Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

La démobilisation des Passerands en 1918-1921

Written By: BT

Lire notre revue Vatusium n° 19, 2016 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 2e partie : 1916 à 1919 (parution août 2016).

Cette page BONUS complète notre article « Les Passerands après l’Armistice du 11 novembre 1918 » publié dans Vatusium n ° 19, pages …

Extrait : « Lorsque les clairons sonnent l’armistice le 11 novembre à 11 heures, les poilus de Passy n’en ont pas fini avec l’armée. Ils ne seront démobilisés qu’au bout de nombreux mois (Voir notre page sur l’occupation de la rive gauche du Rhin, 1918-1919). […]

“La démobilisation s’effectue en deux phases”, résume Victor Demiaux, auteur d’une thèse sur “Les célébrations de la victoire dans les capitales européennes après la Grande Guerre”. “Une première phase s’étire de novembre 1918 à avril 1919, et une seconde de juillet 1919 à début 1920.” Au total, près de cinq millions d’hommes rentrent à la caserne au cours de ces deux années. […] Les hommes abandonnent les armes, mais sont autorisés à garder leur casque. Des pensions leur sont attribuées. » (site francetvinfo.fr)

Les Vainqueurs, photographie de Georges Paul Leroux (1877-1957) exposée au Salon des Artistes Français de 1919 

Les Vainqueurs, photographie de Georges Paul Leroux (1877-1957) exposée au Salon des Artistes Français de 1919 (site biblogotheque)

Les Vainqueurs, photographie de Georges Paul Leroux (1877-1957) exposée au Salon des Artistes Français de 1919 (site biblogotheque)

Dates de démobilisation des Passerands de décembre 1918 à octobre 1919
Classe 1887 : Libérée définitivement le 30 novembre 1918
Classes 1888 à 1892 : 1er au 25 déc. 1918
Classe 1893 à 1895 : 18-21 janvier 1919
Classes 1896 à 1899 : 14-23 février 1919
Classes 1900 à 1906 : 7-31 mars 1919
Classes 1907 et 1908 : 20-30 juillet 1919
Classes 1909 à 1911 : 9-22 août 1919
Classe 1912 : 29 septembre 1919
Classes 1913 à 1917 : (classe 1914 : avril-mai 1919 pour certains Passerands) ; entre le 31 août et le 04 octobre 1919
Classes 1918 et 1919 : à la date de fin des trois ans sous les drapeaux.
(site pages 14-18)  

LA DEMOBILISATION DES PASSERANDS DE 1919 A 1921…

Passerands de la classe 1917 démobilisés en 1919

MATTEL Pierre Marcel, classe 1917, démobilisé le 19 septembre 1919 (art.Verdun,p. ) ; MOGENY François Eugène, classe 1917, démobilisé le 3 octobre 1919 (art. Italie, p.).
RAFFORT-DERUTTET Numa, classe 1917, engagé volontaire, cité à l’ordre du 84e RAL du 29 janvier 1919 : « Bon observateur, a fait preuve de grand dévouement durant les batailles de la Somme et de Champagne 1918, assurant son service dans les régions parfois violemment bombardées. » Croix de guerre, étoile de bronze. Démobilisé le 29 septembre 1919. ROLLIER Lucien Eugène, classe 1917, 22e BCAP, démobilisé le 27 sept. 1919.

Passerands de la classe 1918 démobilisés en 1919 et 1920

BUTTOUDIN André Ferdinand, classe 1918, 105e RAL (23 octobre 1919). DUCOUDRAY Camille Félix, classe 1918, 84e RAL (29 mai 1920). GRUZ Félix, classe 1918 (23 octobre 1919, art. page). PERROUD Joseph, classe 1918, 97e RI (12 juin 1920, art. page). PONCEY-GRAND-PIERRE Jean François, classe 1918, 140e RI (21 mars 1921). RAPIN Achille Edouard, classe 1918, 158e RI (23 octobre 1919).

Passerands de la classe 1919 démobilisés en 1920 et 1921

BUTTOUDIN Marcel Joseph, classe 1919 (23 octobre 1919) ; GROSSET-JANIN Edmond Albert, classe 1919, 5e dépôt des Equipages de la Flotte (23 mars 1921) ; JACCOUX François Alexandre, classe 1919, 14e ETEM (25 mars 1921).

POURQUOI LES POILUS NE SONT PAS RENTRES CHEZ EUX EN NOVEMBRE 1918 ?

Le retour des démobilisés à la gare de l’Est, 1er février 1919. L’arrivée d’un train militaire.
Guerre 1914-1918. Le retour des démobilisés à la gare de l'Est, 1er février 1919. L'arrivée d'un train militaire. Photographie parue dans le journal "Excelsior" du dimanche 2 février 1919.

