Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 1ère partie : 1914 et 1915 et Vatusium n° 19, 2016 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 2e partie : 1916 à 1919.
Cette page BONUS complète notre article « Les Passerands dans les offensives conjuguées d’Artois et de Champagne en 1915 » publié dans Vatusium n ° 18, pages 42-43.
Introduction : voir notre page sur les Passerands dans les Régiments de TIRAILLEURS en 14-18 (en construction)
Le Passerand Louis Alfred CORNILLLON, classe 1913, est incorporé au 97e Rgt d’Infanterie Alpine le 8 sept. 1914 et combat avec ce régiment jusqu’en décembre 1914 : TROUEE DE CHARME : Mesnil-sur-Belvitte, La Chipotte, La Fontenelle, Ban-de-Sapt. Voir notre page « Passerands du 230e RI, de Rozelieures, 1ère victoire française le 25 août 1914, à Lunéville »
C’est ensuite l’ARTOIS en oct.-déc. 1914 : Guémappe, Wancourt, secteur d’Arras, Roclincourt.
Le 26 décembre 1914, il reste dans le même secteur mais passe chez les « Tirailleurs » ; c’est là qu’il est tué le 16 janvier 1915 à Roclincourt, dans le Pas-de-Calais.
Voir notre page « Passy : Liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »
Fiche décès de Louis Cornillon
Il n’est pas facile de retracer le parcours d’un Tirailleur !
« Partir des régiments organiques ne permet pas de tracer un parcours cohérent tellement les bataillons ont été répartis entre les régiments de marche. Voir Wikipedia, art. « Régiment de marche » https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9giment_de_marche (…)
Au début de la guerre, en effet, 8 régiments de marche de tirailleurs sont formés avec 22 bataillons, trois régiments à 2 bataillons, quatre régiments à 3 bataillons et un régiment à 4 bataillons. » (Eric de Fleurian), sur les sites chtimiste.com, page « Etude sur le parcours de guerre des régiments de marche des tirailleurs et régiments mixtes » et site combattant.14-18.pagesperso-orange.fr, page Tirailleurs-Zouaves
Le JMO du 1e Rgt de Tirailleurs, par exemple, contient les journaux des unités précédentes : 2e régiment de tirailleurs (août 1914), puis 6e régiment (décembre 1914), puis 1er régiment de marche de tirailleurs, le 1er avril 1915.
Voir notre page « JMO du 1e Rgt de Tirailleurs » 26 N 844/2 J.M.O. du 29 août 1914 au 6 mai 1915.
La fiche matricule de Louis Alfred Cornillon indique qu’il est « passé le 26 décembre 1914 du 97e RIA au 8e Rgt de Tirailleurs ». Mais sur la fiche décès, la mention « 8e Tirailleurs » est barrée et remplacée par « 6e Rgt de Marche du 8e Tirailleurs ».
On sait qu’il a été « tué le 16 janvier 1915 à Roclincourt », c’est-à-dire dans le Pas-de-Calais, et donc lors de la première Bataille d’Artois.
Or, le seul régiment de Tirailleurs à avoir combattu à Roclincourt est le… 1er Rgt de tirailleurs algérien (2e bataillon)… Et effectivement, à la fois l’Historique de ce 1er RTA et son JMO confirment cette donnée. C’est donc du côté du 1er RTA que nous avons retrouvé la trace de Louis Cornillon.
1er Régiment de Marche de Tirailleurs (RTA)
Rattaché début septembre à la 6ème Armée, il participe à la bataille de l’Ourcq (Chambry et Etrépilly), puis à la poursuite vers l’Aisne et aux combats de Crouy (14 au 20 septembre 1914).
De début octobre à début décembre 1914, il combat au Nord d’Arras (Farbus, puis Mareuil, puis Ecurie) et de nouveau en janvier 1915 dans le secteur de Roclincourt.
(site chtimiste.com, page « Etude sur le parcours de guerre des régiments de marche des tirailleurs et régiments mixtes »
Le 1er RTA est rattaché à la 45e Division et à la 10e Armée du général Maud’huy.
