Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

Les soldats de Passy sous la pluie et dans la boue des tranchées

Written By: BT

Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre » 1ère partie : 1914 et 1915 ; et Vatusium n° 19, 2016 « Les Passerands dans la Grande Guerre » 2e partie : 1916 à 1919 (parution août 2016).

Cette page BONUS complète nos articles publiés dans Vatusium n° 18 et n° 19.

Comme tous les poilus, les soldats de Passy ont fortement souffert des conditions atmosphériques pendant la Grande Guerre.
Voir aussi nos pages

Les soldats de Passy dans la chaleur et la soif en 14-18
Les soldats de Passy dans le froid des tranchées

1914-1918, des années de guerre exceptionnellement  pluvieuses  

« 1915 et 1916 comptèrent parmi les années les plus pluvieuses depuis 1877, date des premiers relevés pluviométriques du B.C.M. de France. » (site lodel.irevues.inist.fr)

Blaise Cendrars évoque ces précipitations dans le journal de tranchées L’Horizon de juillet 1918 : « Ce simple mot, pluie, qui ne signifie rien pour un civil ayant un toit au-dessus de la tête, contient à lui seul toute l’horreur pour un soldat sur le champ de bataille ». (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

The battle of the Somme, july-november 1916

The battle of the Somme, july-november 1916 (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

The battle of the Somme, july-november 1916 (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

« Dénombrement des jours de pluie : 648 jours sur les 1 563 du conflit, près de la moitié du temps. Une journée sur trois fut même très arrosée, avec un cumul d’averses supérieur ou égal à 3 mm, soit 3 litres par mètre carré. (…)
Au total, une vingtaine de ces épisodes sur plus d’une centaine fut singulièrement perturbée, avec des précipitations abondantes et un vent fort. Ce fut, entre autres cas, celui de décembre 1914 (…). Ce type de temps s’est répété en janvier 1915, avec une intensité plus marquée du 1er au 17 de ce mois (…). » (Source : Au temps météorologique de la grande guerre. Approche séquentielle des périodes contraignantes dans les tranchées sur le front de la Marne et de la Meuse, 1914-1918, Climatologie, 2011, p. 59-77, par Edwige Savouret, Jean-Paul Amat, Olivier Cantat et Paola Filippucci cité sur le site lodel.irevues.inist.fr)

1914 : une mer de boue

L’historien Yves Le Naour décrit les repas dans la boue, les rats, le froid, la pluie…

« On connaît les misères de la vie quotidienne du combattant des tranchées, maintes fois décrites, et dont les poilus font la première expérience au cours de l’hiver 1914-1915 : […] Les repas que l’on prend debout quand la boue vous empêche de vous asseoir, la soupe froide dans laquelle tombe la pluie, le « rata » gluant et à moitié figé de nouilles, de riz, de haricots et de viande mélangés, le café qui ne vous réchauffe pas, le vin gelé dans la bouteille au petit matin, et le pain qui crisse sous la dent parce qu’on ne peut pas faire autrement que de l’attraper avec des mains maculées de terre. »
Les tranchées s’écroulent sous la pluie

Soldats au repos dans leurs trous de tranchée

Soldats au repos dans leurs trous de tranchée (site familles-de-quintenas.com)

Soldats au repos dans leurs trous de tranchée (site familles-de-quintenas.com)

« Et puis il y a la boue, l’adversaire invincible des poilus, l’eau stagnante dans les boyaux, les tranchées qui s’écroulent sous la pluie, ou plutôt qui fondent littéralement et qu’il faut étayer sans cesse.
Parce que les bombardements ont remué la terre, il n’y a plus de végétation pour retenir cette mer de « mélasse » qui semble vouloir engloutir les hommes.
On se croirait sur la Lune, mais comme le souligne Pierre Loti, « dans la lune, au moins, il ne pleut pas ». (Yves Le Naour, 1915, L’Enlisement, éd. Perrin, 2013, chapitre Vivre et mourir, p. 17-18, Livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy)

Les Passerands du 11e BCAP dans la boue de Belgique en 1914 : « Deux jours de voyage pénibles et interminables vers le Nord. Le paysage devient
sombre. On débarque dans la boue, sous un brouillard sale, froid, épais : On est en Flandres.
On relève dans des ruisseaux de méconnaissables soldats, ceux du 16e Corps, fils du Midi,
perdus dans cette vase molle et sous ce triste ciel.
Mais les Alpins portent en eux la gaieté des races solides, cette confiance rayonnante des
hommes trop habitués aux luttes contre la montagne. » (Historique du 11e BCAP)
Les Passerands du 14e BCA dans la boue : « Novembre 1914 : les Flandres. Ceux qui ont vécu ces journées terribles ne peuvent se rappeler ces paysages d’épouvante sans un frisson d’angoisse. Dans la boue gluante, presque liquide, par un froid extrêmement vif, il a fallu tenir coûte que coûte dans une plaine ravagée, défoncée par les tirs incessants de l’artillerie ennemie. » (Historique du 14e BCA)

Les Passerands du 3e Zouaves dans la boue : Combats du Bois Saint-Mard et de Tracy-le-Val, 12 novembre 1914. « Nuit et jour, en veille aux parapets, on travaille à la réfection de tranchées et d’abris qui s’effondrent, minés par l’eau qui sourd de toutes parts ou que bouleversent les tirs de l’artillerie ennemie. A bras d’hommes, d’énormes rondins, de lourdes planches, des centaines de rouleaux de fil de fer barbelé sont transportés aux premières lignes. [..] Ces quelques mots suffisent à résumer l’histoire de la période qui s’étend de novembre 1914 à juin 1915. » (Historique du 3e Zouaves)

Les Passerands du 17e Régiment d’infanterie dans la boue« Transporté de Châlons-sur-Marne, au nord d’Arras, le 3 octobre 1914, le 17e prend part alors, pendant 14 mois à la plupart des combats menés dans cette région. Il se porte sur Lille et livre un furieux combat à Helennes qu’il enlève aux Allemands, puis va s’illustrer devant Lens et Liévin. […] Adieu le sol sec et sablonneux des Vosges, la poussière de Champagne, ici, c’est la boue qui règne en maîtresse, enlise les guetteurs, empêche tout mouvement. Collé au sol par la glaise, le fantassin ne peut bouger ; souvent l’eau gèle autour de ses jambes. Il faut geler là, mourir là. La fusillade infernale n’arrête ni jour, ni nuit. La boue happe les blessés. » (Historique du 17e Régiment d’infanterie)

La pluie dans les tranchées est la même pour tout le monde

La pluie dans les tranchées est la même pour tout le monde (site la-gazette-de-danielle.over-blog.com)

La pluie dans les tranchées est la même pour tout le monde (site la-gazette-de-danielle.over-blog.com)

Le caporal Louis Barthas témoigne lui aussi sur le secteur de Vermelles, dans le Pas-de-Calais en novembre 1914 : « Je vis arriver venant des lignes trois habitants des tranchées. Je les regardai avec effroi ; ils étaient couverts de boue de la pointe de leurs souliers à la calotte de leur képi, comme s’ils venaient de traverser un lac de vase. Leurs mains, leur visage, moustaches, cils, cheveux étaient également couverts de boue visqueuse.
Mais voilà qui est bizarre, ces trois revenants de l’âge des cavernes me font des signes ! Ils m’appellent par mon nom. Je suis stupéfait, ils me serrent les mains, m’embrassent. Alors seulement je reconnais trois camarades peyriacois : Gabriel Gils, François Maizonnave et Louis Jordy. »

