J.Y. Le Naour, p. 82 sq.).
« Parvenus dans le bois, les soldats furent pris sous le feu de nids de mitrailleuses isolées, mais intactes, dont ils n’avaient soupçonné l’existence. A découvert au beau milieu de clairières, surpris par le flanc dès la soirée du 21, ils tombèrent sous le feu de canons de 75 et de 155 nichés dans les collines de la rive gauche ou dissimulés dans les positions de la rive droite, sans compter ceux qui restaient dans les forts non encore désarmés (tels le fort de Marre sur la rive gauche et celui de Moulainville sur la rive droite) et les batteries de campagne qui leur tiraient dessus comme pour compenser le silence de leurs congénères plus lourds. » (Paul Jankowski, p. 104)
Mais le 30e corps du général Bapst, qui subit le choc de plein fouet, vole en éclats et cède du terrain jusqu’à la Meuse. (Patrick Facon, Le Grand Atlas de la Première Guerre mondiale, éd. Atlas, 2013, p. 72)

22 février 1916

Le 22 février, le bombardement reprend et à midi, c’est le nouvel assaut. Le Lieutenant-colonel Driant et les chasseurs à pied des 58e et 59e BCAP résistent, se replient ; Driant est frappé d’une balle en pleine tête. Ces hommes « se sont sacrifiés pour contenir le plus longtemps possible le flot de l’envahisseur. (…) Il aura fallu deux jours à 10 000 Allemands pour vaincre 1 300 réservistes français » (J.Y. Le Naour, p. 84 ; voir aussi Paul Jankowski, p. 104)
« Les Français viennent de céder 2 à 3 kilomètres. Le 23, ils résistent toujours pied à pied, notamment sur la ligne intermédiaire que Castelnau, lors de sa tournée d’inspection a prescrit de creuser. » (idem)
« Dans les jours suivants, la résistance française se consolida avec l’arrivée de renforts. Au prix fort, puisque la 72e division allait perdre plus de la moitié de ses hommes (…). Leur sacrifice permit de gagner du temps. » (Paul Jankowski, p 25)
Dès le 22, la route de Bar-le-Duc à Verdun est réquisitionnée. Ce sera la Voie sacrée » : 75 km, 6000 camions par jour, un toutes les 14 secondes. (Paul Jankowski, p.106)

La Voie sacrée 

La Voie sacrée (site vincent.juillet.free.fr)

La Voie sacrée (site vincent.juillet.free.fr)

24 février 1916

Ralentis, mais non stoppés, les Allemands prennent le bois des Fosses, le bois des Caures et le bois des Caurières, puis encerclent Louvemont et forcent une voie d’accès au village et au fort de Douaumont (Paul Jankowski, p. 33).

25 février 1916 : Le fort de Douaumont est pris par les Allemands.

Vue aérienne du fort de Douaumont en 1916,… avant les bombardements 

Vue aérienne du fort de Douaumont en 1916,… avant les bombardements (Wikipedia, art. Fort de Douaumont)

Vue aérienne du fort de Douaumont en 1916,… avant les bombardements (Wikipedia, art. Fort de Douaumont)

« Le 25 février vers midi, sous la pression ennemie, les troupes françaises, menacées, décrochent en direction du fort de Douaumont et s’écoulent à sa gauche et à sa droite, le démasquant complètement vers 15h. De plus, si un ordre du commandant du 30e corps avait bien prescrit d’occuper le fort, il n’a pas encore été exécuté. Le fort, comme la plupart de ceux de la région fortifiée, n’a plus de garnison permanente et est entièrement désarmé. Il ne subsiste que deux tourelles de 155 et de 75, servies par une quarantaine d’artilleurs territoriaux. Le fort avait également souffert du bombardement ; son pont-levis ne pouvait plus se lever, et de nombreuses ouvertures étaient brisées.
C’est alors que les 12e et 24e Brandebourgeois se portent vers Douaumont. » (site gwda.org, commentaire de l’exposition 1996 Gare de l’Est)
« Une reconnaissance de quelques officiers permet de prendre le fort sans même tirer un coup de feu. » (J.Y. Le Naour, p. 131) En effet, « après quelques tentatives, ils l’investissent par une brèche faite dans les fossés Est. Il n’y a aucune résistance du côté français. »
« Les Brandebourgeois incrédules crurent d’abord à un guet-apens. Mais c’est bien l’incompétence, et non la ruse, qui allait leur livrer le fort le plus invulnérable de France. » (Paul Jankowski, p. 101-102)
En Allemagne, on va faire sonner toutes les cloches…
A l’aube, cinq énergiques contre-attaques françaises se succèdent mais ne parviennent pas à reprendre le fort, alors que la nouvelle de sa reprise est déjà annoncée par un communiqué français.
Les Allemands y seront jusqu’au 24 octobre 1916, « et il faudra une armée de 100 000 hommes pour les en dégager » (J.Y. Le Naour, p. 133), et beaucoup de morts, dont 4 Passerands…
« Avec la chute du fort de Douaumont, la totalité de premières lignes françaises et la plupart des deuxièmes étaient aux mains des Allemands. Verdun n’était plus qu’à 10 km. Seule une maigre ligne de forts, Belleville, Saint-Michel et Souville, mal organisés et à peine équipés, se dressait encore entre la ville désertée et ses assaillants. » (Paul Jankowski, p. 95)

Carte du secteur de Verdun ; en haut à gauche la côte du Poivre

Carte du secteur de Verdun ; en haut à gauche la côte du Poivre (site chtimiste)

Carte du secteur de Verdun ; en haut à gauche la côte du Poivre (site chtimiste)

Les Allemands prennent aussi la côte du Poivre à l’ouest de Douaumont.

Nomination de Pétain

« Le 25 février, le général de Castelnau », qui a réveillé Joffre en pleine nuit et reçu l’autorisation de se rendre en personne à Verdun avec les pleins pouvoirs, donne l’ordre de « se maintenir sur la rive droite de la Meuse » (J.Y. Le Naour, p. 9).
Le 25, Joffre décide de l’envoi à Verdun de la IIe Armée, qui avait été placée en réserve stratégique, et dont le général Pétain était le commandant depuis le 21 juin 1915.
À la suite des recommandations du général de Castelnau, il « confie au général Pétain le commandement en chef de la région fortifiée de Verdun et des forces arrivant sur les deux rives. » (site gwda.org, commentaire de l’exposition 1996 Gare de l’Est)

« Dans les premiers ordres du GQG entre le 21 et le 25 février, (…) Pétain avait pour mission initiale de recueillir les troupes engagées sur la rive droite de la Meuse, au cas où elles seraient contraintes de passer rive gauche, et d’interdire à l’ennemi le franchissement de la rivière. » (J.Y. Le Naour, p. 160)
Cependant Pétain « était arrivé à Souilly, à 20 km au sud de Verdun, au soir du 25 février, armé d’un ordre catégorique de Joffre : « J’ai ordonné hier, 24, de tenir sur la rive droite de la Meuse au nord de Verdun. Tout chef qui donnera un ordre de retraite sera traduit devant un conseil de guerre. »  (Paul Jankowski, p. 129)
Pour ménager les troupes, Pétain va imposer le « tourniquet » pour que les hommes ne restent pas trop longtemps dans la fournaise de Verdun : la rotation des troupes françaises à Verdun sera rapide : les hommes étaient remplacés « régulièrement, toutes les trois semaines dans la plupart des cas » (10 jours en première ligne, 10 jours en 2e ligne, puis repos), contrairement aux Allemands (Paul Jankowski, p. 22)
Verdun va ainsi voir passer « les deux tiers des divisions françaises, 70 sur 95. » (J.Y. Le Naour, p. 103).

La percée foudroyante n’aura pas lieu…

« Le 26 février, le 20e corps, enfin monté en ligne, relève les débris du 30e du général Chrétien et jette des troupes fraîches dans le feu ardent, en attendant l’arrivée de nouveaux renforts qui sont en marche. » (J.Y. Le Naour, p. 94)
Les jours suivants, les combats acharnés se poursuivent aux abords du fort et dans les ruines du village de Douaumont que l’ennemi enlève le 4 mars. Mais l’épuisement est tel que peu à peu l’avance ennemie s’essouffle. La masse de choc allemande est alors en grande partie dépensée sans que le but de l’attaque brusquée ait été atteint. » (site gwda.org, commentaire de l’exposition 1996 Gare de l’Est)
« Pour éviter un nouvel encerclement, les troupes évacuèrent les collines au nord et à l’ouest, vers la côte du Poivre et la côte du Talou, et au sud vers la plaine de la Woëvre. Pour l’ennemi, c’en était fini des rêves d’une victoire facile. » (Paul Jankowski, p. 33)

Cette carte permet de situer (entre la Meuse et la Moselle) Verdun,
les Eparges, la plaine de Woëvre, St-Mihiel et Bois-le-Prêtre 

Pour situer (entre la Meuse et la Moselle) Verdun, les Eparges, la plaine de Woëvre, St-Mihiel et Bois-le-Prêtre (site riboulet.info)

Pour situer (entre la Meuse et la Moselle) Verdun, les Eparges, la plaine de Woëvre, St-Mihiel et Bois-le-Prêtre (site riboulet.info)

LES SOLDATS PASSERANDS présents à Verdun en FEVRIER- MARS 1916 (Voir aussi notre page « Liste alphabétique des Passerands à VERDUN en 1916 »)                                                        

