Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

Des Passerands en guerre… avant la Grande Guerre, au Maroc, en Algérie, en Tunisie

Written By: BT

Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande  Guerre » 1e partie : 1914-1915 et  Vatusium n° 19, 2016 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 2e partie : 1916 à 1919.
Cette page BONUS complète nos articles publiés dans les numéros 18 et 19 de Vatusium.

Plusieurs Passerands ont combattu en Afrique du Nord avant le conflit de 14-18 ; ils y ont parfois été blessés. Certains seront tués en France peu de temps après sur les champs de bataille ou mourront des suites de de la Grande Guerre (noms en rouge). Les voici, par ordre alphabétique :
BIAVO Noël, classe 1910 (Algérie avec le 158e Régiment d’Infanterie alpine) ;
BOSSONNEY Jean-Germain
, classe 1912 (Tunisie et Maroc avec le 4e Btn d’Infanterie légère d’Afrique) ;
BOUILLET René Auguste, classe 1910 (Maroc avec le 1er Rgt d’Artillerie de montagne  ;
JACCAZ Pierre François, classe 1909 (Maroc et surtout Algérie avec le 3e Rgt de Spahis) ;
JACCOUX Pierre Joseph, classe 1910 (Maroc et un peu Algérie avec le 14e Bataillon de Chasseurs Alpins) ;
LORATO Simon Vincent, classe 1910 (Algérie avec le 158e Régiment d’Infanterie alpine) ;
MARECHAL Ernest, classe 1913 (Maroc avec le 4e Régiment d’Infanterie Coloniale).
(Voir détails ci-dessous)

Pourquoi de jeunes soldats des classes 1910-1913 sont-ils envoyés en Afrique du Nord ?

Le coup de tonnerre du déclenchement de la guerre en août 14 n’a pas retenti dans un ciel sans nuages.
Le début du siècle a connu des sérieuses tensions entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, sur fond de visées coloniales.

Illustration d’époque relatant l’expédition Marchand à travers l’Afrique 

Illustration d’époque relatant l’expédition Marchand à travers l’Afrique (Wikipedia, art. “Crise de Fachoda”)

La présence militaire française en Afrique du Nord au début du XXe siècle

Contexte à la fin du XIXe siècle : la colonisation du continent africain par les Européens

 Durant de longues années, l’intérieur du continent africain, souvent difficile d’accès, n’a pas intéressé les puissances européennes qui se contentaient d’y établir des escales ou des comptoirs de commerce.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’appétit des puissances européennes est stimulé par la découverte de richesses insoupçonnées, à l’image des mines de diamants du Transvaal découvertes en 1867. Durant les années 1880, les visées colonisatrices européennes en Afrique s’intensifient jusqu’à créer des tensions entre les différentes puissances.
En 1830, la France occupe l’Algérie, la porte de l’Afrique et le centre de l’Afrique du Nord et occupe la Tunisie en 1881, froissant au passage la susceptibilité de l’Italie, pose ses premiers jalons dans les territoires constituant l’actuelle République du Congo et s’empare de la Guinée en 1884.
En 1882, le Royaume-Uni s’empare de l’Egypte, une province de l’Empire ottoman avant de se tourner vers le Soudan et l’actuelle région du Somaliland.
En 1885, l’Italie prend possession d’une partie de l’Erythrée, alors que l’Allemagne déclare en 1884 avoir pris possession du Togo, du Cameroun, du Sud-Ouest africain (l’actuelle Namibie) et de l’Afrique orientale allemande en 1885.

Le partage de l’Afrique 

Le partage de l’Afrique (site africa-onweb.com, page Histoire de la colonisation)

Une conférence fut convoquée à Berlin de novembre 1884 à février 1885.

Elle marqua l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique. (…) La conférence de Berlin aboutit donc à édicter les règles officielles de colonisation. L’impact direct sur les colonies fut une vague européenne de signatures de traités.