« Enfin le jour parut, il nous semblait être délivrés d’un danger terrible. Mais un autre ennemi survint, la pluie, contre laquelle celle-là nous étions sans défense : on n’avait même pas encore de toiles de tentes !
Ce n’était pas une pluie fine, tranquille, une bonne pluie d’hiver, comme on dit chez nous, mais une pluie battante, cinglante à grosses gouttes d’orage, à croire que Dieu déclenchait un second déluge pour éteindre la folie de ses créatures. […]
Et la pluie tombait toujours, elle tomba toute la nuit ; les parois de la tranchée s’éboulaient et, malgré la pente très vive, en certains endroits l’eau s’accumulait, arrêtée par les éboulements. Au fond le ruisseau montait, les eaux s’étendaient, s’avançaient vers nous en un vaste étang, les sentinelles ne veillaient plus, fuyant cette inondation, cet enlisement. Les uns abandonnèrent la tranchée, d’autres s’acharnaient à creuser des trous individuels qui s’effondraient presque aussitôt. » […]
« Hélas ! en même temps la température baissait effroyablement […]. Nos capotes, nos couvertures mouillées se raidissaient en gelant, nos pieds devenaient inertes de froid, je dus me déchausser en dépit de la défense formelle et me les frictionner vigoureusement avec un peu d’eau-de-vie tenue en réserve, puis les envelopper dans le coin le plus sec de ma couverture. A la pointe du jour le ravitaillement ne put nous servir le jus si impatiemment attendu : il s’était gelé dans le bidon en chemin. (Voir notre page sur les souffrances dans le froid des tranchées) » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, édition du centenaire La Découverte/Poche, 2013, 2e cahier « Vers la tuerie, 4 novembre – 14 décembre 1914 », p. 43 et 50-51)

Soldat au créneau se protégeant du froid et des intempéries

Soldat au créneau se protégeant du froid et des intempéries (site familles-de-quintenas.com)

Soldat au créneau se protégeant du froid et des intempéries (site familles-de-quintenas.com)

Comment se protéger de la pluie ?

La première toile de tente n’arrive que fin novembre 1914 : « Enfin on nous avait distribué une toile de tente à trois, sans nous dire s’il fallait la tirer au sort, en jouir un jour chacun, ou la partager en trois. » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, idem, p. 54)

Quant aux imperméables…

D’abord interdits à cause de leur couleur… « Le 18 avril [1916] à huit heures du matin nous quittâmes Villers-le-sec. Comme par dérision la pluie tombait à fortes averses ; chacun se protégeait comme il pouvait, la plupart nous avions des imperméables anglais que les « Tommies » nous avaient vendus ou échangés, d’autres mettaient un capuchon, une toile de tente. Tout à coup je crus avoir mal entendu ; on faisait passer l’ordre d’enlever les imperméables et cela au moment où la pluie redoublait. Cet ordre stupide était donné par le trop fameux capitaine-adjudant-major (« le kronprinz »).
Il s’était sans doute souvenu tout à coup qu’une circulaire parue il y avait quelques jours interdisait le port d’imperméables qui ne seraient pas de la couleur bleue, seule tolérée à l’instigation sans doute de quelque fournisseur. » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, édition du centenaire La Découverte/Poche, 2013, 9e cahier Vers l’enfer de Verdun, 29 février – 16 avril 1916, p. 269)

Puis confisqués par les officiers (janvier 1918)…

« Un jour avec mon escouade, je fus chargé d’aller au P.C. du colonel prendre des vestes imperméables huilées ou goudronnées. C’était un événement, une date ; après trois ans et demi de guerre, on semblait enfin s’apercevoir que le poilu n’avait rien pour se préserver de la pluie, l’eau étant considérée comme un élément négligeable dont il n’y avait pas à tenir compte.
Le poilu en marche ou au créneau qui sent l’eau de l’averse traverser ses vêtements et lui chatouiller l’épiderme d’une fraîcheur désagréable a toujours été d’un avis tout à fait contraire ; mais l’avis du poilu ne compte pas.
Nous voilà donc en route pour aller prendre ces précieux imperméables  […] Nous apportions des blouses en toile huilée mais à raison de deux seulement par escouade, ce n’était qu’un échantillon.
Nous portions également de belles bottes en caoutchouc pour y rentrer avec les souliers, moyen sûr pour tenir les pieds au sec, mais à raison aussi de  deux par escouade.
Nous portâmes tout cela au P..C. du capitaine qui se trouvait dans un tunnel. […] Dans un des nombreuses pièces, notre capitaine s’était installé, passant ses nuits à ronfler et ses journées à jouer, boire et manger. […]
Le capitaine, les yeux brillants, la figure avinée, jeta un regard dédaigneux sur les blouses huilées, mais commença par s’emparer d’une paire de belles bottes en caoutchouc.
Il était sans doute dans l’intention très louable de ceux qui qui avaient envoyé ces bottes qu’elles étaient destinées en premier lieu aux sentinelles obligées de rester immobiles des heures entières aux postes d’écoute, les pieds dans la boue ou la neige, mais officiers, adjudants, sergents, ordonnances, etc., se jetèrent sur ces bottes comme un vol de corbeaux sur une proie, sous l’œil complice du capitaine qui avait lui-même donné ce scandaleux exemple. » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, édition du centenaire La Découverte/Poche, 2013, 17e cahier La fin du 296e régiment d’infanterie, 1er juillet 1917 – 28 janvier 1918, p. 509-510)

 1915

Cet « hiver particulièrement humide, très pluvieux et venteux, qui participa à la dégradation de l’état physique et moral de dizaines de milliers d’hommes mal préparés à supporter ces premiers mois d’une guerre nouvelle. Cette situation se renouvela au cours de la longue période qui courut de novembre 1915 à janvier 1917.