INFANTERIE

21 Passerands des 30e et 230e RI de février à avril 1916 en Woëvre : Haudiomont, Manheulles : (par ordre alphabétique) ALLARD Louis Cyrus, classe 1902 ; BAUD Claudius Marie Marcel, classe 1916 ; BIOLLAY Joseph Alphonse, classe 1900 ; BOUILLET Maurice Joseph, classe 1904, tué le 9 mai 1916 ; BUTTOUD Albert Ambroise, classe 1911 ; BUTTOUD Joseph, classe 1908, blessé le 20 mai 1916, aux armées le 2 juillet 1916 ; BUTTOUDIN Aristide Armand, classe 1906, jusqu’au 23 septembre 1916, puis du 7 novembre 1916 au 15 avril 1917 ; CHAPPAZ Henri Auguste, classe 1905, prisonnier le 29 octobre 1916 ; CHATELLARD Ernest Dosithée, classe 1904, jusqu’au 11 avril 1917 ; CLERC Louis Félix, classe 1916, à partir du 20 juin 1916, décédé le 19 juin 1917 ; DAIGUE Emile Alexandre Alphonse, classe 1900, jusqu’au 1er juin 1916 ; DAIGUE Henri Eugène, classe 1902, jusqu’au 16 janvier 1917 ; DUMOULIN Gaston François, classe 1896, réformé le 16 mai 1916 ; FERRAND Joseph François, classe 1906 ; FIVELDEMORET Arsène, classe 1902, jusqu’au 15 août 1916 ; GIGUET Jean Joseph, classe 1903, tué le 8 avril 1917 ; GRENECHE, Eugène-Clovis, classe 1916, jusqu’au 27 sept. 1916 ; GUICHONNET Gaston Henri, classe 1908, réformé le 12 octobre 1917 ; JACCOUX Félix Eugène, classe 1899 ; MICHOLLIN Albert Joseph, classe 1902, réformé le 6 mai 1916 ; TANLET Alphonse Marie, classe 1905
Un Passerand du 60e RI à Verdun en février-mars 1916 : Samogneux, cote 344, bois de Fays, bois des Caures, Côte du Poivre : Eix : THIERRIAZ Marcel, classe 1917, du 8 janvier au 23 juillet 1916.
Un Passerand du 99e RI à Verdun en
 février-mars 1916 dans la Woëvre, au pied des Côtes de Meuse, à Châtillon et Ronvaux : BUTTOUDIN Léon, classe 1910.
Un Passerand du 106e RIT à Verdun en janvier-mars 1916 à Haucourt, Malancourt, bois des Forges, Béthelainville, Dombasle, Juvincourt, bois de Malancourt, bois Carré : PERROUD Pierre, classe 1914, jusqu’au 7 novembre 1916.
Un Passerand du 141e RI en février-mars 1916 à Haucourt, ouest du Mort-Homme, bois de Malancourt : VALLET François Lucien, classe 1915.
2  Passerands du 159e RI en février-mars 1916 (22 fév.-mars) : fort de Vaux, fort de Tavannes, batterie de Damloup, tunnel de Tavannes, Souville ; puis Argonne (mars-mai) : GUBERT Ulysse Adolphe, classe 1914 ; LONG Eugène Alfred, classe 1894.
Un Passerand du 2e R. de Zouaves en février 1916
à Louvemont, côte du Poivre : BOTTOLLIER-CURTET Pierre René, classe 1907.
4 Passerands du 3e R. de Zouaves en février 1916 sur la rive droite vers Louvemont, côte du Poivre (23 au 25 février 1916) : DUPRAZ Pierre, classe 1898 ; GINDRE Henri Constant, classe 1910 ; MAGNIN Félix-Albert, classe 1912 ; RICHELMY Marcel Joseph, classe 1915.

Février 1916, les Passerands du 3e ZOUAVES
remarqués pour leur courage à la Côte du Poivre (Voir Vatusium n° 19, p. 10)

GENIE

6 Passerands du 4e Génie de février à novembre 1916 : MERIEUX Edouard Eugène, classe 1907, maréchal de logis en mai 1916 ; METRAL François Aristide, classe 1910, Sergent le 21 septembre 1915 ; SIGAUD Henri-Pierre-Auguste, classe 1913 ; LONG Henri, classe 1892 ; PERRIN Irénée Eugène, classe 1916, jusqu’au 1er octobre 1916 ; KERN Auguste, classe 1917.
Le 4e Génie à Verdun : (février) devant Montzéville, dans le bois de Béthainville, Mort-Homme dans le ravin de la Hayette ; Fleury, devant Douaumont (1er juin) ; Tunnel de Tavannes (4 oct.), puis au bois Bourru, dans le secteur d’Avaucourt, et à la côte du Poivre, à 344 ; attaque de Vaux et de Douaumont pour la Cie 13/14 (22 oct.) ; le Mort-Homme ; cote 304, à Montzéville, à Bizouvaux, au ravin des Rousses, bois de Chaulnes ; bois Kratz et Prissoire (6 novembre).
Un Passerand du 5e Génie en 1916 : BEGUIN Pierre César, classe 1901. Les sapeurs de chemins de fer ont accompli de nombreuses missions : (…) acheminement des vivres, des munitions et des armes à Verdun, extension du réseau en vue du déplacement de l’artillerie lourde dans la Somme.

ARTILLERIE (artillerie de campagne, artillerie à pied, artillerie lourde)
Un Passerand du 6e RAC du 17 février à mars 1916 à Vaux-Douaumont : FIVEL René (Emile), classe 1909.
« Le 17 février l’A.C.D. 77 entre dans la fournaise ; elle a pour mission de défendre et d’empêcher la progression de l’ennemi sur le front Vaux-Douaumont. La vie est dure, l’ennemi ne laisse aucun répit. Le personnel fait des prodiges de courage dans cet enfer ; tous savent que le cœur de la France est menacé. « Ils ne passeront pas » est le mot d’ordre. En 20 jours de combat, le régiment perd le tiers de son effectif en tués et blessés, dont 16 officiers. Mais il avait le grand honneur de léguer intact à ses successeurs le secteur qu’il avait eu mission de défendre. » (Historique du 6e RAC).
Un Passerand du 6e RAP, 3e Batterie territoriale, en février 1916 à Verdun : DELACQUIS Alexandre, classe 1900.
2 Passerands du 10e RAP en 1916 à Verdun (peut-être ; pas d’historique disponible) : MOLLIER Joseph François, classe 1891 ; RAPIN François Auguste, classe 1916.
2 Passerands du 84e RAL de février à juin 1916 à plaine de Woëvre, villages de
Moranville, de Dieppe, hauteurs des bois Bourrus, forêt d’Esnes, puis au Tillot, à la route d’Étain, au bois Bourrus, à la tranchée de Calonne ; rive droite et rive gauche, devant le fort
de Vaux comme devant Thiaumont ou la cote 304, les groupes du 84e furent engagés partout (VOIR récit dans Historique du 84e RAL) : FIVEL René Emile, classe 1909 ; GRUZ Alfred, classe 1891.
Un Passerand du 85e RAL de février à juin 1916 : GROSSET Marie Eli, classe 1897.
« Tous les groupes formés (sauf le Ier et le Xe), étaient successivement engagés pour la défense de Verdun. Le IIe prenait position, le 29 février, dans le ravin situé entre Thierville et le fort du Chana. » (Historique du 85e RAL)
Un Passerand du 112e RAL en 1916 : Le Mort-Homme et la cote 304 (janv.-fév.) : MOLLIER Albert, classe 1912, maître pointeur le 23 janvier 1916.

CAVALERIE
Un Passerand du 9e Hussards en mars-déc. 1916 à La Laufée, La Fontaine de Tavannes : BUTTOUD Henri Alexandre, classe 1909.

INFIRMIERS-BRANCARDIERS
2 Passerands des Sections d’infirmiers militaires : FIVEL Paul Léon, classe 1914 (voir ci-dessous) ; FIVELDEMORET Pierre François, classe 1890.

PERTES passerandes en février 1916 : aucun Passerand tué. Trois Passerands blessés et/ou prisonniers en février 1916 (Voir Vatusium n° 19, p. 9-10) : BOUILLET Maurice Joseph, classe 1904, ALLARD Auguste Marcel, classe 1915, FIVEL Paul Léon, classe 1914.

MARS 1916 à Verdun

En mars, les effectifs français sont passés de 200 000 à 400 000 hommes devant Verdun. (Apocalypse Verdun)

Le 6 mars 1916, les Allemands attaquent sur les deux rives de la Meuse et lancent une nouvelle attaque « Ils s’emparent de la côte de l’Oie et du bois des Corbeaux atteignant les approches du Mort-Homme et la cote 304, dont ils ne parviennent pas à s’emparer. Pour le Kronprinz, la bataille est désormais dans l’impasse. » (P. Facon, p. 74)

La cote 304

situer (entre la Meuse et la Moselle) Verdun, les Eparges, la plaine de Woëvre, St-Mihiel et Bois-le-Prêtre (site riboulet.info)

situer (entre la Meuse et la Moselle) Verdun, les Eparges, la plaine de Woëvre, St-Mihiel et Bois-le-Prêtre (site riboulet.info)

8 mars Attaque sur la rive droite, vers Vaux : Voir le site kisskissbankbank
10 mars 1916 : La cote 304 et le MortHomme résistent à l’offensive allemande.

« Incapable d’exploiter les succès remportés aux premiers jours sur la rive droite de la Meuse, la Ve armée allemande résolut d’attaquer par la gauche. » Mais « à chaque fois ou presque, épuisés ou saignés à blanc par les assauts répétés sur les flancs du Mort-Homme ou de la cote 304, sur le bois des Corbeaux ou le bois d’Avocourt, les Allemands se repliaient. » (Paul Jankowski, p. 34)
Jamais ils ne pourront « s’avancer au-delà de la cote 304 et des hauteurs du Mort-Homme, à 8 ou 10 km de Verdun. (…) Les collines furent bientôt le théâtre de combats comptant parmi les plus féroces et les moins concluants de toute la Première Guerre mondiale » (Paul Jankowski, p. 113)

Cadavres de poilus au Mort-Homme

Cadavres de poilus au Mort-Homme

Cadavres de poilus au Mort-Homme

28 mars-8 avril 1916 : Nouvelle offensive allemande sur la rive gauche de la Meuse.

LES SOLDATS PASSERANDS présents à Verdun en MARS 1916

INFANTERIE
Deux Passerands du 17e RI en mars-avril 1916 à
Douaumont, bois de la Caillette : LEGON Juste, classe 1908, GERDILMARGUERON Noël Mathurin, classe 1916.
3 Passerands du 52e RI de mars à août : secteur du Fort de Vaux, tunnel de Tavannes (mars-mai) : BOUCHARD Philibert, classe 1897, jusqu’au 17 mai 1916 ; à partir du 28 août 1916, FERRAND Elie Pierre Henri, classe 1898 ; FIVEL-DEMORET Ulysse, classe 1899.
10 Passerands du 97e RIA en mars-avril 1916 à Vaux : BOUDION Pierre Marius, classe 1910, tué ; BOUILLET Charles, classe 1910 ; BUTTOUD Marcel Alphonse, classe 1914 ; GINDRE François Ulric Hermand, classe 1909, blessé ; MILLION Léon François, classe 1911 ; BAUD Claudius Marie Marcel, classe 1916 ; BAVOUX Gabriel François, classe 1916, tué ; CLERC Louis Félix, classe 1916 ; SARTORIO Pascal, classe 1900 ; NOGUET Marc, classe 1916.
Un Passerand du 106e RIT (rappel) en mars 1916 à Juvincourt, bois de Malancourt, bois Carré : PERROUD Pierre, classe 1914, jusqu’au 7 novembre 1916.
Note : Le 20 mars 1916 (au bois de Malancourt, Béthelainville) durant l’attaque allemande, 537 hommes du 106e RIT disparaissent (JMO). Le régiment fut quasiment anéanti les journées du 20-23 mars : beaucoup de soldats furent prisonniers. De graves défaillances auraient été observées durant cette journée. Le 106e RIT se trouvait avec le 111e RI et le 402e RI. Une enquête est menée par le général De Salins (29e DI) sur les faits qui ont accompagné l’affaire de Malancourt (JMO du 31 mars). Les pertes du JMO du 106e RIT indiquent 27 tués, 122 blessés et 537 disparus. Le régiment part pour le nord.
5 Passerands du 140e RI en mars 1916 au ravin de la Caillette, étang de Vaux : BOTTOLLIERDARBELIN  François, classe 1900 ; BUTTOUD César, classe 1915 ; FIVELDEMORET Alfred, classe 1904 ; GUICHONNET Nestor Louis, classe 1910 ; MUGNIER Louis Philibert, classe 1912.
2 Passerands du 157e RI en mars-avril 1916
 : Bois de Malancourt, réduit d’Avocourt : VOUILLOZ Joseph, classe 1911 ; VIARD Dosithé Adolphe, classe 1915.
2 Passerands du 159e RI (rappel) en février-mars 1916.
Un Passerand du 327e RI en mars 1916
à Beaumont, Bezonvaux : GERDIL MARGUERON Noël Mathurin, classe 1916. Cité à l’ordre du Régiment n° 138 du 14 septembre 1916 : « Très bon soldat ayant toujours eu une belle attitude au feu ; est parti à l’assaut des 4 et 6 septembre 1916 [Somme] avec le plus grand entrain. ». Croix de guerre, loi du 8 avril 1915. Médaille de la Victoire ;