Mais la conférence de Berlin n’a pas partagé l’Afrique entre les puissances coloniales, elle ne fait qu’établir les règles de ce partage, mais elle n’a pas pu empêcher les conflits entre colonisateurs, comme le montrent la crise de Fachoda en 1898 et les crises marocaines de 1905 et 1911. (Wikipedia, art. Conférence de Berlin)

Au MAROC

 Le bataillon de Pierre Joseph JACCOUX, le 14e BCA, débarque à Casablanca en 1913

 Débarquement du 14e BCA au Maroc en 1913 

Débarquement du 14e BCA au Maroc en 1913 (site diables-bleus-du-30e.actifforum.com, page 14e bataillon de chasseurs)

 

Plus d’infos sur le site les-tirailleurs.fr, page Maroc 1907-1934 par Eric de FLEURIAN 22/11/2016.

Voici les Passerands présents au MAROC avant août 1914 :

 BOSSONNEY Jean-Germain, classe 1912. Incorporé au 4e Btn d’Infanterie légère d’Afrique le 7 octobre 1913. Campagnes : Tunisie du 8 octobre 1913 au 15 juin 1914 (voir ci-dessous) ; Maroc du 16 juin au 2 août 1914. A obtenu la Médaille coloniale « Maroc ». Voir autres détails sur notre page « Passy : Liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »

BOUILLET René Auguste, classe 1910. Né le 18 novembre 1890 à Passy, habitant à Versainville (Calvados), valet de chambre, fils de Joseph Augustin Bouillet et de Marie Philomène Roche domiciliés à Passy Chedde. Incorporé au 1er Rgt d’Artillerie de montagne à Albertville le 10 octobre 1911 ; Guerre du Maroc du 9 octobre 1912 au 12 octobre 1913.
Affaires auxquelles le militaire a pris part :
– 24 décembre 1912 : Délivrance de Dar el Kadi (VOIR notre page)
– 7 janvier 1913 : Combat de Dordj-Esaraidi (lire bordj Esaraidire ?)
– 8 janvier 1913 : Combat de Tamerzagt [auj. Tamerzagte, à l’Est de Essaouira, près de la côte, à la hauteur de Marrakech]
– 24 janvier 1913 : Combat de Zaouiat Lhassen (ou zaouïa de Sidi Lhassen ou El Hassan)
– 25 janvier 1913 : Prise de Dar-Anflous. (VOIR notre page René Bouillet  à la prise de la Zaouia Lhassen et de Dar Anflous, 24-25 janvier 1913)
Blessé le 11 avril 1913 au Maroc par balle : plaie en séton à la jambe droite ; cité à l’ordre de l’armée du Maroc le 26 mai 1913 : « Belle conduite sous le feu pendant les combats des 24 et 25 janvier 1913. » ; renvoyé dans ses foyers le 12 octobre 1913.

JACCAZ Pierre François, classe 1909. Incorporé au 13e Rgt de Chasseurs à cheval à compter du 1er octobre 1910 ; trompette le 8 février 1912. Rengagé pour deux ans le 11 avril 1912 pour le 3e Rgt de Spahis, Casablanca, Maroc ; Campagnes en Algérie du 18 mai 1912 au 1er août 1914 ;
Décédé à Passy  de maladie le 27 janvier 1919 au cours de sa permission.
Pendant la grande Guerre : En Algérie contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 6 octobre 1914 ; en France du 7 octobre 1914 au 25 août 1915 ; au Maroc du 26 août 1915 au 27 janvier 1919.
Voir autres détails sur notre page « Passy : Liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »

JACCOUX Pierre Joseph, classe 1910. Né le 9 août 1890 à Passy ; cultivateur résidant à Passy, fils de Pierre Jaccoux et de Marie Clémence Pugnat domiciliés à Passy La Pérouse. Incorporé au 22e Btn de Chasseurs à pied le 10 octobre 1911 ; passé au 14e Bataillon de Chasseurs Alpins le 11 septembre 1912. Opérations au Maroc occidental en guerre : CD du 9 octobre 1912 au 13 juin 1913 et en Algérie : CS du 14 juin 1913 au 22 juin 1913. « Au cours du combat du 7 janvier 1913 à 17 h a été atteint d’une blessure par coups de feu : plaie en cul de sac à la face antérieure de la cuisse gauche sans orifice de sortie. » Classé service armé inapte le 25 novembre 1914 pour blessure antérieure le 7 janvier 1913 en Algérie (balle non extraite dans l’aine), puis classé service armé par la commission des trois médecins  le 13 avril 1915 ; classé service auxiliaire le 28 avril 1915 pour « légère claudication », mis à la disposition de la Poudrerie militaire de Chedde le 26 juillet 1915 ; classé apte aux armées le 2 octobre 1917 ; passé aux entreprises et exploitations à Bellegarde et affecté au 23e RI le 10 janvier 1918 ; passé à la Société des produits chimiques de Chedde le 27 mars 1918 ; passé au 97e RI le 29 mai 1918 ; passé au 6e RI le 11 août 1918, étant détaché à la société Fix des électroïdes de Vénissieux ; en congé illimité de démobilisation le 24 mars 1919. Intérieur CS du 3 août 1914 au 25 juillet 1915, détaché usine de Chedde ; médaille militaire le 8 juin 1914.

