Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 1ère partie : 1914 et 1915.
De nombreux Passerands ont servi pendant la Grande Guerre au 11e Btn de chasseurs à pied d’Annecy. Certains étaient mitrailleurs.
En août 1914, les généraux français comptaient surtout sur le corps à corps et la baïonnette. Jean-Yves Le Naour rappelle ce qu’en disait le général Foch, en février 1914 : « Les lauriers de la victoire flottent à la pointe des baïonnettes ennemies. C’est là qu’il faut aller les prendre, les conquérir par une lutte au corps à corps si on les veut. Se ruer, mais se ruer en nombre et en masse » (1914, éd. Perrin, éd. 2013, p. 214, livre CHePP disponible à la bibliothèque de Passy)
On va effectivement « se ruer en masse »,… contre les mitrailleuses allemandes Maxim MG 08 au redoutable tir croisé !
« En octobre 1914, au nord de Béthune, l’officier de liaison Edward Spears a vu les dragons charger avec leurs lances, peut-être le dernier assaut de leur histoire dont il est inutile de préciser quel en fut le résultat : « Quel dommage qu’une pareille bravoure fût aussi inutile en face des balles ! » (Jean-Yves Le Naour, op. cit., p. 211)
« On a longtemps dit que, contrairement aux Allemands, les Français étaient sous-équipés en mitrailleuses. Ce n’est pas tout à fait juste : en 1914, les dotations des deux armées sont à peu près équivalentes, mais les officiers français regardent cette machine comme dévoreuse de cartouches et privilégient le tir visé sur l’arrosage de la mitrailleuse. » (Jean-Yves Le Naour, op. cit., p. 211)
Mitrailleuse allemande :
« Même si l’invention n’est pas nouvelle, la mitrailleuse va bouleverser les théories sur le champ de bataille. Sa puissance de feu va rendre obsolètes les assauts à la baïonnette et les charges en terrain découvert. Mais la tactique française est l’opposé de l’allemande. En effet, chez ces derniers, les mitrailleuses sont utilisées en groupe, ce qui permet par des tirs croisés de stopper toute offensive terrestre. Les bilans meurtriers des premières semaines de guerre sont là pour en témoigner. Dans l’armée française, les mitrailleuses sont utilisées isolées et sans mission définie, d’où une moins grande efficacité. » (Yvan Thomas, Le fantassin français, OREP éditions, 2008, p. 20)
Mitrailleuse Hotchkiss pour les Chasseurs alpins
Les Français disposaient d’une mitrailleuse fabriquée en France à Saint-Denis et à Lyon par les Établissements Hotchkiss et Cie. « Elle fut adoptée par l’armée française et mise en service dans les troupes coloniales et les chasseurs alpins. (…) C’était une arme robuste et précise d’un fonctionnement sûr et régulier même dans les conditions les plus difficiles du combat. » (Site guerre-musique)
Elle deviendra « dépassée à partir des années 1930 à cause de son poids trop élevé (24 kg à vide ; 49 kg avec affût), son alimentation par bandes rigides de 24 cartouches et ses munitions en 8 mm Lebel.
L’infanterie française, par contre, fut exclusivement équipée avec des mitrailleuses Saint-Étienne modèle 1907, arme mise au point par la MAS en modifiant la mitrailleuse de Puteaux. » (Site guerre-musique)
Voici quelques exemples de Passerands formés à cette spécialité :
ALLARD François Ernest, Classe 1910, au 133e RI, affecté à une compagnie de mitrailleuses le 17 décembre 1916 ; Cité à l’ordre de la 157e Division n° 74 du 16 juin 1918 : « Mitrailleur dévoué et courageux, s’est vaillamment comporté le 27 mai 1918 en interdisant pendant cinq heures le passage d’un pont. » Cité à l’ordre de la 157e Division n° 241 du 9 novembre 1918 : « Caporal-chef de pièce particulièrement courageux, a par son tir précis au cours des opérations du 30 septembre au 6 octobre (1918) facilité la progression d’infanterie devant une position ennemie fortement organisée. »
BOTTOLLIER-CURTET Pierre René, classe 1907, passé au 2e Rgt de Zouaves le 19 octobre 1914 ; Cité à l’ordre du Rgt n° 30 du 11 juin 1918 : « Excellent tireur fusilier mitrailleur. Le 3 juin 1918 a servi son arme avec le plus grand sang-froid et continué son tir, sans se soucier d’une menace d’enveloppement de la ligne est resté bravement en position. »
BUTTOUD Marcel Alphonse, classe 1914, incorporé le 7 septembre 1914 au 97e RI ; parti en renfort au 97e RIA le 15 décembre 1915 (mitrailleur), Blessé le 9 mai 1915 à Souchez [Souchez en Artois, au nord d’Arras, au sud de Liévin] : plaie au cou par balle. Affecté à la C.M.B. le 19 décembre 1916, passé à la Compagnie de Mitrailleuses du 97e RIA Cité à l’ordre du Rgt n° 500 du 12 juillet 1917 : « Très bon mitrailleur, très courageux et très dévoué, s’est toujours fait remarquer par son sang-froid et son énergie ; blessé le 9 mai 1915 en se portant à l’assaut des retranchements ennemis. » Croix de guerre, étoile de bronze. Tué du 23 au 31 juillet 1918 à Mareuil le Port Chaumuzy et Bois de Reims dans la Marne.
