Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre » 1e partie : 1914-1915 et Vatusium n° 19, 2016 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 2e partie : 1916 à 1919.
Cette page BONUS complète nos articles publiés dans les numéros 18 et 19 de Vatusium, en particulier l’article « Les soldats de Passy « détachés » et « affectés spéciaux » dans Vatusium n° 18, pages 51 à 56 et l’article « Les femmes de Passy pendant la grande Guerre » dans Vatusium n° 19, pages 5 à 8.
Voir aussi sur ce site nos pages
“Les soldats de Passy détachés dans les usines de guerre en 14-18”
et “Le rôle des femmes pendant la Grande guerre”
Au moins 22 soldats de Passy ont été « détachés agricoles » et d’autres ont obtenu une « permission agricole » temporaire à un moment ou à un autre de la Grande Guerre.
En 1914, 40 % de la population française travaille en agriculture. (Site syndicat agricole.com, page Les paysans et la Grande Guerre)
Paysan français en 1914
La mobilisation d’août 1914 a entraîné une grande pénurie de main d’œuvre dans les campagnes. Année après année, le gouvernement va essayer de résoudre ce problème.
ANNEE 1914
L’organisation du service de la main d’œuvre agricole
Dès août 1914, 3.700.000 hommes sont mobilisés dont un grand nombre de paysans. A la veille des moissons il est urgent d’encourager les paysannes à terminer les récoltes, essentielles pour l’approvisionnement du pays et des troupes engagées dans le conflit.
Le président du conseil René Viviani (1914-1915) lance alors un appel aux femmes françaises reproduit dans l’édition du 7 août 1914 du Figaro : Pour la moisson Appel aux femmes françaises
Malgré l’intérêt primordial de la défense nationale contre l’agression allemande, il est une question dont on doit se préoccuper. La guerre éclate juste au moment où l’on allait faire la récolte du blé. Il ne faut pas laisser perdre cette récolte qui représente quelque chose comme huit milliards ! Le président du Conseil vient d’adresser, à cet effet, l’appel suivant aux femmes françaises :
« Aux Femmes françaises,
La guerre a été déchaînée par l’Allemagne, malgré les efforts de la France, de la Russie, de l’Angleterre pour maintenir la paix. A l’appel de la Patrie, vos pères, vos fils, vos maris se sont levés et demain ils auront relevé le défi.
Le départ pour l’armée de tous ceux qui peuvent porter les armes, laisse les travaux des champs interrompus : la moisson est inachevée le temps des vendanges est proche. Au nom du gouvernement de la République, au nom de la nation tout entière groupée derrière lui, je fais appel à votre vaillance, à celle des enfants que leur âge seul, et non leur courage, dérobe au combat. Je vous demande de maintenir l’activité des campagnes, de terminer les récoltes de l’année, de préparer celles de l’année prochaine. Vous ne pouvez pas rendre à la patrie un plus grand service.
Ce n’est pas pour vous, c’est pour elle que je m’adresse à votre cœur.
Il faut sauvegarder votre subsistance, l’approvisionnement des populations urbaines et surtout l’approvisionnement de ceux qui défendent la frontière, avec l’indépendance du pays, la civilisation et le droit.
Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie ! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés !
Il n’y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout ! à l’action ! à l’œuvre ! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde.
Vive la République Vive la France. »
Pour le Gouvernement de la République : Le président du Conseil des ministres, René Viviani. (Site lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18)
« Tous travaillent pour le Salut de la France » Les glaneuses, d’après Les Glaneuses de Jean-François Millet
En fait, toutes les catégories de civils sont sollicitées : les femmes, les réformés, les vieillards, les réfugiés, sans oublier les enfants et les adolescents, déjà sensibilisés au patriotisme et aux sacrifices civiques dans leur vie scolaire. En 1917, une circulaire du ministre de l’Instruction publique enjoindra même aux recteurs d’organiser des “vacances à la ferme”. (Site archivespasdecalais.fr, page Moissons en état d’urgence)
Voir notre article « Les femmes de Passy pendant la grande Guerre » dans notre revue Vatusium n° 19, pages 5 à 8.
Eauze, Gers. Les femmes dans les travaux des champs durant la guerre
Femme maniant la faux
Voir sur ce site notre page « Les chevaux de Passy réquisitionnés en 14-18 »
Dès 1914, le gouvernement fait venir des milliers de travailleurs étrangers et coloniaux ; une partie est assignée aux travaux des champs sous l’égide du Service de la main d’œuvre agricole.