Ernest (Henri) MARECHAL, classe 1913. Il devance l’appel de sa classe, qui a lieu en novembre 1913 : « engagé volontaire pour 3 ans le 12 avril 1913 pour le 4e Régiment Infanterie Coloniale ». (Voir notre page « Les Passerands de l’infanterie coloniale ») Arrivé au corps et soldat de 2e classe le 15 avril 1913, soldat de 1ère classe le 5 février 1914, il est nommé caporal le 1er mai 1914.
Avant la guerre : De 1907 à 1913, son régiment, le 4e RIC, prend part à la pacification du Maroc. (Voir ci-dessous et Wikipedia, art. Maroc).
Début de la Grande Guerre : Ernest MARECHAL sera « tué à l’ennemi » le 27 août 1914 à Jaulnay. Voir autres détails sur notre page « Passy : Liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »

Les Français au MAROC AVANT 1914 : les prémisses de la Grande Guerre

Le Maroc est l’objet de deux crises internationales nommées depuis « crises marocaines », respectivement en 1905 et 1911. Leur retentissement est important dans un contexte de marche à la guerre. L’Allemagne, la France et l’Espagne vont s’intéresser à la colonisation du Maroc.

En 1860, les victoires espagnoles et l’importante indemnité de guerre consécutive avaient fragilisé le Maroc, dont le sultan (le roi) ne contrôlait réellement que le tiers du territoire. En 1904, l’Espagne, la France et le Royaume-Uni s’entendent pour se partager le royaume.

Depuis qu’elle a entrepris de coloniser l’Algérie, la France se préoccupe de la sécurité des confins algéro-marocains et lorgne sur le sultanat voisin, l’un des derniers pays indépendants d’Afrique, qui a préservé son indépendance contre vents et marées pendant douze siècles.

En concluant en 1904 l’Entente cordiale, la Grande-Bretagne accepte le principe d’un protectorat français sur le Maroc.

Le « coup de Tanger » en 1905
Mais l’empereur allemand Guillaume II ne l’entend pas de cette oreille. En mars 1905, il débarque théâtralement à Tanger, au nord du sultanat, traverse la ville à cheval, à la tête d’un imposant cortège, et va à la rencontre du sultan Abd-ul-Aziz pour l’assurer de son appui face aux menaces françaises ! Il garantit l’indépendance du Maroc et prononce un discours orienté contre la France. (site herodote.net)

Guillaume II à Tanger 

Guillaume II à Tanger (site herodote.net)

Cette initiative intempestive de l’empereur d’Allemagne va précipiter la mainmise de la France sur le sultanat du Maroc et aboutir aux accords d’Algésiras (1906) qui place le Maroc sous contrôle international.

En 1907, pour répondre à divers incidents la France occupe Casablanca et Oujda. (Wikipedia, art. « Histoire du Maghreb pendant la colonisation française »)

Le protectorat de la France sur le Maroc

Carte du Maroc après le Traité de Fès de 1912,
l’Empire chérifien est divisé en plusieurs zones de domination, française, espagnole et internationale

Carte du Maroc après le Traité de Fès de 1912 (Wikipedia, art. Maroc)

Finalement, après la conférence d’Algésiras en 1906, la France et l’Espagne se partagent l’occupation du territoire marocain, l’Espagne prenant le nord du Maroc sous sa domination à l’exception de Tanger, la ville du détroit de Gibraltar étant une ville internationale, la France quant à elle, colonise le centre du Maroc. (Wikipedia, art. Crises marocaines)

« En 1905-1906, cette affaire d’Algésiras va donner un élan nouveau à la télégraphie militaire. » (site laparisienneetsesphotos.com)  Voir notre page sur la télégraphie

