Lire notre revue Vatusium n° 19, 2016 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 2e partie : 1916 à 1919.
Cette page BONUS complète notre article « Mourir à Monastir. Les Passerands de l’Armée d’Orient de 1916 à 1919 » publié dans Vatusium n ° 19, pages 21 à 24.
Au moins 17 Passerands ont combattu en Orient de 1916 à 1919.
Introduction : Voir nos pages « Les Dardas de Passy en 1915 dans la presqu’île de Gallipoli en 1915 », Passerands de l’armée d’Orient décorés en 14-18 et Les Passerands du 1er R.A.M. en ORIENT, 1916-1917 ; Les Passerands de l’Armée d’Orient en 1918
Le corps expéditionnaire constitue l’Armée d’Orient. Cette armée soutient ensuite les Serbes et va participer à l’effondrement de l’empire austro-hongrois en 1918.
RESUME DES COMBATS DE 1916 à 1918
L’échec de l’opération des Dardanelles et l’entrée en guerre de la Bulgarie aux côtés des Allemands, en octobre 1915, (détails sur Wikipédia, art. Bulgarie dans Première Guerre mondiale) rendaient indispensable un soutien militaire à la Serbie désormais menacée au Nord comme à l’Est. C’est avec cet objectif qu’est débarqué à Salonique un corps expéditionnaire franco-britannique dont le contingent français est confié au général Sarrail.
Malgré l’intervention immédiate de deux divisions françaises contre la Bulgarie, l’armée Serbe est défaite et évacuée sur Corfou, l’Armée Sarrail se repliant à son tour sur Salonique (front de Macédoine). Le général Sarrail va réclamer et obtenir le commandement des forces alliées en Orient mais sa personnalité, sa légitimité et par la même son autorité sont, dès le départ, contestées…
En août 1916 (de manière défensive) et au printemps 1917 (de manière offensive), l’Armée d’Orient est à nouveau confrontée à l’armée bulgare sans évolution majeure sur le terrain. En décembre 1917, le général Sarrail est remplacé par le général Guillaumat avant que le général Franchet d’Espèrey ne prenne en juin 1918 le commandement des forces alliées en Orient (dont 5 divisions françaises et une brigade de cavalerie commandées par le général Henrys, soit 180 000 hommes) pour mener la grande offensive victorieuse de septembre 1918. (site medailles1914-1918.fr)
Carte des Balkans en 1910 : le Monténégro en haut à gauche ; Monastir au milieu, au N.O. de Salonique
LE FRONT D’ORIENT EN 1916
Pour l’année 1915, voir Vatusium n° 18, p. 61 à 64 « les « Dardas » de Passy.
L’expédition de Salonique
Au total près de 400 000 soldats français sont engagés sur ce théâtre. Entre décembre 1916 et mai 1918, les effectifs passent de 56 000 hommes à un maximum d’environ 225 000.
Les troupes sont formées essentiellement d’unités métropolitaines avec également une proportion d’indigènes coloniaux (Maghrébins et Sénégalais) plus importante que sur le front français et qui s’élève à 18 % de l’effectif total. (site cheminots.net)
Arrivée des zouaves le 13 mars 1916 sur l’aérodrome de Salonique
Régiments passerands engagés :
INFANTERIE : 157e RI, 175e RI, 210e RI ; 175e RI ; 58e BCA ; 3e Rgt d’infanterie coloniale en campagne ; 8e RIC, 22e RIC ; 4e Btn de Tirailleurs malgaches
ARTILLERIE : 1er Rgt d’artillerie de montagne ; 5e RAC, 38e RAC, 204e RAC.
AVIATION : 2e et 3e Groupe d’aviation.
(GENIE : la Cie 01 du 1er Génie embarque à Marseille pour Alexandrie le 18 mai 1915 dans le cadre de l’Armée d’Orient. Aux Dardanelles en août 1915 installation d’une ligne téléphonique entre Mondros et Portheventos distant de 8 km pour relier le Parc d’Artillerie.)