Guerre 1914-1918. Le retour des démobilisés à la gare de l’Est, 1er février 1919. L’arrivée d’un train militaire. Photographie parue dans le journal “Excelsior” du dimanche 2 février 1919.

« La démobilisation n’est pas un vain mot. “À l’échelle des soldats démobilisables, cette période s’apparente à un véritable basculement identitaire, relèvent Bruno Cabanes et Guillaume Piketty, auteurs d’un article sur les sorties de guerre au XXe siècle, publié sur le site du Centre d’histoire de Sciences Po. “Il leur faut se dépouiller de leurs identités combattantes, faire le deuil des morts et de la compagnie des survivants et reprendre leur place dans la vie civile.” La transition, qui passe aussi par une “déprise de la violence” après des années de folie meurtrière, peut prendre du temps. » (site francetvinfo.fr « Pourquoi l’armistice du 11 novembre 1918 n’a pas vraiment mis fin à la guerre »)

Une démobilisation à l’ancienneté

« Au mois de novembre 1918, alors que les combats cessent sur le front occidental, les soldats français attendent d’être démobilisés. Usés par les fatigues de la guerre, marqués par les deuils successifs, ces hommes sont sous les drapeaux depuis de nombreuses années. Certains, comme les classes 1912 et 1913, achevaient ou commençaient leur service militaire à l’été 1914. Cela fait donc déjà quatre ou sept ans qu’ils servent leur pays… ! Et pourtant, l’annonce de l’armistice ne marque pas la fin des épreuves. Il leur faut encore plusieurs mois, dans leur cas jusqu’à l’été 1919, avant d’être libérés.
Au moment de l’armistice, diverses possibilités s’offrent aux états-majors pour organiser la démobilisation. Certains envisagent de libérer les soldats par unité : c’est le cas de l’armée américaine. D’autres préfèrent donner la priorité aux besoins économiques de leur pays comme les Britanniques. Les Français et les Italiens choisissent quant à eux une démobilisation à l’ancienneté, fidèles au principe égalitaire auquel les combattants sont attachés. Dans l’imaginaire des soldats, la classe d’âge, celle de la conscription, reste une référence importante. »

Centre administratif militaire en 1918 

Centre administratif militaire en 1918 (site franceinfo.fr « 15 décembre 1918, l’épreuve de la démobilisation »)

Centre administratif militaire en 1918 (site franceinfo.fr « 15 décembre 1918, l’épreuve de la démobilisation »)

« Cet ordre apparent d’une démobilisation à l’ancienneté masque cependant une profonde désorganisation. Il faut bien comprendre en effet qu’à l’exception de quelques unités de la Territoriale, il n’existe plus, à la fin de 1918, de régiments homogènes composés d’hommes du même âge. La démobilisation entraîne donc une constante réorganisation des unités, qu’il faut refondre, parfois pour un ou deux mois seulement, avant qu’une nouvelle classe soit libérée à son tour.
Les enjeux d’un tel mouvement d’hommes et de matériel sont essentiels : la reconstruction d’un pays en ruines, sa stabilité politique et sociale, un retour aux normes morales du temps de paix après la violence du temps de guerre, la dissolution du rôle et de l’identité des soldats de la Grande Guerre. De tout cela, le sous-secrétaire d’Etat à la démobilisation, Louis Deschamps, est bien conscient. Il sait aussi que la masse d’hommes concernés, près de cinq millions de soldats, est considérable, largement supérieure aux 3 600 000 hommes mobilisés en 1914.
Près de la moitié d’entre eux ont été blessés, un mobilisé sur cinq l’a été deux fois, plus de 100 000 trois ou quatre fois. (…) Et l’organisation de la démobilisation elle-même se heurte à l’encombrement des voies ferrées ou à leur destruction.
Par ailleurs, d’autres problèmes se posent : la réintégration de l’Alsace et de la Lorraine, la mise en œuvre de l’occupation de la Rhénanie, la reconstruction des régions détruites ou occupées pendant le conflit. Globalement, la démobilisation de l’armée française entre l’automne 1918 et le printemps 1920, à un rythme soutenu, représente donc, dans le contexte de l’après-guerre, une sorte de tour de force.
Ce constat mérite cependant d’être nuancé, si l’on se place au niveau des soldats, ce que permettent les archives du contrôle postal aux armées. Les futurs démobilisés vivent dans l’inquiétude : celle de retrouver une place, leur place dans un monde civil qui a fonctionné sans eux pendant toute la guerre. Les échos qui parviennent aux soldats démobilisables de leurs camarades démobilisés ne sont pas toujours rassurants. La crainte de l’infidélité des femmes et la fragilité des couples sont fréquemment évoquées. »
(Bruno Cabanes, Maître de conférences d’histoire contemporaine à l’Université de Limoges et à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Auteur de La victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français (1918-1920), Editions du Seuil, 2004. Les Chemins de la Mémoire n° 147 / 02-05) Extrait du blog de l’ULAC de Bagnolet, réunion de 6 associations d’anciens combattants de la ville de Bagnolet (93)