Plus d’infos sur le site histoire-immigration.fr
ANNEE 1915
Les premières permissions agricoles
« Les premières permissions agricoles sont données aux soldats restés dans les dépôts et aux territoriaux stationnant à l’arrière. Pourtant, ces efforts ne suffisent pas.
En 1915, on chercha à mettre en place des équipes de travailleurs prisonniers. Les effectifs furent insuffisants et lorsque l’on essaya de les augmenter, on se trouva face à une pénurie d’hommes pour les garder. On chercha des hommes non mobilisés (circulaire ministérielle du 27 juillet 1916), ce fut un relatif échec. En Sarthe, on ne trouva que 21 volontaires quand 20 militaires du 28e RIT étaient chargés de 70 prisonniers dans une carrière l’année précédente !
C’est dans ce contexte qu’est adoptée le 17 juin 1915 la loi Dalbiez, ayant pour objet d’assurer la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables. Environ 400 000 hommes sont retirés du front, affectés aux usines, aux mines ou encore aux récoltes. (Site archivespasdecalais.fr, page Moissons en état d’urgence)
Enfin, une décision du ministre de la Guerre du 1er septembre 1915 autorise les permissions agricoles de quinze jours (entre le 1er septembre et le 15 décembre), sous réserve de certaines conditions d’éligibilité. Comme les autres types de permission, ces dernières renforcent un sentiment d’inégalité dans les rangs des poilus, car leur acceptation dépend en grande partie du secteur d’affectation. En effet, seuls les soldats se trouvant en zone “calme” peuvent prétendre bénéficier de ce régime.
D’autres soldats, agriculteurs dans le civil, sont systématiquement réquisitionnés pour leurs compétences par le ministère de l’Agriculture ou expressément demandés par les maires de leurs communes d’origine. » (Site archivespasdecalais.fr, page Moissons en état d’urgence)
Dès 1915, des certificats pour permissions furent donc mis en place par l’administration. (Arnaud Carobbi, site pages14-18-mesdiscussions.net, page travaux agricoles, sujet 9196)
Faucheur
Des exemples de PERMISSION AGRICOLE temporaire à Passy :
Permission agricole de Joseph Buttoudin (Voir Vatusium 19, p. 7 et 9 à 13) :
Carte envoyée à Joseph BUTTOUDIN par son oncle Alfred GATTINI, né aux Houches en 1884 et serrurier à St-Claude dans le Jura, rappelé au 5e Rgt d’artillerie lourde en août 1914 (Doc. Gérard Buttoudin)
Paris, le 17 août 1915,
Cher Neveu,
Je t’écris cette carte pour te donner de mes nouvelles qui assez bonnes pour le moment. J’ai reçu une lettre de ton papa qui m’a fait plaisir de les savoir en bonne santé ainsi que ta grand-mère. Toi, j’espère que tu te fais bien au métier et que tu t’ennuies pas trop. J’ai été content pour toi que tu aies eu 15 jours de permission ; tu en auras profité pour faire les foins, car il doit manquer de bras pour travailler. Plus rien à te dire pour le moment en attendant une réponse, ton oncle Alfred qui t’envoie ses meilleurs baisers. Tu verras mon adresse sur l’enveloppe.
MICHOLLIN Marcel Félix classe 1914, obtient une permission agricole du 25 juillet au 8 août 1915, après une blessure et sa convalescence. Incorporé au 22e Btn de Chasseurs le 6 septembre 1914 ; passé au 11e Btn de Chasseurs à pied le 1er novembre 1914. Blessé le 20 février 1915 au combat de Sultzeren : plaie par balle à la jambe droite. En traitement à l’hôpital du 23 février au 27 juin 1915 pour blessure de guerre ; permission à titre de convalescence du 28 juin au 4 juillet 1915. Cité à l’ordre du Bataillon n° 20 du 20 janvier 1916 : « Belle conduite au combat du 20 février 1915. » Croix de guerre, étoile de bronze. Blessé par éclats d’obus au menton et à l’oreille droite reçus le 20 juillet 1916 à Hurlu (Somme)
PELLET-CALNY Thomas Aristide, classe 1895, Territorial rappelé à l’activité à la mobilisation générale le 3 août 1914 au 1er Btn territorial de chasseurs à pied ; Placé en sursis d’appel comme conducteur de battage à Passy le 3 septembre 1915 ; passé au 2e Groupe d’aviation le 13 janvier 1916 ; détaché le 4 octobre 1918 aux usines Berliet à Lyon ; passé au 158e RI le 7 octobre 1918. Campagnes contre l’Allemagne : intérieur du 3 août 1914 au 2 septembre 1915 ; sursis du 3 au 25 septembre 1915 ; intérieur du 26 septembre 1915 au 3 octobre 1918 ; détaché du 4 octobre 1918 au 16 janvier 1919. Démobilisé le 16 janvier 1919. Se retire à Passy.
