Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 1ère partie : 1914 et 1915.
Le courrier a été particulièrement important, dans tous les sens du terme, pendant la Grande Guerre. Qu’il s’agisse des échanges épistolaires entre les poilus et leurs proches ou des lettres échangées entre ceux de l’arrière. Les familles de Passy ont conservé certaines de ces lettres, souvent des cartes postales de natures variées.
Quelques exemples de cartes postales envoyées à Passy pendant la Grande Guerre
Avant la guerre : mode et insouciance de la Belle époque…
Blanche, la cousine « émigrée » à Paris écrit en 1916 à Marie Bottollier au Cray, Passy. Sa carte évoque des temps plus heureux, comme pour oublier la guerre :
« La coquette de 1910 à l’élégante de 1860 » : « Il vous fallait toute votre jupe pour cacher un amant ; à nous, notre manchon suffit »
Année 1914
Août 1914 : C’est le début de la guerre ; on s’inquiète pour les soldats partis au front et pour les foins à terminer…
Carte postale adressée le 8 août 1914 à Mlle Marie Bottollier, Au Cray, Passy, par son amie Caroline (Orthographe conservée, sauf ponctuation)
Vaudagne, le 16-8-1914
Ma chère Marie, Il y a longtemp que je remmettait de vous donner de mes nouvelles mais avec tout ce qui est arrivé j’ai voulu attendre ; nous venons d’avoir une lettre de Julien qui est a l’hopital il y a déjà quelque temp il a du Rhumatisme dans les jambe ; et vous avez-vous des nouvelle de votre frère Renée est-il parti par Vaudagne ; il sont très loin Marcel Borrel est parti aussi, cest triste comme tout. Avez-vous fini les foin et les moisson ? Nous, nous avons bientôt fini heureusement car on commencerait vite à ce décourager. Si cela vous est possible monter un jour cela nous fera plaisir, monter tous. La petite Renée a telle toujour peur de la guerre, j’espère quelle en est un peut revenu de ces emmotion. Bien des amitiés a toute la famille de notre part Gros baiser de votre amie affectionnée, Caroline.
Décembre 1914
Carte postale adressée en décembre 1914 à Mademoiselle Marie Bottollier, Au Cray, Passy, Hte Savoie, par deux de ses cousines, d’abord Germaine, puis par Hélène. (Orthographe conservée, sauf ponctuation)
« Cette maudite guerre » cause bien des tracas aux rédactrices parisiennes :
Chere cousine, Malgré la grande distance qui nous sépare je ne veux pas laissez passez cette nouvelle année sans venir te souhaiter une bonne et heureuse année. Voilà déja cinq mois que j’aie quittais mon apprentissage ; cela m’ennuie beaucoup. C’est cette maudite guerre qui est cause de tous cela. Ici ce n’est pas le travail qui manque tu c’est, car l’on c’est bien m’aucuper : je vide les pots de chambre, je fais les lits, les chambres, je pique à la machine, enfin je fais un peut de tous les métiers. Quand tu m’écriras tu sauras bien gentille de me dire si blanche et André sont partis. La maison vous paraîtra bien grande quand t-ils seront, enfin qu’est-ce que tu veux il faut s’abituer a tous dans la vie. Ta cousine qui t’aime et qui t’embrasse bien fort Germaine
Ma chère Cousine, Malgré que j’ai pas beaucoup de plasse, je veux quant même t’offrir tous mes meilleur vœux pour l’année 1915. Ta cousine qui t’aime et tenvoi milles mimi. Excuse moi car j’ai pas le temps. Hélène
Carte envoyée de Paris le 31 décembre 1914 à Marie par sa cousine Cécile (Orthographe conservée, sauf ponctuation)
Le choix du portait du roi d’Angleterre, notre allié, n’est pas anodin. On formule des vœux au terme d’une « cruelle année », on pleure ceux qui nous ont « quittés pour l’éternité », on forme le vœu que les deux frères « reviennent tous deux sains et saufs »
Paris le 31 X (décembre) 14 Ma chère Marie, Je ne veux pas laisser terminee la cruelle année qui viens de secouler par bien des malheurs san toffrir tous mes bons vœux et sante pour 1915, et mes meilleurs souhaits a toute la famille. Jespere que tout le monde va bien, et mes vœux les plus sincères a Blanche ; je vais faire des vœux les plus ardents pour que tes deux frères reviennent tous deux sain et sauf car ils y a déjà assez d’epreuves ; notre pauvre Auguste nous a quitté pour l’eternite ; quel passage tragique de mourir dans des circonstances pareille. Embrasse toute la famille pour moi sans oublié Blanche et son fiston qui doit etre gentil comme un ange. Je t’adresse mes bons baisers. Cécile. A l’envers, en haut : Paris – peu lisible : rue d’Aguesseau.
Cartes brodées
Les photos cartes postales
Les soldats envoient souvent une photo d’eux prise au régiment, au verso de laquelle ils peuvent écrire leur correspondance. Voici un exemple :
« (…) Je fais la guerre autour des marmites. Je fait le cuisinier, sa vos autant que de tirez le canon. Et jusqu’au plaisir d’aller vous conduire du sable. Donner le bonjour à Mr Guichonnet. Et agrez mes sincères salutations. Chambel André au 2e Rgt d’artillerie 62e batterie, Grenoble »
Année 1915
Les militaires écrivent à leurs amis
Carte envoyée de Grenoble le 17 avril 1915 à Félix Gruz par son ami Eugène Perrin, sapeur au 4e Rgt du génie, classe 1916.
1915 09 01 Caserne de Grenoble. Carte postale adressée le 1er septembre 1915 à Mlle Marie Bottollier, Au Cray, Passy, par son ami Eugène Perrin (Orthographe conservée, sauf ponctuation). Voir la transcription du texte dans Vatusium n° 18, page 8.
Un apprenti sapeur conducteur, Eugène Perrin, parle de son service en caserne…

