Culture, Histoire et Patrimoine de Passy

Les Passerands chasseurs alpins en 14-18, histoire et uniforme

Written By: BT

Lire notre revue Vatusium n° 18, 2015 « Les Passerands dans la Grande Guerre », 1ère partie : 1914 et 1915.

Introduction : voir notre page Les Passerands dans les troupes alpines en 14-18.

Beaucoup de Passerands ont servi dans les Bataillons de Chasseurs alpins.
Ils ont été particulièrement nombreux aux 11e Btn de chasseurs à pied d’Annecy, 22e Btn d’Albertville et au 51e Btn d’Annecy.

On les trouve aussi dans les bataillons suivants : 1er Bataillon Territorial de Chasseurs à pied ; 3e Btn de Chasseurs à pied de St-Dié, 6e Btn de Nice, 7e Btn de Draguignan, 8e Btn d’Etain près de Verdun, 12e Btn d’Embrun, 13e Btn de Chambéry, 14e Btn de Grenoble, 23e Btn de Grasse, 28e Btn de Grenoble comme skieur, 30ème Bataillon de Grenoble, 31e Btn de St-Dié  Corcieux, 32e Btn de Chambéry, 48e Btn formé à Amiens en août 1914, 53e Bataillon de Chasseurs, 58e Btn d’Amiens, 62e Btn constitué à Albertville le 3 août 1914, 67e Btn de Villefranche-sur-Mer, 70e Btn de Grenoble, 114e Btn formé le 10 mars 1915 à Pérouges, dans l’Ain, 116e Btn créé le 8 mai 1915 au village de La Boisse, à proximité du camp de La Valbonne.

Aux chasseurs, il convient d’ajouter les nombreux Passerands des 97e, 99e, 140e, 159e Régiments d’Infanterie Alpine (voir notre page…)

Caserne des Fins, chasseurs alpins d’Annecy (Internet, coll. Passions Delcampe)

Caserne des Fins, chasseurs alpins d’Annecy (Internet, coll. Passions Delcampe)

Chasseurs alpins à Saint-Amarin - Haute Alsace, aquarelle de Georges Scott. Photographie prise au Musée des troupes de montagne, La bastille, Grenoble  (site rosalielebel75, art. troupes alpines)

Chasseurs alpins à Saint-Amarin – Haute Alsace, aquarelle de Georges Scott. Photographie prise au Musée des troupes de montagne, La bastille, Grenoble (site rosalielebel75, art. troupes alpines)

Le début des « chasseurs à pied »

Créés en 1837, ils constituent la plus ancienne subdivision de l’infanterie après les régiments de ligne. Après le conflit franco-prussien, le nombre de bataillons de chasseurs à pied est fixé à 30.
En 1888, douze bataillons sont plus spécialement chargés d’opérer en région montagneuse. On les appellera plus simplement « bataillons de chasseurs alpins », et leur l’équipement va se modifier pour tenir compte des spécificités du milieu montagnard (Site rosalielebel75 ) Cf. aussi sur  le site rosalielebel75 la page sur les chasseurs alpins.

La création de ces forces répond à une dégradation des relations avec l’Italie, qui adhéra à la Triplice en 1882.

« En temps de paix, l’armée est chargée d’ouvrir des routes en altitude. En 1891, c’est la route du col d’Allos qui est créée, suivie en 1898 de la route du col de Vars, jusqu’alors impraticable. En 1891 aussi, on ouvre le tunnel du Galibier, permettant la liaison entre Romanche et Maurienne. » (site geneprovence)

Un exercice typiquement alpin en montagne : lorsque les mulets ne peuvent le monter, le canon doit être hissé à la force des bras par les chasseurs…

Dauphiné. Alpins en manœuvre. Canon hissé sur une ramasse (Cliché E.R. ; en vente sur Internet)

Dauphiné. Alpins en manœuvre. Canon hissé sur une ramasse (Cliché E.R. ; en vente sur Internet)

Les chasseurs alpins, surnommés par les Allemands les « Diables bleus »