Quennevières, à l’est de Compiègne dans l’Oise : boyau de l’œuf 

 

Quennevières, à l’est de Compiègne dans l’Oise : boyau de l’œuf (photo de l’exposition « De boue et de larmes… 14-18 dans les yeux d’un poilu », site e-journal de Boulogne-Billancourt

Quennevières, à l’est de Compiègne dans l’Oise : boyau de l’œuf (photo de l’exposition « De boue et de larmes… 14-18 dans les yeux d’un poilu », site e-journal de Boulogne-Billancourt

Louis Barthas témoigne sur la fin de l’année 1915 : « Nous revînmes en ligne le 1er décembre [1915] (…) La veille et l’avant-veille, il était tombé des averses torrentielles. Inutile de dépeindre dans quel état se trouvaient les boyaux.
Quelles étapes douloureuses ces pénibles relèves. Jésus tomba trois fois en gravissant les stations de son calvaire. Combien de fois nous tombions, glissions, trébuchions dans ces boyaux changés en cloaques d’eau et de boue ! » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, édition du centenaire La Découverte/Poche, 2013, 8e cahier Secteur de Neuville-Saint-Vaast, 15 novembre 1915 – 29 février 1916, p. 210)

 Ecopage

Ecoper ; Collection : A.Dhénin, site icem-freinet.net

Ecoper ; Collection : A.Dhénin, site icem-freinet.net

Risque de noyade dans les tranchées et « élan de fraternité »

«  Le 10 décembre [1915] en maints endroits de la première ligne les soldats durent sortir des tranchées pour ne pas s’y noyer ; les Allemands furent contraints d’en faire de même et l’on eut alors ce singulier spectacle : deux armées ennemies face à face sans se tirer un coup de fusil.
La même communauté de souffrances rapproche les cœurs, fait fondre les haines, naître la sympathie entre gens indifférents et même adversaires. Ceux qui nient cela n’entendent rien à la psychologie humaine.
Français et Allemands se regardèrent, virent qu’ils étaient des hommes tous pareils. Ils se sourirent, des propos s’échangèrent, des mains se tendirent et s’étreignirent, on se partagea le tabac, un quart de jus ou de pinard.
Ah ! si l’on avait parlé la même langue !
Un  jour, un grand diable d’Allemand monta sur un monticule et fit un discours dont les Allemands seuls saisirent les paroles mais dont tout le monde comprit le sens, car il brisa sur un tronc d’arbre son fusil en deux tronçons dans un geste de colère. Des applaudissements éclatèrent de part et d’autre et L’Internationale retentit. […] Cependant nos grands chefs étaient en fureur. Qu’allait-il arriver grands Dieux si les soldats refusaient de s’entretuer ? Est-ce que la guerre allait donc si tôt finir ? Et nos artilleurs reçurent l’ordre de tirer sur tous les rassemblements qui leur seraient signalés et de faucher indifféremment Allemands et Français comme aux cirques antiques on abattait les bêtes féroces assez intelligentes pour refuser de s’égorger et de se dévorer entre elles.
De plus, dès qu’on put établir tant bien que mal la tranchée de première ligne, on interdit sous peine d’exécution immédiate de quitter la tranchée et on ordonna de cesser toute familiarité avec les Allemands.
C’était fini, il aurait fallu un second déluge universel pour arrêter la guerre, apaiser la rage et la folie sanguinaire des gouvernants.
Qui sait ! peut-être un jour sur ce coin de l’Artois on élèvera  un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient horreur de la guerre et qu’on obligeait à s’entretuer malgré leur volonté.
Cependant, en dépit d’ordres féroces, on continua surtout aux petits-postes à familiariser entre Français et Allemands. » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, édition du centenaire La Découverte/Poche, 2013, 8e cahier, p. 214 Secteur de Neuville-Saint-Vaast, p. 214-215)

Un an plus tard, un autre exemple de trêve a lieu dans les mêmes conditions. Il a été relaté par le colonel Despierres du 239e R.I. : Journée du 4 octobre 1916 : ” Je vais faire la tournée du secteur en suivant la première ligne. Je ressens une impression inimaginable ; des deux côtés, boche et français, les tranchées sont envahies par l’eau. Il y a une profondeur de près d’un mètre. C’est dire que ces tranchées ne peuvent plus être occupées par les éléments de première ligne. Tout le monde est sur le parapet. Les Boches à dix mètres nous regardent avec indifférence. C’est une véritable trêve qui paraît être conclue entre les deux partis. On ne cherche qu’une seule chose, c’est vivre comme on peut et surtout échapper à cette humidité croissante qui, par les froids qui commencent, devient impossible à supporter. ” (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

Les Eparges, 1915 : boyau dans la boue 

Les Eparges, 1915 : boyau dans la boue (sites 20minutes.fr et site lesfrancaisaverdun.fr)

Les Eparges, 1915 : boyau dans la boue (sites 20minutes.fr et site lesfrancaisaverdun.fr)

A l’extérieur comme à l’intérieur, du fond de leur cagna, l’eau réussissait « à se glisser, sournoise, sous les planches et les couvertures, dernier refuge des habitants ». (Jomard, Sous-lieutenant, 1917 : Extraits de La Bourguignotte. Journal de tranchée du 227e Régiment d’Infanterie)

Les soldats restaient « mouillés nuit et jour. En ligne il n’est pas question de changer de vêtements et si huit jours de tranchées alternent huit jours de repos, cette durée ne suffit pas toujours à sécher le linge ». (Desbois E., 1990 : Soldats à découvert par temps de guerre. Ethnologie rurale, 121-132)

9 mai 1915 : attaques sur la crête de Notre-Dame de Lorette

Les Allemands résistent toujours sur les deux éperons de la Blanche-Voye et de Souchez. La pluie et les nombreuses sources prenant naissance sur la hauteur ont transformé ce terrain argileux en une boue glissante où la progression est particulièrement malaisée. Pourtant l’éperon de Souchez est peu à peu conquis les jours suivants. »
17 mai 1915 – lundi : Il pleut à verse sur Neuville-St-Vaast« C’est une longue journée abrutissante qui brise plus qu’un jour fiévreux de combat. Il pleut à verse, et le boyau de Neuville devient le torrent de Neuville. La canonnade est incessante. Il fait froid, on est trempé jusqu’aux os et couvert de boue sur tout le corps ; tout l’attirail de guerre qu’on traîne après soi (fusil, sac, équipement) nage dans un liquide gluant et froid, et les éclats d’obus ne cessent de pleuvoir autour du boyau. Tous nos abris sont intenables, les uns sont écroulés, les autres sont transformés en petite citerne, et l’eau ruisselle sur nos épaules. Le canon est implacable, et départs et éclatements se succèdent sans interruption. Les blessés sont affreux à voir ; ils se réunissent au pied du calvaire qui est l’intersection de nombreux boyaux, et, là, la mare de boue se teinte de sang. Venant après huit jours de tranchées, cette attente est très déprimante. Un cycliste, Dalibon, a une crise de nerf, et il faut l’évacuer après l’avoir gardé à vue. » Extrait du livre de Maurice Gabolde « Les carnets du sergent fourrier. Souvenirs de la Grande Guerre, éd. L’Harmattan »  et site gabolem.canalblog.com

Les caillebotis

Dans certains secteurs du Front, cette pluie engendrait la boue, sale et gluante, hideuse et épaisse : « Pour peu que le sol s’y prêtât, le piétinement des hommes et des chevaux détruisait la terre, la malaxait avec le sable et avec l’eau pour en faire une sorte de soupe plus ou moins épaisse et parfois profonde de plus d’un mètre. En certaines parties de Verdun, il fallait marcher sur des planches, à côté desquelles c’eût été la mort certaine par enlisement dans une mer de boue où furent engloutis des centaines d’hommes et des trains de matériel » (Bridoux A., 1930 : Souvenirs du temps des morts, Albin Michel Ed.)