ARTILLERIE
2 Passerands du 54e RAC de mars à mai 1916, secteur de Châtillon, Haudiomont, Villers-sous-Bonchamps, les Côtes de Meuse (mars-mai) : GRENECHE, Eugène-Clovis, classe 1916 ; RAPIN François Auguste, classe 1916.
Un Passerand du 85e RAL (rappel) de février à juin 1916 : GROSSET Marie Eli, classe 1897.
« Le IIe groupe prenait position, le 29 février, dans le ravin situé entre Thierville et le fort du Chana, y perdait un officier, le sous-lieutenant OLIVIERI, disparu le 3 mars au cours d’une reconnaissance et, le 14 mars, sur les pentes du fort Saint-Michel où les batteries furent très violemment bombardées. » (Historique du 85e RAL)
Un Passerand du 114e RAL du 10 mars au 25 déc. 1916 (rappel), Est du fort de Vaux, puis secteur de Vaux en oct.-déc. (Voir Historique) : NOGUET Eugène, classe 1909.

ESCADRONS du TRAIN des EQUIPAGES MILITAIRES (ETEM)
3 Passerands du 8e ETEM en 1916 et 1917
 : CHAVOUENT Joseph Emile, classe 1899 ; MAGNIN François Jérémie, classe 1899 ; COUTTET Pierre Alfred, classe 1904.
5 Passerands du 14e ETEM de mars à août 1916 avec la 27e DI : BUTTOUDIN Ulysse Nestor Félicien, classe 1909 ; COUTTET Pierre Alfred, classe 1904, jusqu’au 3 mai 1916 ; RASERA Jean, Classe 1910, jusqu’au 9 mai 1916 ; DUC Emile, classe 1898, du 5 mai 1916 au 15 février 1917 ; GUEBEY François Ernest Albert, classe 1906, jusqu’au 30 août 1916.
Un Passerand du 15e ETEM en 1916 : JACQUET François Henri, classe 1897.
Un Passerand du 19e ETEM en 1916 : VALLET Pierre Eugène, classe 1893.
3 Passerands du 20e ETEM en 1916 et 1917 : BOTTOLLIER Alfred Albert, classe 1898 ; DAIGUE Henri Eugène, classe 1902 ; VALLET Pierre Eugène, classe 1893.

ARTILLERIE

2 Passerands du 54e RAC (rappel) en mars-mai 1916, secteur de Châtillon (à l’est de Verdun), Haudiomont (au sud de Châtillon-sous-les-Côtes), Villers-sous-Bonchamps, les Côtes de Meuse : GRENECHE, Eugène-Clovis, classe 1916 ; RAPIN François Auguste, classe 1916.
« Le 1er janvier 1917, le 54e régiment d’artillerie de campagne quitte le secteur des Hauts de Meuse et la région de Verdun où il était resté dix mois et pendant lesquels il avait perdu 1 officier et 8 blessés ; 5 sous-officiers tués et 13 blessés : 33 hommes tués et 92 blessés.
Tous ses canons avaient été remplacés et au moins une fois détériorés soit par le feu de l’ennemi, soit par l’intensité du feu qu’ils avaient eu à fournir. » (site gallica.bnf.fr : Historique du 54e Régiment d’artillerie de campagne)
PERTES passerandes à Verdun en mars 1916 : aucun Passerand tué.
Un Passerand blessé en mars 1916 dans la MEUSE : GINDRE
François Ulric Hermand, classe 1909 (Voir Vatusium n° 19, p. 10)

Mars 1916, autres Passerands remarqués pour leurs actes de courage (Voir Vatusium n° 19, p. 10) :
FIVEL-DEMORET Alfred
, classe 1904 ; VOUILLOZ Joseph, classe 1911.

Avril 1916 à Verdun : « On les aura ! » 

« Le 9 avril, onze régiments allemands attaquèrent un front de 12 kilomètres sur la rive gauche, entre Avocourt et Cumières. (…) Après avoir repoussé dix assauts consécutifs, les Français parvinrent à conserver Cumières. La plus célèbre exhortation de Pétain date de ce jour-là : « Courage, on les aura ! » (Paul Jankowski, p. 34)

Pétain « prit soin d’envoyer son texte à la presse. (…) Aucun journal ne jugea bon de préciser que la formule n’était pas de lui. (…) Un an plus tôt, en effet, le public parisien avait découvert au théâtre du Palais-Royal un spectacle musical d’un chauvinisme féroce, La revue 1915, composée par Rip et Louis Verneuil. Une grande vedette de l’époque, Vilbert, y interprétait notamment On les aura. Tout comme la très populaire Madelon, cette chanson ne tarda pas à enflammer les Parisiens avant de se propager jusque sur le front. Bien après la dernière représentation de La revue, en novembre 1915, Vilbert conserva cette chanson dans son répertoire. » (Paul Jankowski, p. 149)

« Une perle de communication politique. En réalité, le mot n’était pas de lui mais de son fidèle Serrigny. Quand son chef d’état d’état-major lui présenta le texte, il eut même une hésitation :
– On les aura, ce n’est pas français !
– C’est vrai, mon général, lui répondis-je, mais il y a des cas où il faut savoir ne pas parler français. Ce mot est celui de tous les poilus et je suis convaincu qu’il ira plus à leur cœur que le plus beau discours académique.
Il avait raison. Aristide Briand [le président du Conseil] s’était déjà exclamé « Nous les aurons », mais la formule manquait de coffre, elle était trop polie, trop correcte. « On les aura » allait devenir un slogan national. Passé du grade de colonel à celui de général d’armée en seulement deux ans, Pétain se sent pousser des ailes. (J.Y. Le Naour, p. 151)

Fac similé de l’ordre du jour du 9 avril 1916 « On les aura ! »

 Fac similé de l’ordre du jour du 9 avril 1916 « On les aura ! » (site lesalonbeige et site le populaire)

Fac similé de l’ordre du jour du 9 avril 1916 « On les aura ! » (site lesalonbeige et site le populaire)

31 mars-5 avril : Attaque allemande sur la rive droite
9 avril : Attaque générale sur tout le front de Verdun.

Sur le Bois des Caures, avril 1916, voir site chtimiste

Sur Verdun et la Woëvre en septembre 1914, voir site chtimiste.

« Du 9 avril au 1er mai 1916. Une défense tenace et héroïque.

Le 10 avril est une véritable journée de crise mais la résistance française retient sur l’ensemble du front la poussée allemande.
Ce succès, contre toute logique arithmétique, cet équilibre assaillants-assaillis, est dû particulièrement à l’efficace rendement de la route départementale Bar-le-Duc-Verdun, et à la voie ferrée du petit Meusien qui apportent journellement leur contribution au maintien de cet équilibre précaire.
A partir de cette date, l’attitude des troupes françaises, va devenir de plus en plus mordante, et c’est constamment que les ripostes et les contre-offensives françaises vont contrarier les efforts allemands.

LES SOLDATS PASSERANDS présents à Verdun en AVRIL 1916 ; aucune victime.

INFANTERIE

21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) en avril-mai 1916 à Thiaumont, bois des Caurettes.
Un Passerand du 50e RI, en avril-juin 1916 : Marre, Charny : POENCET Léon, classe 1917.
10 Passerands du 97e RI (rappel) en mars-avril 1916 à Vaux.
Deux Passerands du 99e RIA en avril-mai 1916 : Après la Woëvre (26 fév.-début avril), Verdun à la ferme Thiaumont (22 avril-fin mai) : ravin de la Dame, dit « ravin de la Mort » ; repos à Bar-le-Duc : BUTTOUDIN Léon, classe 1910 ; THIERRIAZ Emmanuel, classe 1895, au 99e RI le 24 sept. 1916 (intérieur).
5 Passerands du 140e RI (rappel) en avril 1916 à La Laufée, fontaine de Tavannes, redoute d’Eix.
3 Passerands du 414e RI en avril 1916, secteur de Châtillon-sous-les-Côtes, Ronvaux : BAIETTO Ferdinand Albert, classe 1902 ; BOUDION Pierre Marius, classe 1910, sous-lieutenant au 414e RI, tué le 3 août 1916 (voir ci-dessous) ; DESCRUY Albert (Béli), classe 1912, caporal.
6 Passerands du 4e Génie (rappel) en avril 1916 : devant Montzéville, dans le bois de Béthainville, Mort-Homme dans le ravin de la Hayette.
4 Passerands du 3e Zouaves (rappel) en avril 1916 (24 avril à la fin juin), secteur Avocourt, Bois Carré.

