Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

Concours cantonal de 1876 : épreuves et lauréats de Passy

Written By: BT

Lire notre revue Vatusium n° 16, p. 2.

Deux enfants de Passy, lauréats au concours cantonal de 1876, arrondissement de Bonneville, canton de St-Gervais, témoignent de la la qualité de l’enseignement primaire dispensé dans notre commune :

I. CONCOURS CANTONAUX. Canton de Saint-Gervais

Garçons : 1re mention. Décruy Eugène, de l’école des Plagnes-de-Passy ;

Filles : Prix.   Thovex Eugénie-Amélie, de l’école de Chedde (Passy).

II. CONCOURS D’ARRONDISSEMENT. Arrondissement de Bonneville

Filles : 2e prix. Thovex Eugénie-Amélie, de l’école de Chedde (Passy).

Voici les épreuves du concours :

 Source : BULLETIN DE L’INSTRUCTION PRIMAIRE, Département de la Haute-Savoie, 8ème année, 1876,  nos 3, p. 60 à 69,

Concours entre les écoles primaires du département.

Annecy, le 28 mai 1876.

Monsieur le Préfet,

J’ai l’honneur de vous adresser la liste des élèves des écoles communales du département de la Haute-Savoie qui ont obtenu des prix et des mentions honorables au concours cantonal de 1876, ainsi que les sujets de chaque composition.

L’année dernière déjà, mon prédécesseur avait été heureux de constater un progrès sur l’année précédente, au double point de vue du nombre des concurrents et de la valeur des épreuves. Ce progrès s’est soutenu et même accentué en 1876.

Le nombre des écoles de garçons présentant des élèves au concours, qui avait été, en 1874, de 90 et, en 1875 de 83 seulement, est remonté cette année à 100. Celui des écoles de filles qui était, en 1874, de 49 et, en 1875, de 56, s’est élevé en 1876 à 87, auxquelles il faut ajouter trois écoles mixtes.

Le nombre des concurrents et des aspirantes prenant part au concours s’est accru dans des proportions plus considérables encore. Il a été, pour les garçons, de 292 en 1874, de 291 en 1875, et de 378 en1876 ; pour les filles, de 146 en 1874, de 204 en 1875 et de 293 en 1876. C’est dans l’arrondissement de Thonon qui la différence entre 1875 e 1876 est surtout sensible.

Les candidats ont paru mieux préparés que les années précédentes. Dans plusieurs compositions, particulièrement dans celles d’écriture, de calcul et de géographie, beaucoup de copies ont mérité la note bien ou très bien. L’épreuve de la couture a, également donné de bons résultats. Mais celles d’orthographe et d’Histoire laissent, comme précédemment, à désirer.

Les lauréats de cette année n’appartiennent pas généralement aux mêmes écoles que ceux de l’année précédente. On peut voir dans ce fait un signe de l’émulation excitée par l’établissement du concours. Les écoles rurales du département, où la fréquentation est, pendant plusieurs mois de l’année, si peu régulière, ont particulièrement droit à des éloges, pour avoir affronté avec courage et soutenu sans désavantage une lutte inégale. En revanche, il y a lieu de regretter que plusieurs écoles de chefs-lieux de canton se soient abstenues de prendre part au concours qui se tenait à leurs portes ; et peut-être aurai-je l’honneur de vous proposer, l’année prochaine, de ne plus leur laisser, à cet égard, la liberté qu’elles ont eue cette année encore.

Veuillez agréer, monsieur le Préfet, 1’assurance de mon respectueux dévouement.

L’Inspecteur d’Académie Pérot

Texte des compositions données aux garçons.

DICTEE *

« L’homme n’aime pas à s’occuper de son néant et de sa bassesse : tout ce qui le rappelle à son origine le rappelle en même temps à sa fin, blesse son orgueil, intéresse l’amour de son être, attaque par le fondement toutes ses passions, et le jette dans des pensées noires et funestes. Mourir, disparaître à tout ce qui nous environne, entrer dans les abîmes de l’éternité ; ce spectacle tout seul soulève tous les sens, trouble la raison, noircit toute l’imagination, empoisonne toute la douceur de le vie ; on n’ose fixer ses regards sur une image si affreuse ; nous éloignons cette pensée comme la plus triste et la plus amère de toutes ; tout ce qui nous en rappelle le souvenir, nous le craignons, nous le fuyons, comme s’il devait hâter pour nous cette dernière heure. Sous prétexte de tendresse, nous n’aimons pas qu’on nous parle des personnes chères que la mort nous a ravies ; on prend soin de dérober à nos regards les lieux qu’elles habitaient, les peintures où, leurs traits sont encore vivants, tout ce, qui pourrait réveiller en nous, avec leur idée, celle de la mort qui vient de nous les enlever. Que dirai-je ? Nous craignons les récits, lugubres, nous poussons là-dessus nos frayeurs jusqu’aux plus puériles superstitions ; nous croyons voir partout des présages de notre mort, dans les rêveries

d’un songe, dans le chant nocturne d’un oiseau, dans nombre fortuit de convives, dans des événements encore plus ridicules, nous croyons la voir partout, et c’est pour cela même que nous tâchons de la perdre de vue. »

* Note CHePP : Ce texte de dictée est tiré du livre de Jean-Baptiste Massillon, évêque de Clermont, Œuvres, volume 1, Avent, Carême, Petit carême, oraisons funèbres. Sermon pour le Jeudi de la quatrième semaine de Carême. Sur la mort, p. 417, Paris 1835. (livre numérique disponible).