LES SOLDATS DE PASSY A SALONIQUE ET EN SERBIE EN 1916 (voir détails dans Vatusium 19, page 21)
Les Passerands du 1er Régiment d’artillerie de montagne : voir Historique du 1er RAM en Orient sur notre page … (cf. Vatusium n° 18, p. 64)
Autres Passerands engagés en Orient en 1916 : aviation et infanterie
VOIR l’Historique du 58e BCAP pendant la guerre 1914-1918. Source : http://gallica.bnf.fr. Transcription intégrale : Maryse SIKSOU – 2014 disponible sur le site ancestramil.fr
LES OPERATIONS DE 1916
8 janvier 1916 Les Autrichiens passent à l’offensive dans le secteur du mont Lovtchen, montagne du sud-ouest du Monténégro.
10 janvier Tentative de cessation des hostilités par le roi du Monténégro, Nicolas Ier.
11 janvier Les Autrichiens ont pris aux Monténégrins Berana, près d’Ipek. Ils ont aussi capturé des positions sur le mont Lovcen, qui domine Cattaro d’un côté et Cettigné, de l’autre. (site grande.guerre.pagesperso-orange.fr)
15 janvier Occupation de Cettigné.
17 janvier Nouvelle tentative de paix avec l’Autriche-Hongrie. Les négociations sont rompues entre le roi du Monténégro et l’Autriche, le cabinet de Vienne ayant formulé des conditions exorbitantes.
20 janvier Le roi du Monténégro quitte Scutari pour Brindisi. Il annonce qu’il reste à Scutari pour organiser la résistance. Il a envoyé sa famille en Italie d’où elle passera en France.
23 janvier Le roi de Grèce, dans une interview donnée à une agence américaine, se plaint vivement de la politique franco-anglaise, et s’attire d’une haute personnalité française une réponse péremptoire. Tout est calme autour de Salonique où l’offensive de nos ennemis ne semble guère imminente. La reine du Montenegro est arrivée à Lyon, où Nicolas ler va venir la rejoindre. C’est le général Vonkotich qui dirigera la résistance autour de Scutari.
25 janvier Arrivée du roi du Monténégro, Nicolas Ier, à Lyon.
L’installation des armées alliées à Salonique
1er janvier-9 janvier 1916 Evacuation de la presqu’île de GALLIPOLI par les troupes françaises.
8- 9 janvier 1916 : Les troupes alliées quittent les Dardanelles sans être parvenues à s’emparer des détroits. Elles se replient vers Salonique, où les réfugiés affluent, pour former l’armée d’Orient avec l’armée serbe. (site mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr)
Evacuation de la baie de Suvla, Dardanelles, presqu’ile de Gallipoli, janvier 1916
L’entreprise des Dardanelles a coûté 145 000 hommes aux Alliés et elle est un échec total. Les rescapés sont débarqués à Salonique, au mépris de la neutralité grecque pour aider les Serbes menacés par les puissances centrales.
Carte du camp retranché de Salonique ; à gauche le Vardar
9 février 1916 Les dernières troupes alliées quittent les Dardanelles. VOIR Vatusium n° 18.
Le camp de Salonique suscite les réserves des Britanniques qui veulent préserver leur présence en Égypte, menacée par les ambitions germano-turques, et en Mésopotamie pour protéger les puits de pétrole perses.
En France, le président du Conseil Aristide Briand est partisan du maintien de ce front secondaire contre l’avis même du général en chef Joffre pour lutter contre l’influence allemande sur la Grèce et aider la Roumanie.
Le repli de l’armée serbe à Corfou (janvier-mai 1916)
Arrivées sur les bords de l’Adriatique fin 1915, les troupes serbes sont transférées de Durazzo à Corfou par les navires alliés.
L’armée serbe lors de son repli vers l’Albanie, en 1915
Le 6 février 1916, le prince Alexandre de Serbie, qui vient de quitter l’Albanie, arrive à Corfou, après qu’il a mis ses troupes en sûreté. (site mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr)
Au printemps 1916, Les restes de l’armée serbe reconstituée à Corfou, débarquent à Salonique, rejoignant les troupes franco-britanniques.