« En 1907, le général Hubert Lyautey occupe Oujda, une grande ville proche de la frontière avec l’Algérie. Là-dessus, le massacre d’ouvriers européens dans le grand port de Casablanca détermine l’envoi d’un corps de troupes qui occupe le port et la région voisine de la Chaouia sous le commandement du général Drude. Le Maroc revient au cœur de la rivalité franco-allemande en septembre 1908, quand la police française arrête à Casablanca des soldats de la Légion étrangère que les agents consulaires allemands ont aidé à déserter.
Berlin et Paris comprennent malgré tout qu’il est de leur intérêt commun de calmer le jeu.

La convention franco-allemande du 9 février 1909, tout en maintenant l’unité du royaume, organise un partage économique. Les deux puissances concluent un accord économique qui prévoit une association dans toutes les entreprises marocaines qui leur tomberaient entre les mains. (Wikipedia, art. « Histoire du Maghreb pendant la colonisation française »)

Là-dessus, le faible sultan Abd-ul-Aziz est renversé par son frère Moulay Hafiz. Mais les tribus berbères du Moyen Atlas viennent à son secours et assiègent l’usurpateur dans Fès... Moulay Hafiz appelle à son aide les Français, qui ne se font pas prier. C’est ainsi qu’en avril 1911, une armée occupe les villes impériales de Rabat, sur la côte atlantique, Fès et Meknès dans le Moyen Atlas. » (site herodote.net)

La crise d’Agadir en 1911
« L’Allemagne voit à juste titre dans cette intervention une violation des accords signés à Algésiras cinq ans plus tôt. Le 1er juillet 1911, elle dirige la canonnière Panther vers Agadir », ville au sud-ouest du Maroc [située dans la région du Souss, à 508 km au sud de Casablanca], officiellement pour protéger ses ressortissants et « pour signifier à la France qu’elle n’a pas tous les droits au Maroc.

La canonnière SMS Panther dans la baie d’Agadir

La canonnière SMS Panther dans la baie d’Agadir (Wikipedia, art. « Coup d’Agadir »)

À Paris, l’opinion se déchaîne aussitôt contre l’Allemagne. Les diplomates et l’état-major se montrent prêts à l’affrontement. À Londres, une bonne partie du gouvernement prend fait et cause pour Paris.

La Grande Guerre, que d’aucuns espèrent, va-t-elle éclater sur ce futile différend ? »

Mais devant les crises que connaît l’Allemagne en ce début de siècle et devant le soutien de l’Angleterre à la France, l’Allemagne abandonne ses projets coloniaux au Maroc. (Wikipedia, art. Crises marocaines)

« Le président du Conseil français Joseph Caillaux est à juste titre convaincu qu’une guerre entraînerait la ruine de l’Europe. Il résiste à toutes les pressions et négocie en secret avec les Allemands.
Il s’ensuit un traité franco-allemand le 4 novembre 1911, avec une cession de territoires, en Afrique équatoriale, du Congo, colonie française, au Cameroun, colonie allemande. » L’Allemagne concède en contrepartie à la France une entière liberté d’action au Maroc, ce qui aboutit au protectorat en 1912. Par la même occasion l’Espagne reçoit le Rif marocain et la zone d’Ifni au sud. (Wikipedia, art. « Histoire du Maghreb pendant la colonisation française »)

Ce traité d’apaisement est ressenti de part et d’autre comme une lâche concession à l’ennemi et Joseph Caillaux doit céder le pouvoir le 11 janvier suivant à Raymond Poincaré. » (site herodote.net)

Plus d’infos sur le site Coup d’Agadir. Extrait :
Conséquences de la crise d’Agadir

Le 30 mars 1912, par le Traité de Fès, la France peut imposer au sultan Moulay Abd al-Hafid son protectorat sur le Maroc.
À la suite du Traité de Fès, le Nord et le Rio de Oro sont attribués à l’Espagne, tandis que les régions centrales avec leurs villes principales et la côte atlantique où se situent les grands ports reviennent à la France.
Dans le système de protectorat, le sultan et le makhzen traditionnel sont maintenus, mais le pouvoir appartient en réalité au résident général et au haut-commissaire, qui représentent respectivement la puissance de tutelle française à Rabat et espagnole à Tétouan.
La ville de Tanger constitue une zone internationale gouvernée par une commission où siègent les États-Unis et les pays européens possédant des intérêts dans l’Empire chérifien. (Wikipedia, art. Maroc)