ARTILLERIE (artillerie de montagne, artillerie à pied, artillerie lourde)

4 Passerands du 1er RAM en avril 1916, 6e batterie, du 16 avril au 5 mai 1916, ouvrage du Mardi-Gras, près du fort de Tavannes : BARRERE Guillaume Etienne, classe 1910 ; BOUILLET René Auguste (classe 1910), BUTTOUD Jules Alfred (classe 1905), MONTMASSON Joseph Camille (classe 1902).
Un Passerand du 11e RAP du 5 avril au 30 mai 1916 (voir récit dans l’historique du Rgt) : THIERRIAZ Emmanuel, classe 1895.
Un Passerand du 85e RAL (rappel) de février à juin 1916 : GROSSET Marie Eli, classe 1897.
« Les batteries furent très violemment bombardées sur les pentes du fort Saint-Michel.
La 4e pièce de la 3e batterie recevait, pour sa belle conduite, une citation à la brigade (Artillerie du 1 er C. A.) ainsi libellée : « Le 4 avril 1916, malgré un violent bombardement par des obus de 210 au cours duquel deux canonniers ont été ensevelis dans leur abri de combat, près de la pièce, le personnel de la 4e pièce de la 3e batterie, qui n’avait pas ralenti son tir un seul instant, s’est porté au secours des canonniers ensevelis et a pu les retirer vivants, grâce à l’esprit de décision et à l’énergie du maréchal-des-logis HENRY Louis-Pascal, et de son brigadier DESCAVES Julien-Édouard-Alexis, qui dirigeaient les « travaux de sauvetage. » Le groupe était relevé le 10 juin et mis au repos. Il laissait dans ce secteur 20 tués et comptait 47 blessés et 27 malades évacués. D’autre part, il obtenait 7 médailles militaires et 73 citations. » (Historique du 85e RAL)

MAI 1916 à Verdun

1er mai 1916 À Verdun, le général Nivelle remplace le général Pétain.
« Pour Joffre, alerté par la publicité qui lui est faite, il est temps d’en finir en l’éloignant du champ de bataille où il ramasse la gloire des poilus. Celui qui récupère à son profit le mythe du bouclier de Verdun n’y a commandé directement que deux mois, du 25 février au 1er mai. » (J.Y. Le Naour, p. 152)
Joffre lui confie le commandement supérieur du groupe d’armées du Centre et l’éloigne à Bar-le-Duc. C’est donc le jeune général Nivelle, qui vient de faire brillamment ses preuves à la défense du secteur de Froideterre, Fleury, Thiaumont, qui remplace Pétain à la tête de la 2e armée. » C’est donc lui qui a pris en charge la défense comme la reconquête du terrain perdu, de mai à décembre 1916. »

3 mai 1916 Attaque allemande de la cote 304 sur la rive gauche.

Début de mutinerie le 14 mai 1916 au 140e RI, suite à un ordre inepte et injuste du général Lebrun (Voir notre page « Les soldats de Passy témoins de mutineries »)

19-26 mai Nouvelles attaques allemandes sur la rive gauche.

22-24 mai Contre-attaque française sur Douaumont, gardé par 2 000 Allemands.

« En mai, deux jours avant de lancer un assaut pour tenter de reprendre Douaumont, les Français bombardèrent le fort ; un obus ayant touché un dépôt de grenades, une explosion terrible emporta près de huit cent Allemands, faisant ainsi disparaître dans les flammes un bataillon entier. (Paul Jankowski, p. 196)

« Le général Mangin, ce « mangeur d’hommes » par nature favorable à l’offensive comme Pétain l’était à la guerre défensive, tenta de reprendre Douaumont le 22 mai avec sa 5e division d’infanterie. Sans succès. » (Paul Jankowski, p. 116) « Les assaillants français furent chassés à la mitrailleuse des toits de Douaumont. » (Paul Jankowski, p. 35). 4 000 Français sont tués.

L’artilleur passerand Emmanuel Thierriaz est au 11e RAC en mai 1916. Extrait de l’Historique du 11e R. A. C. P. rédigé par le Lieutenant-colonel Beau, Cdt le 11e RAP en 1921, p. 11-12 :
« Le 22 mai, la 5e D. I. (général Mangin), après une puissante préparation, prend l’offensive.
A 11 h. 50, c’est le spectacle inoubliable de nos fantassins gravissant d’un élan irrésistible les pentes du
fort de Douaumont.
A midi, l’avion de commandement signale qu’une flamme de bengale brûle sur le fort. Le 129e de ligne
a mis 11 minutes pour emporter trois lignes de tranchées et atteindre son objectif. Nos hommes pleins
d’enthousiasme acclament ce brillant succès. Mais la réaction des Allemands était inévitable.
Le 23 [mai], ils contre-attaquent avec une violence inouïe, mais ils se heurtent à une résistance inébranlable, et leurs assauts répétés se brisent sous nos feux.
Le 24 [mai], ils redoublent d’efforts avec des divisions fraîches, et s’ils parviennent à reprendre le fort, nos batteries le leur font payer cher, en fauchant par des tirs précis leurs vagues de plus en plus denses.
En bras de chemise, couverts de sueur, noircis par la poudre et la poussière des éclatements, les servants
tirent toujours. La peinture des canons bouillonne. Le feu ne cessera que lorsque l’attaque sera arrêtée.

Jusqu’au 30 mai, le régiment subit encore quelques pertes.
Le lieutenant Moutonguet est grièvement blessé. Il est promu, chevalier de la Légion d’honneur.
Le 11e quitte Verdun à cette date après un séjour de près de deux mois.
Pendant cette période excessivement dure, le 1er groupe (commandant Prévost) et le 2e groupe (com-
mandant Michel), ont malgré des pertes très sévères (35 tués dont 3 officiers, 78 blessés dont 3 officiers),
entièrement rempli les missions difficiles qui leur furent imposées, faisant preuve d’une endurance
remarquable et du plus bel esprit de sacrifice.
Les deux commandants de groupe sont cités à l’ordre de l’armée. »

Haudromont, Thiaumont 

 Haudromont, Thiaumont (site 151ril.com)

Haudromont, Thiaumont (site 151ril.com)

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en MAI  1916

INFANTERIE

21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) en avril-mai 1916 à Thiaumont, bois des Caurettes ; ravin de la Dame.
10 Passerands du 97e RI (rappel) en mai 1916 Woëvre (mai-juil.) : Flirey, bois de Mort-Mare.
5 Passerands du 140e RI (rappel) en mai 1916 : Eix, Haudainville, fort de Vaux, ravin de la Mort, fort de Souville, Fleury.
4 Passerands du 3e Zouaves (rappel) du 24 avril à la fin juin 1916, secteur Avocourt, Bois Carré.

ARTILLERIE

Un Passerand du 11e RAP (rappel) du 5 avril au 30 mai 1916 : THIERRIAZ Emmanuel, classe 1895.

PERTES passerandes en Mai 1916 (Voir Vatusium n° 19, p. 11)
Un Passerand MORT pour la France dans la MEUSE : BOUILLET Maurice Joseph
, classe 1904
Un Passerand
blessé en mai 1916 en MeurtheetMoselle : BUTTOUD Joseph, classe 1908.

Mai 1916, autre Passerand remarqué pour son courage : GINDRE Henri Constant, classe 1910, citation à l’ordre du 3e Rgt de Zouaves.

JUIN 1916 à Verdun           

29 mai-2 juin 1916 Attaques violentes des Allemands.

Evolution du front de Verdun de février à juin 1916 : avance extrême des Allemands

 Evolution du front de Verdun de février à juin 1916 : avance extrême des Allemands (Source Internet)

Evolution du front de Verdun de février à juin 1916 : avance extrême des Allemands (Source Internet)

1er juin 1916 : voir le site lesfrancaisaverdun

Plan du fort de Vaux : voir le site lesfrancaisaverdun : 1er juin.

2 et 3 juin 1916 : combats à Damloup, juste à l’est du fort de Vaux : voir dans l’historique du 52e RI le récit détaillé et intéressant (Le capitaine Henry BORDEAUX, de l’Académie Française, dans Les Derniers jours du fort de Vaux, a publié le journal du commandant PELISSIER)

Juin 1916, Carte du secteur de Vaux (à droite) et de Douaumont (en haut), Fleury et Souville ; Damloup au milieu à droite

Juin 1916, Carte du secteur de Vaux (à droite) et de Douaumont (en haut), Fleury et Souville ; Damloup au milieu à droite

Juin 1916, Carte du secteur de Vaux (à droite) et de Douaumont (en haut), Fleury et Souville ; Damloup au milieu à droite

7 juin 1916 Chute du fort de Vaux.

« Le 1er juin, les coups de bélier allemands reprennent et 3 divisions germaniques attaquent sur un front de 4 km les positions françaises, défendues seulement par 2 régiments. Les bois de la Caillette et Fumin sont très vite dépassés et le fort de Vaux encerclé.
Dans le fort, la garnison, aux ordres du commandant Raynal, résiste aux lance-flammes, aux grenades, aux fumées et aux gaz, et défend âprement, barricades après barricades, les couloirs et les gaines qui convergent vers la galerie principale et les casernes. Après une résistance héroïque de plus de 6 jours, le commandant Raynal, qui a épuisé tous ses moyens de lutte et qui a vu 6 contre-attaques françaises échouer en direction du fort, se rend au matin du 7 juin, avec sa troupe moribonde, privée entièrement d’eau depuis plus de 48 heures. » (site gwda.org, commentaire de l’exposition 1996 Gare de l’Est)
Sur les 600 défenseurs de Vaux, il ne reste que 250 survivants, auxquels les Allemands rendent les honneurs. (Apocalypse Verdun)

Fort de Vaux

Fort de Vaux

Fort de Vaux

« La bataille incessante a un caractère d’acharnement inimaginable. L’artillerie française consomme jusqu’à 100 000 obus de 75 par jour. Sur ce terrain dévasté, de bois sans arbres, de villages rasés, l’Allemand, maître de Douaumont et de Vaux, intensifie encore son action. Car le temps presse : depuis le 4 juin, les armées russes viennent de prendre l’offensive en Galicie (Victoire de Broussilov sur le front de l’Est) et de créer une brèche de 50 km sur le front austro-hongrois. » (site gwda.org, commentaire de l’exposition 1996 Gare de l’Est)

L’attaque russe va soulager Verdun.

Voir aussi Paul Jankowski, p. 118.

1er – 12 juin 1916 Combats de Thiaumont.                

Secteur de Vaux 

Secteur de Vaux (site pages14-18)

Secteur de Vaux (site pages14-18)

11 juin 1916 : Les sous-lieutenants Herduin et Millant, commandant deux compagnies du 5ème bataillon du 347ème RI, sont fusillés sans jugement. Pour en savoir plus,
site cndp.fr/crdp-reims http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/1GM_CA/monuments/reims_herduin.htm
site liberation.fr, article de Gilles Manceron publié le 11 novembre 2008  http://www.liberation.fr/societe/2008/11/11/verdun-1916-henri-et-pierre-officiers-executes-illegalement_242708
Site gauchemip.org  http://www.gauchemip.org/spip.php?article912 ;
STÈLE DES FUSILLÉS DE FLEURY sur le site verdun-meuse.fr  http://www.verdun-meuse.fr/index.php?qs=fr/lieux-et-visites/stele-des-fusilles-de-fleury

23 juin 1916 Offensive allemande sur Fleury, Thiaumont, Souville et Froideterre. Verdun est sauvé pour les Français.