Le 230e RI d’Annecy, a effectué une longue série de marche durant trois semaines (25 novembre-14 décembre). Il a ensuite gagné l’Alsace nouvellement libérée et surveillé la frontière suisse. (site amisduvaldethones.fr)

Le 230° RI d’Annecy, constitué en majorité de Haut-Savoyards a perdu 1 392 hommes durant la guerre 

Le 230° RI d'Annecy, constitué en majorité de Haut-Savoyards a perdu 1 392 hommes durant la guerre (site amisduvaldethones.fr)

Le 230° RI d’Annecy, constitué en majorité de Haut-Savoyards a perdu 1 392 hommes durant la guerre (site amisduvaldethones.fr)

Pour chaque soldat commence  un long parcours ritualisé le conduisant en quelques semaines jusqu’à chez lui.
« L’inconfort des trains de marchandises dans lesquels ils sont rapatriés les ulcère. Le don d’un costume les humilie puisque, par manque de tissu, il s’agit le plus souvent d’un habit militaire, teint pour la circonstance. » (site ufacbagnolet)
Les convois de démobilisés s’accompagnent de nombreuses dégradations, une note du sous-secrétariat d’Etat auprès du ministre de la Guerre signale une moyenne mensuelle de 13 000 bris de glace et 400 avaries de portières. (site biblogotheque) 

« L’un des poilus est en permission chez lui, au Reposoir, le 11 novembre. A son compagnon de tranchée habitant Sallanches, il écrit qu’il est reparti le 17 novembre ” mais que cette fois-ci, cela ne lui a rien fait parce qu’il était sûr de rentrer “. Dans sa lettre suivante, pour Noël 1918, il raconte ” qu’en un mois, il a marché plus de 200 km “. Il faut bien occuper les hommes alors que les combats sont terminés.
Episode encore peu connu de la guerre de 1914-1918, les hommes après le 11 novembre, sont retournés en caserne, tout en respectant une discipline militaire stricte. L’un de ces soldats, habitant Pontarlier, croise l’un de ses officiers à la fin du mois de novembre et lui dit ” Mon capitaine, si nous avons gagné la guerre, ce n’est pas grâce à vous “. La logique militaire est implacable : conseil de guerre, condamnation à mort. Dans sa lettre, retrouvée à Pontarlier en 1998, le soldat écrivait à ses camarades et reconnaissait ” que cette fois-ci, il était vraiment dans de sales draps “. Mais on ne sait pas si la sentence a été exécutée. » (« Les poilus ne sont pas rentrés chez eux en novembre 1918 »,  site amisduvaldethones.fr)

Femmes en usine pendant la Grande Guerre

Femmes en usine pendant la Grande Guerre (Internet)

Femmes en usine pendant la Grande Guerre (Internet)

Difficulté de rendre immédiatement à la vie civile des millions de soldats
  « Il existe plusieurs raisons sur le fait que les soldats sont restés mobilisés. La première est qu’il était difficile de rendre immédiatement à la vie civile des millions de soldats. Si cela était encore possible dans le monde rural (près de la moitié des Poilus sont des cultivateurs), c’était beaucoup plus difficile pour l’industrie d’intégrer tous ces travailleurs. De plus, les politiciens français ont vu avec inquiétude les mouvements sociaux et révolutionnaires dans les pays vaincus (Hongrie, Bavière, Berlin…) animés en grande partie par les soldats démobilisés. » (site Amis du Val de Thones)

« Sur le plan professionnel, les entreprises sont dans l’obligation légale de reprendre leurs anciens employés. Mais il faut envoyer un avis à l’employeur par lettre recommandée dans les quinze jours qui suivent le retour chez soi, ce que beaucoup oublient de faire. Par ailleurs, bien souvent, le patron fait valoir d’un air embarrassé, qu’il lui est impossible de mettre à la porte celui qui a remplacé le soldat mobilisé pendant quatre ans – quand ce n’est pas l’entreprise elle-même qui a fermé au cours de la guerre.
Pour les commerçants, le problème est différent : il faut parvenir à reconstituer une clientèle qui a pris d’autres habitudes. Seuls les agriculteurs, à l’exception des zones de combats de toutes les régions du Nord-Est de la France, retrouvent leurs exploitations que leurs familles ont fait fonctionner parfois avec des prisonniers de guerre allemands. Les soldats démobilisables sentent confusément les difficultés qu’ils vont rencontrer, et dans ce climat d’attente inquiète, la sortie de guerre apparaît donc d’abord comme un temps incroyablement long, où se mêlent la frustration, l’impatience et l’ennui. » (Bruno Cabanes, op. cit.)