L’escadre française à Corfou
Ne disposant que de troupes affaiblies par des épidémies et n’obtenant le renfort que d’un bataillon d’Indochinois, le général Sarrail se contente de consolider le front autour du camp retranché de l’armée alliée composée de Français, de Britanniques, de Russes, d’Italiens, d’Albanais, de Serbes, de Macédoniens, de Roumains, d’Australiens et Néo-Zélandais. (site mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr)
La santé des soldats en Orient
Les soldats doivent lutter contre la maladie, (près de 95 % des soldats entre 1915 et 1918, soit près de 360 000 victimes et un corps médical peu nombreux et mal équipé) : dysenterie, scorbut, maladies vénériennes, mais le paludisme reste la maladie majeure, présent de manière endémique, 60% des effectifs étaient touchés (dont des soldats de Passy) ; il sera endigué en 1917.
Thessalonique pendant cette période a comporté 17 hôpitaux temporaires
Le front de Salonique
Les hésitations de la monarchie grecque
La Grèce est divisée entre un roi germanophile (le roi Constantin 1er est le beau-frère de l’empereur Guillaume II) et un Premier ministre, Venizélos, rallié aux puissances alliées, qui espère ainsi accroître son pays aux dépens de la Bulgarie et de l’Empire ottoman.
Après deux années d’hésitations, les Alliés obtiennent l’abdication du roi Constantin en faveur de son fils, Alexandre, et Venizelos déclare la guerre aux puissances centrales le 3 juillet 1917, apportant l’année suivante le concours d’une dizaine de divisions d’infanterie.
L’entrée des Bulgares en territoire grec déclenche à Salonique une manifestation de rue organisée par les Venizélistes le 28 mai 1916, puis la proclamation de l’état de siège par Sarrail le 3 juin.
En juin 1916, les Français et les Anglais instaurent le blocus des côtes grecques mettant en péril le ravitaillement de la population. Cette situation oblige la Grèce à faire des concessions. Venizélos crée un gouvernement provisoire à Salonique en octobre 1916. (site mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr)
Sur le front de Florina et de Monastir (septembre 1916-avril 1917)
Voir dans Vatusium 19, page 21 une carte du front d’ORIENT fin 1916 ; Albanie : Koritza, Florina et Monastir à gauche (site albindenis.free.fr)
Les Bulgares occupent les montagnes qui dominent Florina (nord-ouest de la Grèce), les massifs situés à l’ouest vers le lac Prespa, ainsi que le Kaïmatchalan. Ils font leur entrée en territoire grec les 17-18 août 1916. Dans le même temps, ils envahissent la Macédoine orientale dans le cadre d’une offensive généralisée contre le camp retranché. Le 28 août 1916, la Roumanie entre en guerre aux côtés des Alliés.
Les troupes alliées restent d’abord sur la défensive, puis le 10 septembre 1916, Sarrail déclenche une offensive sur Florina, qui sera prise le 17.
En septembre 1916, l’escadrille C. 389 s’implante à Boresnica entre le lac d’Ostrovo et Florina. Leur rôle est surtout l’observation même de nuit
Octobre 1916 : les attaques lancées par les Alliés se heurtent aux lignes bulgares. Seuls les Serbes parviennent à s’engager dans la boucle de la Cerna, puis prennent Monastir (actuelle Bytolia en Macédoine) le 19 novembre 1916. Malgré des renforts, ils ne parviennent pas à percer le front. En raison de leurs pertes, les Alliés cessent l’offensive et s’engagent dans une guerre de position.
Décembre 1916 : l’armée britannique adopte une stratégie offensive, tandis que l’armée albanaise d’Essad Pacha combat contre les comitadjis bulgares. Sarrail crée ainsi un front continu de la Chalcidique à l’est jusqu’à l’Albanie à l’ouest.
Fin de l’hiver 1916-1917 : le moral des armées alliées est bas : climat, pertes humaines dues aux combats et à l’épuisement des hommes. (Site mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr)
La campagne d’Albanie (décembre 1916-mai 1917)
La Roumanie, après les succès du général russe Broussilov en juin 1916 sur le front austro-hongrois à l’est, au nord des Carpates, entre en guerre aux côtés des Alliés le 28 août 1916 et attaque au nord, en direction de la Transylvanie, couvert par les Russes.
Après une offensive victorieuse, la Roumanie est prise en tenailles entre les troupes austro-allemandes du général Falkenhayn au nord et les troupes bulgares et turques du général Mackensen au sud : Bucarest tombe le 6 décembre. Les Empires centraux disposent désormais d’une importante production de céréales ainsi que des champs de pétrole et de gaz, soulageant les effets du blocus.