« Dans la dernière semaine de juin, (…) la Ve armée joue son va-tout sur la Meuse. Six divisions passèrent à l’offensive contre un front de 4 km, de part et d’autre de la crête reliant Douaumont à Froideterre, au sud-ouest. Des unités bavaroises capturèrent une partie du village de Fleury et dévastèrent des sections du fort de Souville, à 5 km seulement de Verdun. Les ravins du Bazil et de Champitoux étaient jonchés de cadavres. » (Paul Jankowski, p. 35)

Les GAZ
« Le 23 juin, les Allemands lancèrent une nouvelle offensive générale sur la rive droite. Une fois encore, ils commencèrent par une intense préparation d’artillerie à la veille de l’attaque, avec notamment 10 000 obus à gaz toxique. Une fois encore, ils purent rompre le front et avancer sur plus de 1700 mètres à l’intérieur des lignes françaises, jusqu’au fort situé au sommet de la côte qui lui donnait son nom, Froideterre, à 4 km seulement de Verdun. Une fois encore, l’utilité défensive de l’équipement moderne, manié avec adresse, fit ses preuves. (…)
Des unités des 1e et 2e divisions de l’infanterie bavaroise s’approchèrent de Froideterre sans plus de précautions, s’apprêtant à fouler un tas de ruines sans défense ; elles en furent délogées en quelques secondes par les batteries de 75 qui, installées dans la cour intérieure et sur le talus de fortification, tiraient des boîtes à mitraille par centaines : en éclatant, ces nouveaux projectiles dispersaient non pas quelques morceaux de métal tranchant mais un véritable déluge de shrapnels. L’infanterie française lança presque aussitôt la contre-attaque. »  (Paul Jankowski, p. 114-115)

Enfin une amélioration de « l’ordinaire » du poilu…

« Fin juin 1916, quand la Direction de l’arrière s’était décidé à améliorer la quantité et la variété des rations, les hommes avaient cessé de se plaindre pour apprécier leurs repas et leurs rations de vin. Ils avaient assez de pain maintenant, pouvait-on lire dans leurs lettres, assez de sardines, de fromage et de confiture, et les trois quarts d’une bouteille de vin par jour ; un mois plus tard, ils évoquaient quatre plats par repas et un litre de vin par jour. » (Paul Jankowski, p. 226)

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en JUIN 1916

INFANTERIE

21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) de juin à novembre 1916 : ravin d’Eix, la Lauffée, batterie de Damloup.
2 Passerands du 52e RI (rappel) de juin à oct. 1916 : Fontaines de Tavannes, Damloup, boyaux de Doler et de Frecht (juin-oct.). : à partir du 28 août 1916, FERRAND Elie Pierre Henri, classe 1898 ; FIVELDEMORET Ulysse, classe 1899.
10 Passerands du 97e RI (rappel) de mai à juillet 1916, Woëvre : Flirey, bois de Mort-Mare.
Un Passerand du 99e RI (rappel) en juin 1916, retour à la Woëvre à Moulainville-la-Basse. 
Un Passerand du 114e BCAP en juin -juillet 1916 à Bois des Vignes, Fleury, Thiaumont, Bois-le-Prêtre (oct.) : CHATELLARD Jean-François, classe 1915.
Un Passerand du 138e RIT à partir de juin 1916 Travaux dans le secteur de la Meuse et de Verdun (chaussées, chemin de fer) : FORESTIER Claude François, classe 1890.
5 Passerands du 140e RI (rappel) en juin 1916, Woëvre (juin-août) : Les Hures, Bonzée-en-Woëvre, Les Éparges.
Un Passerand du 321e RI (rappel) en juin 1916, fort de Vaux (juin).
4 Passerands du 3e Zouaves (rappel) du 24 avril à la fin juin 1916, secteur Avocourt, Bois Carré.

GENIE

6 Passerands du 4e Génie (rappel) en juin 1916 : Fleury, devant Douaumont (1er juin).

ARTILLERIE (artillerie de montagne, artillerie de campagne)

4 Passerands du 1er RAM en juin-juillet 1916, 7e batterie, du 5 juin au 21 juillet 1916, pentes sud du mont-St-Michel (tous ses canons hors service) : BARRERE Guillaume Etienne, classe 1910 ; BOUILLET René Auguste (classe 1910), BUTTOUD Jules Alfred (classe 1905), MONTMASSON Joseph Camille (classe 1902).
Un Passerand du 44e RAC en juin 1916 à Damloup, Bois Fumières : BOSSONNEY Edmond André François, classe 1911.

PERTES passerandes en JUIN 1916 Un Passerand mort pour la France dans le secteur de VERDUN : BAVOUX Gabriel François, classe 1916. (Voir Vatusium n° 19, p. 11)

Attaques allemandes à Verdun de fin juin à juillet 1916 

Attaques allemandes à Verdun de fin juin à juillet 1916 (site pearltrees.com et site poiluslagny.blogspot.fr)

Attaques allemandes à Verdun de fin juin à juillet 1916 (site pearltrees.com et site poiluslagny.blogspot.fr)

CARTE en relief des secteurs situés autour de Verdun, Douaumont, Souville (vue du nord) 

CARTE en relief des secteurs situés autour de Verdun, Douaumont, Souville (vue du nord) (site estrepublicain)

CARTE en relief des secteurs situés autour de Verdun, Douaumont, Souville (vue du nord) (site estrepublicain)

Voir site chtimiste

JUILLET-AOUT 1916 à Verdun

« La même sanglante routine (que celle du 23 juin à Froideterre) se répéta le 12 juillet, quand le Leibregiment bavarois, noyau dur de l’élite que constituait l’Alpenkorps, fondit sur le fort (ou plutôt l’ouvrage fortifié) de Souville, à 2 kilomètres de là, après un bombardement nocturne qui fit de cette lourde construction une masse informe de briques et de béton. Cette fois-ci, une bordée de grenades décima les assaillants trop sûrs d’eux au moment où ils escaladaient les escarpes. Jamais les Allemands ne seraient aussi proches de Verdun au cours de cette guerre. » (Paul Jankowski, p. 115)
« En juillet et en août, des contre-attaques françaises, parfois aériennes, chassèrent les survivants des fossés et des escarpes de Souville et des ruines de Fleury. » (Paul Jankowski, p. 35)

« Le général Robert Nivelle partageait les penchants offensifs de Mangin ; il leur laissa libre cours à la première occasion. Après l’attaque allemande contre Souville des 11 et 12 juillet, il ordonna à Mangin de dégager les abords du fort et de reprendre Fleury-devant-Douaumont, un petit village en ruines. L’attaque échoua (…) Des artilleurs allemands parfaitement indemnes, dispersés dans des trous d’obus, tenaient tout le terrain dans leur ligne de mire ; quand le 3e régiment de zouaves [où se trouvent des Passerands) marcha sur Fleury, la plupart de ses officiers furent ainsi tués ou blessés. L’épisode se répéta dans les jours suivants. » (Paul Jankowski, p. 117)

Carte du front à Verdun du 20 février au 12 juillet 1916 

Carte du front à Verdun du 20 février au 12 juillet 1916 (site lesfrancaisaverdun)

Carte du front à Verdun du 20 février au 12 juillet 1916 (site lesfrancaisaverdun)

Du 1er au 6 août, dernière offensive allemande, sans succès.

18 août 1916 Prise de Fleury par le Rgt d’Infanterie du Maroc.

28 août 1916 Falkenhayn est remplacé par Hindenburg et Ludendorff.

Carte de la bataille de Verdun au 1er août 1916 

Carte de la bataille de Verdun au 1er août 1916 (site Larousse.fr)

Carte de la bataille de Verdun au 1er août 1916 (site Larousse.fr)

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en JUILLET-AOUT 1916

INFANTERIE

Un Passerand du 9e BCA en juillet-août 1916 à la tranchée de la Morchée, Douaumont, Thiaumont : MUGNIER Louis Philibert, classe 1912.
21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) en juillet 1916
bataille de Verdun (juin-nov.) : ravin d’Eix, la Lauffée, batterie de Damloup.
10 Passerands du 97e RI (rappel) en juillet 1916, Woëvre (mai-juil.) : Flirey, bois de Mort-Mare.
2 Passerands du 99e RIA (rappel) en 1916 : la Lauffée, tunnel de Tavannes (août) ; Eix : BUTTOUDIN Léon, classe 1910 ; THIERRIAZ Emmanuel, classe 1895, au 99e RI le 24 sept. 1916 (intérieur).
5 Passerands du 140e RI (rappel) en juillet-août 1916, Woëvre (juin-août) : Les Hures, Bonzée-en-Woëvre, Les Éparges.
Un Passerand du 299e RI de août à novembre 1916 : La Lauffée, Le Petit Dépôt, tranchée Seydlitz, ravin de la Horgne : POLLET Auguste Claudius, classe 1910, tué le 24 octobre 1916.
Un Passerand du 311e RI en août 1916 à la tranchée Boivin, Mort-Homme : FIVELDEMORET Arsène, classe 1902, sergent au 311e RI du 15 août 1916 au 12 novembre 1918.
3 Passerands du 414e RI (rappel) en juillet 1916, Forts de Douaumont et de Vaux, secteur de Tavannes (juil.-août) où le régiment perd la moitié, de son effectif : BAIETTO Ferdinand Albert, classe 1902 ; BOUDION Pierre Marius, classe 1910, sous-lieutenant au 414e RI, tué le 3 août 1916 (voir ci-dessous) ; DESCRUY Albert (Béli), classe 1912, caporal.
Un Passerand du 415e RI en juillet-août 1916 à Douaumont, Bois de la Lauffée, Vaux, Chênois : VALLET François Lucien, classe 1915, blessé.
Un Passerand du 2e Zouaves (rappel) en juillet 1916 à  Souville (1-16 juillet) : BOTTOLLIERCURTET Pierre René, classe 1907.
4 Passerands du 3e Zouaves (rappel) en juillet 1916 (12-27 juillet) Fleury, ravin des Vignes (15, 16 et 17 juillet).

ARTILLERIE        
4 Passerands du 1er RAM (rappel) en août 1916, 7e batterie, du 4 au 29 août 1916, près du fort de Belleville : combats de la région Fleury-Thiaumont : BARRERE Guillaume Etienne, classe 1910 ; BOUILLET René Auguste (classe 1910), BUTTOUD Jules Alfred (classe 1905), MONTMASSON Joseph Camille (classe 1902).
7 Passerands du 2e RAC en juillet-oct. 1916 à Douaumont, Bois de la Laufée, Chesnois : BIBOLLET François Léon, classe 1906 ; COPPEL Joseph Marie Emile, classe 1902 ; FIVEL Marcel-Pierre-Eugène, classe 1913 ; GAYDESCOMBES Eugène, classe 1906 ; LEGON Léon Alphonse, classe 1911 ; REDAELLI Jean Albert, classe 1912 ; VALLET Louis Victor Raymond, classe 1912.

PERTES passerandes en août 1916 (Voir Vatusium n° 19, p. 11) Un Passerand MORT pour la France dans la MEUSE : BOUDION Pierre Marius, classe 1910.
Un Passerand blessé en août 1916 dans la MEUSE : VALLET François Lucien, classe 1915, 415e RI, blessé à l’œil le 18 août 1916 à Chenois, Verdun [Le Chênois devant Verdun ; ou Bois Chénois] : éclat de grenade à l’œil gauche ayant occasionné l’énucléation de cet œil et des érosions multiples à la face. Médaille militaire le 11 mai 1918. Pension de retraite de 635 francs.