GUBERT Ulysse Adolphe, classe 1914, incorporé au 140e RI le 20 novembre 1914 ; passé au 159e RI le 14 février 1915, blessé le 6 septembre 1916 à Barleux dans la Somme : plaie bras gauche par éclat d’obus ; rentré au dépôt le 10 décembre 1916. Classé service auxiliaire le 3 février 1917. Passé au 75e RI le 1er octobre 1917, au 30e RI le 1er décembre 1917. En traitement et en convalescence dans divers hôpitaux du 6 septembre 1916 au 28 février 1917 ; détaché en équipe agricole du 16 mars au 9 avril 1917. Classé service auxiliaire le 3 février 1917. Détaché comme garde frontière du 15 juin au 13 octobre 1918. En traitement pour maladie et en convalescence du 14 octobre 1918 au 12 janvier 1919 ; détaché comme garde-frontière du 14 janvier au 3 avril 1919. Démobilisé le 4 avril 1919.
« Le 22 décembre 1915, sont créées les commissions départementales de la main-d’œuvre agricole. Le ministre de la Guerre délègue alors ses pouvoirs en matière agricole aux généraux des régions, assistés d’une commission départementale. » (Site archivespasdecalais.fr, page Moissons en état d’urgence)
Voir aussi le site alienor.org, page permissions.
“Equipe d’agriculteurs du 143ème territorial” en train de ramasser le foin. (Soissons. Aisne. France. 1917)”
Culture maraichère : voir photo sur le site ernestvidal.blogspot.fr .
Extrait du journal « Le commerce de Sablé », dimanche 31 octobre 1915 : Permissions agricoles :
Afin d’augmenter la main d’œuvre mise à la disposition de l’agriculture, le Ministre de la Guerre a décidé que les permissions de 15 jours seraient accordées dans la plus large mesure, avec prolongation, à tous les hommes de troupes agriculteurs en service dans les dépôts à l’exception de ceux appartenant au service armée et aux classes 1902 à 1915 inclus et affectés à l’infanterie ou au génie.
Des équipes de travailleurs pourront être fournies partout où elles seront demandées et des chevaux seront mis à la disposition des agriculteurs qui en feront la demande. Cette nouvelle série de permissions prendra fin le 15 décembre. (Site combattant.14-18)
Extrait du journal « Le commerce de Sablé », dimanche 2 janvier 1916 :
La délivrance des certificats pour permissions agricoles
On nous communique :
Un militaire de la Sarthe, non agriculteur, s’étant fait délivrer par la mairie de sa commune un certificat attestant qu’il était cultivateur, a bénéficié d’une permission de semailles.
Une enquête faite par son corps ayant constaté qu’il n’utilisait pas sa permission aux travaux des champs, ordre lui a été donné de rejoindre immédiatement son dépôt où il s’est vu infliger une punition de soixante jours de prison.
En portant ce fait à la connaissance des intéressés, mobilisés et maires, j’insiste à nouveau sur la nécessité de ne donner des certificats qu’aux militaires exerçant véritablement une profession agricole.
Les maires qui délivreraient des certificats de complaisance à des mobilisés non cultivateurs, engageraient gravement leur responsabilité.
Le Préfet, P. Bordes (Site combattant.14-18)
ANNEE 1917
En 1917, face à l’épuisement des réserves céréalières et à la diminution alarmante du cheptel, le gouvernement multiplie les réformes pour accélérer les récoltes. (site archivespasdecalais.fr, page Moissons en état d’urgence)
Une circulaire du ministère de la guerre datée du 12 janvier 1917 change la manière de traiter cette pénurie de main d’œuvre : elle met à disposition les hommes des classes 1888 et 1889 comme main d’œuvre agricole pouvant bénéficier d’un détachement. Ils ne sont plus mobilisés comme militaires au front mais comme militaires travaillant aux champs. Les hommes qui bénéficient de ce dispositif sont répartis en deux catégories :
– Catégorie A : propriétaires exploitants, fermiers et métayers. Ils sont renvoyés dans leur exploitation. Bien que propriétaires, ils doivent théoriquement un temps de travail hebdomadaire à la communauté (cinq journées de travail pour la communauté pour un propriétaire de moins de 5 hectares à une seule pour un propriétaire de 20 hectares et plus).