ARITHMÉTIQUE.

« Un marchand a acheté du blé à 3 fr. le double décalitre et de l’orge à 1 fr. 80 c. le double décalitre. Il mélange 85 hectolitres de blé et 42 hectolitres d’orge ; combien devra-t-il vendre le double décalitre du mélange s’il veut gagner 18 pour 100 sur son marché ? »

HISTOIRE DE FRANCE.

« Louis XIV. – Guerres de Flandre et de  Hollande. Première coalition. Paix de Nimègue. »

GÉOGRAPHIE.

« Cours de la Seine. – Départements qu’elle traverse avec leurs préfectures et leurs sous-préfectures – Principales villes qu’elle arrose. – Affluents de ce fleuve. »

Texte des compositions données aux filles.

DICTÉE *

« Il faut avouer que l’esprit de l’homme, même dans l’âge le plus tendre, souffre impatiemment le joug et se porte naturellement à ce qui est défendu. Mais ce qu’il en faut conclure, c’est que, pour cette raison-là même, il demande plus de précautions et de ménagements, et qu’il cède volontiers à la douceur qu’à la violence. On voit quelquefois un cheval fougueux qui se cabre, qui secoue le mors, résiste à l’éperon ; c’est que celui qui le monte, qui a la main dure et pesante, ne sait pas le conduire et le gourmande mal à propos. Donner ce cheval, qui a la bouche extrêmement fine, à un écuyer habile et intelligent, il arrêtera ton ses saillies, et d’une main légère le gouvernera à son gré. Pour arriver à ce but, le premier soin du maître est de bien approfondir le génie et le caractère des enfants ; car c’est sur quoi il doit régler sa conduite. Il y en a qui se relâchent et languissent si on ne les presse ; d’autres ne peuvent souffrir qu’on les traite avec empire et hauteur. Il en est tel que la crainte retient, et tel au contraire qu’elle abat et décourage. On en voit dont on ne peut rien tirer qu’à force de travail et d’application ; d’autres qui n’étudient que par boutades et par saillies. Vouloir les mettre de niveau et les assujettir à une même règle, c’est vouloir forcer la nature. »

* Note CHePP : Ce texte de dictée est tiré du livre Traité des études, tome second,  De La Manière D’Enseigner Et D’Étudier Les Belles Lettres par rapport à l’esprit et au cœur, par Charles Rollin, ancien recteur de l’Université de Paris, Volume 2, Du gouvernement des collèges, Article second : « Etudier le caractère des enfans pour se mettre en état de les bien conduire », Paris, 1740, p. 537 (livre numérique disponible).

ARITHMÉTIQUE.

« Pour quatre paires de rideaux longs chacun de 2m, 75 et larges de 1m, 35, on a payé 82 fr. 60 c., savoir : 13 fr. 30 c. pour la façon et le reste pour la marchandise, dont la largeur est de 0m, 90. On demande combien de mètres d’étoffe on a employés, et combien a coûté chaque mètre. »

HISTOIRE SAINTE.

« Les Machabées » (sic)

COUTURE.

« Confectionner : 1° une boutonnière ; 2° un surjet de 15 centimètres.

« Marquer en rouge la lettre S. »

LISTE DES CONCURRENTS QUI ONT OBTENU LES PRIX ET MENTIONS HONORABLES.

Arrondissement d’Annecy.

Nombre des écoles qui ont pris part au concours

écoles de garçons.     .. 27

écoles de filles …       26­

Nombre des concurrents

Garçons          90

Filles   82

LISTE DES CONCURRENTS QUI ONT OBTENU LES PRIX ET MENTIONS HONORABLES. 

Arrondissement de Bonneville.

Nombre des écoles qui ont pris part au concours

écoles de garçons : 22

écoles de filles : 15­

Nombre des concurrents    

Garçons : 108

Filles : 57

I. CONCOURS CANTONAUX. Canton de Saint-Gervais : palmarès complet

Garçons :

Prix.    Burnet Jules François, de l’école du Gollet de Saint-Gervais ;

1re mention. Décruy Eugène, de l’école des Plagnes-de-Passy ;

2e mention. Penz Joseph-Théophile, de l’école de Saint-Nicolas-de-Véroce ;

3e mention. Bontaz Joseph-Emile, de l’école de Saint-Gervais.

Filles :

Prix.   Thovex Eugénie-Amélie, de l’école de Chedde (Passy) ;

1e mention. Deschamps Esther, de l’école de Saint-Gervais ;
­2e mention. Bouvard Hortense,         id.        Saint-Gervais.

(…)

II. CONCOURS D’ARRONDISSEMENT

Garçons :

1e prix.           Delacquis Louis Joseph, de l’école de Sallanches ;

2e   –                Mollard Alfred-Louis,           id.        Sallanches ;

1re mention.   Heyberger Paul,                     id.        Sallanches ;

2e   –                Carrier Jean de l’école de Saint-Jeoire ;

3e   –                Forestier Auguste-Louis, de l’école de Mieussy ;

4e  –                 Braise Louis, de l’école de Mieussy.

Filles :

1er  prix.          Burnier Célina, de l’école de Bonneville ;

2e     –              Thovex Eugénie-Amélie, de l’école de Chedde (Passy) ;

1re mention.   Lombard Jeanne-Marie-Joséphine, de l’école de Passeirier ;

2e       –              Gaillard Eugénie, de l’école du Petit-Bornand ;

3e     –             Dévouassoud Emma,  id.        Chamonix ;

4e        –          Deschamps Esther,    id.        Saint-Gervais.

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