Carte postale de Grenoble Caserne du Génie monté et le Rachais (1070m), avec la mention « Voilà notre prison » (doc. Famille Devillaz)

Texte de la carte postale de Grenoble Caserne du Génie monté et le Rachais (1070m), (doc. Famille Devillaz)
Cartes de l’artilleur Félix Gruz
Carte humoristique, série « La vie militaire » : Exercices pratiques d’embarquement
Série « Nos vaillants artilleurs à l’œuvre » : Nos artilleurs s’en vont à la victoire.
La photo ci-dessous montre bien l’importance des chevaux pour l’artillerie : pas moins de 6 pour tirer un seul canon de 75…

« Nos artilleurs s’en vont à la victoire ». Carte envoyée par Félix Gruz à Marie Bottollier le 25 janvier 1917. (doc. Famille Devillaz)
Le canon de 75 ou… le « Rince-Boches »

Le « Rince-Boches ». Carte envoyée par Félix Gruz à Marie Bottollier le 11 février 1917 (doc. Famille Devillaz)
Un thème fréquent : l’Alsace
« D’être française un jour je garde l’espérance
Grâce à ces beaux oiseaux qui nous viennent de France ! »

Carte envoyée à Passy le 12 avril 1915 : l’Alsace. L’uniforme date du début de la guerre (doc. Famille Devillaz)
Cartes religieuses
« Notre Sainte Vierge Marie
gardez les jours de mon chéri »
Année 1916
L’uniforme a évolué, même sur les cartes postales… Le casque a remplacé le képi, la tenue bleu horizon a remplacé le pantalon rouge garance.

Carte de « Bonne année » 29 décembre 1916 envoyée par son copain Roussi au soldat Félix Gruz 105e Rgt d’artillerie lourde 62e batterie 23e pièce Joigny, Yonne (doc. Famille Devillaz)

Texte de la carte de « Bonne année » 29 décembre 1916 envoyée par son copain Roussi au soldat Félix Gruz (doc. Famille Devillaz)
Cartes humoristiques

« En permission. Le départ », carte envoyée le 6 juillet 1917 par Félix Gruz à Marie Bottollier (doc. Famille Devillaz)
Les vaccins et la fièvre…

« En permission. Le départ », Texte de la carte envoyée le 6 juillet 1917 par Félix Gruz à Marie Bottollier (doc. Famille Devillaz)

« En permission. Le retour », carte envoyée le 26 juillet 1917 par Félix Gruz à Marie Bottollier (doc. Famille Devillaz)
Voir nos autres pages sur
– Passy pendant la grande Guerre
en particulier notre page consacrée au monument aux morts de Passy.
– Passy du XXe siècle à nos jours.
Découvrez aussi, sur notre site, la richesse et la variété du patrimoine de Passy :
– Les ex-voto du temple romain de Passy
– Le château médiéval de Charousse à Passy
– Le retable de la Chapelle de Joux, à Passy
– L’étonnant « Cahier » d’Eugène Delale, école de Passy, 1882
– La méthode Freinet à l’école de Passy, 1932-1952
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– L’Arve des Gures aux Egratz, à Passy
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– L’inalpage dans les « montagnes » de Passy, « l’emmontagnée », et la « remuée » pendant l’été
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