Extrait de notre revue Vatusium n° 15, p. 13 et 43 :
Les informations et citations de cet article sont tirées du livre de Paul Mougin, Les Torrents de la Savoie – Savoie et Haute-Savoie. Inondations et catastrophes, (1914, rééd. La Fontaine de Siloé, 2001, 1252 p., disponible à la Bibliothèque de Passy)(…)
On a du mal aujourd’hui à imaginer le paysage qui s’étendait des Egratz à l’entrée de Sallanches. Au lieu d’une plaine verdoyante et partiellement bâtie, les visiteurs des siècles passés décrivent un « lac » qui se transformait même parfois en une « mer » lors des fortes crues… Depuis, bien de l’eau a coulé sous le Vieux pont de Saint-Martin, l’Arve a été domptée et s’est enfoncée dans ses alluvions. Mais ce fut un rude combat ! (…)
1852 et 1853, deux années terribles…, qui compliquent la situation
Les crues de 1852.
Cette année n’a été pour le FAUCIGNY qu’une succession de désastres.
« Du 3 au 20 août 1852, énorme, furieuse, grossie par des pluies par la fusion intense des glaciers du MONT-BLANC sous l’influence de vents brûlants, l’ARVE déborde 5 fois ! Neuves ou vieilles, les digues sont submergées ou renversées. (…) Les habitants (…) de BONNEVILLE doivent fuir leurs maisons : 200 personnes se trouvent ainsi chassées de leurs demeures. (29). Ce ne fut que le 27 août que les eaux rentrèrent dans leur lit : la crue du 20 Août avait atteint 2 m. 35 au-dessus de l’étiage ; les précédentes n’avaient pas dépassé 2 m. 05.
Le 17 septembre 1852, « sous l’influence d’un nouveau régime de vent du Midi dans la nuit du 15 au 16 Septembre, les neiges du MONT-BLANC recommencèrent à fondre avec rapidité. Une pluie chaude et continuelle dura pendant toute la journée du 16. A la tombée de la nuit, l’ARVE se mit à grossir (…) » « Il n’y a pas, écrit l’intendant de BONNEVILLE, un seul point de la province qui ait été sauvé. La route de CHAMONIX a été emportée sur plusieurs points ;(…) le pont sur l’ARVE, sur la route de SAINT-GERVAIS à CHEDDE emporté ; des maisons minées à PASSY, d’autres à SERVOZ ». (…) « A SERVOZ, le pont PELLISSIER affouillé, fut à demi ruiné. »
Voir pages 40 à 43 notre article « Un trait de courage en 1852 : Alexandre CROTTET sauve neuf personnes de la noyade pendant une crue de l’Arve »
Le 6 octobre 1852, « la réapparition du vent du Sud pendant la journée du 5 Octobre, la chute à partir de 9 heures du soir d’averses tièdes et violentes eurent les mêmes effets qu’en septembre. » A 4 h. du matin, le 6, l’ARVE débordait déjà : « à 6 heures, tout le faubourg des places à BONNEVILLE, les routes de SALLANCHES, d’ANNECY et de GENÈVE étaient couvertes par les eaux… Du côté de MAGLAND la route était submergée sur plusieurs points ». (29 = 45).
(29 = 45) Courrier des Alpes, 1852, 14 août, 21 septembre, 16 octobre. Arch. Dép. H.-S. de l’I. de Fy, 1852. (Int. Gén. Nos 865, 969, 1009, 1011. Min. Travaux publics, T P Nos 51, 56, 57, 59, 61, 67, 73. Ac. salésienne. Tome XII. Abbé LAVOREL, Cluses, page 234. Indép. du Faucignv, 1852, N° 1.
« Pour réparer tant de ruines, un subside de 6.000 livres fut accordé aux inondés par le Conseil divisionnaire ; le Gouvernement, de son côté, avait alloué 10.000 livres pour la reconstruction des travaux d’art détruits. Comme ces ressources étaient insuffisantes, on fit exécuter le reste des réparations de digues par les propriétaires riverains, qui, aux termes de la loi, en étaient chargés.
Sur le budget de la division d’ANNECY de l’exercice 1853 figure encore un crédit de 9.200 livres pour la remise en état de la route de BONNEVILLE à CHAMONIX (30). » (…)
(30) Arch. dép. HAUTE-SAVOIE Corr. de I’INTENDANT de Faucigny. Communes 1853, Nos 36, 38, 55. Corr. de l’Int. Gén. d’Annecy. Ministres, 1853, N° 187.
Pour en savoir plus, voir dans Vatusium n° 15, pages 13 à 38, le texte complet.