– Catégorie B : ouvriers agricoles et agriculteurs des régions envahies. Ils sont affectés à une commune ou à une exploitation.
Les objectifs sont clairement annoncés dans la circulaire : “maintenir voire augmenter à tout prix la production du sol national alors que la main d’œuvre habituelle manque de plus en plus.”
La mention “Détaché agricole catégorie A” ou “catégorie B” est souvent accompagnée des dates de détachement agricole sans plus de détails. Toutes ces mentions ont en commun la main d’œuvre agricole.
L‘utilisation de soldats mobilisés pour les travaux agricoles n’est pas une nouveauté en 1917. Cependant, les permissions pour ce motif n’apparaissent pas dans la fiche matricule car temporaires. Il en va tout autrement du nouveau dispositif mis en place au début de l’année 1917. (Site combattants.14-18)
La décision ministérielle du 6 mai 1917 :
Ce texte est une extension de celle du 12 janvier aux soldats du service auxiliaire des classes 1895 et antérieures voire aux pères de cinq enfants ou veufs pères de quatre de certaines classes.
La décision ministérielle du 27 juillet 1917 :
D’abord, la main d’œuvre agricole mise en place en janvier 1917 ne concernait que les classes 1888 et 1889. Mais elle fut rapidement étendue aux classes 1890 et 1891 par la décision ministérielle du 27 juillet 1917. Il fut ajouté à cette occasion les classes 1895 et plus anciennes du service auxiliaire, les pères de cinq enfants ou veufs père de quatre enfants appartenant à la RAT dont la profession est :
– maréchal ferrant ;
– forgeron ;
– réparateur de machine agricole ;
– bourrelier ;
– sellier ;
– charron.
Pour prétendre à ce détachement, les hommes mobilisés doivent prouver qu’ils exercent bien cette profession. Ils doivent produire un certificat signé du maire de la commune et du percepteur (pour les patentés) ou de l’employeur (non patentés). Dès production des documents, le chef de corps ou de service devait diriger l’homme sur sa résidence et transmettre son dossier au général commandant la région militaire. En effet, bien que travaillant à nouveau à l’arrière dans leur exploitation pour certains, dans leur métier pour les autres, ils restent sous contrôle militaire, en service commandé (c’est pour cela qu’on les considère comme “détachés“). Bien que considérés comme ne participant plus à la campagne (aucune mention de campagne simple, leur “campagne” s’achève avec leur passage dans la main d’œuvre agricole) ils restent sous la surveillance de l’autorité militaire et gardent une affectation à un dépôt.
Pour la Haute-Savoie : 14e région militaire : 30e R.I. Annecy.
La circulaire ministérielle du 18 novembre 1917 :
Ce texte fait suite au passage de la classe 1896 dans la Réserve de l’Armée Territoriale au 1er octobre 1917. Il étend le dispositif des détachements agricoles aux hommes de cette classe s’ils sont affectés au service auxiliaire ou au service armé mais pères de 5 enfants ou veufs pères de 4 enfants.
Soldats détachés agricoles aidant aux labours
Les cas sont nombreux dans les registres matricules d’hommes d’un certain âge (des classes les plus anciennes) qui ont donc fini la guerre à travailler leurs terres avant d’être démobilisés. (Arnaud Carobbi, site pages14-18-mesdiscussions.net, page travaux agricoles, sujet 9196)
Tous appartenaient à l’armée territoriale ou à la réserve de l’armée territoriale.
Exemples de « détachés agricoles » à Passy en 1917 :
BERGIN Louis Joseph, territorial de la classe 1896, classé Services auxiliaires pour hypermétropie de l’œil droit ; maintenu services auxiliaires le 30 novembre 1914 ; incorporé à la 14e section de C.O.A. [Commis Ouvrier et administration], (section de Commis, services auxiliaires) le 27 mai 1915 ; détaché le 17 juin 1915 à l’usine de Chedde ; passé au 22e Btn de Chasseurs à pied le 1er juillet 1917 ; au 30e RI le 10 novembre 1917 ; détaché comme agriculteur à Passy le 18 décembre 1917 catégorie A ; mis en congé illimité le 14 février 1919. Campagne contre l’Allemagne : intérieur du 1er au 16 juin 1915.