Général Lyautey 

Général Lyautey (site herodote.net)

Dès lors, l’indépendance du Maroc n’est plus qu’une façade. Le général Lyautey devient résident général, c’est-à-dire gouverneur du Maroc. La France contrôle désormais plus de la moitié de la côte nord de l’Afrique.
Ce bras de fer franco-allemand, qui annonce la Première Guerre mondiale, permet à la France d’éprouver son alliance avec la Grande-Bretagne et accentue l’hostilité de l’Allemagne à l’égard du Royaume-Uni. La guerre de 1914-1918 aurait pu éclater trois ans plus tôt sans l’habileté de Joseph Caillaux et la panique boursière en Allemagne dont le président du Conseil, spécialiste des finances, s’attribue la responsabilité.

Propagande coloniale : « La France va pouvoir porter librement au Maroc la civilisation, la richesse et la paix. » 

Propagande coloniale : « La France va pouvoir porter librement au Maroc la civilisation, la richesse et la paix. » (Wikipedia, art. Maroc)

Pour le spécialiste des relations internationales Henry Kissinger, le principal problème allemand résidait dans le fait qu’en intimidant ou en menaçant plusieurs pays de guerre en l’espace de quelques années, sans même être capable de formuler un objectif réfléchi, l’Allemagne avait intensifié les peurs à son égard et fait émerger une coalition contre elle, sans gain substantiel en retour, sans consolider sa propre coalition.
Une conséquence indirecte d’Agadir est que les Britanniques et les Français se répartissent les zones maritimes à protéger : les premiers ont l’Atlantique, les seconds la Méditerranée, situation qui accroîtra l’obligation du Royaume-Uni à entrer dans la Première Guerre mondiale. (site Coup d’Agadir)

Sur cette question de la « peur », qui a contribué au déclenchement de la guerre en août 1914, on lira avec intérêt l’analyse de Jean-Yves Le Naour, dans son livre 1914, La grande Illusion, publié en 2012.[

La période 1912-1914 au Maroc

7 février 1912 : décret imposant la conscription dans les colonies françaises.

17-19 avril 1912  insurrection de Fès, réprimée par le général Moinier ; les tabors [du turc « tabur » signifiant « bataillon »] massacrent leurs officiers français et envahissent les rues pour protester contre le protectorat français sur le Maroc, rejoints par la population ; le quartier juif est saccagé pour châtier ses habitants du bon accueil qu’ils ont fait aux soldats français. (Wikipedia, art. « Année 1912 »)

Malgré les instructions des autorités coloniales d’évacuer l’intérieur du pays et de ne conserver que les villes côtières, Lyautey, nommé résident général le 28 avril 1912, entreprend de rétablir l’ordre à Fès suite aux émeutes du 17 avril 1912.
En outre, l’abdication du sultan Moulay Hafid et la succession de son frère Moulay Youssef, choisi par Lyautey, donnèrent une allure à l’enracinement d’un État aux structures modernes.

Charles Mangin, à l’époque colonel, est affecté au Maroc et participe à plusieurs colonnes dans la région de Marrakech où il s’empare de Kasba Tadla en avril 1913. Il défait Ahmed al-Hiba surnommé le « sultan bleu » qui avait occupé Marrakech à la tête de 10 000 rebelles lors de la bataille de Sidi Bou Othmane le 6 septembre 1912.

Voir détails de ces opérations et un récit de la prise de Marrakech en septembre 1912 sur le site 6bisruedemessine.wordpress.com, page Marrakech 1912 : témoignage du jeune chasseur à cheval Marcel Emile Pasquier.

Cette période est caractérisée par la soumission d’une grande partie des tribus de la Chaouia et du Moyen Atlas après de sanglants combats menés par Charles Mangin. La rébellion des Zayanes est chassée vers les montagnes. (Wikipedia, art. « Pacification du Maroc »)

9 septembre 1912 : la colonne Mangin entre dans Marrakech 

9 septembre 1912 : la colonne Mangin entre dans Marrakech ( site 6bisruedemessine.wordpress.com, page Marrakech 1912)

Suite de la « pacification » du Maroc (1907-1937)

« Aucune tribu n’est venue à nous sans avoir été préalablement vaincue par les armes », a avancé par écrit le général Augustin Guillaume en faisant allusion à 340 tribus, au caractère « sans fin » de cette pacification et à la perte, dans l’armée française, de 60 000 hommes.