SEPTEMBRE 1916 à Verdun

3-15 septembre 1916 Dernière offensive allemande sur Verdun.

Site lesfrancaisaverdun-1916 

Rive droite :

1er septembre 1916
En ce début du mois de septembre, 3 D.I françaises sont en ligne sur le front de Verdun :
– la 33e D.I. (59e, 83e, 88e et 209e R.I.) tient le secteur de la côte du Poivre
– plus à l’est, la 73e D.I. (346e, 356e, 367e et 369e R.I.) tient les positions du Retegnebois, du Chênois et de la Laufée
– dans sa continuité, la 28e D.I. (22e, 30e, 99e et 416e R.I.) occupe le font de Discourt et les pieds des côtes de Meuse et de la Laufée. R.A.S durant la journée.

2 septembre
Bien que le Kronprinz n’envisage plus d’offensive sur Verdun, une attaque est tout de même tentée en direction du fort de Souville.
Dès 5 h, violent bombardement allemand sur de nombreux secteurs. Les plus éprouvés sont le plateau de Souville, la station de Fleury et le ravin des Fontaines qui est tenu par le 212e R.I.
Cet intense pilonnage des lignes françaises se prolonge toute la journée. Un grand nombre d’hommes sont commotionnés, ils sont sourds, hébétés, suffoqués. Leur visage et leur main ruissellent de sang qui coule par 1000 blessures (projection de terre, de pierre et de sable) qui se mêle à la poussière et forme des caillots affreux.
Extrait du Vatusium 19, p. 12 : Témoignage de Ed. BOUGARD : ” Nous attendons la mort qui plane au-dessus de nos têtes ; il est huit heures du soir ; une marmite tombe en plein dans la tranchée ; je roule par terre ; je n’ai rien. Par contre, une cervelle est sur ma capote ; je suis plein de sang des copains. Mon ami Béthouart a la bouche fendue jusqu’aux oreilles et mon pauvre camarade Jules Fontain, qui ne m’avait pas quitté depuis le début de la campagne, a les deux jambes coupées. Les blessés pouvant marcher se sauvent au poste de secours ; les mourants agonisent dans la tranchée. Quand ils sont morts, on les place au-dessus du parapet. ” (…)

Pendant ce temps, sur le front de la Somme :
12 septembre 1916 Prise de Bouchavesnes par les Français ;
15 septembre Première attaque des chars britanniques sur le front de la Somme ;
26 septembre 1916 Prise de Combles et de Thiépval.

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en SEPTEMBRE 1916

INFANTERIE

21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) en septembre 1916 ravin de la Dames, puis (juin-nov.) : ravin d’Eix, la Lauffée, batterie de Damloup.
Un officier passerand au 103e RI en sept.-déc. 1916 à Thiaumont, Douaumont : sous-lieutenant RAFFORTDERUTTET, René, classe 1914, à partir du 24 mai 1916.
Un Passerand du 116e BCAP en sept. 1916 à Fleury (22 sept.) : DECRET François Ulysse, classe 1916, tué en oct. 1916 (voir ci-dessous).
Un Passerand du 340e RI en septembre 1916 ; le Mort-Homme (août-oct.) : DUCOUDRAY Jacques Emmanuel, classe 1901, du 24 au 28 septembre 1916.
Un Passerand du 415e RI (rappel) en septembre 1916, Douaumont, Bois de la Lauffée, Vaux, Chênois (juillet-oct.)
Un Passerand du 299e RI (rappel) en septembre 1916, La Laufée, Le Petit Dépôt, tranchée Seydlitz, ravin de la Horgne.
Un Passerand du 116e BCAP (rappel) de mai à octobre 1916 à Fleury (22 sept.) : DECRET François Ulysse, classe 1916, tué (voir ci-dessous).

ARTILLERIE
7 Passerands du 2e RAC (rappel) et un Passerand du 2e RA Territorial en juillet-oct. 1916 à Douaumont, Bois de la Laufée, Chesnois : BIBOLLET François Léon, classe 1906 ; COPPEL Joseph Marie Emile, classe 1902 ; FIVEL Marcel-Pierre-Eugène, classe 1913 ; GAYDESCOMBES Eugène, classe 1906 ; LEGON Léon Alphonse, classe 1911 ; REDAELLI Jean Albert, classe 1912 ; VALLET Louis Victor Raymond, classe 1912. Au 2e RAT : BOUCHARD Jean Marie Alexandre, classe 1899 (sans doute, avec le 2e RAC).
Un Passerand du 3e RAP en septembre 1916, METRAL Emile, classe 1906. « A Verdun, la 45e batterie de réserve avec une pièce de 305 de marine, à 1800 mètres des lignes ennemies, bombarde les nœuds de communication ennemis en Woëvre. » (Historique du 3e RAP, p. 11).
Un Passerand du 48e RAC de sept. à déc. 1916 au bois de Vaux Chapitre, Fleury, Douaumont : COUTTET Pierre Alfred, classe 1904

PERTES passerandes en SEPTEMBRE 1916 (Voir Vatusium n° 19, p. 12)
2 Passerands
blessés en septembre 1916 dans la MEUSE : TANLET Alphonse Marie, classe 1905, CHATELLARD Ernest Dosithée, classe 1904.

OCTOBRE 1916 à Verdun

24 octobre 1916 : Les Français reprennent le fort de Douaumont. (Voir Vatusium n° 19, pages 12-13, mort de Joseph Buttoudin)

Voir notre page « Quatre Passerands morts pour la reprise du fort de Douaumont, 24 octobre 1916 » (en construction)

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en OCTOBRE 1916

INFANTERIE

21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) en octobre 1916, ravin d’Eix, la Lauffée, batterie de Damloup.
Un Passerand du 116e BCAP (rappel) en sept.-oct. 1916 à Fleury (22 sept.), Douaumont (oct.) : DECRET François Ulysse, classe 1916, tué en oct. 1916 (voir ci-dessous).
Un Passerand du 415e RI (rappel) en octobre 1916 à Douaumont, Bois de la Lauffée, Vaux, Chênois (juillet-oct.).
Un Passerand du 321e RI (rappel) en octobre 1916 à Fleury, Douaumont (oct.) : BUTTOUDIN Joseph François, classe 1916, tué à Verdun : voir ci-dessous.
Un Passerand du 333e RI en octobre 1916 tué, à
Verdun début sept. 1916 : en avant de la Batterie de l’Hôpital (ouvrage annexe situé à l’ouest du Fort de Tavannes), à la Vaux-Régnier (travail aux tranchées) ; avance entre Vaux-Régnier et Vaux-Chapitre ; repos à Hargeville, près de Bar-le-Duc ; attaque et reprise de Douaumont (23-25 oct. 1916) : MOTTIN Alfred Ambroise, classe 1913  (voir ci-dessous)
Un Passerand du 299e RI (rappel) en octobre 1916, tué à Verdun (août-nov.) : attaque pour la reprise des forts de Douaumont et Vaux (oct.) : POLLET Auguste Claudius, classe 1910 (voir ci-dessous).
6 Passerands du 4e Génie (rappel) en octobre 1916 : Tunnel de Tavannes (4 oct.), puis au bois Bourru, dans le secteur d’Avaucourt, et à la côte du Poivre, à 344 ; attaque de Vaux et de Douaumont pour la Cie 13/14 (22 oct.) ; le Mort-Homme ; cote 304, à Montzéville, à Bezonvaux, au ravin des Rousses, bois de Chaulnes.

ARTILLERIE
7 Passerands du 2e RAC (rappel) en juillet-oct. 1916 à Douaumont, Bois de la Laufée, Chesnois : BIBOLLET François Léon, classe 1906 ; COPPEL Joseph Marie Emile, classe 1902 ; FIVEL Marcel-Pierre-Eugène, classe 1913 ; GAYDESCOMBES Eugène, classe 1906 ; LEGON Léon Alphonse, classe 1911 ; REDAELLI Jean Albert, classe 1912 ; VALLET Louis Victor Raymond, classe 1912.
Un Passerand du 30e RAC en sept. 1916, préparation de la reprise de Douaumont : CHAMBEL Joseph André, classe 1902 (du 24 au 30 sept.).
2 Passerands du 54e RAC (rappel) en octobre 1916, secteur limité au nord par la route de Moranville à la Ferme de Mandre, Damloup, ferme Bourbaux, fort de Vaux (oct.) : GRENECHE, Eugène-Clovis, classe 1916 ; RAPIN François Auguste, classe 1916.
Le 1er janvier 1917, le 54e RAC quitte le secteur des Hauts de Meuse et la région de Verdun ou il était resté dix mois et pendant lesquels il avait perdu 1 officier et 8 blessés ; 5 sous-officiers tués et 13 blessés : 33 hommes tués et 92 blessés. Tous ses canons avaient été remplacés et au moins une fois détériorés soit par le feu de l’ennemi, soit par l’intensité du feu qu’ils avaient eu à fournir.
Un Passerand du 26e RAC, 4e Brigade, artillerie de la 7e DI, en octobre 1916 : reprise des forts de Douaumont et de Vaux, secteur Marguerite : BOSSONNEY Edmond André François, classe 1911.

GENIE
Un Passerand du 1er Génie en octobre 1916 : PERRIN Irénée Eugène, classe 1916.
6 Passerands du 4e Génie (rappel) en octobre 1916 : Tunnel de Tavannes (4 oct.), puis au bois Bourru, dans le secteur d’Avaucourt, et à la côte du Poivre, à 344 ; attaque de Vaux et de Douaumont pour la Cie 13/14 (22 oct.).

PERTES passerandes à Verdun en octobre 1916 (Voir Vatusium n° 19, p. 13)
4 Passerands MORTS pour la France dans la MEUSE, dont 3 Passerands tués le même jour, 24 octobre 1916, jour de la reprise de Douaumont et un 4e blessé mortellement le 28 octobre :
BUTTOUDIN Joseph François
, classe 1916, MOTTIN Alfred Ambroise, classe 1913, POLLET Auguste Claudius, classe 1910, DECRET François Ulysse, classe 1916. Voir notre page « Quatre Passerands morts pour la reprise du fort de Douaumont, 24 octobre 1916 »

Un Passerand blessé en octobre 1916 dans la MEUSE : ALLARD François Ernest, classe 1910.

NOVEMBRE 1916 à Verdun

Les 2 et 3 novembre 1916, reprise du fort de Vaux.