Soldat belge dans une tranchée aménagée contre la pluie

Soldat belge dans une tranchée aménagée contre la pluie : [photographie de presse] / [Agence Rol] (site gallica.bnf.fr)

Soldat belge dans une tranchée aménagée contre la pluie : [photographie de presse] / [Agence Rol] (site gallica.bnf.fr)

Ces planches assemblées – les caillebotis – et les chemins de rondins alignés au-dessus des caniveaux selon le procédé du schlittage assuraient la circulation dans les tranchées et boyaux et autour des baraquements. (…)

Louis Barthas témoigne : « Le 29 février [1916], notre bataillon partit à six heures du soir pour aller en première ligne relever un des bataillons qui s’y trouvaient.  Le temps qui avait paru vouloir s’améliorer dans la journée se gâta le soir et nous fûmes agrémentés pour aller aux tranchées de fort désagréables averses.
A partir du village, il fallut traverser une plaine marécageuse sur des pistes en caillebotis et cela sur une longueur de plusieurs kilomètres. Cette marche sur ces planches boueuses, glissantes, en mauvais état, rendait notre marche très dure et plus d’un piqua une tête dans la neige ou la boue. Gare ! quand ces accidents survenaient quand la piste enjambait un fossé, un trou d’obus, une petite mare : le bain était alors complet. » (9e cahier Vers l’enfer de Verdun, 29 février – 16 avril 1916)

« La température, loin de s’améliorer, devenait effroyablement froide ; à des bourrasques de neige succédaient des averses de pluie. IL fallut renoncer à épuiser l’eau des tranchées, il y en avait en certains endroits d’une hauteur de cinquante à soixante centimètres. Pour passer, certains se déchaussaient, relevaient leurs pantalons comme des pêcheurs d’écrevisses, d’autres s’enveloppaient les jambes et les pieds avec plusieurs sacs à terre. Mais comment éviter de se mouiller, de s’engluer de boue des pieds à la tête ?
Ces souffrances inouïes exaspérèrent les soldats. Un vent de révolte souffla ; à la fin, c’était trop. » (p. 245-246)

Caillebotis  et les travaux de tranchées de Massiges

Caillebotis (site lamaindemassiges.com, page La BOUE, le FROID, et les travaux de tranchées de Massiges)

Caillebotis (site lamaindemassiges.com, page La BOUE, le FROID, et les travaux de tranchées de Massiges)

La boue, ennemie des armes

L’historien Pierre Miquel, série romanesque (1916) « Les Enfants de la patrie », tome 3 « le Serment de Verdun », Fayard, 2002, p. 380 et 386 :
– Mon capitaine, intervient Martin timidement, il y a d’autres obstacles. Quand nous avons attaqué en septembre, le temps était à la pluie et les fusils, recouverts de boue, refusaient tout service. Ils étaient deux fois plus lourds au portage et leur mécanique s’enrayait. […] »

« Jean vient de faire la preuve que tout homme solide, en possession de ses moyens, peut tirer normalement au FM, à condition de « décaler le corps » […] Dans toute équipe de trois – le tireur et ses deux assistants -, chacun doit pouvoir démonter et nettoyer. Lutter contre la boue est le premier devoir. Tenir l’arme propre est une sauvegarde. » (Pierre Miquel, série romanesque (1916) « Les Enfants de la patrie », tome 3 « le Serment de Verdun », Fayard, 2002, p. 380 et 386)

1916

La cote 304 : pluie, « casques compte-gouttes »

« Le soir, à nuit close, notre bataillon devait aller occuper les premières lignes. A l’heure fixée nous partîmes en suivant ce boyau « Rascas » qui bientôt ne fut plus qu’un petit fossé boueux, comblé par endroits. Pourquoi et comment l’ordre vint-il de s’arrêter en cet endroit ? […]
Comme si ce n’était pas assez de cette attente énervante, la pluie se mit à tomber drue et serrée ; l’eau ne tarda pas à s’infiltrer dans le fossé, à submerger les souliers ; les casques se transformaient en compte-gouttes ; de notre sac de petites cascades dégoulinaient sur les reins, les épaules, le long des bras, et il faut attendre encore on ne sait qui ou quoi ; la nuit était tout à fait noire. Allait-on nous laisser englués dans ce bourbier ? » (Louis Barthas, 10e cahier Le charnier de Verdun, 26 avril – 19 mai 1916, p. 287)

Dans la boue jusqu’aux genoux

Dans la boue jusqu’aux genoux (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

Dans la boue jusqu’aux genoux (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

Mais parfois la pluie est « bénie »… car elle empêche le repérage par les avions et les bombardements

« A l’aube, je fus réveillé par une sensation froide et humide […] C’était la pluie qui tombait à fortes averses et tomba ainsi toute la journée.
Mais, loin de nous plaindre, nous nous réjouissions au contraire. Pas de soleil, pas d’aéros, pas de saucisses, c’était la trêve, un répit, la liberté de marcher,, causer, lever le nez hors de son trou, la possibilité de se ravitailler ; cette pluie était bénie ; qu’était-ce le désagrément de recevoir une douche, dix douches ? Nous aurions passé toute notre relève dans l’eau jusqu’au cou, mais le 16 mai [1916] au matin, une brise fraîche balaya le ciel des nuages et un clair soleil se leva.
Plusieurs aéros ennemis ne tardèrent pas à faire entendre leur inquiétant ronflement et tournoyèrent toute la journée sur la cote 304 et le Mort-Homme comme ces oiseaux de mauvais augure précurseurs de la tempête […] Dans l’après-midi, les batteries allemandes renseignées sans doute par leurs aviateurs ouvrirent un feu roulant sur la cote 304 pendant deux heures au moins. » (10e cahier Le charnier de Verdun, 26 avril – 19 mai 1916, p. 291) 

« Avec les pluies d’automne, le champ de bataille de la Somme est devenu une mer de boue gluante, un calvaire permanent, un véritable « porridge » comme disent les Tommies. » (J-Y Le Naour, 1916 L’enfer, éd. Perrin, 2014, p. 233, Livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy) 

Les Passerands du 84e RAL dans la boue de la Somme : « Les 1er, 2e, 3e, 4e, 7e, 8e, 11e, 12e groupes étaient dans la Somme, depuis le 1er juillet [1916]. Ce fut alors un autre genre de lutte, au nord et au sud de la Somme. […] Après les positions brûlées du soleil en août et septembre, après la plaine semée de cadavres décomposés, ce fut la plaine d’octobre à décembre transformée en
une mare de boue liquide, ce furent les positions inondées, les tranchées effondrées,
toutes les souffrances de l’hiver tout proche. » (Historique du 84e RAL) 

Les Passerands du 22e BCAP dans la boue de la Somme : « Le 31 octobre 1916, le bataillon bivouaque dans le ravin de Maurepas. […] La préparation d’artillerie a débuté avec le jour. La pluie s’est mise à tomber au cours de la nuit ; une pluie dense, qui ne semble pas devoir s’arrêter. Devant les tranchées, le terrain d’attaque se présente comme une vaste mer de boue. (…)
Pendant dix jours, sous la pluie, dans l’eau et dans la boue, sans abri, souvent sans ravitaillement, soumis à un bombardement incessant qui provoque des pertes élevées, (142 tués et 290 blessés), le 22ème B.C.A., dont le moral n’a pas faibli, se bat et se maintient sur la position conquise. » (Historique du 22e BCAP)