Un « détachement d’armée Maud’huy » avait été constitué le 1er octobre 1914 au cours de la bataille d’Arras ; le 5 octobre, ce détachement d’armée a été transformé en 10e armée.
Historique du 1er Régiment de Marche de Tirailleurs
« Le 2e bataillon s’embarque le 25 août 1914 pour la France et doit former le 2e régiment de marche de tirailleurs algériens avec deux bataillons (l’un du 8e, l’autre du 2e Tirailleurs). (…)
Pendant les premiers mois de la campagne, les 1er et 2e bataillons du 1er régiment de tirailleurs algériens entrèrent dans la composition de différents régiments de marche de tirailleurs, et le 1er régiment de marche de tirailleurs algériens ne fut définitivement formé qu’à la date du 1er avril 1915. (…) »
Le 2e Bataillon du 1er août 1914 au 1er avril 1915
Décembre 1914. Le 6 décembre, le régiment est retiré du front et mis au repos ; il se réorganise jusqu’au 7 janvier.
Le 23 décembre [1914], le 2e régiment de marche de tirailleurs reçoit la dénomination officielle de « 6e régiment de marche de tirailleurs ».
Janvier 1915. — Le régiment vient le 7 janvier occuper le secteur de Roclincourt.
Les 15 et 16 [janvier 1915], après plusieurs combats acharnés, les positions allemandes de « La Barricade » et de la « Butte de Lille » sont enlevées. Le secteur est bouleversé par les obus et mines de l’ennemi, les tranchées et boyaux sont complètement envahis par la boue ; aussi l’occupation est-elle des plus pénibles et les pertes sensibles.
Relevé le 22 janvier, le régiment se porte à Duisans où il reçoit quelques renforts.
En 1915, les opérations se poursuivront en Artois de janvier à avril : Carency, bois de Berthonval, Souchez, Le Cabaret Rouge. (Voir notre page « Le Passerand Joseph Besson du 109e RI tué à N.D. de Lorette le 1e avril 1915 »)
Carte du front en Artois en janvier 1915 : Roclincourt, Aubigny, Maroeuil, juste au nord d’Arras
CONTEXTE STRATEGIQUE de la Première Bataille d’Artois (17 – 19 décembre 1914)
Source : site archivespasdecalais.fr, page la première bataille d’Artois
Le front de combat de La Bassée à Arras à fin décembre 1914
Volonté de faire évoluer le front
« Après une guerre de mouvement marquée par de grands carnages, s’installe une guerre de position et d’usure. Épuisés par trois mois de combats, ayant subi de lourdes pertes et manquant d’armements lourds comme de munitions, les belligérants se font face sur une ligne à présent stabilisée, de Nieuport (Belgique) à la frontière suisse. La fin de 1914 voit la consolidation du front, au travers d’actions localisées (…)
« En ce premier hiver de guerre, les soldats s’enlisent dans les tranchées fraîchement creusées. Les généraux Joffre et Foch décident alors de tenter une offensive pour s’emparer de Lorette et Vimy [au nord d’Arras] et si possible, de repousser l’ennemi au-delà de la frontière. Leur plan ne va pas se dérouler comme prévu… (…)
Ils souhaitent débuter l’opération dès le 15 décembre. Le plan prévoit deux offensives principales et quatre secondaires. L’une d’elles, du 17 décembre 1914 au 17 janvier 1915, s’appuie sur le rôle de la Xe armée en Artois.
Par ses instructions des 12 et 13 décembre, le général Maud’huy, qui la commande, a fixé un objectif précis : la rupture du front ennemi au point 140, au lieu-dit “La Folie”.
Les attaques doivent être menées en direction du bois de Berthonval par le 33e corps d’armée renforcé de la 45e division, par le 21e corps d’armée sur l’axe Aix-Noulette – Souchez, enfin par le 10e corps d’armée au nord-est d’Arras. (…)
Recul et stagnation
Le 18, un tir trop court de l’artillerie lourde et des batteries de 75, coïncidant avec une réaction allemande, amène l’abandon d’une partie des tranchées péniblement conquises, la veille, par les 17e et 21e bataillons de chasseurs ; c’est seulement dans la soirée qu’elles peuvent être reprises par le 109e régiment d’infanterie.