« Dans la nuit du 2 au 3 novembre, c’est au tour du fort de Vaux d’être repris… sans aucun combat. La position étant devenue intenable, il a tout simplement été déserté par l’ennemi. » (J.Y. Le Naour, p. 280) « Nivelle, ce partisan de la méthode offensive, venait de terrasser un ennemi absent. » (Paul Jankowski, p. 118)
Cela n’empêchera pas le communiqué de vanter l’action formidable de l’armée de Nivelle et l’abnégation des soldats de Mangin. » (J.Y. Le Naour, p. 280)

Mangin dans Le Miroir du 5 novembre 1916

Mangin dans Le Miroir du 5 novembre 1916 (site 87dit)

Mangin dans Le Miroir du 5 novembre 1916 (site 87dit)

Mais les combats continuent à faire rage…

Le Colonel Picard Cdt le 321e RI décrit l’effroyable situation de ses soldats qui assurent l’occupation du fort de Vaux au début du mois de novembre 1916 ; il n’y a plus de Passerand dans ce régiment depuis la mort de Joseph François BUTTOUDIN, tué le 24 octobre 1916 à Douaumont, mais l’épisode est révélateur de ce que ces hommes ont enduré comme horreurs et souffrances à Verdun pendant ces dix mois :

« De la première ligne, les comptes rendus devinrent de tels cris d’angoisse que je me rendis auprès de mes pauvres poilus. Le marmitage était effarant. Je me rappellerai toujours le spectacle que m’offrit l’abri 2649 où se trouvait le commandant Gatinet, du 6e bataillon, et je ne sais combien d’hommes. Sans tarder, les doléances commencèrent : Mitrailleuses, fusils mitrailleurs, fusils, tout était enrayé, perdu de boue ; le Fritz ne tirait que du gros calibre ; impossible de manger, de boire, de dormir, de travailler. Les Noirs, après avoir bien donné, étaient repartis, à bout de forces ; la ligne allait sûrement craquer » ; etc. etc. J’arrêtai tout d’un geste. « Nous sommes les vainqueurs de Douaumont ; c’est acquis pour toujours. Eh bien ! Cela suffit je pense. Vous êtes ici et moi avec vous pour y crever au besoin. Sachez bien tous que l’honneur est engagé, le vôtre et le mien, et, tant qu’il restera vos grenades et vos poignards, vous devrez tenir. Jurez-moi que vous tiendrez jusqu’au bout. »
Quelques jours plus tard, le brave Sonolet, capitaine mitrailleur, qui venait d’être décoré pour son héroïque bravoure, me disait : « Mon colonel, vous nous avez réconfortés, remontés à un point incroyable… » » (P. Facon, p. 96)

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en NOVEMBRE 1916

INFANTERIE

21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) en novembre 1916, Verdun, puis Woëvre (nov.-déc.) : bois de Chêna.
Un Passerand du 415e RI (rappel) en novembre 1916, Douaumont, Bois de la Lauffée, Vaux, Chênois (juillet-oct.).
4 Passerands du 3e Zouaves (rappel) en novembre 1916, secteur de Douaumont, bois de Caurières-Bezonvaux vallon des Rousses.

GENIE

6 Passerands du 4e Génie (rappel) en novembre 1916 : bois Kratz et Prissoire (6 novembre).

ARTILLERIE
Un Passerand du 114e RAL (rappel) en oct.-déc. 1916, opérations offensives dans le secteur de Vaux : NOGUET Eugène, classe 1909.

Novembre 1916, autre Passerand remarqué pour son courage : GIGUET Jean Joseph, classe 1903 (Voir Vatusium n° 19, p. 13)

DECEMBRE 1916 à Verdun

« Le 15 décembre 1916, le tandem Nivelle-Mangin lance une grande opération qui cherche à dégager définitivement la région fortifiée en reprenant la côte du Poivre, celle d’Hardaumont, Louvemont et Bezonvaux. En dépit de la réticence de Pétain, « affreusement restrictif » aux yeux de Mangin, l’offensive est une réussite : 115 canons sont pris ou détruits et 11 387 soldats allemands sont faits prisonniers. L’ennemi a été reconduit quasiment sur ses bases de départ de février ; 300 000 hommes sont morts, 163 000 Français et 140 000 Allemands, pour une partie nulle. » (J. Y. Le Naour, p. 280)

« Même s’il est en charge de l’armée de Verdun depuis le 1er mai, le général Nivelle est encore un demi-inconnu pour les Français, la figure de Pétain, portée en avant de février à avril, le surclassant largement. Jaloux de la popularité de Pétain, Joffre n’a cessé de le critiquer auprès du gouvernement pour sa nervosité, son pessimisme, ses demandes incessantes d’unités et de matériel. Et voilà qu’une nouvelle étoile brille au firmament militaire. » (J. Y. Le Naour, 1916. L’enfer, p. 281)

« Mi-décembre, les Français reprennent le bois des Caures et les bois environnants. (Paul Jankowski, p. 36)

Carte du secteur de Verdun

Carte du secteur de Verdun (site chtimiste)

Carte du secteur de Verdun (site chtimiste)

18 décembre 1916 : Fin de la bataille de Verdun.

En décembre 1916, Mangin reprend les forts perdus. Plus de 60 millions d’obus ont été tirés dans le secteur.

Dessin publié dans le Figaro

Dessin publié dans le Figaro

 

« La bataille de 1916 a fait plus de 700.000 victimes : 306.000 tués et disparus (dont 163.000 Français et 143.000 Allemands), environ 406.000 blessés (dont 216.000 Français et 190.000 Allemands). Parmi les chiffres les plus divers et les plus excessifs cités à propos des pertes de Verdun, c’est ce qui, en ordre de grandeur, paraît le plus proche de la réalité… » (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

On se rendra compte après la guerre que les bombardements de la cote 304 lui ont fait perdre 7 mètres de hauteur !

Le front à Verdun le 18 décembre 1916 

Le front à Verdun le 18 décembre 1916 (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

Le front à Verdun le 18 décembre 1916 (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

26 décembre 1916 Le général Joffre, poussé vers la sortie par le gouvernement et le Parlement, démissionne ; il est nommé maréchal de France, est remplacé par le général Nivelle à la tête des armées françaises.

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en DECEMBRE 1916

INFANTERIE

21 Passerands du 30e RI d’Annecy (rappel) en décembre 1916 en Woëvre (nov.-déc.) : bois de Chêna.
Un Passerand du 261e RI les 28-29 décembre 1916 à la cote 304 : DUCOUDRAY Jacques Emmanuel, classe 1901. 
3 Passerands du 414e RI (rappel) en décembre 1916
, Bois des Caurières, ferme des Chambrettes (déc. 1916-janv. 1917).
Un Passerand du 2e Zouaves (rappel) en décembre 1916, Bois de Chaume, Bezonvaux (15 décembre) : BOTTOLLIERCURTET Pierre René, classe 1907.
Les Passerands du 3e Zouaves (rappel) en décembre 1916, vallon des Rousses, ouvrage de Kaiserslautem, Bézonvaux (déc.).

ARTILLERIE
3 Passerands du 1er RAM (rappel) en décembre 1916, 7e et 54e batteries : du 5 au 13 décembre 1916, ravin de la Caillette ; 54e batterie, du 11 décembre 1916 au 5 janvier 1917, Louvemont et Douaumont, ravin des Trois-Cornes : BARRERE Guillaume Etienne, classe 1910 ; BOUILLET René Auguste (classe 1910), BUTTOUD Jules Alfred (classe 1905), MONTMASSON Joseph Camille (classe 1902).

Bilan de Joffre :
« Depuis 1914, la France est envahie et près d’un million de Français ont perdu la vie pour un gain de terrain qui se résume à 5 km en Champagne, en 1915, et 10 km dans la Somme, en 1916. On fait mieux comme états de service. Cela n’empêche pas le président de lui donner le bâton de maréchal comme cadeau d’adieu. » (J. Y. Le Naour, p. 293)

Castelnau résume ainsi ses pitoyables états de service :
« Quelle est son œuvre ? […] Il a lancé la folle offensive générale du début de la campagne, interdisant aux commandants d’armée de prendre les précautions les plus élémentaires. La qualité extraordinaire de la troupe a sauvé le pays. Pendant toute l’année 1915, n’ayant pas voulu intervenir en Orient au moment opportun, il s’est obstiné à monter avec des moyens insuffisants des attaques de positions fortifiées et à détruire ainsi notre magnifique infanterie. En 1916, nous l’avons vu désemparé en présence de l’attaque allemande sur Verdun. Il a voulu diriger la bataille de la Somme qui était bien préparée et aurait pu être une grande victoire. Son manque de coup d’œil et d’instruction militaire a empêché les Alliés de recueillir le succès décisif qu’ils étaient en droit d’escompter. Tout le monde est fixé maintenant sur sa valeur. » (J. Y. Le Naour, p. 295)

« L’attaque allemande contre Verdun n’avait surpris que le haut commandement, se souviendrait plus tard un lieutenant, qui n’avait pas oublié combien il en voulait aux arrogants brevetés du 3e bureau, le bureau des opérations à Chantilly, qui avaient refusé de lire les rapports du 2e bureau et d’écouter les avertissements de Driant et de Herr. Joffre aussi avait fait la sourde oreille, soupirait ce même lieutenant (…) Dans ses carnets, un général de division affirme que certains gradés, dont Joffre lui-même, méritaient le conseil de guerre pour avoir si mal défendu Verdun. » (Paul Jankowski, p. 236)

Il y aura encore d’autres victimes passerandes à VERDUN en 1917 et 1918 

Février 1917 à Verdun

Pendant tout le mois de Février 1917, par une température qui descendit à plus de 25 degrés au-dessous de zéro, le séjour en ligne fut des plus pénibles ; les travaux étaient impossibles, la pioche rebondissait sur le sol qu’elle n’arrivait pas à entamer, les aliments arrivaient gelés impossible de se procurer ni abri, ni feu, ni alimentation chaude, le vin lui-même gelait. Pour ajouter à ces épreuves, les coups de mains de l’ennemi se répétaient et son artillerie nous harcelait sans cesse, mais le 333e sans faiblir rendait coup pour coup. »

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en JANVIER-FEVRIER 1917

Un Passerand du 333e RI (rappel) en janvier-février 1917 : Verdun, côtes de Meuse, Fort de Troyon, garde du sous-secteur de Ranzières ; puis rive droite entre Louvemont et Les Chambrettes (jusque février 1917).
Un Passerand du 311e RI (rappel) en janvier-février 1917 Argonne est (janv.-sept. bois de la petite Gruerie : FIVELDEMORET Arsène, classe 1902, sergent au 311e RI du 15 août 1916 au 12 novembre 1918.