BIOLLAY Gustave, territorial de la classe 1895, territorial maintenu services auxiliaires en août 1914. Maintenu services auxiliaires le 18 décembre 1914 et le 11 septembre 1915. Affecté au 30e RI. Placé en sursis d’appel à l’usine de Chedde le 13 janvier 1915 ; détaché agricole à Passy le 10 novembre 1917. Passé dans la réserve de l’armée territoriale en octobre 1916. Campagne contre l’Allemagne : détaché du 13 janvier 1915 au 5 février 1919. Démobilisé le 5 février 1919.
BLANC Louis Cyrille, classe 1891, réserve de la territoriale, classé Services auxiliaires en 1893 et service armé en déc. 1914 au 28e Btn Chasseurs. Détaché agricole le 11 sept. 1917.
BOTTOLLIER DEPOIS Célestin, classe 1889, réserve de la territoriale, mobilisé en août 1914 au 1er Btn territorial de Chasseurs à pied, renvoyé dans ses foyers le 14 décembre 1914 ; rappelé le 17 avril 1915 et détaché le dit jour à l’usine de Chedde ; mobilisé aux travaux agricoles le 2 mai 1917 ; passé au 30e RI le 10 novembre 1917. Campagne contre l’Allemagne : du 3 août au 16 décembre 1914 et du 17 avril 1915 au 28 novembre 1918. Libéré définitivement le 10 décembre 1918.
BUTTOUDIN Joseph Edouard, territorial de la classe 1897, passé dans l’armée territoriale le 1er octobre 1911. Rappelé à l’activité à la mobilisation générale le 3 août 1914 au 107e RIT, aux armées le 15 septembre 1914 ; rentré au dépôt comme métallurgiste et sursis le 6 juin 1915 à l’usine de Chedde ; détaché agricole catégorie A le 10 novembre 1917. Campagne contre l’Allemagne : intérieur du 3 août au 14 septembre 1914 ; aux armées du 15 septembre 1914 au 7 juin 1915. Démobilisé le 15 janvier 1919.
COLLUBRIER Pierre Ernest, territorial de la classe 1890, cultivateur à la Motte. Mobilisé le 3 août 1914 au 107e Régt territorial d’’infanterie. Passé au 112e RIT le 1er avril 1915 ; au 137e RIT le 6 novembre 1915. Mis en sursis d’appel du 8 avril au 30 juin 1917 à l’entreprise Bossoney à Chamonix ; détaché aux travaux agricoles le 3 août 1917, catégorie A. Libéré définitivement le 10 décembre 1918. Campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 10 décembre 1918.
FERRAND Jean François, territorial de la classe 1895, Territorial rappelé à l’activité en août 1914. Classé service armé le 18 décembre 1914. Incorporé le 19 mars 1915 au 22e Btn de Chasseurs à pied ; arrivé au corps le 28 juillet 1915 ; classé services auxiliaires le 7 août 1915 pour surdité et hernie ; renvoyé dans ses foyers le 11 septembre 1915 ; rappelé au 6e Rgt d’artillerie le 5 novembre 1915. Détaché du 17 au 18 janvier 1916 à la poudrerie St-Chamas ; détaché à la poudrerie de Chedde le 27 mars 1916 ; détaché aux travaux agricoles le 6 juin 1917 catégorie A ; passé au 30e RI le 22 octobre 1918. Campagne contre l’Allemagne : intérieur du 28 juillet au 11 septembre 1915 ; intérieur du 5 novembre 1915 au 17 janvier 1916 ; détaché du 18 janvier 1916 au 22 février 1919.Démobilisé le 22 février 1919.
FERRAND Ulysse Lucien, classe 1889, réserve de la territoriale, pris bon service armé en octobre 1914 ; affecté au 107e RIT ; incorporé au 107e RIT le 6 novembre1914 ; détaché à l’usine de Chedde (sans précisions), puis détaché aux travaux agricoles le 19 mars 1917 catégorie A. Campagne contre l’Allemagne : du 13 novembre 1914 au 28 novembre 1918. Libéré définitivement le 30 novembre 1918.