« Durant trente ans, la France s’est battu contre les tribus marocaines, soit faire face à plus de 340 tribus marocaines d’une férocité bestiale déclare Augustin Guillaume, qui ont refusé de voir l’Occident proclamer le protectorat au Maroc.
Ainsi, de 1907 à 1937, les Marocains n’ont cessé de se battre contre les Français, malgré les menaces des puissances internationales, le peuple marocain a refusé de se plier aux exigences du traité international portant sur le protectorat marocain. Jamais une puissance mondiale n’a eu autant de mal à contrôler une région du monde. D’ailleurs à ce jour le Maroc reste la nation la plus souveraine dans la région.
Les Marocains restent le seul peuple à avoir combattu aussi vite et sauvagement les colonies européennes.
La phase la plus aiguë de cette période fut la guerre du Rif qui crée un mouvement national, un soulèvement d’une grande ampleur de la part de tous les Marocains. » (Wikipedia, art. « Pacification du Maroc »)

 Étapes de la pacification du Maroc 

Étapes de la pacification du Maroc (site Wikipedia, art. « Pacification du Maroc »)

Pour avoir une idée générale de ce qui s’est passé au Maroc entre 1914 et 1920, voir sur le site Gallica.bnf.fr  “La renaissance du Maroc : dix ans de protectorat, 1912-1922” – – et plus spécialement les pages 148 à 161. (Source : Site pages14-18)

En ALGERIE

 Voici les Passerands présent en Algérie AVANT 1914 :

 BIAVO Noël, classe 1910. Incorporé au 158e RI le 10 octobre 1911 ; campagne en Algérie du 27 août au 27 décembre 1912 ; passé dans la Réserve le 1er octobre 1913. Rappelé à l’activité le 2 août 1914 au 97e Régiment d’Infanterie Alpine, il sera tué qulques jours plus tard le 19 août 1914 à Flachslanden, au sud de Mulhouse. Voir autres détails sur notre page « Passy : Liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »

JACCAZ Pierre François, classe 1909 (Voir ci-dessus, Maroc)
JACCOUX Pierre Joseph, classe 1910 (Voir ci-dessus, Maroc)

LORATO Simon Vincent, classe 1910. Né le 6 mai 1890 à Domène (Isère), mécanicien ajusteur à Passy, fils de Vincent Lorato et de Catherine Bartholo domiciliés à Passy Chedde. Incorporé au 158e RI à Lyon le 1er octobre 1911, embarqué à Marseille le 26 août 1912 ; Opérations en Algérie : CS du 28 août au 27 décembre 1912 ; débarqué à Marseille le 28 décembre 1912 ; renvoyé dans ses foyers et passé dans la Réserve le 8 novembre 1913. Rappelé au 97e RI en août 1914, sera blessé le 2 octobre 1914 devant Arras à la jambe gauche par balle ; détaché à Chedde le 2 février 1915, il sera relevé d’usine le 23 mai 1918, aux armées le 15 juin 1918 au 48e Bataillon de Chasseurs, blessé le 15 août 1918 à Lassigny  à l’avant bras droit par éclat d’obus, évacué et réformé temporaire. Médaille militaire.

De la conquête de l’Algérie à août 1914

Après la prise d’Alger en juillet 1830, la France s’installe sur les côtes algériennes.
Plus d’infos sur Wikipedia, art. « Histoire du Maghreb pendant la colonisation française » et Wikipedia, art. « Histoire de l’Algérie »

Repères chronologiques :
1870. Le décret Crémieux, promulgué le 24 octobre, accorde la nationalité française aux Juifs d’Algérie.

  1. Début de la révolte kabyle des frères Mokrani, en mars, contre les projets de confiscation des terres. Mokrani est tué le 5 mai. Près de 500 000 hectares de terres sont confisqués et attribués aux colons.
  2. Jules Ferry fait adopter en juin le code de l’indigénat, qui instaure un régime juridique spécial pour les Algériens de confession musulmane. L’Algérie est entièrement intégrée à la France par le « système des rattachements ».