Les Passerands du 359e Régiment d’infanterie dans la boue de la Somme : « Le 20 décembre 1916, le régiment prend les avant-postes en face de Barleux. Il fait mauvais temps ; la pluie, qui ne discontinue pas, transforme les tranchées et boyaux en véritables lacs de boue. La circulation dans le secteur devient des plus pénibles ; les hommes et les mulets s’enlisent. Les relèves et la vie dans ces cloaques sont encore rendues plus pénibles par les bombardements incessants et très violents par obus toxiques et obus de gros calibre. Les préparatifs de l’attaque projetée sont suspendus et, devant l’impossibilité de faire manœuvrer des troupes et surtout de l’artillerie dans un terrain aussi détrempé, l’attaque est remise à une date ultérieure. » (Historique du 359e Régiment d’infanterie)

« Un chaos de trous d’obus remplis d’eau »

« Un chaos de trous d'obus remplis d'eau » (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

« Un chaos de trous d’obus remplis d’eau » (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

L’offensive du 15 décembre 1916 et la reprise des Forts de Douaumont et de Vaux :

« Le général Mangin, qui commandait le secteur de la Meuse à Damloup en qualité de chef du 11e Corps d’Armée, reçut la direction de l’attaque. […] Il plut presque sans arrêt durant la première quinzaine d’octobre. Le terrain à enlever était effroyable. C’était un chaos de trous d’obus remplis d’eau, entre lesquels on ne pouvait circuler que sur d’étroites sentes, où l’on enfonçait jusqu’aux genoux dans la boue noirâtre.
Partout des débris, poutres déchiquetées, équipements, casques, boîtes de conserves, sacs éventrés, partout des cadavres, se confondant avec la boue et sur lesquels on marchait, ou surnageant dans les mares formaient les entonnoirs. Une horreur sans nom.
Si le parcours y était terriblement pénible, et ce sera une des grandes difficultés de notre opération en revanche, il était impossible d’y organiser des défenses sérieuses.
Rien ne tenait dans un pareil terrain, ni tranchées, ni réseaux de fils de fer, là où l’on avait pu en planter. On comprend qu’après le bombardement formidable dont nous fîmes précéder notre attaque, nos vagues d’assaut n’aient presque partout rencontré que fort peu de résistance, sauf sur la droite où elles se heurtèrent à de solides constructions d’avant-guerre, comme le petit « dépôt du fort de Vaux. » (…)

« Le vendredi 15 décembre 1916, à 9h15 du matin, le jour même où l’Allemagne nous faisait des ouvertures de paix, les vagues d’assaut s’élançaient derrière le barrage roulant. Il faisait un ciel gris, lugubre. On enfonçait dans la boue jusqu’aux genoux. Dans certains endroits même, des malheureux s’enlisèrent. Ce que fut la lutte dans cette boue glacée, où nombre de poilus eurent les pieds gelés, où l’on n’avançait que les semelles alourdies de glaise, et où, malgré la préparation d’artillerie et le barrage roulant, on trouvait devant soi un adversaire exceptionnellement tenace, un épisode le montrera : la prise du ravin du Helly par le 2e régiment de tirailleurs de marche ». (Texte tiré de « La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants, en 2 tomes  Aristide Quillet, 1922 » VERDUN Juillet – décembre 1916, Les opérations du second semestre de 1916.

1917

Tout cela « permet de comprendre l’expression de plus vilain temps du monde* donnée par les Poilus au type de temps pluvieux, parfois très venteux, ponctué d’averses leur semblant tantôt perpétuelles, continues des jours, voire des semaines, tantôt diluviennes, avec pour record journalier 52 mm dans la Meuse le 30 mars 1917 par flux perturbé d’ouest. »
* De Ferrari Doria J-J-B., 1920 : Lettres de Guerre (1914-1918), éd. Paris Plon-Nourrit. (Source : Au temps météorologique de la grande guerre. cité sur le site lodel.irevues.inist.fr)

Les combats dans la Marne pour la prise de Loivre et de Berméricourt, 16 avril 1917
Le 7e Corps d’armée était commandé par le général Mazel. L’offensive sur Loivre a été racontée par le Capitaine Julart du 23e RI. Extraits :
Le 16 avril 1917, 4h 45 « Depuis hier 18 heures, les canons du 4e régiment d’artillerie tonnent sans interruption. On dirait le roulement d’un tambour géant. Toute la nuit, vent et pluie. L’averse vient de cesser, mais le boyau est plein d’eau. On enfonce dans la boue jusqu’aux chevilles. (…)
5h  45 Dans la parallèle de départ. Sous la pâle lumière du petit jour, les hommes sont accroupis à même la boue, au fond de la tranchée, adossés aux parois. »

L’armée britannique sur le front ouest

L’armée britannique sur le front ouest (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

L’armée britannique sur le front ouest (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

Impact des conditions météorologiques dans le déroulement même des opérations et des batailles

C’est la pluie qui retarda l’offensive allemande sur Verdun…
C’est la pluie, qui mit fin à la bataille de la Somme…

« L’exécution des coups de main devait s’effectuer « par une nuit obscure ou un très mauvais temps » (Desbois) et c’est donc affaibli et gêné dans ses manœuvres par « le temps qu’il fait » que le fantassin a combattu. D’ailleurs, quand on demandait au Poilu ce qu’il pensait au moment de l’assaut, il répondait : « Je ne songeais qu’à me tirer les pattes de cette boue où elles s’enfonçaient » (Brown M., 2003 : Verdun 1916. Ed. Perrin, coll. Tempus)

Là était aussi le quotidien des régiments de cavalerie : « La guerre de tranchées interdisant momentanément toute action à cheval, le 8e chasseurs, comme tous les autres régiments de cavalerie, va, lui aussi, aux côtés de l’infanterie, défendre son petit coin de France en ce pays d’Argonne, où, pendant 18 mois, ses cavaliers mèneront une vie pénible, faite de longues étapes de nuit, souvent sous la pluie, des marches interminables dans les boyaux inondés » (Lajoux Edmond, 1921 : Les chasseurs à pied, 1914-1918, Paris, Ed. d’Art)

Ces quelques citations prennent en compte l’impact moins que négligeable des conditions météorologiques dans le déroulement même des opérations et des batailles. Ce facteur naturel a, de toute évidence, « apporté sa propre et bien triste contribution » à l’histoire de la Grande Guerre (Pagney P., 2008 : Le climat, la Bataille et la Guerre : des conflits limités aux conflits planétaires. Ed. de L’Harmattan. Au temps météorologique de la grande guerre, site lodel.irevues.inist.fr)

Travaux dans les tranchées françaises 

Travaux dans les tranchées françaises (site lescarnetsdefrederic)

Travaux dans les tranchées françaises (site lescarnetsdefrederic)

Le capitaine Paul Flamant du 33e RI, rend quant à lui compte de l’effet de ces trombes d’eau : « Nous vivons ici dans une boue immonde. Il tombe sans cesse des pluies diluviennes et, lorsque le soleil luit soudain, des mouches infectes bourdonnent sur le charnier humide où ont été creusés nos abris et nos tranchées. La glaise des boyaux est remplie de cadavres momifiés, allemands et français, qui se confondent avec la teinte neutre des choses, parmi les armes brisées et les épaves dont le sol de cette région est resté jonché depuis les furieux combats de 1916. Çà et là, une main crispée sort de terre ; un soulier chaussant un tibia apparaît à la suite de quelque éboulement. Nos hommes, indifférents, ou plutôt philosophes, y accrochent leurs bidons. » (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

