Lire notre revue Vatusium n° 17, pages 24 à 68, « La difficile traversée de Passy au XVIIIe siècle : des cascades aux glacières de Chamouny »
Le Mont-Blanc ignoré des cartes
« La chaîne du Mont-Blanc fut aussi longtemps ignorée car dépourvue de toute importance militaire aussi bien du côté français que de la Savoie. En 1606, il est fait allusion spécifiquement au mont Blanc dans la carte de Jacques Goulart qui sera reprise par de nombreux cartographes.
Les deux cartes du Français Nicolas SANSON (1660-1667) de 1648 et 1663 parviennent à une bonne description topographique de la zone du mont Blanc.
Cartographe, Nicolas Sanson instruisit Louis XIII puis Louis XIV en géographie ; il publie en 1632 une carte des postes royales. Il publiera par la suite des Atlas généraux dont les cartes de la France « suivant l’ordre des provinces ecclésiastiques »
Carte du Dauphiné, par Nicolas Sanson, 1652 :
Passy et « Chamony » sur la carte du Dauphiné, par Nicolas Sanson, 1652 :
Carte de Giovanni Tomaso BORGONIO, 1682
Côté Piémont, la grande carte de Madame Reale due à Giovanni Tomaso Borgonio (1682) indique “les Glacières” au nord de Chamonix, englobant les sommets et les glaciers.
« Les raisons des voyages de Borgonio sont bien connues. Il s’agit d’élaborer une carte générale des États de Savoie, du lac Léman au comté de Nice, et de coordonner l’élaboration et l’illustration d’un livre sur le duché de Savoie, le Theatrum statuum Regiae Celsitudinis Sabaudiae Ducis. La commande a été passée par Charles-Emmanuel II en 1673, mais son décès soudain en 1675 amène sur le trône son fils Victor-Amédée II, âgé de neuf ans seulement. La régence est confiée à sa mère, Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours, duchesse de Genève et d’Aumale, et veuve du défunt roi. Ce contexte politique accélère la réalisation du projet déjà bien engagé.
Cela faisait alors quatre ans que le cartographe travaillait sur les cartes manuscrites conservées aux archives d’État à Turin. Cependant, ces documents, fréquemment erronés, ne couvraient que de façon très inégale l’ensemble du duché. C’est pourquoi, après un travail de réunion de la documentation dont il pouvait disposer (1669-1675), Borgonio effectue divers voyages pour repérer les lieux, confronter les cartes plus anciennes à la réalité et surtout dresser de nombreux relevés topographiques et paysagers de façon à rendre compte de la physionomie des vallées et à affiner la localisation des villages et des chemins. Ainsi, pendant cinq ans, de 1676 à 1680, il parcourt le duché de Savoie muni d’une boussole, d’un graphomètre et d’une planche à dessin. » (site rives.revues : Les relations entre voyage, construction du savoir et connaissance des territoires à travers l’œuvre de Giovanni Tomaso Borgonio par Etienne Bourdon, Musées d’Art et d’Histoire de Chambéry)
La carte de Borgonio (1682) représente les Glacières – les aiguilles Rouges – beaucoup plus hautes que le mont Blanc quasiment absent. Dessous, une des premières femmes alpinistes du début du XXe siècle, quand Chamonix connut son essor touristique.
Victor-Amédée II et ses plans cadastraux au XVIIIe siècle
En 1728, le roi Victor-Amédée II de Savoie entreprend un levé pour établir des plans cadastraux (voir Vatusium n° 17, p. 4 à 21) ; la chaîne du Mont-Blanc commence alors à intéresser les cartographes. Il faudra attendre 1772 et la révision de la carte de Borgonio par le bureau des ingénieurs topographes de la cour de Savoie pour que le massif soit correctement situé du point de vue cartographique mais avec une toponymie encore incertaine : mont Malet ; mont Maudit.
Ce n’est qu’en 1778 que le toponyme ” mont Blanc ” apparaît sur une carte de la Suisse imprimée par le cartographe anglais William Faden, toponyme inspiré du “panorama” d’un Genevois, Pierre Martel (voir Vatusium n° 17, p.27), annexé à son rapport réalisé lors d’un voyage à Chamonix en 1742.
A partir de ce moment, le mont Blanc devient un sommet phare. Les récits de voyages et les livres en étendront par la suite la renommée auprès des touristes et des alpinistes, Surtout anglais. […] » (site Internet)
Saussure et la carte de Marc-Auguste PICTET, 1786
Horace Bénédict de Saussure publie en 1786 une « Carte de la partie des Alpes qui avoisine le Mont Blanc » M.A.P. [Pictet] fecit
Découvrez cette belle carte sur le site savoie-archives : elle a été mise en ligne en 2012 par le Conseil général de la Savoie, Archives départementales : Collection de cartes anciennes des Pays de Savoie, 1562-1789 :
Caractéristique de cette carte :
– 40,7 x 50 cm.
– Estampe, gravure sur cuivre, glaciers aquarellés en bleu.
– Echelle : toises de France de 6 pieds de roi, lieues de 25 au degré, [1/114.000 env.]
– Aire géographique représentée : vallées avoisinant le Mont Blanc en Savoie et en Val d’Aoste.
– Montagnes au relief accentué mais non proportionnel, rivières, bourgades et hameaux, voies de passage, vallées et montagnes nommées.
Sur le côté hauteur des montagnes en toises.
Physicien, météorologiste et astronome suisse, Marc-Auguste PICTET (1752-1825 ) participe en 1778 avec son ancien professeur et ami H.-B. de Saussure à une expédition autour du Mont-Blanc pendant laquelle ils gravissent le Buet. Pour en savoir plus, cliquer ici. Voir aussi baromètre.
Carte de M. A. Pictet extraite du livre de Saussure Voyages dans les Alpes : cliquer ici sur le site savoie-archives.
Détail de la carte de Marc-Auguste Pictet extraite du livre de Saussure Voyages dans les Alpes en 1786 : secteur de Sallanches au Prieuré de Chamonix (source : site savoie-archives.) :
Malgré ses imperfections, cette carte publiée en 1786 publiée en 1786 dans le livre de Saussure Voyages dans les Alpes, est la première représentation détaillée d’une région alpine. On distingue nettement le tracé du chemin qui menait depuis St-martin à Chamonix, en passant par Passy, Chedde et Servoz.
Sources :
– Site lexilogos : liens
– Site cartographieltb : histoire de la cartographie et cartes de N. Sanson
– Carte du Dauphiné, par Nicolas Sanson, 1652
– Site Savoie-archives, les premières cartes de Savoie
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