(…) Le 10e corps, quant à lui, a organisé le terrain conquis à Saint-Laurent et résisté à toutes les contre-attaques ennemies.
Report de l’attaque
L’attaque devait se poursuivre le 19 en direction de Carency ; mais, à la suite d’une entrevue entre les généraux Foch et Pétain (commandant du 33e corps), il est décidé d’attendre une préparation plus complète. L’attaque est ainsi reportée au 21 décembre.
En trois jours, la Xe armée a perdu 103 officiers et 1 836 soldats tués, ainsi que 749 disparus, et dans aucun secteur la deuxième ligne allemande n’a pu être atteinte.
L’état du terrain a empêché toute progression : les tranchées sont à peu près constamment inondées et il est presque impossible aux fantassins d’en sortir, malgré les gradins de franchissement. Au-delà du parapet, les hommes s’enfoncent jusqu’aux genoux dans un vrai bourbier, les canons de 37 s’enlisent, les culasses des fusils, envahies par la boue, ne fonctionnent plus. Les pertes ont été rapidement très lourdes, et il a fallu renoncer à continuer l’offensive. Les troupes, épuisées, ont été terriblement éprouvées par les rigueurs de l’hiver, les aléas du ravitaillement, l’absence d’abris contre la pluie et les bombardements.
Après d’âpres combats dans les tout derniers jours de décembre, et la météorologie étant toujours aussi défavorable en janvier 1915, le général Foch décide l’arrêt de l’offensive, faute de pouvoir accorder un corps d’armée supplémentaire à la Xe armée.
La boue, le brouillard, mais aussi la ténacité et la bravoure des défenseurs bavarois, ont eu raison de cette offensive d’hiver qui se solde par plus de 7 700 tués parmi les Alliés et un nombre équivalent chez les Allemands. Le bilan n’est pourtant pas totalement négatif pour les Français, car le château de Vermelles et quelques puits de mine ont pu être repris par la 58e division d’infanterie.
Saint-Laurent et Roclincourt juste au nord-est d’Arras ; la Targette, en haut à gauche ; Neuville-St-Vaast, en haut
La Première Bataille d’Artois dans le JMO du 1e Rgt de tirailleurs
26 N 844/2 J.M.O. du 29 août 1914 au 6 mai 1915, page 23 sq. (Voir texte intégral sur notre page…)
Secteur de Carency, à gauche ; Neuville-St-Vaast, en bas
17 décembre 1914 « Le 6e Tirailleurs de Marche est mis à la disposition de la 88e Brigade. La 10e Armée doit prendre l’offensive et prononcer une attaque sur CARENCY cote La Targette. Les bataillons A et B arrivent à Maroeuil à 13 heures où ils sont placés en réserve de Brigade. Le bataillon C reste à Haute Avesnes.
16h 30 L’opération est ajournée et remise au 18.
Le bataillon A rentre à Aubigny, [Aubigny-en-Artois, au N.O. de Haute-Avesnes], le bataillon B à Haute Avesnes. (…)
Pertes du 17 au 19 décembre 1914 : Troupe, 9 blessés.
Du 20 décembre 1914 au 1er janvier 1915 Bataillons B et C à Haute Avesnes [au N.O. d‘Arras]. Bataillon A à Aubigny. Le régiment est en réserve d’Armée. »
Les dernières journées du Passerand Louis Alfred Cornillon
[Louis Alfred Cornillon arrive chez les Tirailleurs le 26 décembre 1914]
2 janvier 1915 Le 6e Tirailleurs est remis à la disposition de la 45e Division et concourt à la garde des tranchées.
Le bataillon A cantonné à Aubigny va cantonner à Maroeuil et est mis à la disposition du Lieutenant-colonel Commandant le sous-secteur A (2 compagnies en première ligne, 2 compagnies au cantonnement). (…)
4 janvier (…) La 7e compagnie prend part à une attaque sur les tranchées allemandes à l’Est de la route de Lille.
