Lire notre revue Vatusium n° 17, La traversée de Passy, p. 49 : « De Servoz au pont Pélissier ».
Sur le chemin qui mène de Servoz aux Houches et à la vallée de Chamonix, les voyageurs des XVIIIe et XIXe siècles notent fréquemment le franchissement de l’Arve au « Pont Pélissier ».
Le jeune Louis Alexandre de La Rochefoucauld duc d’Anville (1743-1792), effectue à 19 ans son « voyage aux Glacières de Savoye » :
« Nous partîmes de Servoz à 3 heures. Après avoir fait une bonne demi-lieue, nous arrivâmes au pont Pelissier ; c’est un pont de bois sur lequel nous traversons l’Arve. Tout à côté est une montagne où il y a une mine qui a été exploitée autrefois, et qui est maintenant abandonnée ; nous ne pûmes la voir qu’en revenant, mais je vais toujours vous en parler à présent. On ne peut pas y descendre parce que l’eau l’a remplie ; mais dessus et autour nous trouvâmes des minerais de cuivre, de plomb, de soufre et peut-être d’argent dans le plomb. Sur quelques-uns de ces minerais il y a un peu de cristal qui commence à croître. Je rapporte tout ce que j’ai pu trouver de plus riche et de plus beau. » (La Rochefoucauld, Relation inédite du voyage aux Glacières de Savoye en 1762)
« Un beau site encore, c’est du pont Pélissier qui traverse l’Arve aux confins de la plaine de Serves. De ce lieu, on voit la rivière se faire jour entre deux montagnes, couvertes de noirs sapins. » (Bourrit, Nouvelle description des glacières et glaciers de Savoye, 1785)
Quand le pont Pélissier est emporté par les crues de l’Arve, il faut démonter les chars-à-bancs (lire Vatusium n° 17, p. 54-55, article « De merveilleux voyageurs dans leurs drôles de machines ») :
« Après Serves, (…) l’on a l’Arve à traverser au pied d’un détroit de l’aspect le plus sauvage. Un pont qu’on croyait solide a été entraîné il y a trois ans, et un autre pont d’attente a été construit à sa place : c’est au passage de celui-ci qu’on voit une scène d’Alpes qui laisse des souvenirs. Il faut décharger les chars, les démonter, les porter sur les épaules de l’autre côté de la rivière, et la passer sur des poutres mal unies et pliantes sous le poids des porteurs (…) » (Bourrit, Itinéraire de Genève, des glaciers de Chamouni, du Valais et du canton de Vaud, 1818)
Après ce pont commencent les redoutables « Montées Pélissier »…, « l’Enfer » avant d’accéder enfin au « Paradis » de la vallée de Chamonix !
Voir aussi
– Les Montées Pélissier
– La traversée des Houches au XVIIIe siècle et le Chemin des Diligences
– Vatusium n° 17, la traversée de Passy
– La rivière Arve et Passy :
a. Présentation générale de l’Arve
b. L’Arve en amont de Servoz : Chamonix, barrage EDF des Houches et conduite forcée vers Passy
Autres pages sur les voies et moyens de communication de Passy.