Poilus dans leur tranchée 

Poilus dans leur tranchée (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

Poilus dans leur tranchée (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

L’Allemand Ernst Junger témoigne : “Nous nous enfonçons dans la boue jusqu’aux genoux, pour s’arracher, on se tient par la main, car ceux qui tombent dans les trous ne peuvent plus se retirer. Il est impossible de s’imaginer ce que cela peut être. Pendant une corvée, cette nuit, il y en a qui se sont enfoncés dans les trous d’obus jusqu’au cou. Il fallait se mettre à quatre pour les en arracher.
Les malheureux blessés qu’on emporte sont méconnaissables. Plusieurs centimètres d’épaisseur de boue sur leurs vêtements et on ne voit plus leur figure. Des cadavres sont enterrés dans les parapets et pourrissent dans l’humidité. De temps à autre, un pied chaussé apparaît et fait saillie dans la tranchée. La boue empêche presque de passer.”
(Ernst Junger, Orages d’acier, 1920, in site lamaindemassiges)

Tranchée sous la pluie 

Tranchée sous la pluie (site du Travet, petite commune du Tarn)

Tranchée sous la pluie (site du Travet, petite commune du Tarn)

MORT HORRIBLE DES HOMMES ET ANIMAUX, HAPPES PAR LA TERRE LIQUEFIEE dans les boyaux ou les trous d’obus

Plus qu’un simple élément pénible pour les mouvements des troupes, la boue se fit même meurtrière : elle pouvait avaler un homme ou un cheval en quelques minutes : « Enfin nous voilà aux tranchées, et avec quel temps ! De la boue jusqu’aux mollets ; si tu voyais les chevaux qui s’enlisent, tombent dans les trous d’obus et que l’on est obligé d’abattre, les camions qui s’embourbent, jusqu’à l’essieu, non, c’est épouvantable ; et la pluie, l’horrible pluie, qui n’arrête pas. » (Référence inconnue, citation tirée de « Les poilus ont la parole : dans les tranchées, lettres du front, 1917-1918 », Jean Nicot)

Cheval sauvé de la noyade, The british army on the western front, 1914-1918

The british army on the western front, 1914-1918, (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

The british army on the western front, 1914-1918, (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

“Il a plu et la boue a envahi tout le secteur (…)

On meurt de la boue comme des balles. Des blessés sont engloutis dans ce marais perfide.

Ici, c’est la boue qui obsède. La boue gluante et liquide, l’affreuse  boue, soulevée, piétinée, tassée par des centaines de milliers d’hommes, de chevaux et de véhicules.

Elle est partout, sous les pieds, sous les mains, sous les corps qui s’allongent.

Elle pénètre jusqu’à la peau. Elle réussit à se glisser, sournoise, sous les planches et les couvertures.

Nous vivons sous la boue.

Nous voyons que de la boue partout, et des cadavres.

Des cadavres et encore de la boue, et encore des cadavres.

L’enfer, c’est la boue.

On s’y enfonce, on glisse, lentement attiré par on ne sait quelle irrésistible force.

On a pris l’habitude de vivre dans la terre avant d’être mort.” (Jean Pales, 24e RIC, in site lamaindemassiges)  

Soldats se protégeant avec leur toile de tente dans la tranchée 

Soldats se protégeant avec leur toile de tente dans la tranchée (site lamaindemassiges.com, page La BOUE, le FROID, et les travaux de tranchées de Massiges)

Soldats se protégeant avec leur toile de tente dans la tranchée (site lamaindemassiges.com, page La BOUE, le FROID, et les travaux de tranchées de Massiges)

Le commandant Narcisse ALIXANT évoque dans son Journal la boue et les cadavres :

« 31 octobre 1916. (…) Deux compagnies sont enlisées dans le boyau Aubert, il y a des morts dans la boue qui par endroit pénètre dans les poches de culottes ! (…)
La marche consiste à arracher de la boue, avec les mains nouées sous les cuisses, les jambes l’une après l’autre ; on avance à raison de 1 km à l’heure, au prix de quels efforts ! (…)
Hélas, nous sommes dans la partie du boyau Aubert où cette nuit les compagnies du 42e sont restées enlisées.
Tandis que nous peinons dans cette horrible boue, jusqu’à mi-cuisses, nous sentons de temps en temps sous nos semelles quelque chose de mou, c’est le corps d’un chasseur que nous piétinons. L’extrémité d’un canon de fusil qui dépasse de la vase nous avertit parfois qu’il faut éviter un cadavre reposant au fond du boyau, l’arme à la bretelle.
Au P.C. du 159e au ravin, le colonel me regarde avec étonnement, je suis une statue de boue. Il a connaissance des efforts accomplis, il m’annonce la relève imminente de la division et m’apprend la mort du sous-lieutenant Léautier de la 5e compagnie, enseveli à la tranchée Iglau par le marmitage de la nuit. Je perds un modeste et vaillant officier. »

« Gare aux bonshommes qui tombent dans un  trou d’obus, ils sont immédiatement aspirés et y perdent au mieux leurs armes ou leurs chaussures. Louis Barthas se souvient ainsi en décembre 1915 d’un camarade qu’ils ne parviennent pas à sortir de la gadoue où il est englué et qu’ils finissent par abandonner à son sort, en lui laissant une pelle, tandis que l’homme supplie qu’on l’achève d’un coup de fusil pour abréger son agonie. » (Narcisse ALIXANT, Journal de guerre d’un officier du 159e RIA de Briançon, 1914-1919, éditions Transhumances, 2015, p. 182b milieu et p .183a haut ; livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy)

Soldat dans un trou d’obus de grande taille, que les Poilus nommaient “entonnoirs”  

Soldat dans un trou d'obus de grande taille, que les Poilus nommaient "entonnoirs" (site lescarnetsdefrederic)

Soldat dans un trou d’obus de grande taille, que les Poilus nommaient “entonnoirs” (site lescarnetsdefrederic)

Le caporal Louis Barthas raconte :