« Avant 1888, il n’existait pas de chasseurs alpins. L’armée française comprenait des chasseurs à cheval (appartenant à la cavalerie) et des chasseurs à pied (appartenant à l’infanterie). Les traditions de ces deux sortes de chasseurs sont complètement différentes.
Les chasseurs alpins sont tout simplement des chasseurs à pied s’étant spécialisés dans le combat en montagne.
D’ailleurs, depuis leur création jusqu’après la Grande Guerre, leur appellation est « bataillons alpins de chasseurs à pied » (BACP). Ainsi, bien que les traditions chasseurs soient les mêmes pour tous les bataillons de chasseurs à pied ayant existé, ceux qui sont devenus « alpins » ont en plus hérité des traditions des troupes de montagne. » (Site rosaliesdebourgogne.forumactif)

Lors de l’entrée en guerre, il existe 31 bataillons d’active de chasseurs à pied ou alpins.
Sont mis sur pied douze bataillons de réserve prenant les numéros des bataillons d’actives plus quarante (soit de 41 à 71), plus sept bataillons de chasseurs alpins territoriaux.

La tenue des chasseurs à pied (Site mémoire-des-alpins, rubrique Historique des troupes alpines)

La tenue des chasseurs à pied (Site mémoire-des-alpins, rubrique Historique des troupes alpines)

« L’heure de gloire des Alpins remonte à l’année 1915, avec les combats pour la possession de l’arête sommitale des Vosges, des combats d’une violence extrême. Les Alpins y furent engagés sous la forme de deux divisions bleues, les 47e et 66e DI, qui constituèrent ce que l’on nomma « l’armée des Vosges ».
Impressionnés par leur valeur, les Allemands les nommèrent les Schwarze Teufel, les « Diables bleus ».
Les troupes s’efforçaient chacune de prendre le contrôle de pitons dont le seul but était de maîtriser l’observation. De terribles combats eurent lieu pour la conquête de ces sommets anodins, comme la Tête des Faux, l’Hilsenfirst, le Braunkopf où le Hartmannswillerkopf (également connu sous le nom du « Vieil Armand ») où, du 7 au 9 janvier 1916, les 7e et 47e BCA perdirent 1.500 hommes. Au total cette bataille vit la mort de 20.000 hommes. On citera aussi le Lingekopf qui reçut le nom de « tombeau des chasseurs ». (site geneprovence)
« Au cours de la Grande Guerre, les Chasseurs gagnèrent à leurs Fanions 242 palmes, 5 fourragères rouges, 24 aux couleurs de la Médaille Militaire, 41 aux couleurs de la Croix de Guerre, ainsi que le surnom de « Diables Bleus » qui leur fut décerné par leurs adversaires.

Pour un effectif « sur les rangs » de 72 000 hommes en moyenne, 82 000 d’entre eux tombèrent au Champ d’Honneur et méritèrent amplement la huitième inscription au Drapeau. » (site bleujonquille, Fédération nationale des amicales de chasseurs)

Chasseur alpin (site chasseur alpin color-sgt)

Chasseur alpin (site chasseur alpin color-sgt)

Equipement du chasseur alpin en 14-18

– Une tarte ou béret béarnais : Le béret est adopté comme coiffe des chasseurs en 1891 par le Ministère de la Guerre. La « tarte », comme tous les chasseurs l’appellent, devient vite l’emblème des chasseurs alpins. Ce  béret permet de se protéger du soleil, de la pluie et, comme le stipule même le cahier des charges : « Il faut pouvoir y glisser les deux pieds quand il fait froid au cantonnement. » (site geneprovence)
Selon certains auteurs, la « tarte » pouvait aussi être remplie de chiffons et ainsi protéger les chasseurs des chutes de pierres.

Lors de la Première guerre mondiale, les chasseurs abandonneront même le casque réglementaire pour porter leur emblème, la tarte, durant les combats.

– Une vareuse dolman couleur bleu sombre (voir détails et photos sur le site alpins.fr) http://www.alpins.fr/uniformes_vareuse_dolman.html )
– Une taillole ou une ceinture de laine bleue des Zouaves attachée à la taille, de 4,20 mètres de long.