Pertes du 4 janvier 1915 : Troupe, 2 tués, 26 blessés.
Duisans, Maroeuil, Aubigny-en-Artois et Haute Avesnes, au N.O. d‘Arras ;
Roclincourt, Farbus, Vimy, au nord d’Arras
[Pertes du 6 au 11 janvier 1915 : officiers, 1 blessé ; troupe, 3 tués, 16 blessés, 4 disparus.]
12 janvier 1915 (…) Le bataillon B est dans le sous-secteur B : 7e compagnie en première ligne. La 8e compagnie au pigeonnier, 5e et 6e, Usine de Roclincourt. Le bataillon C quitte le sous-secteur C (Roclincourt) à 17 heures et cantonne à Haute Avesnes.
Pertes du 12 janvier : troupe, 2 blessés.
13 janvier Même situation pour l’E.M., le bataillon C, 4e et 12e compagnies aux tranchées dans le sous-secteur A. Les 2e et 3e compagnies à Duisans. Bataillon B dans le sous-secteur B ; 5e compagnie en première ligne. La 6e compagnie au Pigeonnier, 7e et 8e à l’Usine.
Pertes du 13 janvier : troupe, 2 tués, 1 blessé.
14 janvier Même situation pour le bataillon A et la 12e compagnie, le bataillon C et l’E.M. Bataillon B dans le sous-secteur B (5e, 6e, 7e, 8e en première ligne) prend part à l’attaque de la Place d’Armes allemande de la route de Lille. La 7e compagnie se distingue tout particulièrement. A coups de pétards, elle pourchasse les Allemands devant elle dans les boyaux et fait 80 prisonniers. Un tronçon de tranchée est enlevé.
Pertes du 14 janvier : troupe, 5 tués, 16 blessés.
JMO du 1er RTA, p. 25 : la Route de Lille et la Barricade
15 janvier 1915 Même situation pour le bataillon C et l’E.M. ; 2e et 3e compagnies dans le sous-secteur A ; 4e et 12e compagnies au cantonnement à Duisans. Le bataillon B est dans le sous-secteur B et coopère à l’attaque sur la Barricade allemande de la route de Lille et les tranchées à l’Ouest. La 6e compagnie occupe la tranchée d’où doit partir l’attaque ; la 7e compagnie occupe la tranchée B5. Une de ses sections mène brillamment l’attaque sur la Barricade. Elle se cramponne au talus de la route et lance des pétards sur les tranchées allemandes. Pendant 1 heure ½, elle teint sous le feu des mitrailleuses ennemies jusqu’à épuisement de ses projectiles. Elle rentre alors dans la tranchée A enlevée la veille.
Pertes du 15 janvier : troupe, 6 tués, 17 blessés.
16 janvier 1915 Même situation pour le bataillon A et l’E.M. Le bataillon C quitte Haute Avesnes et arrive à 6h 30 à l’usine de Roclincourt où il est en réserve dans le sous-secteur B. Le bataillon B reste dans ce sous-secteur B (5e, 6e, 7e en première ligne, 8e en réserve au pigeonnier).
Pertes du 16 janvier : troupe, 6 tués [dont le Passerand Louis Alfred CORNILLLON], 21 blessés. »
Sources et sites à consulter pour en savoir plus :
Site Mémoire des hommes, Base de données des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale
Site nordmag.fr, page sites bataille d’Artois
Wikipedia, art. « Régiment de marche »
site chtimiste.com, page « Etude sur le parcours de guerre des régiments de marche des tirailleurs et régiments mixtes »
site combattant.14-18.pagesperso-orange.fr, page Tirailleurs-Zouaves
JMO du 1e Rgt de Tirailleurs 26 N 844/2 J.M.O. du 29 août 1914 au 6 mai 1915
Historique du 1er Régiment de Marche de Tirailleurs Site gallica.bnf.fr
site archivespasdecalais.fr, page La première bataille d’Artois
site pages14-18.mesdiscussions.net, page Prise Labyrinthe Neuville, sujet 1683
site vlecalvez.free.fr, page JMO octobre 1915
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