FIVEL Henri Hubert, classe 1892, réserve de la territoriale, en sursis à l’usine de Chedde en 1914 ; sergent ; détaché comme bûcheron le 13 avril 1917.
FIVEL Pierre Alphonse, classe 1889, réserve de la territoriale, mobilisé le 3 août 1914, nommé caporal le 11 novembre 1914 au 112e Régt Territorial d’Infanterie (10e Compagnie), placé en sursis d’appel à partir du 21 juillet 1915 comme employé à la société des Forces motrices et Usines de l’Arve, usine de Chedde ; Passé au 44e RIT le 8 juin 1915 ; détaché agricole catégorie A le 15 mars 1917. Campagne contre l’Allemagne : du 3 août 1914 au 21 juillet 1915 et du 15 mars 1917 au 28 novembre 1918. Libéré définitivement le 30 novembre 1918.
FIVEL-DEMORET Alfred Jean Pierre, classe 1890, réserve de la territoriale ; mobilisé le 3 août 1914 au 107e RIT ; Passé au 112e RIT le 1er avril 1915 ; au 138e RIT le 1er novembre 1915 ; passé à la 4e Section de C.O.A. [Commis et Ouvriers militaires d’Administration] le 1er décembre 1915 ; détaché aux travaux agricoles le 19 juillet 1917 catégorie A. Passé au 30e RI le 10 novembre 1917. Libéré définitivement le 10 décembre 1918. Campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 19 juillet 1917.
FIVEL-DEMORET Jacques François, classe 1890, réserve de la territoriale, bon pour le service « dispensé comme aîné de 7 enfants » ; mobilisé le 3 août 1914 au 107 Régt Territorial d’Infanterie ; Passé au 112e RIT le 1er avril 1915 ; Détaché à l’usine de Chedde le 19 juillet 1915 ; détaché aux travaux agricoles le 2 août 1917 catégorie A ; passé au 30e RI le 10 novembre 1917. Libéré définitivement le 10 décembre 1918. Campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 10 décembre 1918.
FORESTIER Claude François, classe 1890, réserve de la territoriale, mobilisé le 3 août 1914 au 107e RI ; Passé au 112e RIT le 1er avril 1915 ; au 138e RIT le 1er novembre 1915 ; détaché agricole catégorie A, le 22 octobre 1917 ; Passé au 30e RI le 10 novembre 1917. Libéré définitivement le 10 décembre 1918. Campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 10 décembre 1918.
HERITIER Alphonse Jean François, réserviste de la classe 1910, exempté pour faiblesse générale ; classé bon pour le service armé le 20 octobre 1914, affecté au 30e RI le 17 novembre 1914 ; passé au 175e RI le 28 avril 1915 (armée d’Orient le 2 mai 1915) ; passé au 58e Bataillon de Chasseurs en qualité de mitrailleur le 17 février 1916 ; évacué pour paludisme le 5 juin 1917 ; détaché agricole du 6 novembre au 3 décembre 1917. Croix de guerre Etoile de bronze ; médaille commémorative d’Orient, médaille commémorative serbe.
HUDRY Henri Eugène, classe 1890, réserve de la territoriale, mobilisé le 3 août 1914 au 107e RI ; Détaché à la Société des Forces motrices à Chedde le 3 novembre 1914 par ordre du Gouverneur militaire de Lyon du 25 octobre 1914 ; détaché agricole catégorie A le 10 août 1917. Libéré définitivement le 10 décembre 1918. Campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 10 décembre 1918.
JACCOUD Henri Aristide, territorial de la classe 1897, rappelé en août 1914 au 107e RIT. Exempté en 1898 ; campagne du 20 novembre 1914 au 6 mars 1915 ; 107e RIT ; 297e RI services auxiliaires ; 10e Rgt d’artillerie ; détaché aux travaux agricoles. L’intéressé n’a pas été mis en congé illimité étant détaché aux travaux agricoles catégorie A. Campagne contre l’Allemagne : intérieur C.S. du 20 novembre 1914 au 6 mars 1915.
LONG François Joseph, territorial de la classe 1896, rappelé au 107e Territorial ; passé au 112e RIT le 1er avril 1915 ; blessé par éclat d’obus au mollet gauche le 3 octobre 1915 à Souain ; détaché le 11 avril 1916 à Maison Georges Paccard à Annecy ; passé le 4 juin 1917 à son exploitation forestière.