– Un pantalon gris de fer avec un liseré jaune jonquille

– Des bandes molletières, en drap gris bleu, autorisées en janvier 1895, mais déjà portées depuis longtemps en manœuvre.

– De solides brodequins napolitains à semelle débordante et à clous ; sur la semelle est gravée la lettre d’identification de la compagnie.

– Une ample pèlerine à capuchon qui permet de s’envelopper dans le bivouac.

– Un sac, modèle 1882, d’une capacité de 25 kg de chargement

– Un bâton en merisier également ferré, l’alpenstock : c’est une canne se terminant par un fer de section carrée, initialement fourchue et permettant d’y appuyer l’arme pour faciliter le tir, puis simplement à bec recourbé.

– Un piolet, une corde et des raquettes à neige.

(Sources : site geneprovence  et Daniel Légat et Anthony Pinto, Les Savoyards et la Guerre. Les combattants de 14-18, 250 pages,  éd. 3dvision, 2013, p. 16, disponible à la bibliothèque de Passy ; site alpins.fr)

Question armement, les chasseurs furent parmi les premiers à être dotés du nouveau fusil à répétition Lebel.

Mulet portant un fût de canon (Site rosalilebel754)

Mulet portant un fût de canon (Site rosalilebel754)

Avec le canon de 65 mm de montagne conduit par des mules, les chasseurs alpins ont conquis les postes et sommets des Vosges alsaciennes. Voir notre page sur l’artillerie de montagne.

Cape des chasseurs (site tempetesurlesalpes)

Cape des chasseurs (site tempetesurlesalpes)

Mannequin d'un chasseur du 6e bataillon de chasseurs alpins, qu'on pourrait situer dans la période 1917-1918 (site lagrandeguerre.cultureforum)

Mannequin d’un chasseur du 6e bataillon de chasseurs alpins, qu’on pourrait situer dans la période 1917-1918 (site lagrandeguerre.cultureforum)

Dans le détail, nous avons de haut en bas :
– une tarte troupe à cor de chasse en drap découpé jonquille.
– Une cravate de chasse mod. 1913
– une vareuse-dolman mod. 1916, tampon de la commission de réception en 1917.
– Un ceinturon mod. 1903-1914 en cuir fauve.
– une canne pour troupes de montagne réglementaire.
– Un bidon mod. 1877 de deux litres, avec housse en drap bleu de deux tons.
– une musette
– Un pantalon mod. 1914 en drap BH. Daté de novembre 1918, c’est une production simplifiée de fin de guerre, dans genouillères ni passepoil.
– Une paire de brodequins mod. 1917.”

Raquettes à neige des chasseurs alpins (Internet)

Raquettes à neige des chasseurs alpins (Internet)

Pour en savoir plus sur les Chasseurs Alpins dans la Grande Guerre, voir les sites suivants :

geneprovence

tempete sur les alpes

rosalielebel75 

Amont, Association Montagne et Patrimoine

Wikipedia, art. “Musée des troupes de montagne”  ; art. Chasseur alpin

Fort Saint-Eynard 

Musée militaire de Lyon

Sambre-Marne-Yser.be

Isere-magazine

Le ski :

Mémoire-des-alpins

Le Dauphiné

Voir nos autres pages sur
– Passy pendant la grande Guerre
en particulier
 notre page consacrée au monument aux morts de Passy.

– Passy de 1920 à nos jours.

Découvrez aussi, sur notre site, la richesse et la variété du patrimoine de Passy :
 Les ex-voto du temple romain de Passy
– Le château médiéval de Charousse à Passy
– Le retable de la Chapelle de Joux, à Passy
– L’étonnant « Cahier » d’Eugène Delale, école de Passy, 1882
–  La méthode Freinet à l’école de Passy, 1932-1952
– La conduite forcée de 1947-1952 et la production hydroélectrique à Passy
– L’Arve des Gures aux Egratz, à Passy
– Vues panoramiques sur le Mont-Blanc depuis Passy
– L’inalpage dans les « montagnes » de Passy, « l’emmontagnée », et la « remuée » pendant l’été
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