Jacques Garaud « Pour le retour du soldat vainqueur ». 1918 

Jacques Garaud « pour le retour du soldat vainqueur ». 1918 (site biblogotheque)

Jacques Garaud « pour le retour du soldat vainqueur ». 1918 (site biblogotheque)

Principale raison du retard de la démobilisation : la pression à exercer sur l’Allemagne

« On ne peut libérer trop vite des soldats qui constituent un moyen de pression sur l’Allemagne avant la signature de la paix définitive à Versailles, le 28 juin 1919. » (Bruno Cabanes)

Les nécessités politiques du moment viennent encore freiner cette organisation poussive : l’Allemagne se fait-elle coriace durant les négociations de paix ? La France veut lui montrer que son armée est toujours sur le pied de guerre. (site franceinfo.fr)

« La France considérait que la paix avec l’Allemagne n’était pas signée. En guise de pression, elle a conservé ses troupes mobilisées durant les négociations qui ont abouti au traité de Versailles en juin 1919.
La plupart des soldats ont été rendus à la vie civile après cette date. La démobilisation était progressive et s’effectuait en fonction de la classe. Le lieutenant-colonel Lourdel qui dirigeait depuis 1917 le 230e Régiment d’Infanterie d’Annecy, dans l’historique du bataillon, exprime “un regret souvent formulé pendant les derniers mois du régiment. Malgré la joie infinie du retour au foyer, il y eut quelque chose de fastidieux et d’un peu irritant dans ces démobilisations partielles où, par petits paquets anonymes, les soldats partaient perdus au milieu du train-train de chaque jour”.
Les derniers ont regagné leur foyer en septembre et octobre 1919, soit plus de dix mois après la fin des combats et plus de cinq ans après le début du conflit. Les derniers démobilisés étaient également les plus jeunes (classes de 1910 à 1917). » (site Amis du Val de Thones)

Dominique Fouchard, Le poids de la guerre. Les poilus et leur famille après 1918, Presses Universitaires de Rennes, 2013  

Dominique Fouchard, Le poids de la guerre. Les poilus et leur famille après 1918, Presses Universitaires de Rennes, 2013 (site clio-cr.clionautes.org )

Dominique Fouchard, Le poids de la guerre. Les poilus et leur famille après 1918, Presses Universitaires de Rennes, 2013 (site clio-cr.clionautes.org )

L’historienne Dominique Fouchard, a publié en 2013 Le poids de la guerre. Les poilus et leur famille après 1918, (Presses Universitaires de Rennes). Une très intéressante analyse en est faite sur le site clio-cr.clionautes.org. Extrait :
« L’importance de l’imaginaire du retour est souligné, aussi bien du côté des poilus que de celui de leur compagne, toujours espéré, parfois avec quelque inquiétude après tant de séparation et tant de divergence dans le quotidien. Ce quotidien, précisément est souvent difficile à vivre. Le cas des blessés, des mutilés est bien sûr évident mais tous les combattants ont vieilli prématurément, beaucoup souffrent de pathologies diverses qui en emporteront fatalement bon nombre d’entre eux, d’autres gardent des séquelles psychologiques. […] Le nombre de blessés (2 800 000 poilus l’ont été), de mutilés (300 000) montre l’étendue du problème. »  […] Dans les cas les moins graves, les nuits des anciens combattants sont souvent difficiles, ponctuées de cauchemars alors que le jour, les témoignages ou les rapports médicaux soulignent leur irritabilité. […](site clio-cr.clionautes.org)

« Ce sont donc souvent les proches des anciens combattants qui racontent, des années plus tard, les souffrances endurées par les soldats démobilisés. Ainsi, ce témoignage de Louis Althusser, dans L’avenir dure longtemps, publié en 1992 : « La nuit, très souvent, (mon père) émettait en dormant de terribles hurlements de loup en chasse et aux abois, interminables, d’une violence insoutenable, qui nous jetaient au bas du lit. Ma mère ne parvenait pas à le réveiller de ses cauchemars. Pour nous, pour moi du moins, la nuit devenait terreur et je vivais sans cesse dans l’appréhension de ses cris de bêtes insoutenables que jamais je n’ai pu oublier. » (site ufacbagnolet)