GUICHONNET Nestor Louis, classe 1910, rappelé au 140e RI, caporal fourrier le 8 septembre 1914, sergent fourrier le 2 octobre 1914, sergent major le 20 novembre 1914. Cité à l’ordre du régiment pour « les combats auxquels il a participé avec le régiment. S’est particulièrement fait remarquer par son énergie et sa bravoure au combat d’Hébuterne en juin 1915. » Adjudant le 20 juin 1915 ; détaché comme métallurgiste le 20 septembre 1915 aux Forces motrices de l’Arve jusqu’au 18 février 1916 ; rentré au dépôt le 18 février 1916. A suivi le Cours d’Instruction des Mitrailleurs du Centre de la Valbonne comme chef de Peloton du 16 août au 12 septembre 1916, et a obtenu la note « Apte à commander un Peloton de Mitrailleuses » ; envoyé au Centre de perfectionnement des mitrailleurs de Valreas (Vaucluse) et employé comme instructeur du 15 septembre 1916 au 4 janvier 1917 et a obtenu la note « Très bon instructeur, apte à commander un peloton en campagne. » Passé comme adjudant au 175e RI le 4 janvier 1917, affecté à la 1er C.M. ; rejoint la Compagnie de Mitrailleuses du territoire de Koritza* le 29 mai 1917 ; 30e RI le 30 septembre 1918 ; Adjudant-chef le 20 juillet 1918 ; sous-officier de carrière après la guerre ; décédé le 10 février 1929 à Annecy. Croix de guerre étoile de bronze ; médaille militaire (J.O. du 4 janvier 1929).
HERITIER Alphonse Jean François, Classe 1910, passé au 58e Bataillon de Chasseurs en qualité de mitrailleur le 17 février 1916.
LAVIGNE Georges Louis, classe 1917, 320e Régt Infant., cité à l’ordre n° 203 de la 52e Division d’Infanterie du 11 août 1918 : « Soldat mitrailleur d’un courage et d’un sang-froid remarquable, a fait l’admiration de ses chefs et de ses camarades pendant les combats du … au … A été mortellement blessé à son poste de combat. »
MILLION Léon François, classe 1911, Soldat de 1ère classe au 97e RI, cité à l’ordre du régiment le 18 novembre 1916 N° 404 : « Le 29 octobre 1916, n’a pas hésité à mettre en batterie sa mitrailleuse sur un emplacement entièrement découvert pour tirer sur l’ennemi attaquant un secteur voisin. » Cité à l’ordre du régiment du 7 mai 1918 n° 589 : « Mitrailleur très courageux, tireur d’élite. A causé de très fortes pertes à l’ennemi au moment d’une forte attaque. Durant la campagne, a pris part à toutes les actions du Régiment, fut toujours pour ses camarades un bel exemple de sang-froid et de bravoure ». Croix de guerre, étoile de bronze.
MOGENY François Eugène, classe 1917, 13e Btn de Chasseurs, cité à l’ordre du Bataillon n° 229 du 30 décembre 1918 : « Excellent mitrailleur. S’est brillamment comporté au cours de toutes les affaires auxquelles il a pris part. »
Pour en savoir plus sur les mitrailleuses, voir les sites :
Mitrailleuse.fr, « Les mitrailleuses du premier conflit mondial »
rosalielebel75, Les mitrailleuses
repliplans (page en anglais) La mitrailleuse hotchkiss
Sur les mitrailleuses allemandes :
Mitrailleuse.fr : mitrailleuse allemande ; mitrailleuse allemande, organisation
rosalielebel75 : « L’armée allemande en 1914 »
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