LONG Eugène Alfred, territorial de la classe 1894, exempté en 1895 ; pris bon service armé en novembre 1914 ; classé services auxiliaires en juillet 1915 ; renvoyé provisoirement dans ses foyers le 8 juillet 1915 ; rappelé au 14e Escadron du train le 14 novembre 1915 ; en sursis d’appel comme batteur à Passy jusqu’au 30 septembre 1916 ; détaché aux travaux agricoles le 22 mai 1917 catégorie A ; passé au 30e RI le 10 novembre 1917.
POENCET Zéphirin Eugène, classe 1890, réserve de la territoriale, classé services auxiliaires, puis service armé le 24 décembre 1914 ; affecté au 107e RIT le 1er avril 1915 ; détaché à l’usine de Chedde le 30 mars 1915 ; détaché aux travaux agricoles le 24 juillet 1917 catégorie A. Campagne contre l’Allemagne du 1er avril 1915 au 10 décembre 1918.
PUGNET François Eugène, territorial de la classe 1894, Exempté en 1895 ; pris bon service armé en octobre 1914 ; affecté au 107e Territorial d’Infanterie en novembre 1914 ; (…) classé service auxiliaire en janvier 1917 ; détaché aux travaux agricoles le 31 mai 1917 catégorie A ; passé au 30e RI le 10 novembre 1917.
ANNEE 1918
Échec des mesures : des besoins non satisfaits
Tous ces efforts se révèlent finalement insuffisants pour gagner la bataille de la production, en dépit d’une exploitation des sols parfois dangereusement poussée. (site archivespasdecalais.fr, page Moissons en état d’urgence)
Les détachés agricoles permanents ne suffisent clairement pas : la main d’œuvre agricole reste insuffisante.
Femmes aux travaux agricoles
Pour la récolte 1918 sont mis en place des détachements temporaires (de 10 jours à 2 mois) à la place des permissions agricoles qui ont fait l’objet de bien trop d’abus selon la justification du ministre de l’agriculture et du ravitaillement.
En mai 1918, les effectifs à la terre étant toujours insuffisants, une circulaire du ministère de la Guerre de mai 1918 applicable à partir du 5 juin organise des “équipes de travailleurs ambulants”. Sont concernés les hommes de la classe 1892 au service armé, les hommes de toutes professions de la classe 1919 mais affectés au service auxiliaire (à l’exception des hommes affectés aux formations, services et établissements de l’aéronautique militaire et au service automobile).
Ces hommes durent être ensuite organisés en “équipes de travailleurs ambulants” de 40 à 50 hommes, encadrés par deux ou trois gradés agriculteurs de la classe 1892, pour trois mois. Il est possible que des hommes se soient retrouvés dans d’autres régions militaires ou départements que le leur afin de répartir correctement les gradés et réalisé un amalgame des deux groupes d’hommes concernés.
Dernière tentative de mettre plus de main d’œuvre dans l’agriculture, faire surveiller les prisonniers allemands par des détachés catégorie B. (Site combattants.14-18)
Exemples de « détachés agricoles » à Passy en 1918 :
GROSSET Marie Eli, territorial de la classe 1897, rappelé en août 1914 au Groupe territorial du 11e Rgt d’artillerie à pied. Passé au 85e Rgt d’artillerie lourde le 11 novembre 1915 ; classé services auxiliaires au 85e Rgt d’artillerie lourde le 12 août 1916 pour insuffisance mitrale ; détaché aux travaux agricoles à Passy le 15 octobre 1918 catégorie B. Campagne contre l’Allemagne : intérieur du 2 août 1914 au 10 novembre 1915 ; aux armées du 11 novembre 1915 au 16 mai 1916 ; intérieur du 14 mai 1916 au 2 novembre 1918. Démobilisé le 19 février 1919.
MICHOLLIN Joseph Félix, territorial de la classe 1897, rappelé en août 1914 au 14e escadron territorial du Train ; classé dans le service auxiliaire le 19 août 1914. Placé en sursis d’appel à l’usine de Chedde le 27 mars 1915. Détaché aux travaux agricoles catégorie A à Passy le 18 octobre 1918. Campagne contre l’Allemagne : intérieur du 6 au 19 août 1914. Démobilisé le 5 février 1919.