Le Code de l’indigénat distinguait en effet deux catégories de citoyens : les citoyens français et les sujets français. Les sujets français soumis au Code de l’indigénat sont privés de la majeure partie de leurs libertés et de leurs droits politiques ; ils ne conservent au plan civil que leur statut personnel, d’origine religieuse ou coutumière.

  1. La loi du 26 juin accorde la nationalité française à tous les descendants d’Européens présents en Algérie, mais pas aux musulmans.
  2. Les musulmans sont astreints au service militaire en vertu de décrets promulgués en janvier.

1914-1918. Sur les 173 000 soldats appelés et engagés d’Algérie, 25 000 Algériens musulmans et 22 000 Européens sont tués au cours de la première guerre mondiale.

  1. Soulèvements dans la région de Constantine. (Site monde-diplomatique, page « Algérie : chronologie historique »)

Carte de l’Algérie, de ses trois Départements et des Territoires du Sud, par Jacques Leclerc, 2014  

Carte de l’Algérie, de ses trois Départements et des Territoires du Sud, par Jacques Leclerc, 2014 (siteaxl.cefan.ulaval.ca, page Algérie : Données historiques et conséquences linguistiques)

En TUNISIE

Un Passerand présent en Tunisie :

BOSSONNEY Jean-Germain, classe 1912. Incorporé au 4e Btn d’Infanterie légère d’Afrique le 7 octobre 1913. Campagnes : Tunisie du 8 octobre 1913 au 15 juin 1914 ; Maroc du 16 juin au 2 août 1914. Sera blessé devant Reims, au fort de Brimont le 27 mai 1918. En Tunisie du 26 août 1918 au 2 mai 1919 sur le Front Tripolitaine au 5e Btn d’Infanterie légère d’Afrique (5ème B.I.L.A.). Entré en traitement à l’ambulance de Dehibat le 8 avril 1919 ; décédé le 2 mai 1919 de tuberculose pulmonaire à l’ambulance de Dehibat en Tunisie, ville du sud de la Tunisie, située à proximité de la frontière tuniso-libyenne et à 130 kilomètres au sud  de Tataouine. Voir autres détails sur notre page « Passy : Liste alphabétique des soldats morts en 14-18 »

 Carte de la régence de Tunis en 1843  

Carte de la régence de Tunis en 1843 (Wikipedia, art. « Protectorat français de Tunisie”)

Le protectorat français sur la Tunisie

Dans la première moitié du XIXe siècle, la France soutient les tentatives des beys de Tunis de se rendre indépendants du sultan turc d’Istambul. Les puissances européennes financent également les efforts de modernisation de la Tunisie entrepris par les beys. L’endettement important qui en résulte, permet à ces puissances de mettre la Tunisie sous tutelle financière.
Au Congrès de Berlin (1878), la France obtient le soutien du Royaume-Uni et de l’Allemagne pour intervenir en Tunisie. Il s’agit de contrer les visées italiennes sur le pays et de priver de refuge les rebelles de l’Est-algérien.
L’invasion de la Tunisie en avril 1881 et le bombardement de Tunis révolté en juillet 1881, oblige la Tunisie à accepter le protectorat français (Traité du Bardo en 1881 et convention de La Marsa en 1883). (Wikipedia, art. « Histoire du Maghreb pendant la colonisation française »)

Ce protectorat s’achèvera en 1956 avec l’indépendance de la Tunisie. (Wikipedia, art. “Conquête de la Tunisie par la France”)

Attaques françaises contre le protectorat

En mars 1911, la Ligue des droits de l’homme et du citoyen publie une brochure intitulée L’arbitraire en Tunisie rédigée suivant l’enquête d’un de ses membres, l’avocat Goudchaux-Brunschwicg. L’auteur y dénonce le scandale des spoliations des terres tunisiennes dont beaucoup profitent à des hommes politiques. (…)
La même année, Paul Vigné d’Octon publie La sueur du burnous où il confirme les révélations de la Ligue des droits de l’homme tout en décrivant l’effroyable misère des paysans tunisiens, les injustices dont ils sont continuellement victimes et le racisme des colons qui les oppriment.