« Malgré que nuit et jour on nous employât à mettre les boyaux en état, ils devenaient de plus en plus impraticables. Des ravitailleurs trouvèrent là une mort affreuse, enlisés dans des gouffres de boue. Nous travaillâmes quatre heures pour dégager un médecin-major du 296e régiment. Il fut heureux que nous ayons été à proximité pour entendre ses cris.
Ce qu’il y avait de curieux et de terrible, c’est que sous une mince couche d’eau et de boue liquide, il y avait une épaisse couche de boue épaisse qui se serrait comme du ciment nous enserrant jambes et pieds comme dans un étau.
Les plus à plaindre étaient les téléphonistes, ravitailleurs, hommes de liaison ; en temps ordinaire, ils étaient enviés car ils étaient exempts de garde au petit-poste et de corvées. Mais en ce moment, obligés de partir parfois seuls, ils s’enlisaient sans pouvoir se tirer, forcés d’attendre des heures entières que passât quelqu’un pour leur porter secours.
Le général Niessel eut le courage de venir voir par lui-même l’état des tranchées et parvint jusqu’aux premières lignes, malgré qu’il dût marcher en certains endroits avec de l’eau jusqu’au ventre.
Ce fait est à signaler car il fait contraste avec l’attitude de certains chefs de section qui ne bougeaient pas de leur trou même pour satisfaire leurs besoins dits naturels.
Le général par des ordres du jour ou de nuit nous prodigua des encouragements et ordonna que lorsqu’on arriverait aux cantonnements on nous fiche la paix.
En cas d’être bloqués par l’inondation, il fit apporter aux tranchées des tas de vivres de réserve, boîtes de conserve, biscuits, etc. »
« Le 7 décembre [1915], notre section reçut l’ordre d’aller occuper un abri se trouvant à cent mètres en arrière de la première ligne, le long du boyau Mercier qui y conduisait.
Nous partîmes à quatre heures et demie du soir […]
Voici notre terrible ennemie qui survient : la pluie qui se met à tomber à torrents, noyant les boyaux. […] Nous sommes engagés dans le boyau Mercier. La pluie redouble, on avance de plus en plus difficilement, un pas chaque cinq minutes pour s’arrêter bientôt complètement.
On apprend avec angoisse que de nombreux soldats de la compagnie qui nous précède sont englués dans la boue ; on  ne sait combien de temps on va rester ainsi. […]
Enfin nous finîmes par arriver à l’endroit où ceux qui nous précédaient étaient passés si difficilement. On y avait abandonné un malheureux qu’on n’avait pu dégager. Nous fîmes en vain quelques efforts pour le tirer de là, nous lui aurions plutôt arraché bras et jambes ; voyant que nous l’abandonnions, il nous supplia de l’achever d’un coup de fusil pour abréger son agonie.
Nous lui promîmes de venir le prendre au matin et nous lui laissâmes une pelle pour qu’il essayât de se sauver. […]
Je guidai mes camardes des conseils que me suggérait mon expérience.
« marchez en écartant les jambes le plus possible. Posez les pieds en pointe et non à plat. Faites de petits pas. Ne vous arrêtez pas ! » leur criai-je.
Enfin j’entendis des voix non célestes mais humaines. J’aperçus une lumière. On était sauvés. Voici l’abri Mercier.
Il était minuit et demie. Il y avait huit heures que nous pataugions dans l’eau, dans la boue, sous la tempête de cette nuit de décembre qui nous avait trempés complètement. » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, édition du centenaire La découverte/poche, 2013, 8e cahier Secteur de Neuville-Saint-Vaast, 15 novembre 1915 – 29 février 1916, p. 211-213)

« Somme, 25 novembre 1916. Il fallut s’engager dans le boyau « Michel » au lieu de le côtoyer car le brouillard était moins épais et on eût servi de cible aux mitrailleurs allemands. Ce boyau, la veille encore paraît-il en bon état, n’était plus qu’un petit torrent où l’on s’enfonçait parfois jusqu’aux genoux. Enfin nous regagnâmes notre précieux abri d’où nous ne devions plus bouger des cinq jours que dura cette relève.
Pendant ces cinq jours il ne cessa de tomber des averses torrentielles et de la neige. Les parois des tranchées s’éboulaient, les abris précaires que se creusaient les hommes s’effondraient en certains points. Boyaux et tranchées se remplissaient d’eau.
Inutile de décrire les souffrances des hommes, sans abris, mouillés, transis de froid, mal ravitaillés, aucune plume ne pourrait raconter. Il faut les avoir vécus pour savoir combien sont interminables les heures, les jours et les nuits surtout dans de tels moments.
Soit au cours de corvées, la nuit, ou de relèves, des hommes glissèrent dans des trous d’obus pleins d’eau d’où ils ne purent se tirer et y moururent de froid ou noyés les mains agrippées aux bords des trous dans un suprême effort pour se dégager. » (Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, édition du centenaire La découverte/poche, 2013, 14e cahier Dans la boue sanglante de la Somme, 1er novembre 1916 – 30 janvier 1917, p. 411-412)

Dans « La main coupée », Blaise Cendrars livre l’effroyable description des effets meurtriers de la boue :
« Nous étions remontés en ligne devant Herbécourt [dans la Somme], dans la tranchée Clara, où tout l’héroïsme consistait de résister durant quatre jours à la succion de la boue qui faisait ventouse par en bas… Pour un sale coin c’était un sale coin, un lac de bouillasse d’où émergeaient des tas de boue qui s’arrondissaient en forme de croûtes molles et boursoufflées que crevaient les obus qui faisaient jaillir des geysers giclant épais à différentes hauteurs, le trou des entonnoirs se remplissant lentement mais inexorablement d’une eau lourde et crayeuse. Dans ce magma les hommes glissaient, sautaient, nageaient, étaient le plus souvent sur le dos ou sur le ventre que sur pieds et, comme des naufragés vidés dans un lagon, allaient munis d’une grosse canne ou d’un bâton, pataugeaient, s’enlisaient perdaient le fond, plongeaient dans la flotte jusqu’au menton, se cramponnaient à des pieux ou à des bouts de planche coincés entre deux monticules bavants ou fichés de travers le long des parois glissantes comme les échelons d’une échelle démantibulée dont les deux bouts eussent été engloutis, et les hommes se sentaient perdus et restaient cramponnés à leurs misérables appuis, comme suspendus au bord du gouffre qui digérait tout ce qui y tombait, et si l’immonde bouillasse ne montait pas jusqu’à leur instable point d’appui pour leur faire lâcher prise à la longue, on voyait dans leurs yeux monter l’horreur et le détresse au fur et à mesure qu’ils prenaient conscience de leur situation et sentaient grandir leur faiblesse.
Nous faisions corps avec des chasseurs à cheval mis à pied faute de montures et qui venaient avec nous à la Clara comme renfort, l’effectif des escouades étant réduit et allant chaque jour s’amenuisant à la suite des évacuations de plus en plus nombreuses vu les pieds gelés, les bronchites, les pneumonies, les conjonctivites, les maux de dents, et autres séquelles dues aux misères de ce premier hiver de guerre, et c’est dans la tranchée Clara que j’ai vu un de ces malheureux cavaliers, gênés qu’ils étaient dans leurs mouvements par leur haut shako, leurs éperons, leur grand sabre, leur manteau de cavalerie à pèlerine et à traîne, leurs houseaux, être lentement aspiré et disparaître dans le fond sans que nous puissions le tirer de là, et nous étions bien dix à l’entourer, à lui tendre la main, des perches ou nos fusils, à lui donner de bons conseils pour se dépêtrer, lui criant surtout de ne pas bouger car il s’enfonçait à chaque mouvement qu’il faisait, à lui placer des bouts de bois sous les bras, essayant de faire levier avec une grosse tige de fer sans arriver à l’arracher, même au risque de lui défoncer la poitrine ou de lui faire sauter les omoplates tant nos manœuvres se faisaient brusques dans notre désarroi, ses houseaux faisant succion, l’ignoble ventouse ayant raison de nous. Le malheureux !… » (cité sur le site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front ; (livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy)