Août 1917 à Verdun

« En août 1917, les Français lancèrent une nouvelle offensive sur le Mort-Homme et la cote 304 pour les reprendre une bonne fois pour toutes. » (Paul Jankowski, p. 166)

« Les Français reprirent les postes d’observation encore aux mains des Allemands sur la rive gauche, au sommet de la cote 304, du Mort-Homme et de la côte du Talou.
Ils écrasèrent les Allemands en tirant non pas une tonne d’acier par mètre carré [comme l’ennemi en 1916] mais six, et en postant non pas cinquante pièces d’artillerie par kilomètre de front (comme en Champagne en 1915), ni soixante-dix pièces (comme à Verdun ou dans la Somme l’année précédente), mais près de cent cinquante.
Les canons ayant neutralisé une artillerie allemande plus faible, au moyen d’attaques au gaz lancées à l’aube, l’infanterie s’empara rapidement des positions convoitées, faisant dix mille prisonniers et confisquant une centaine de canons.
Comme ravagé par un ouragan, le paysage environnant n’était plus qu’un vaste amas de décombres. » (Paul Jankowski, p. 37-38)

LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en AOUT-SEPTEMBRE 1917

ARTILLERIE LOURDE

Un Passerand du 106e RAL à Verdun en août-sept. 1917 : VALLET Louis Victor Raymond, classe 1912 (Voir ci-dessous).
Historique du 106e Régiment d’artillerie lourde 7e Groupe (Texte tiré du livre « Campagne 14/18 – Historique du 7e Groupe du 106e RAL », Librairie Chapelot, Paris) :
« Le 7e Groupe actuel du 106e RAL (…) était composé d’un important noyau de servants appelés du front, poilus déjà aguerris, plus des jeunes soldats.
Le 10 mars 1917, les batteries partaient au camp de la Braconne près d’Angoulême pour s’instruire et étudier leur nouveau matériel, le 155 court Saint-Chamond. (…) Le Groupe débarquait à Belfort et le 25 juin 1917 venait se ranger sous Verdun. Nos batteries font partie de la 1ère ligne d’artillerie. Les travaux de position s’effectuent sous la mitraille. Aviation ennemie très active. A tous moments, des tas d’obus explosent, des incendies sont allumés par les tirs ennemis. Le jour de l’attaque arrive. La 18e batterie est réduite à 2 canons, la 16e n’a plus que 9 hommes. Seule, la 17e parvient à sortir ses canons des décombres ; l’heure de l’attaque a sonné, les sous-officiers remplacent les pointeurs disparus.
Les troupes françaises avancent, les prisonniers affluent, le bois des Caures est atteint, la cote 344 prise, Samogneux dépassé. Les pertes s’élèvent à 68 hommes. 4 Médailles militaires avaient été données et le Groupe recevait de la 123e Division sa première citation (Général Saint-Just)
Le 29 septembre, adieu Verdun. »

GENIE
Un Passerand du 6e Génie en août-sept. 1917 à Talou et Louvemont : BIOLLEY Pierre Ulysse, classe 1896, à partir du 1er septembre 1916.
2 Passerands du 7e Génie (Pontonniers) en août-sept. 1917 : FIVELDEMORET Armand, classe 1900, à partir du 11 janvier 1917 ; KERN Auguste, classe 1917, à partir du 22 juin 1917.
La compagnie 24/1 fut citée à l’ordre du Corps d’Armée en 1917, pour la construction d’un pont de bateaux sur le front de Verdun (passage de la Meuse à Talou). La compagnie 24/3 fut citée à l’ordre de l’Armée en 1917, pour avoir construit 2 ponts lourds dans des conditions particulièrement difficiles.
Un Passerand du 21e Génie en août-sept.1917, chantiers du poste de secours de Vacherauville ; tunnel de Tavannes (abris et puits pour mitrailleuses), observatoires, pont de pilotis de Charny… : PERRIN Irénée Eugène, classe 1916, à partir du 1er juillet 1917.
Un Passerand du 2e Zouaves (rappel) en août 1917, le Mort Homme (août) : BOTTOLLIER-CURTET Pierre René, classe 1907.
LES SOLDATS PASSERANDS à Verdun en OCTOBRE-NOVEMBRE-DECEMBRE 1917 et 1918

4 Passerands du 3e Zouaves (rappel) d’oct. à déc. 1917, Bezonvaux, cote 344.
1 Passerand du 23e RI en oct.-nov. 1917 : bois de la Chaume, cote 326, cote 344 : MATTEL Pierre Marcel, classe 1917 (Voir ci-dessous).
Un Passerand du 64e RIT en octobre 1917 : LOMBARD Félix Eugène, classe 1897, au 64e RIT le 20 octobre 1917. Bombardements avec obus toxiques sur la Côte du Poivre.

PERTES passerandes à Verdun en 1917 (Voir Vatusium n° 19, p. 13)
Deux Passerands
blessés dans la MEUSE en février : LONG Henri, classe 1892, CHATELLARD Ernest Dosithée, classe 1904.
Un Passerand BLESSE en août 1917 : VALLET Louis Victor Raymond, classe 1912.
Un Passerand BLESSE en novembre 1917 dans la MEUSE : MATTEL Pierre Marcel, classe 1917.

On peut ajouter en Mai 1918, un Passerand MORT pour la France en Meurthe-et-Moselle : FOURNIER Claudius Léon, classe 1908.

CONCLUSION

« 1916 est l’année de l’impatience, celle des sanctions et du grand ménage : Falkenhayn et Joffre ont été déboulonnés, Asquith remercié, en attendant l’inévitable renversement de Briand, de Bethmann-Hollweg et de Nicolas II.
Et les soldats dans tout cela ? Ils tiennent toujours mais ils grognent. Vraie ou fausse, une anecdote circule dans l’armée qui en dit long sur l’état du moral et sur l’ambiguïté du sentiment du devoir qui anime les poilus, entre contrainte et consentement.
A Verdun, les soldats de Mangin qui défilent devant leur général montent au front en lui jetant « Assassin ! » à la figure. Lui, imperturbable, continue de les saluer, la main au képi. Et la rumeur monte de la troupe, anonyme et puissante : « Assassin ! », « Assassin ! ». Les officiers de l’état-major sont livides, décomposés, mais Charles Mangin ne bouge pas. Quand la dernière compagnie s’éloigne sur la route, le général se frotte les mains : « Eh bien ! Ils sont très gentils, ces petits. Cela se passera très bien ! »
Il a raison. Les poilus qui montaient vers la mort maudissaient leurs chefs comme ils maudissaient la guerre, mais ils montaient. Napoléon l’avait déjà écrit à propos de ses soldats : « Ils grognaient mais ils marchaient. » Jusqu’à quand ? (J.Y. Le Naour, p. 346)

SOURCES et SITES Internet intéressants sur Verdun :                       

Pour un récit très détaillé de la bataille de Verdun et toutes les cartes, voir le site lesfrancaisaverdun http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/

Autres sites :

Site edugeo (cartes IGN) Cahier pédagogique spécial Verdun : site edugeo.fr https://www.edugeo.fr/uploads/teaching-book/file/135a68d5bc4db25fb282e280b2f484ce.pdf

Wikipedia, art. Bataille de Verdun https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Verdun_(1916)

Site kisskissbankbank.com  https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/chaos-international-un-phare-sur-le-web/wall

Site 87dit.canalblog.com  http://87dit.canalblog.com/archives/2015/01/03/31241739.html NOMBREUSES PHOTOS

Site Chtimiste http://www.chtimiste.com/batailles1418/1916verdun1.htm  : VERDUN LES JOURS TRAGIQUES 21 février-25 février 1916. Pourquoi L’armée allemande nous a trompés sur l’offensive sur Verdun ?

Sur Verdun et la Woëvre en septembre 1914, voir site chtimiste http://chtimiste.com/batailles1418/combats/woevre.htm

site carlpepin.com : carte du front ouest en 1916 https://carlpepin.com/2013/10/14/la-premiere-guerre-mondiale-1914-1918-premiere-partie-le-front-ouest-2/

site vincent.juillet.free.fr  http://vincent.juillet.free.fr/cahier-constant-vincent-1916-1.htm

site gwda.org, commentaire de l’exposition 1996 Gare de l’Est http://www.gwpda.org/comment/1916expo/1916b.html

site riboulet.info http://www.riboulet.info/g/g_pg/armee/historique_78/2_07.htm

site pages14-18 http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/recherche-secteur-chenois-sujet_10927_1.htm

site pearltrees.com http://www.pearltrees.com/stvince/premiere-guerre-mondiale/id8726723#item104022725

Et site poiluslagny.blogspot.fr http://poiluslagny.blogspot.fr/

CARTE en relief des secteurs situés autour de Verdun, Douaumont, Souville (vue du nord)  site http://www.estrepublicain.fr/guerre-et-conflit/2016/02/16/il-y-a-100-ans-le-debut-de-la-bataille-de-verdun-jhak

site Larousse.fr  http://www.larousse.fr/archives/grande-encyclopedie/page/14349

Sur le Mort-Homme
Le Mort-Homme en 1916, raconté par André Joubert (texte tiré de « La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants, en 2 tomes  Aristide Quillet, 1922) : site chtimiste http://chtimiste.com/batailles1418/combats/morthommet.htm

Sur Douaumont

Wikipedia, art. Fort de Douaumont https://fr.wikipedia.org/wiki/Fort_de_Douaumont

 Sur l’artillerie

site cartespostales14-18 http://cartespostales14-18.over-blog.com/article-l-artillerie-en-action-59795396.html

Site basart.artillerie.asso.fr http://basart.artillerie.asso.fr/article.php3?id_article=1289

site cheminots.net : artillerie sur voie ferrée  http://www.cheminots.net/forum/topic/37225-moi-mon-colon-celle-que-je-prefere-cest-celle-de-1418/?page=7

site sabreteam http://sabreteam.free.fr/skoda1.htm

site histoire-fr.com  https://www.histoire-fr.com/troisieme_republique_premiere_guerre_mondiale_2.htm

Historique succinct des unités des voies de 0,60, 68e et 69e régts d’artillerie (gallica)

Sur l’aviation
Wikipedia, art. Fokker E. III https://fr.wikipedia.org/wiki/Fokker_E.III

site aviationsmilitaires.net https://www.aviationsmilitaires.net/v2/base/view/Model/14.html

Sur les régiments

site gallica.bnf.fr : Historique du 54e Régiment d’artillerie de campagne http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62632607.r=inondations+1910.langFR

site 151ril.com http://www.151ril.com/content/history/151e-ri/17

Sur le général de Castelnau 

Site opex360.com, Page « Verdun 1916-2016 – L’injustice faite au général Édouard de Castelnau »

BIBLIOGRAPHIE

Jean-Yves Le Naour, 1916. L’enfer, éd. Perrin, 2014, livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy

Paul JANKOWSKI, 21 février 1916. Verdun, coll. « Les journées qui ont fait la France », NRF, Gallimard, 2013.

Paroles de Verdun. Lettres de poilus réunies par Jean-Pierre Guéno, Perrin 2006.

Dir. Patrick Facon, Le Grand Atlas de la première Guerre mondiale, éd. Atlas, 2013.

FILM
Apocalypse Verdun, documentaire d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle (90 mn), diffusé le 21 février 2016 par France 2.

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– La stèle de la Torchette à Passy et les commémorations du maquis de Montfort

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