Lire notre revue Vatusium n° 17, p. 25.
En 1939, Claire-Eliane Engel racontait ainsi l’histoire des différents noms donnés au Mont-Blanc :
« De tous temps, les voyageurs ont vu le Mont-Blanc, parfois de très loin. Des témoignages traversent les âges. Un pèlerin, en 1532, l’aperçoit depuis Dijon ; un disciple secondaire de la Pléiade, J. Peletier, voit les « Alpes chenues » depuis le Môle en 1752 ; en 1618, Marc Lescarbot les contemple et les nomme les « Alpes cornues ». Sans doute sont-elles « la haute roche » du Psaume LXI traduit par Théodore de Bèze, car il n’y a rien de semblable dans l’original biblique.
La chaîne, située dans le voisinage de Genève, ne pouvait passer inaperçue, mais on ne la désignait que de vocables généraux et vagues : l’état d’esprit qui consiste à attribuer un nom à chacun des petits rochers qui hérissent une crête est moderne. Les êtres primitifs ne connaissent pas toutes ces précisions. Dans les anciens âges, les montagnes, pour des raisons mystiques et pratiques, ont été envisagées avec défiance. Elles sont essentiellement païennes et diaboliques. (…)
Les montagnes sont un témoignage de la colère de Dieu. On ne les traverse que forcé et contraint. On ne les gravit pas. On les exorcise parfois. Mais, comme elles sont aussi les hauts lieux, consacrés au culte, qu’il y a des lieux de pèlerinage sur des cimes des Alpes, les deux sentiments se limitent l’un l’autre.
Le Mont-Blanc et sa chaîne, vus de loin, sont vaguement désignés sous les noms successifs de Mont Bernard, Grand St-Bernard, les Glacières.
Au début du XVIIe siècle, l’usage d’un nouveau nom se généralise : la Mont Maudite (sic). Pendant près de deux cents ans, « Glacières » et « Mont Maudite » synonymes ou rivaux, vont se détrôner l’un l’autre sur les cartes, traverser alternativement le cours de l’Arve et embrouiller les données. Il faudra longtemps pour que sur les levés ils prennent les places qui leur reviennent de droit. » (Claire-Eliane Engel, Le Mont-Blanc. Route classique et voies nouvelles, 1939, p. 12)
« Août 1742 : Pierre Martel, jeune opticien genevois, va à son tour à Chamonix, et il écrit : « Les deux autres pointes qui sont du côté de l’Occident, sont l’Eguille du Mont Mallet, le plus près de l’Eguille du Dru, et le Mont-Blanc qui est le plus à l’Occident. C’est cette pointe du Mont-Blanc qui passe pour la plus haute des glacières et peut-être des Alpes. Plusieurs personnes du pays qui ont voyagé m’ont assuré l’avoir vue depuis Langres et d’autres depuis Dijon ». C’est un texte définitif ; le Mont-Blanc est né. » (C.E. Engel, p. 14)
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