La boue est sans pitié, pour y survivre, les soldats devront l’être parfois eux aussi, ainsi qu’on peut le lire dans l’Historique du 30e RI (où combattent beaucoup de Passerands) :
Journée du 22 avril 1916, lutte pour le Mort-Homme à Verdun. Témoignage du soldat Louis Corti du 30e R.I. : « Nuit du 22 au 23 avril. – Le Ier bataillon du 30ème RI monte à l’attaque du ravin de la Dame. “Il a plu et la boue a envahi tout le secteur. Cherchant un abri, un homme s’est jeté dans le boyau, et la boue est aussitôt montée jusqu’à sa ceinture. Il demande de l’aide ; 2 hommes lui ont tendu leurs fusils, mais ils ont glissé et vite, ils ont repris place dans la colonne qui passe tout près, sourde aux supplications de l’enlisé qui s’enfonce, sans secours.” (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

The battle of Passchendaele, july-november 1917 

The battle of Passchendaele, july-november 1917 (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

The battle of Passchendaele, july-november 1917 (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

Témoignage de Robert PERREAU, caporal au 203e R.I. : ” La tranchée n’est plus maintenant qu’une mare de boue d’où monte une odeur intolérable. On se réfugie sur les rares banquettes qui tiennent encore. Les caisses de grenades constituent des perchoirs sur lesquels on s’agrippe et où l’on cherche à grouper les couvertures, les musettes, les grenades et les armes. Toute tête qui dépasse le parapet est une cible pour le guetteur d’en face. Il faut rester accroupi sur son socle pour ne pas s’enfoncer dans la boue jusqu’au ventre ou rester enlisé.
Au bout de quelques heures, cette position cause une souffrance atroce.
Il est impossible de communiquer entre nous pendant le jour. Tout objet qui échappe des mains est irrémédiablement perdu dans la boue liquide. Le moral est plus bas que je ne l’ai jamais vu devant de telles misères physiques. La pluie tombe sans arrêt et traverse nos vêtements. Le froid nous pénètre, les poux nous sucent, tout le corps est brisé.
La pluie et la boue décomposent les cadavres d’où s’exhale une odeur écœurante. Nous ne mangeons plus. Je vois des hommes de quarante ans pleurer comme des enfants. Certains voudraient mourir. Seule la nuit nous permet de quitter une position que nous avons dû garder pendant 12 heures. ” (site lesfrancaisaverdun-1916.fr)

Soldats anglais dans la boue, The battle of Passchendaele, july-november 1917

The battle of Passchendaele, july-november 1917 (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

The battle of Passchendaele, july-november 1917 (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front)

Les pieds de tranchée (voir notre pageLes soldats de Passy dans le froid des tranchées” )

Témoignage du soldat Eugène POEZEVARA : ” Le 9 à 10 heures du matin, on faisait une attaque terrible où nous y laissons les trois quarts de la compagnie. Il nous est impossible de nous replier sur nos lignes ; nous restons dans l’eau trente-six heures sans pouvoir lever la tête ; dans la nuit du 10 au 11, nous reculons de un kilomètre. On ne pouvait plus tenir sur nos jambes ; j’avais le pied gauche noir comme du charbon et tout le corps tout violet. ” (site lesfrancaisaverdun, page témoignages de poilus)

« La boue, la voici, la vraie, la seule gadoue ! Partout nous en avons jusqu’aux genoux. La guerre n’est pas le seul ennemi du poilu. Tous les récits de la boue, véritable problème dans des tranchées creusées dans le limon des plateaux, et cela dans un labyrinthe de boyaux. Notre consolation, c’est de penser que si les Boches s’aventuraient là-dedans en nous attaquant, il n’en reviendrait pas un seul à Berlin. Les ordres nous sont parvenus d’installer des liaisons par coureurs dans les boyaux. Nous répondons par une fin de non-recevoir ; vu que nos coureurs ne savent pas nager. » Lieutenant Etévé du 417 R.I. (Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front

Voir aussi Paul JANKOWSKI, 21 février 1916. Verdun, coll. « Les journées qui ont fait la France », NRF, Gallimard, 2013 ; Chapitre 7 Le cauchemar : p. 197 La boue, les rats, les poux… (Livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy)

Conclusion

« Guerre d’usure sur le plan militaire, la Grande Guerre le fut aussi pour des raisons météorologiques, agissant directement et durablement sur le moral et la santé du soldat des tranchées. A une entrée en guerre marquée par la forte chaleur succédèrent des périodes de pluie remarquables : 1915 et 1916 comptèrent parmi les années les plus pluvieuses depuis 1877, date des premiers relevés pluviométriques du B.C.M. de France. Les régiments durent ensuite affronter deux hivers particulièrement rigoureux dont la terrible vague de froid de janvier-février 1917 avec ses périodes de gel remarquables en intensité et en durée. » (site lodel.irevues.inist.fr)

Sources et sites pour en savoir plus :

Site paysagesenbataille.be, page boues infernales du front

site lodel.irevues.inist.fr : Au temps météorologique de la grande guerre. Approche séquentielle des périodes contraignantes dans les tranchées sur le front de la Marne et de la Meuse, 1914-1918, Climatologie, 2011, p. 59-77, par Edwige Savouret, Jean-Paul Amat, Olivier Cantat et Paola Filippucci

site familles-de-quintenas.com

site la-gazette-de-danielle.over-blog.com

photo de l’exposition « De boue et de larmes… 14-18 dans les yeux d’un poilu », site e-journal de Boulogne-Billancourt
site icem-freinet.net  

site 20minutes.fr 

site lesfrancaisaverdun.fr  et site lesfrancaisaverdun-1916.fr

Maurice Gabolde « Les carnets du sergent fourrier. Souvenirs de la Grande Guerre, éd. L’Harmattan » et site gabolem

site gallica.bnf.fr

site lamaindemassiges.com, page La BOUE, le FROID, et les travaux de tranchées de Massiges

site lescarnetsdefrederic

site du Travet, petite commune du Tarn

Voir nos autres pages sur
– Passy pendant la grande Guerre
en particulier
notre page consacrée au monument aux morts de Passy.

– Passy du XXe siècle à nos jours.

Découvrez aussi, sur notre site, la richesse et la variété du patrimoine de Passy :
 Les ex-voto du temple romain de Passy
– Le château médiéval de Charousse à Passy
– Le retable de la Chapelle de Joux, à Passy
– L’étonnant « Cahier » d’Eugène Delale, école de Passy, 1882
–  La méthode Freinet à l’école de Passy, 1932-1952
– La conduite forcée de 1947-1952 et la production hydroélectrique à Passy
– L’Arve des Gures aux Egratz, à Passy
– Vues panoramiques sur le Mont-Blanc depuis Passy
– L’inalpage dans les « montagnes » de Passy, « l’emmontagnée », et la « remuée » pendant l’été
– La gare de Chedde à Passy et la ligne Le Fayet-Chamonix
– La sculpture d’Albert FERAUD (1921-2008), La Porte du soleil (1973), sur la « Route de la Sculpture Contemporaine » à Passy
– La stèle de la Torchette à Passy et les commémorations du maquis de Montfort

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