« L’incompréhension qui s’est souvent installée dans les couples du fait d’expériences masculines et féminines si différentes, source désormais « du choc de deux indépendances » acquises pendant le conflit a souvent provoqué de graves crises familiales. Le nombre de divorces augmente, demandé plutôt par les hommes jusqu’en 1921, plutôt par les femmes ensuite, confrontées à une situation quotidienne invivable mais les violences, au minimum verbales, sont fréquentes et dans une société où il est mal vu de divorcer, nombre de couples continuent à se supporter difficilement. La toxicomanie existe parmi les anciens combattants, mais de façon nettement moins répandue que l’alcoolisme, véritable fléau parmi eux, avec les tensions qu’on imagine dans leur entourage.
Dominique Fouchard s’intéresse aussi aux « couples en paix » et même si l’histoire des gens heureux est plus difficile à retracer que celle des malheureux pour qui existe une abondance de sources, elle n’en existe pas moins. » (site clio-cr.clionautes.org)

Le pourcentage des mobilisés français par rapport à la population de 1911 était de 40,6%. Calcul des tués et blessés pour la France : 17,72% des mobilisés qui ont été « tués ou disparus » ; 54,43% des mobilisés qui ont été « blessés ».

« A la lumière des travaux récents de psychiatres militaires, on perçoit mieux, dans toute son ampleur, le gigantesque traumatisme qu’a infligé aux sociétés belligérantes la Première Guerre mondiale : l’expérience de l’absurdité de la mort de masse, l’impossibilité de faire son deuil en l’absence des corps, bien souvent détruits et déchiquetés par l’artillerie, ou bien alors introuvables dans le chaos du no man’s land, et pour des millions de survivants, un sentiment d’intense culpabilité – comme s’ils vivaient désormais à la place d’un autre, grâce au sacrifice d’une autre vie. De manière certaine, une guerre d’une telle ampleur qu’on l’a appelée la Grande Guerre – et cela dès 1915 – ne pouvait pas se refermer aussi vite.
Dans un rapport militaire écrit en octobre 1918, dans les derniers jours de sa captivité en Allemagne, Charles de Gaulle avait perçu le bouleversement opéré par le conflit : « Est-ce que la France oubliera vite, si tant est qu’elle l’oublie jamais, 1 500 000 morts, son million de mutilés, Lille, Dunkerque, Cambrai, Douai, Arras, Saint-Quentin, Laon, Soissons, Reims, Verdun, détruits de fond en comble ? Est-ce que les mères qui pleurent vont soudain sécher leurs larmes, est-ce que les orphelins vont cesser d’être orphelins, les veuves d’être veuves ? Est-ce que des générations durant, dans toutes les familles de chez nous, on ne se lèguera pas les souvenirs formidables de la plus grande des guerres, semant au cœur des enfants ces germes de haines de nations que rien n’éteint ?… Chacun sait, chacun sent, que cette paix n’est qu’une mauvaise couverture jetée sur des ambitions non satisfaites, des haines plus vivaces que jamais, des colères nationales non éteintes. ». Bruno Cabanes (site ufacbagnolet)

Sources et sites pour en savoir plus sur la démobilisation :

site pages 14-18

site biblogotheque

Dominique Fouchard, Le poids de la guerre. Les poilus et leur famille après 1918, Presses Universitaires de Rennes, 2013  site clio-cr.clionautes.org

Sortir de la guerre (Sommaire:  les mutations de la société – les veuves de guerre – mutilés et invalides – le retour à la vie civile – les anciens combattants – ne pas oublier – persistance du “bourrage de crânes” – la reconstruction) site crid1418.org

Site next.liberation.fr

site parisenimages.fr

site francetvinfo.fr « Pourquoi l’armistice du 11 novembre 1918 n’a pas vraiment mis fin à la guerre »

site franceinfo.fr « 15 décembre 1918, l’épreuve de la démobilisation »

blog de l’ULAC de Bagnolet, réunion de 6 associations d’anciens combattants de la ville de Bagnolet (93) :  Bruno Cabanes, Maître de conférences d’histoire contemporaine à l’Université de Limoges et à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Auteur de La victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français (1918-1920), Editions du Seuil, 2004. Les Chemins de la Mémoire n° 147 / 02-05)

site amisduvaldethones.fr « Les poilus ne sont pas rentrés chez eux en novembre 1918 »

site clio-cr.clionautes.org « Le poids de la guerre, les poilus et leur famille après 1918 »

Voir nos autres pages sur
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en particulier
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