Les paysannes françaises dans la Grande guerre
En guise de conclusion…
“Dans les fermes françaises, le départ des hommes a provoqué une véritable révolution familiale.
Restées sur les exploitations, les femmes ont dû soigner le bétail, récolter, vendre, acheter.
Plus de 800.000 d’entre elles se sont retrouvées à gérer des exploitations et ainsi continuer à nourrir la population entière, avec parfois des surprises comme en Dordogne où les paysannes améliorent la valeur des fermes et arrivent même à payer des dettes antérieures à la mobilisation.
Dans l’angoisse permanente d’apprendre un jour le décès de leur maris qui leurs prodiguent tant bien que mal quelques conseils par courrier.
Progressivement, comme à l’usine où les ouvrières prennent leurs marques, les femmes apprennent vite. A tel point que certains poilus s’inquiètent de ne plus trouver leur place, une fois de retour chez eux. Malgré l’aide des personnes âgées et des enfants, la culture des champs s’avère vite épuisante et de nombreuses agricultrices sont vite surmenées.
Les chevaux étant réquisitionnés pour le front, certaines femmes se mettent à plusieurs pour tirer elles-mêmes des charrues comme sur cette photographie qui fera le tour du monde et sera largement repris par la propagande américaine pour soutenir l’effort de guerre des françaises.
Entre 1914 et 1918, près de 550.000 agriculteurs perdent la vie au combat. Une véritable saignée, accompagnée d’une destruction sans précédent des terrains. Deux millions et demi d’hectares sont dévastés, soit l’équivalent en superficie d’une région comme la Champagne-Ardenne.
Les femmes, elles tireront paradoxalement profit de cette période pour s’émanciper professionnellement et poser sans le vouloir les bases d’un féminisme en marche.” (site france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/14-18/les paysannes dans la grande guerre)
Sources et sites à consulter pour en savoir plus :
site histoirecentenaire.wordpress.com https://histoirecentenaire.wordpress.com/author/papoumamou/page/3/
Site lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18 http://www.lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18/2014/08/07/26002-20140807ARTFIG00061-l-appel-aux-femmes-francaises-de-rene-viviani-1914.php
site archivespasdecalais.fr, page Moissons en état d’urgence http://www.archivespasdecalais.fr/Activites-culturelles/Chroniques-de-la-Grande-Guerre/Moissons-en-etat-d-urgence
Site combattants.14-18 http://combattant.14-18.pagesperso-orange.fr/Pasapas/E414DetachesAgricoles.html
Appel aux femmes, 7 août 1914. Site lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18 http://www.lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18/2014/08/07/26002-20140807ARTFIG00061-l-appel-aux-femmes-francaises-de-rene-viviani-1914.php
site lamarseillaise.fr, les paysannes et la guerre de 14 http://www.lamarseillaise.fr/culture/patrimoine/36181-les-paysannes-et-la-guerre-de-14
site ladepeche.fr, article Les femmes se préparent à prendre la relève dans les champs http://www.ladepeche.fr/article/2014/07/23/1923217-femmes-preparent-prendre-releve-champs.html
site jpprissoan-histoirepolitique.com les femmes et la guerre de 14-18 http://www.jprissoan-histoirepolitique.com/le-coin-du-bachotage/documentation-pedagogique-l-aridite-et-les-deserts/lesfemmesetlaguerrede14-181erepartie
site pages14-18.mesdiscussiosn.net :
– page travaux champs, sujet 312) http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/photos-14-18/arriere/photographie-travaux-champs-sujet_312_1.htm Crédit photo Ministère de la Culture (France) – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine – diffusion RMN
http://www.culture.gouv.fr/public/ […] 4%24%2534P
– Arnaud Carobbi, page travaux agricoles, sujet 9196 http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/detour-travaux-agricoles-sujet_9196_1.htm
site ilyaunsiecle.canalblog.com : Faucheur http://ilyaunsiecle.canalblog.com/archives/2014/12/04/31080539.html
site alienor.org, page permissions http://www.alienor.org/publications/ici-et-la-bas/permissions.php
site ruffineck44 http://ruffineck44.blogspot.fr/2014/08/i-ceux-de-14-reedition-en-cours.html?view=snapshot
site ernestvidal.blogspot.fr http://ernestvidal.blogspot.fr/
site france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/14-18/les paysannes dans la grande guerre http://france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/14-18-les-paysannes-dans-la-grande-guerre-1059347.html
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