Les députés obtiennent qu’une enquête soit confiée au député Auguste Bouge. Ses résultats font l’objet d’un débat animé au début de l’année 1912 au point de décider le résident général Gabriel Alapetite à venir défendre la gestion du protectorat devant la Chambre des députés avec un certain succès.

Première Guerre mondiale

Bien que non-belligérante, la Tunisie se retrouve impliquée dans le conflit mondial en raison de l’incorporation de ses soldats dans une armée tunisienne aux ordres d’un commandant français. C’est pourquoi, dès le début des hostilités, 26 000 Tunisiens sont rappelés sous les drapeaux pour partir combattre en France. 9 000 Français sont également mobilisés. (Wikipedia, art. « Protectorat français de Tunisie”)

Carte du sud de la Tunisie, près de la frontière avec la Lybie, en 1910

Carte du sud de la Tunisie, près de la frontière avec la Lybie, en 1910. (site histoiresdepoilus.genealexis.fr)


Sources et sites à consulter pour en savoir plus :

MAROC

site herodote.net https://www.herodote.net/31_mars_1905_1er_juillet_1911-evenement-19050331.php

site herodote.net  page lEntente cordiale

site culture-islam.fr, page « De Ségonzac, Au coeur de l’Atlas, mission au Maroc (I,III : Zaouiat Ahansal et Sidi Amhaouch), 1905 »

http://www.culture-islam.fr/contrees/maghreb/de-segonzac-au-coeur-de-latlas-mission-au-maroc-iiii-zaouiat-ahansal-et-sidi-amhaouch-1905-n-e
site photographies1418.com : photographies prises au Maroc en février 1913 http://www.photographies1418.com/annee/1913.02/photographies-1.html

Wikipedia, art. crise de Fachoda
Wikipedia, art. Conférence de Berlin https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Berlin

Wikipedia, art. « Histoire du Maghreb pendant la colonisation française » https://fr.vikidia.org/wiki/Histoire_du_Maghreb_pendant_la_colonisation_fran%C3%A7aise

Wikipedia, art. Maroc https://fr.wikipedia.org/wiki/Maroc

Wikipedia, art. Crises marocaines

Wikipedia, art. « Coup d’Agadir » https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27Agadir

Wikipedia, art. Traité de Fès

Wikipedia, art. « Pacification du Maroc » http://fr.wikipedia.org/wiki/Pacification_du_Maroc

Wikipedia, art. « Année 1912 » https://fr.wikipedia.org/wiki/1912

site diables-bleus-du-30e.actifforum.com, page 14e bataillon de chasseurs  http://diables-bleus-du-30e.actifforum.com/t3927-14e-bataillon-de-chasseurs

site les-tirailleurs.fr, page Maroc 1907-1934 par Eric de FLEURIAN 22/11/2016.  http://www.les-tirailleurs.fr/documents/9cc1fd78-6dbf-4313-91b0-e05285f8427e/afficher
site Gallica  “La renaissance du Maroc : dix ans de protectorat, 1912-1922” –http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5493856h

site 6bisruedemessine.wordpress.com, page Marrakech 1912) https://6bisruedemessine.wordpress.com/tag/marrakech-1912/

ALGERIE

Wikipedia, art. « Histoire de l’Algérie » https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l’Alg%C3%A9rie
Site monde-diplomatique.fr Page 1912-1919 : premier « dérapage » de la politique algérienne

https://www.monde-diplomatique.fr/mav/86/GAUTHIER/13315

siteaxl.cefan.ulaval.ca, page « Algérie : Données historiques et conséquences linguistiques »  http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/algerie-2Histoire.htm

TUNISIE

Wikipedia, art. « Protectorat français de Tunisie” https://fr.wikipedia.org/wiki/Protectorat_fran%C3%A7ais_de_Tunisie

Wikipedia, art. “Conquête de la Tunisie par la Francehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Conqu%C3%AAte_de_la_Tunisie_par_la_France

Wikipedia, art. « Protectorat français de Tunisie”  https://fr.wikipedia.org/wiki/Protectorat_fran%C3%A7ais_de_Tunisie#Deuxi.C3.A8me_campagne

site histoiresdepoilus.genealexis.fr : Carte du sud de la Tunisie, près de la frontière avec la Lybie, en 1910. http://histoiresdepoilus.genealexis.fr/poilus/CARIN-Theophile.php

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