Référence bibliographique : J.P. Gide et J. Banaudo, Les trains du Mont-Blanc, tome 1, le chemin de fer de Saint Gervais-le Fayet à Chamonix, p. 82.
Le rappel historique de cette page complète notre revue Vatusium n° 15, p. 52.
La Centrale des Chavants était située aux Houches, mais faisait partie d’un ensemble en rapport avec Passy, racheté en 1945 lors de la nationalisation de la production et de la distribution d’électricité.
Installée près du pont Pélissier aux Houches, l’usine P.L.M. des Chavants était ainsi nommée car elle était alimentée par une retenue d’eau située aux Chavants, sous le viaduc Sainte-Marie des Houches. Certaines parties des bâtiments sont encore visibles.
Cette centrale a été créée en 1895 en vue d’alimenter la voie électrique du P.L.M. (Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée créée en 1857 et nationalisée en 1938 lors de la création de la SNCF) et fonctionnera jusqu’en 1952. A cette date, la SNCF qui a hérité des installations P.L.M. préférera raccorder la voie ferrée au réseau EDF.
« Construite par la compagnie P.L.M., l’usine des Chavants alimentait directement en courant continu la seconde section de la ligne du Fayet à Chamonix, puis en alternatif les deux sous-stations des Iles et du Morzay qui fournissaient du courant continu à la dernière section, de Chamonix à la frontière suisse. »
« Comme celle de Servoz, cette centrale hydroélectrique était entraînée par une dérivation de l’Arve, dans le défilé entre la plaine de Chamonix et Servoz (…).(J.P. Gide, op. cit. p. 82)
Le barrage des Chavants et la conduite forcée
« Les ouvrages de prise d’eau étaient immédiatement en amont du viaduc de Ste-Marie, à l’entrée de la gorge. Le barrage, encastré entre la berge droite de l’Arve et le mur de prise d’eau, était réduit au minimum : sa hauteur ne dépassait pas 3 m et sa largeur 9 m. » (J.P. Gide et J. Banaudo, op. cit. p. 82)
L’arc aval du couronnement était « situé à la cote d’altitude de 920 m (…). La prise d’eau s’effectuait dans la rive gauche de l’Arve par un chenal de 2,50 m de large, séparé du barrage par un mur de garde qui se prolongeait jusqu’à 16 m en amont de la crête du barrage. (…) » (J.P. Gide et J. Banaudo, op. cit., p. 82)
« Dans l’installation primitive, l’eau passait sous une voûte, mais on a reconnu des inconvénients à ce procédé, aussi la prise d’eau fut-elle établie par la suite dans une échancrure de 10 m de longueur dont le bord inférieur était arasé au niveau de la retenue.
La partie supérieure de cette échancrure était fermée par un vannage fixe de fer et de bois. (…). Par cette disposition, la prise d’eau se faisait par un orifice de section constante, égale à 6,4 m.
L’échancrure ayant son bord inférieur à 2 m au dessus du fond du canal, on ne dérivait que la tranche superficielle de l’eau ; les sables et graviers pouvaient ainsi se déposer sans risquer de pénétrer dans la chambre d’eau. Au moment des hautes eaux, on laissait ouverte la vanne de chasse, de manière à entraîner les dépôts accumulés le long de la prise d’eau.
L’interception des matériaux solides était très importante pour le bon fonctionnement des centrales (…) » (J.P. Gide et J. Banaudo, op. cit., p. 82)
« La chute utile, haute de 94 m, pouvait lui fournir en été un débit maximum de 11,50 m3/seconde correspondant à 10.810 ch. Ce débit s’abaissait en hiver à seulement 4 m3/seconde. » (J.P. Gide et J. Banaudo, op. cit. p. 82)
La centrale des CHAVANTS
Elle était installée en contrebas du pont Pélissier, aux Houches.
On fit en 1905 un agrandissement du bâtiment pour « produire du courant alternatif nécessaire à l’alimentation de la section en amont de Chamonix. »
En 1920, un deuxième bâtiment est construit pour l’EDF ; il sera fermé en 1962, car il y avait trop de travaux à faire.
Un canal de fuite rejetait les eaux directement dans l’Arve.
L’abandon de la centrale au profit d’E.D.F.
« Dès 1943, la SNCF mit à l’étude la modernisation de l’alimentation de la ligne Le Fayet- Vallorcine. La guerre ne permit pas de faire évoluer ce projet mais, au lendemain du conflit, la nationalisation de l’énergie électrique allait ouvrir de nouvelles perspectives. L’administration ferroviaire était désireuse de se débarrasser de ses installations de production particulières, qui mobilisaient un personnel nombreux pour entretenir et faire fonctionner barrages, conduites forcées, centrales, feeders et sous-stations.
Une solution fut trouvée, dans le cadre de la construction de la grande centrale hydro-électrique de Passy par Electricité de France : le captage à établir dans l’Arve, près de la gare des Houches, devant priver d’eau les deux usines de Servoz et des Chavants, celles-ci seraient désaffectées et le chemin de fer raccordé au réseau E.D.F. Le projet fut approuvé par décision ministérielle du 14 septembre 1949, et la nouvelle alimentation connectée en 1952. E.D.F. racheta le bâtiment de l’usine de Servoz, celle des Chavants étant abandonnée. » (J.P. Gide et J. Banaudo, op. cit., p. 89)
Lorsque la SNCF décidera d’utiliser le réseau EDF pour alimenter la voie ferrée Le Fayet-Vallorcine, elle abandonnera les bâtiments des Chavants. Néanmoins le bâtiment situé à l’est a gardé son soubassement ; il a été racheté par un menuisier qui a construit au-dessus un atelier.
Voir la photo du site sur toponymage (René Siffointe) :
– Paysage des Houches : autour de Coupeau, vue aérienne du viaduc Ste-Marie (2010)
– Sous Les Crêts (2010) : vue aérienne du barrage des Houches
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Autre production d’électricité à Passy : la valorisation énergétique à l’usine d’incinération du SITOM .
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– L’hydrologie de Passy.
Pour en savoir plus, voir aussi
sur le site Sabaudia :
– la présentation du barrage d’Emosson
– la carte des sites de production d’électricité en Haute-Savoie
sur le site energie edf :
– Les grands principes de fonctionnement des centrales électriques (photos et montage vidéo)
– La centrale du Fayet (au bord de la plaine de Passy)