Extrait de l’article paru dans Vatusium n° 2, pages 50 et 51.
La II e guerre mondiale est à un point médian quand, en 1942, Hitler exige des Français qu’ils participent à l’effort de guerre des forces de l’axe. Une loi est appliquée fin février 1943 pour satisfaire cette exigence, instituant le S.T.O. : le Service du Travail Obligatoire généralement en Allemagne. Les hommes âgés de vingt à vingt-deux ans, pour échapper à cette obligation, se réfugient naturellement dans les alpages, lieux écartés, libres en cette période de l’année. Ces jeunes seront désormais les maquisards. Il en vient de toute la France vers nos montagnes. (…)
Les deux mouvements principaux de Résistance sont l’Armée Secrète (A.S.) et les Francs Tireurs et Partisans Français (F.T.P.). (…)
L’A.S. ordonne le rassemblement des maquis de son obédience. Il est décidé d’un regroupement à Montfort, dans le chalet d’Adolphe Gabioux au lieu dit «la Torchette» situé en amont de Montfort, déjà occupé par d’autres maquisards. Le but lointain est de former l’armée de libération dont le noyau serait aux Glières. André Gauthier alias Lieutenant Mathieu, prisonnier de guerre évadé, officier de l’Armée de l’Air est désigné comme chef du camp. (…)
Le 9 août, le capitaine Giulio Troubetzkoy, descendant de princes russes, commandant de la 96e compagnie du 20 e Régiment Alpini Sciatori a reçu l’ordre d’encercler et d’attaquer le maquis de Monfort des le lendemain 10 août. (…)
Des sommations sont faites en français : «Rendez-vous ! » Quelques intrépides tentent de faire le coup de feu. Jean Collet s’est mis en position dans la cuisine et semble être le premier à tirer. Il est immédiatement fauché par une rafale d’arme automatique. Une vilaine blessure au ventre lui fait perdre son sang qui se mêle à celui de son lieutenant, Gauthier, lui-même blessé. Aucune sortie n’est possible, des volées de balles crépitent, deux grenades explosent contre le bardage et la porte de la cuisine. A la grange, Roger Lorato s’est saisi de sa mitraillette Sten qu’il a toujours à portée de sa main et tire en direction de la porte. II est fauché par une rafale de fusil-mitrailleur, et Robert Kaderabek son voisin de paillasse est grièvement atteint à la tête d’une balle et d’un éclat de grenade. Edmond Touzé, l’abdomen transpercé, est sans connaissance. Quant à Roger Wütrich, il est abattu près de la cheminée qu’il essayait d’escalader. Jacques Vidalin est sérieusement touché au thorax et à la jambe, tandis qu’Emile Perrollaz est blessé dans le haut du bras et l’épaule. Une dernière volée de projectiles contre la grange et c’est l’arrêt du feu.
Nouvelles sommations en français: «Rendez-vous ! Sortez sans armes, les mains sur la tête !… Sinon le feu sera mis à la grange au lance-flammes». (…)
Pour en savoir plus, voir dans Vatusium n° 2, pages 50 et 51.
Voir aussi Vatusium n° 8, p. 28 et notre page sur la stèle de la Torchette et les commémorations.
Pour une relation détaillée des événements du 10 août 1943 et de ses suites, se reporter au livre de Pierre Dupraz, La liberté perdue et retrouvée du pays du Mt-Blanc, 2005, pages 97 à 108.
Autres pages sur Passy du XXe siècle à nos jours.
Autres pages sur la seconde guerre mondiale :
– La stèle de la Torchette et les commémorations
– Mai 2014 : 500 écoliers au maquis de Montfort, à Passy
– La libération de Passy
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