La défaite roumaine ruine les espérances liées au front d’Orient malgré une bonne résistance de l’armée de Sarrail face aux attaques bulgares et la prise de Monastir en Serbie par des troupes franco-serbes le 19 novembre 1916, première victoire de la stratégie périphérique. L’armée d’Orient est réduite à la défensive et doit se préparer à des actions pour faciliter les opérations sur les autres fronts.
Les troupes italiennes débarquent dans le golfe de Valona, point de départ de la conquête de l’Albanie méridionale. Les Italiens vont jusqu’à Santi Quaranta, puis remontent au nord à Koritza.
La 76ème division d’infanterie, qui vient d’arriver sur le front d’Orient, fait mouvement vers l’Albanie dans le secteur de Koritza*, puis d’Erseck, se joignant aux unités italiennes. Les routes ainsi établies entre Valona et Koritza permettent le ravitaillement de Monastir, via Florina.
* La République de Koritsa, de Korça ou de Kortcha est une région autonome mise en place par la France dans le district de l’actuelle Korçë, dans le sud de l’Albanie, durant la première Guerre mondiale.
Monastir est bombardée quotidiennement. En mars, les 57ème, 76ème et 156ème Divisions d’infanterie attaquent le massif du Péristéri et la cote 1248 afin d’établir une liaison avec les troupes présentes dans la région des lacs de Prespa et d’Okrida. Ces offensives se soldent par un échec : les Alliés ne parviennent pas à dégager Monastir. (site mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr)
Sources et sites à consulter pour en savoir plus :
Wikipédia, art. Bulgarie dans Première Guerre mondiale https://fr.wikipedia.org/wiki/Bulgarie_dans_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale
site Wikipedia, art ; expédition de Salonique https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_de_Salonique
site hobbiesdejp.free.fr : TRES DOCUMENTE et ILLUSTRE http://hobbiesdejp.free.fr/Collections/14_18/balkans/balkans.htm
site cheminots.net RESUME INTERESSANT http://www.cheminots.net/forum/topic/37225-moi-mon-colon-celle-que-je-prefere-cest-celle-de-1418/?page=2
Site centenaire.org.fr http://centenaire.org/fr/espace-scientifique/pays-belligerants/le-front-dorient-1915-1918
site mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/fr/archives_photo/visites_guidees/balkans.html
site grande.guerre.pagesperso-orange.fr http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/janvier16.html
site lesoir.be http://www.lesoir.be/610984/article/14-18/actualites-14-18/2014-07-29/serbie-marque-centenaire-declaration-premiere-guerre-mondiale
site aujourd’hui.over-blog.fr http://aujourdhui.over-blog.fr/page/55
site albindenis.free.fr http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille502.htm
site medailles1914-1918.fr http://www.medailles1914-1918.fr/france-orient.html
Historique du 58e BCAP Source : http://gallica.bnf.fr. disponible sur le site ancestramil.fr http://www.ancestramil.fr/uploads/01_doc/terre/infanterie/1914-1918/58_bcp_historique_1914-1918.pdf
Voir nos autres pages sur
– Passy pendant la grande Guerre
en particulier notre page consacrée au monument aux morts de Passy.
– Passy du XXe siècle à nos jours.
Découvrez aussi, sur notre site, la richesse et la variété du patrimoine de Passy :
– Les ex-voto du temple romain de Passy
– Le château médiéval de Charousse à Passy
– Le retable de la Chapelle de Joux, à Passy
– L’étonnant « Cahier » d’Eugène Delale, école de Passy, 1882
– La méthode Freinet à l’école de Passy, 1932-1952
– La conduite forcée de 1947-1952 et la production hydroélectrique à Passy
– L’Arve des Gures aux Egratz, à Passy
– Vues panoramiques sur le Mont-Blanc depuis Passy
– L’inalpage dans les « montagnes » de Passy, « l’emmontagnée », et la « remuée » pendant l’été
– La gare de Chedde à Passy et la ligne Le Fayet-Chamonix
– La sculpture d’Albert FERAUD (1921-2008), La Porte du soleil (1973), sur la « Route de la Sculpture Contemporaine » à Passy
– La stèle de la Torchette à Passy et les commémorations du maquis de Montfort